Février, les starting-blocks par Sylvain Rochex…

Comme toujours notre libre penseur Sylvain; s’attache à observer et nous incite à changer et pourquoi pas, suivre le mouvement vers la nature et l’autosuffisance ..

3 Février. Le thermomètre peut afficher zéro voire beaucoup moins, de la neige peut tomber et pourtant ce n’est déjà plus l’hiver car si j’écarte des feuilles mortes en décomposition sur le sol, je peux déjà apercevoir des sous-pousses d’ail des Ours, en cueillir quelques-unes pour sentir et manger quelques grammes d’ail des Ours nouveau… La part de l’ours ! (et non celle du Colibri !).

Et dire qu’ils sont nombreux à m’avoir dit que le 3 mars, c’était un peu tôt pour fêter le printemps ! (Cf : rendez-vous prévu).

En février, pour le jardinier, c’est parti ! Je m’organise pour la mise en place des couches chaudes (mélange de paille et de crottin qui fait monter la température pour des semis ultra-précoces sous abris) et j’attrape déjà les graines des premiers semis possibles en pleine terre (fèves) ou sous abris (nombreux).

Comme autre activité, je peux profiter de l’absence de feuillage pour défricher et éclaircir plus facilement en certains endroits forestiers que je souhaite “japoniser” un peu.

J’observe avec bonheur le démarrage des jonquilles et autres commencements discrets tels que des changements d’aspect des bourgeons sur les arbres et arbustes qui sont en pré-bourgeonnage (ils paraissent moins secs, plus gonflés et brillants). Mince je ne suis pas encore allé voir du côté des tulipes si quelque-chose affleure, mais le safran, lui, est visible !

Je plante encore des arbres puisque c’est la saison pour ça (novembre-mars) : j’envisage de planter deux plaqueminiers sous peu. Je songe à améliorer mon dispositif pour récolter l’eau de bouleau puisqu’elle devrait arriver dans 10 à 20 jours (400 litres par arbre et par jour qui vont éjaculer des profondeurs, quel phénomène révolutionnaire prodigieux !).

Je m’organise pour obtenir les graines qui me manquent pour la saison qui vient et je m’engage mentalement à plein régime, comme les années précédentes, dans cette saison paysanne qui sera forcément magnifique et resplendissante, encore plus magnifique et resplendissante tant je pourrais récolter toujours plus de fruits et de beauté de tout ce que j’ai mis en place dans la localité de ce jardin.

Et le plus important c’est que tout ça, je ne le fais pas pour vendre des fruits et des légumes ou pour endosser quelconque rôle social conforme mais uniquement pour respecter l’ordre cosmique : je suis Homme sur la terre, je dois prendre soin de la terre et en tirer de quoi me maintenir, c’est dans l’ordre, c’est l’ordre (cosmos en Grec). L’univers et la société sont entropiques, je me dois de combattre l’entropie en une localité : mon corps et mon jardin, et c’est cela Être. « Mon faire consistera à Être » disait Etty Hillesum.

3 Février, je peux me dire que le vrai grand départ qui sera donné par le saule en fleurs bruyant d’abeilles est désormais imminent : car 3 semaines ça passe si vite (3 semaines au cours desquelles j’assisterai en plus à beaucoup d’autres commencements).

Ce jardin en permaculture, c’est mon Hestia, mon foyer, ce point fixe permanent à partir duquel tout commence, tout recommence et sur lequel je peux adosser Hermès : ce qui bouge, ce qui change, ce qui se déplace… Sur Hestia et Hermès, voir l’excellent texte de Jean-Pierre Vernant publié sur www.descolarisation.org.
A l’heure actuelle, les gens n’ont avec eux, ni Hestia, ni Hermès. Pas de foyer véritable, pas de centre permanent, pas d’habitat où l’homme s’occupe de lui-même et se maintient (voir tout ce que j’ai publié sur “l’habitat libre“). Quant à Hermès, le pauvre il a été tué par l’esprit de censure et de clôture (par la fausse démocratie et « la société du spectacle»), et par “Internet” et la disruption.Car il y a une ombre incommensurable à ce tableau pré-printannier de Février : 7 milliards d’humains à côté de moi qui ont tous une bonne excuse pour ne pas s’occuper de la terre, des plantes et d’eux-mêmes. Alors vous me direz : non pas tous, il y en a d’autres comme toi ! Oui, 0,00001%… Alors que pour se mettre à inverser la pente suicidaire de l’humanité, les humains doivent impérativement se transformer en une armée de jardiniers désireux de prendre soin et prêts à abandonner toutes les autres activités-excuses nocives.De bonnes excuses, sans arrêt, pour ne jamais avoir à poser un genou sur le sol et mettre les mains dans la terre. Car chacun le vivrait comme une chute, comme un échec ! Comment ça ?! Moi, le grand programmateur de jeux-vidéos ! Moi, le Grand homme d’affaires ! Moi, le Directeur d’agence bancaire ! Moi, le Grand artiste de théâtre ! Moi le Grand musicien ! Moi, le Grand Startupeur ! Moi, le Grand youtubeur ! Moi, le Grand Footbaleur ! Moi, le Grand web-master ! Moi le Grand ingénieur ! Moi ! J’en serais réduit à cultiver mes patates et mes courges ??? Alors que ma Grandeur et mes talents m’offrent justement le fait de pouvoir les acheter au supermarché ! Non, ce n’est pas possible ! Non, si je me suis sorti de ma condition primitive en programmant des jeux-vidéo ou en jouant au foot, ce n’est sûrement pas pour y retourner ! Tout ce que je fais, tout ce que j’agite, tout ce que je parle, c’est justement pour ne jamais avoir à mettre les mains dans la terre pour ma subsistance ! D’autres le font à ma place ! Et en plus pour ça, il faut des connaissances ! Moi, le programmeur de jeux-vidéos, j’affirme que pour cultiver des patates et des courges, il faut des connaissances !
D’autres le font ? Vraiment ?
Comment ça plus personne ne le fait et l’agriculture est devenue industrielle et c’est ça qui flingue tout ?!Putain d’humanité, lâche, gorgée de dénis jusqu’à la lie et qui remet toujours à plus tard le fait d’arrêter les conneries.

Le printemps de l’humanité ne viendra-t-il donc jamais ?
Z’avez pas envie de vous enter enfin sur les starting- blocks du cosmos au lieu de ceux donnés par l’auto-mouvement de la société (ne me dites pas qu’en septembre 2018, il y aura une rentrée scolaire… si !!!!!?)

Février : il y a une opportunité dans l’air à saisir, une occasion à ne pas manquer, qui n’est pas donnée par l’auto-mouvement de la société, mais par celui du cosmos. Une opportunité que des milliards de milliards de milliards de milliards d’organismes, de bactéries, de cellules et de molécules ne vont pas manquer de saisir… Mais nous : on va la manquer. Parce que : ARGENT, POUVOIR, TRAVAIL, PROPRIÉTÉ, HIÉRARCHIE, RECONNAISSANCE, GOSSES, et SEXE. Parce que les gens sont justes des projectiles déterminés lancés à pleine allure qui réalisent un rayon de courbure à la con et puis c’est tout.

Mais moi, je ne comprends pas ce que les gens font.

La seule façon de contrer l’auto-mouvement pernicieux du monde qui nous prend de vitesse et nous emporte avec lui est de BIFURQUER (et donc de prendre soin…).

Sylvain Rochex — 3 février 2018 pour Déscolarisation

Volti

13 Commentaires

  1. Profitant de cette magnifique journée, je viens juste de finir de peaufiner les abords de la mare qui cette année accueillera, je l’espère, un multitude d’êtres vivants au cœur du jardin.

    Sous la douce chaleur des rayons de soleil de février j’ai pu observer la vie renaître doucement autour de moi, mais j’ai également observé non loin des gens désœuvrés tourner en rond en se plaignant des magasins fermés le dimanche ! Moi non plus, je ne comprends pas ce que les gens font …

    M.G.

    • Même sans la chaleur, à Ouessant, je m’émerveille devant les jonquilles et les pâquerettes sorties faire un coucou aux respectueux de la nature. Pas besoin de les cueillir ces jolies fleurettes, Ouessant est un vase de fleurs à ciel ouvert rempli de vie.

  2. Très bel article…encore svp….
    ça change des morts, des guerres, des politiques….

  3. Zut ! j’avais fait une jolie réponse et elle est partie aux oubliettes, sans doute ai-je oublié moi-même de la poster, ce ne serait pas la première fois !
    Donc, avais-je écrit, ou à peu près : ici les pâquerettes sortent de plus en plus dans les jardins (impossible d’écrire avec ma minette devant l’écran !) les iris sauvages ont déjà perdu leurs fleurs, les tourterelles cherchent un partenaire en roucoulant à qui mieux mieux.
    Les mimosas, dont la floraison est en retard, commencent tout juste à montrer quelques grains d’un jaune lumineux.
    Dans ma cuisine ail et oignon commencent à germer ainsi que les patates dans la cave que je dois dégermer pratiquement toutes les semaines tant ça va vite;

    Le ciel très beau ce matin avec plein de soleil, mais avec une température un peu frisquette, a changé de couleur, de gros vilains nuages ont caché l’astre chaleureux, seuls quelques “culottes de gendarmes” se voient encore ici ou là.
    Je sens dans l’air un pré-printemps quand même et c’est bien agréable.

    Un ancien voisin vient de me dire que la neige était encore attendue pour cette nuit et demain dans mes montagnes, je n’en doute pas car ce soir il fait froid et humide.

  4. Déjà à partir de la mi-janvier, j’ai vu pâquerettes, pissenlit, hellébore, ficaire, lamier, véronique, tous en fleurs. J’ai trouvé que c’était un peu tôt…

    • L’hellébore, c’est vraiment la plante inversée par excellence et par nature : on l’appelle fleur de Noël je crois bien, c’est une plante qui est toujours “en fleur” en décembre-janvier. Donc tout va bien de ce côté-ci.
      S.R.

  5. Hier, j’ai envoyé deux commentaires qui ne sont pas passés je ne sais pourquoi. Donc je recommence.
    ici les pâquerettes sont de plus en plus nombreuses à s’ouvrir dans les jardins, les iris sauvages ont fini leur floraison, les tourterelles roucoulent à qui mieux mieux cherchant un partenaire. Les mimosas, en retard par rapport à l’an dernier où ils étaient en fleurs dès décembre, commencent tout juste à avoir quelques blanches fleuries, mais bien peu, je pense que l’été trop sec et trop long leur a été fatal, je ne pense pas qu’ils aient beaucoup de belles et nombreuses fleurs cette fois.
    Mais malgré les jours qui passent du très chaud au froid en alternance pénible, on sent comme un frémissement, une annonce de printemps dans l’air, c’est bon.
    Cette nuit il a dû neiger dans mes montagnes car le froid hier soir accompagné d’humidité le laissait pressentir.
    Aujourd’hui il fait gris, frisquet, il a plu cette nuit et ce matin un peu. Mais comme le dit la chanson “ça ira mieux demain…” enfin je l’espère.

  6. Bizarre mon commentaire est marqué comme spam, je ne sais pourquoi…

  7. Merci Volti https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_rose.gifhttps://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_heart.gif
    Je m’en étais pas rendu compte hier, par contre aujourd’hui je n’en ai envoyé qu’un seul aussi je ne comprends pas le spam.

  8. Mouais !

    C’est beau la poésie, et les pouét, mais si toute une partie de l’humanité cultive son jardin, c’est pour ne pas crever de faim…

    Et je fais partie de cette catégorie là.

    Ce qui ne m’empêche pas de le faire dans le respect de la Terre et en adaptant les techniques de la permaculture (qui sont celles des maraîchers de la ceinture parisienne du XIX siècle…), pour obtenir le mieux en faisant le moins possible, pour le moins cher possible…

    Après, concernant la précocité du printemps, ce n’est que le début des observations concernant le dérèglement climatique récurrent.

    NB : Plus il fera chaud, plus il y aura d’évaporation et plus il y aura de précipitations (pluies et neiges…). CQFD

  9. N.B : à aucun moment, je n’ai voulu induire quelque-chose par rapport au réchauffement climatique dans cet article. Février est naturellement le mois pré-pintannier où des commencements commencent (où les sous-pousses d’ail des Ours par exemple ont toujours été là). Je ne nie pas le RC pour autant mais ce n’était pas le sujet ici. C’est juste pour préciser mais ça n’empêche pas d’en parler quand même en commentaire. S.R.

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