“Le genre humain est bisexué” – Tribune de Paul Jorion…

Paul Jorion est un anthropologue. Économiste aussi. Mais il a évidemment une belle vision anthropologique sur les événements. Paul Jorion a écrit un billet il y a quelques jours qui m’avait échappé, sur un sujet qui n’est pas franchement directement économique mais dont l’impact sociétal majeur le rend incontournable.

Les débats autour du “genre”, de la “parité”, de l’égalité sont devenus totalement absurdes et outranciers aussi bien dans les demandes délirantes formulées que dans les façons d’en parler.

Les choses sont souvent très simples.

L’homme est un animal bisexué génétiquement. Il y a des hommes. Il y a des femmes. Une femme ne doit jamais valoir moins qu’un homme et inversement. Mais homme et femme sont différents. La volonté d’écraser ces différences sont absurdes et dangereuses.

Tout le reste relève du champ éducatif, de la politesse et autres règles de bon fonctionnement en société du genre “tu ne tueras pas ta femme, et encore moins tu l’étrangleras”… Bref, concentrons-nous sur l’essentiel, à savoir sur l’éducation.

Charles SANNAT

Repris dans Le Monde : Paul Jorion : « Le genre humain est bisexué, cela implique des comportements distincts », le 30 janvier 2018

Le genre humain est une espèce bisexuée. Dans les espèces bisexuées supérieures (au sens biologique), des rôles reproductifs différents sont attribués aux deux sexes. Dans le genre humain, les femmes portent les enfants, les hommes, non. Ces rôles reproductifs différents impliquent des comportements différents. Chez les autres mammifères, la différence de ces comportements en fonction du sexe connaît très peu de variété. Dans le genre humain, les différentes cultures ont introduit, à partir de la différence biologique, une variété considérable dans les comportements recommandés et prescrits. De manière générale, les cultures ont exagéré la différence exigée dans les comportements à partir du donné de la différence biologique.

C’est le propre de la modernité d’avoir lutté – et d’avoir remporté d’importantes victoires – pour que la différence biologique entre femmes et hommes cesse de constituer le prétexte futile à des disparités de traitement, à des inégalités. Mais la modernité, aussi militante soit-elle, ne pourra pas araser l’existence de différences biologiques entre les hommes et les femmes, et qu’à partir d’elles, si les femmes et les hommes copulent pour assurer la reproduction de l’espèce, pour rechercher leur plaisir, et à l’occasion, pour satisfaire les deux, elle ne pourra pas faire que leurs comportements soient jamais parfaitement identiques. Exiger qu’ils le soient en tous points, en particulier lorsqu’ils « négocient » leur accord, est une cause perdue.

Le genre humain fait partie des grands singes chez qui se constituent des structures de domination, en particulier dans l’instrumentalisation des hiérarchies qui permettent au dominant d’imposer des relations sexuelles au dominé. Le mâle est en général dominant et la domination s’exerce le plus souvent au détriment de la femelle. Mais ce n’est pas toujours le cas. J’ai ainsi un ami masculin dont la carrière scientifique dans un pays hexagonal fut interrompue pour avoir refusé un chantage sexuel exercé par sa patronne. Le même ami vit aussi son médecin féminin, cette fois dans un pays rectangulaire, faire interpeller à son insu son épouse par la police pour violences conjugales. Alors que cet ami dit aux policiers qu’il trouva chez lui : « Je ne vous ai pas appelés ! », l’un de ceux-ci lui répondit : « Monsieur, votre médecin a constaté que vous avez perdu la capacité de vous protéger. Notre rôle est donc de le faire à votre place ».

La modernité combat à juste titre l’abus de la domination pour obtenir des gratifications sexuelles ne résultant pas d’un accord librement consenti, de même qu’elle combat légitimement les exigences culturelles exagérées dans la différence des comportements à partir de la différence biologique des sexes. Mais les deux combats sont distincts, même si les victimes appartiennent dans la grande majorité des cas au même sexe. Il est navrant de voir aujourd’hui en France des femmes mues par un sentiment légitime d’indignation identique devant l’abus, s’entre-déchirer, faute pour elles de distinguer les exagérations culturelles des implications de la différence des sexes, et l’abus de pouvoir dans la gratification sexuelle.

Source le blog de Paul Jorion ici

Publié par Charles Sannat pour Insolentiae

Volti

3 Commentaires

  1. Bien au-delà du discours égalitaire hommes-femmes dont se sert l’ultra-libéralisme pour imposer un nouveau modèle sociétal, il y a un autre enjeu, celui de la survie de l’espèce. Dommage que Paul Jorion ne voit pas plus loin que le bout de son nez à ce sujet. Lui qui, dans son travail, a très bien analysé le danger à long terme de la robotisation de la société, n’a pas encore compris qu’apparemment, seul, le trans-humanisme pourra sauver notre espèce de l’extinction. Nous sommes à la croisée des chemin, soit nous acceptons ce modèle plus qu’égalitaire entre les sexes,c-à-d un modèle d’uniformisation, et donc le transhumanisme, soit nous décrions ce modèle mais nous devons alors accepter de changer totalement de société, de revenir à une société plus en phase avec la nature en ce qui concerne nos besoins essentiels, notre santé(accepter de revenir en arrière) et notre mortalité. Revenir à une société plus primitive.
    Une note de lecture de Michel Drac sur “Dysgénisme, la détérioration génétique dans les populations modernes”, un ouvrage du psychologue Richard Lynn.
    https://www.youtube.com/watch?v=Gi9N-QdNtJw

  2. Lorsque M. Jorion dit :
    « Le genre humain fait partie des grands singes chez qui se constituent des structures de domination, en particulier dans l’instrumentalisation des hiérarchies qui permettent au dominant d’imposer des relations sexuelles au dominé. Le mâle est en général dominant et la domination s’exerce le plus souvent au détriment de la femelle. », il consacre deux erreurs :

    1°) Les premiers hommes qui resplendissaient de la pureté morale de l’Enfant, de sa naïveté, de sa droiture, de son exquise sensibilité, ne sont pas les fils des singes, (ni non plus le vieil Adam des théologiens fait de toutes pièces par un Dieu inconnu).
    Car si nous mettons, comme lui et Darwin, le sauvage avant l’homme qu’on appelle civilisé, et si nous admettons que l’humanité a marché en progressant, comment expliquons-nous ces héros hindous, égyptiens, chaldéens, phéniciens et phrygiens, aryens et chinois, qui sont au seuil de l’histoire et nous représentent la jeunesse phylogénique de l’homme ? Ce sont eux qui fondent les grandes civilisations que plus personne ne comprend (ou ne souhaite comprendre ?), les grandes institutions sociales qui n’ont pas su être dépassées, et que les modernes parodient encore, en les amoindrissant, qu’ils mesquinisent, en les réduisant à leur petite taille, tous ces héros qui, dans l’ordre industriel, inventèrent tout ce dont nous bénéficions.

    2°) La force dominante qui a dirigé l’humanité n’a pas toujours été musculaire et physique.
    Je me permets, pour étayer mon propos, de citer un extrait de l’ouvrage de M. Louis Bridel (Spécialiste du droit comparé de la famille et du statut juridique de la femme 1852 – 1913), intitulé « La Femme et le droit » :
    « De ce que la famille s’est constituée sur la base maternelle, on a pu conclure à une ère de gynécocratie ou de suprématie de la Femme et l’on a prétendu que le sexe féminin avait exercé alors une souveraineté analogue à celle qui, depuis, a été le partage du sexe masculin. Au fait familial de la généalogie et de la parenté par les femmes sont venus s’ajouter des faits de l’ordre social ou religieux ; ainsi l’existence d’anciens empires gouvernés par les Femmes ; ainsi encore la donnée « féministe » de l’ancienne religion de la Nature qui reconnaissait, comme Divinité première, la Mère, soit le principe féminin en opposition avec le principe masculin qui prévalut plus tard. Et l’on a dit : « Ce n’est pas la famille seulement qui dépendait de la Mère, mais la société tout entière était soumise à l’élément féminin alors prépondérant, le règne de l’homme a été précédé par le règne de la Femme ».
    « A ceux qui objectent qu’il est difficile d’admettre un temps où la loi naturelle de la force aurait été sans effet et qu’il n’est pas croyable que l’homme ait été soumis à la Femme durant les âges primitifs, M. Bachofen répond que, dans l’enfance de l’humanité, d’autres forces étaient en jeu et avaient pu prévaloir sur la force brutale ; grâce à l’influence prépondérante de la religion dans les périodes antiques, la femme pouvait l’emporter sur l’homme avec toute l’autorité provenant d’un principe religieux universellement reconnu ».
    On s’est étonné que cette souveraineté de la Femme ait pu s’exercer sans que l’homme lui ait opposé ce qu’on appelle le « droit de la force ».
    Mais on n’a pas pensé que, à cette époque phylogénique de l’humanité, l’homme-adolescent ne possède pas encore la force musculaire que la sexualité développera plus tard en lui, que d’un autre côté la Femme adolescente n’a pas encore la faiblesse musculaire que la sexualité déterminera, si bien que ces deux êtres sont sous le rapport de la force dans des conditions peu différentes et, du reste, l’homme n’a pas encore appris l’usage (ou plutôt l’abus) qu’il peut faire de cette force. Du reste, s’il n’est pas encore victime des passions qu’il s’agira de défendre plus tard, il est encore trop « féminin » lui-même, pour ressembler en rien aux sauvages dégénérés dont on a voulu le rapprocher.
    Lien : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.fr/
    Cordialement.

  3. Certains réfléchissent beaucoup trop, et créent des problèmes existentiels ineptes chez ceux qui ne réfléchissent pas assez.

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