« La France black-blanc-beurre de cacahuète, huile de palme et l’intégration Nutella … ! » L’édito de Charles SANNAT…

Beaucoup seront d’accord avec Charles Sannat pour une fois. Personnellement son édito m’a fait rire “jaune”, car cela rejoint ce que je constate depuis des années, en observant la déchéance de cette société du paraître, au lieu d’être et de l’avoir à tout prix, au lieu du partage et de la solidarité. Quant à l’éducation et, l’estime de soi, des valeurs en passe de tomber dans l’oubli. Même avec de l’indulgence, ça explose au visage de qui sait regarder..

Bon. Parlons d’un sujet sérieux en ce lundi et pour le premier édito de cette nouvelle semaine que nous allons passer ensemble.

Les émeutes du Nutella. Oui. C’est un sujet plus que sérieux et derrière cette simple pâte à tartiner se cache une symbolique profonde et de grands sujets philosophiques à mettre en lumière sur ce qu’est devenue notre société.

Autrefois réservées aux “forcément crétins” américains, les émeutes promotionnelles sont devenues en moins de 5 ans une réalité dans les rayons de nos supermarchés. J’en reste toujours sans voix et ébahi.

N’accusez pas le pourcentage de réduction ! Ils en profiteront pour nous réduire les réductions possibles et c’est d’ailleurs déjà annoncé !!!

N’accusez pas Intermarché, personne ne pousse les gens à s’entre-tuer pour 3,30 euros de réduction sur un pot de pâte à truc.

N’accusez pas la misère ou le chômage, c’est une insulte à l’égard des vrais pauvres, car un vrai pauvre véritablement pauvre et misérable n’ira même pas dans un magasin. Vous imaginez les migrants qui campent sous nos ponts se jeter sur une promo Intermarché pour du Nutella ? Sérieusement ? Non !

Les seuls à blâmer sont tous ces imbéciles décérébrés de “con-sommateurs” qui se laissent emporter par le désir de possession, par l’avidité. Par le “prix”. Le Nutella n’est pas un besoin vital, à peine superflu.

L’absence d’éducation !

Alors ils sont nombreux, les bêlants, à regarder les taux de chômage et à gloser sur le rapport évident entre “misère” et émeutes Nutella…

Personne pour parler de la vérité.

Personne pour dire la vérité.

Les émeutes Nutella, ce n’est ni le chômage ni la misère, c’est l’absence d’éducation, de courtoisie, c’est l’absence de maîtrise de ses émotions, de son avidité ou de ses pulsions.

Que l’on soit riche ou pauvre,

Que l’on soit à Roubaix ou dans le 16e à Paris, rien ne justifie que l’on se jette sur un bocal, parce que c’est une question de maîtrise de soi.

Être pauvre n’est en aucun cas une excuse pour s’exonérer de la nécessaire et indispensable maîtrise de ses pulsions. C’est la différence entre l’homme et l’animal dont nous parlons, pas de celle entre le “riche” et le “pauvre”.

Si l’on renonce à la maîtrise de soi, à la maîtrise de nos pulsions, alors nous justifierons, tôt ou tard, les viols, les vols, les pillages, les meurtres et les massacres… Finalement, c’est ce que nous sommes insidieusement en train d’accepter chaque jour un peu plus.

L’éducation, c’est la maîtrise de ses pulsions pour permettre la cohabitation en société et rendre les choses vivables.

L’éducation et la politesse, c’est ringard, c’est forcément de droite, c’est un tantinet fasciste même… sauf qu’une société sans éducation, sans courtoisie, sans politesse, sans règles de bienséance, ce n’est même plus la chienlit, c’est le bordel total, et ce pays devient un effroyable bordel.

L’intégration Nutella !

Autre remarque que les bien-pensants prendront bien comme ils voudront : force est de constater une parfaite et totale intégration dans la crétinerie et une toute aussi totale parité homme-femme dans la bêtise crasse de nos “foules” ou de notre peuple.

Nous voyons dans ces cohues indescriptibles autant de femmes voilées que de cheveux au vent.
Nous voyons autant de femmes affamées de Nutella que d’hommes décérébrés.

En un mot ? Tous unis dans la connerie, ce qui me fait dire que la connerie est paritaire. Quel beau programme. Quel bel avenir pour nos peuples.

Réduire l’homme à l’avoir plutôt qu’à l’être.

Blancs, noirs, jaunes et marrons, hommes et femmes, jeunes et vieux, voilées ou non, tous unis et intégrés au saint système capitaliste productif du toujours plus et de la “con-sommation” de masse.

Célébrons ensemble, la France black-blanc-beurre de cacahuète et huile de palme, vous savez cette huile de palme que l’on cultive et qui nécessite de détruire des milliers d’hectares de biodiversité pour que l’on se tape dessus dans les rayons de supermarchés à la moindre promotion.

Ne comptez effectivement pas trop sur moi pour trouver une seule circonstance atténuante à nos masses décérébrées qui doivent être désignées comme telles quelles que soient leurs origines ethnico-religioso-je-ne-sais-pas-quoi !

Le débat entre l’inné et l’acquis a été tranché depuis bien longtemps ! Pour 95 % des gens, c’est l’acquis qui fera de vous ce que vous deviendrez ! Pour une infime minorité, le poids des gènes ne pourra pas être compensé par l’acquis, c’est le cas, pour donner un exemple clair, d’une maladie génétique orpheline sans traitement ! Vous aurez beau être aussi intelligent et brillant que Stephen Hawking, vous serez dans un fauteuil roulant, mais vous serez tout de même, grâce à l’intelligence et aux savoirs, l’un des astrophysiciens les plus brillants de l’histoire de l’humanité.

L’acquis c’est l’instruction, c’est l’éducation, c’est la connaissance et les savoirs !

Oui les masses sont devenues terriblement stupides. Pas uniquement par leur seule responsabilité évidemment. C’est tout un système qui rend les gens crétins, à commencer par nos enfants, les vôtres comme les miens, et lutter contre ce système est, disons-le, très difficile !

Difficile de lutter contre la télé.
Difficile de lutter contre les jeux vidéo et tous les aie-pads et autres tablettes.
Difficile de lutter contre les téléphones portables et les smartphones.
Difficile de lutter contre les réseaux sociaux.
Difficile de lutter contre les émissions de télé-réalité,

Tout cela est très séduisant, très attirant. Très destructeur également.
Voilà à quoi ce relâchement collectif majeur aboutit.
Voici ce à quoi notre abdication collective à l’instruction vient de nous conduire.
Voici l’avenir de vos enfants.
Voici la vie en France en ce mois de janvier 2018.

Philosophiquement, politiquement, humainement, ne comptez pas sur moi pour me résoudre à considérer que cela est normal.
Que c’est bien.
Que c’est ainsi.
Qu’il n’y a rien à faire, et que l’on ne peut pas proclamer que c’était mieux avant !

Oui c’était mieux avant, mais pas pour tout !

Énonçons une évidence. Pour certaines choses, c’était mieux avant. Pour d’autres, c’est mieux maintenant !
Si nous n’étions pas devenus complètement stupides collectivement, si nous n’étions pas étouffés par les politiquement corrects, et le poids des lobbys qui ont tous un truc à vous vendre ou une position dominante à défendre, nous serions capables d’avoir une réflexion profonde sur les “progrès”.

Nous pourrions choisir ce que nous prenons de mieux, et ce que nous refusons pour conserver ce qui était mieux avant !

Navré de le dire, mais quand j’étais enfant, l’Éducation nationale c’était nettement mieux que maintenant et à l’époque de mes parents, c’était encore bien mieux. Je parle du niveau et du degré d’exigence.

Résister contre ce système, contre cette bêtise globale est encore une fois le devoir de chacune et chacun de nous, pour nous-mêmes et pour nos enfants.

Passons maintenant aux aspects concrets… Résister donc, survivre à cette ambiance de fin du monde intellectuel, certes… mais comment faire ? Voici ce que j’ai fait ce week-end avec mes enfants.

De façon pragmatique, comment survivre à une émeute de supermarché ? En n’y allant pas pardi !

Oui, mais… je veux manger du Nutella !!

Je viens donc d’adapter mes préparatifs à la fin du monde forcément de plus en plus proche quand j’observe sidéré le comportement de mes congénères.

En plus des boîtes de raviolis, je viens de rajouter le nécessaire du petit fabricant de pâte à tartiner que nous nous sommes empressés de tester avec les enfants. Cela permet, au passage, de faire un poil d’éducation !!

Pour fabriquer son Nutella en cas de crise de manque majeure, il vous faut :

1/ de la poudre de noisette ;
2/ du lait concentré sucré ;
2/ du chocolat noir.

3 gosses gourmands avec 6 mains et 3 bouches et un support pour étaler la pâte obtenue comme par exemple des crêpes ou autres blinis ou pancakes. Nous c’est des crêpes ! Recette testée et approuvée pour vous, donc je peux vous en parler, photos à l’appui !

1/ Préparez les ingrédients… enfin pas vous, les enfants !

2/ Profitez-en pour faire réviser les problèmes de math à celle de 8 ans, qui découvre comment on divise 200 grammes par deux vu qu’il faut 100 g de chocolat et que la tablette en fait 200 alors on compte les carrés… Pas gagné mais on y arrive !

3/ Une fois le chocolat fondu, rajoutez le lait concentré sucré… Bon, ne lésinez pas, videz le tube, ça va plus vite !!!

4/ Mettez une bonne grosse cuillère de poudre de noisette, allez-y franchement, en fait mettez-en deux !!! C’est meilleur et cela aura plus le goût de Nutella…

5/ Demandez au papa que je suis de faire cuire les crêpes, mais ne demandez pas à l’économiste de faire sauter les crêpes… Essai raté de la poêle d’en bas… Bon, tartinée, cela se mangera, rassurez-vous pour cette pauvre crêpe. Étalez votre pâte à tartiner faite maison et avec amour par vos enfants qui sont très fiers de leur œuvre. Profitez-en pour les féliciter et “travailler” l’estime de soi qu’ils peuvent avoir, car comme dit notre docteur, “si ce n’est pas vous qui leur faites des compliments, personne ne le fera…” (Pas bête le docteur.)

Savourez. Dégustez… Le goût des choses simples comme disait “Monsieur Herta”…

Plutôt que de nous battre et de nous bousculer dans un supermarché pour un pot à 1,40 € au lieu de 4 et quelques, nous avons passé un bon moment avec nos enfants. Ils ont patouillé, découvert et goûté. Ils ont “fait”, ils ont “fabriqué”. Nous n’avons tué aucun singe en cultivant de l’huile de palme, nous avons limité notre impact écologique, nous avons vécu quelque chose, nous avons expérimenté, nous avons fait un poil de chimie et découvert que c’est le lait concentré qui permet d’obtenir une pâte qui se tartine et pas du chocolat fondu qui redevient dur en refroidissant…

Les enfants ont pu se rendre compte qu’il valait mieux que papa fasse de l’économie plutôt que de la cuisine… Nous avons donc résisté. Nous avons résisté sans pour autant choisir la misère, l’absence de tout. La simplicité et la frugalité ne sont pas l’absence de tout. Au contraire, c’est redonner la vraie valeur aux vraies choses et aux vrais moments.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

Charles SANNAT pour Insolentiae

Voir aussi:

 

 

Volti

16 Commentaires

  1. Cette histoire est tellement dingue que ça ne peut qu’être une expérience sociale : l’américanisation de la société française, une harmonisation des mœurs et des valeurs. https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_scratch.gif
    PS; sur d’autres sites les images qui illustrent le phénomène n’ont pas été prises dans des banlieues

    • Je te rejoins sur l’expérience.

      Avec ma femme on se demandait, vu l’insignifiance du produit, si ce n’est pas quelque uns du 1% qui l’ont organisé pour se marrer, un peu comme les combats de clochards en manque…

      https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_bye.gif

  2. L’Éducation est un concept beaucoup trop hétéronome et pernicieux. L’Éducation suppose forcément un conduit et un qui conduit. Préférons donc le concept de l’Apprendre, plus large, (skholè en grec, otium en latin) qui suppose la liberté donnée à chacun d’apprendre, en laissant les choses ouvertes et accessibles (en ne censurant pas). Et c’est pourquoi le problème me paraît être surtout celui de la censure. Les masses n’ont pas accès à l’apprendre, car on les sépare des possibilités d’apprendre grâce à la censure. Je vous pointe le programme de la bibliothèque de ma ville ici : http://www.descolarisation.org/index.php/accueil/vers-une-skhole-libre/568-a-etienne-chouard-pourquoi-nous-ne-devenons-pas-constituants pour illustrer ce propos. Il n’y a pas que l’école, les masses effectuent des parcours calibrés au travers de tout un tas d’institutions et organes de spectacles et de divertissements qui ne peut pas leur offrir d’apprendre. Tout est fait pour que l’homme de la masse (le vulgus) ne rencontre jamais autre chose que ce qui est fait pour lui (c’est-à-dire ce qui va le rendre toujours plus crétin). Ceux qui se considèrent plus éclairés doivent s’unir contre la censure et exiger que dans les lieux où circule le vulgus (l’homme du commun, l’homme de la masse), on ait le droit d’élever le niveau, de faire autre chose que du tricot, et d’accompagner tout le monde vers l’apprendre et la rencontre des autres, de tous les autres. Car l’homme de la masse qui a perdu sa singularité rencontre uniquement l’homme de la masse qui a perdu sa singularité, donc la bêtise augmente. Il y a une augmentation systémique et donc exponentielle de la désindividuation au lieu de la trans-individuation (pour utiliser des concepts à B. Stiegler — on a coupé les circuits de trans-individuation —). L’homme qui a conservé sa singularité, qui est individué, lui, est toujours censuré car il fait peur. Il y a un mécanisme terrible : vous êtes accepté que si vous êtes conforme au programme d’abrutissement des masses. C’est là-dessus qu’il faut travailler : contre la censure des personnes individuées et singulières, et casser l’entre-soi de l’homme de la masse par le foisonnement des propositions. Vous ne vous êtes jamais demandés pourquoi il y a aujourd’hui des milliards et des milliards de possibilités et contenus via Youtube d’un côté et rien qu’un atelier tricot pourri dans la bibliothèque du coin de l’autre ? Peut-être parce que grâce à Youtube, la censure est automatisée grâce aux algorithmes (— dans le sens où si tu es fan de moto, Youtube te montrera des vidéos de moto et tu resteras dans ton jus —) et que donc, in fine, ça fait CENSURE DANS LE RÉEL + CENSURE DANS LE VIRTUEL = TOTALE CENSURE = l’homme de la masse qui ne sort jamais de sa boucle, de sa nasse.

  3. “L’acquis c’est l’instruction, c’est l’éducation, c’est la connaissance et les savoirs !

    Oui les masses sont devenues terriblement stupides. Pas uniquement par leur seule responsabilité évidemment. C’est tout un système qui rend les gens crétins, à commencer par nos enfants, les vôtres comme les miens, et lutter contre ce système est, disons-le, très difficile !”

    Il suffit de dire et de faire.
    STOP à la Télé et aux journaux.
    Reprendre la lecture.

  4. il y connais quelques chose monsieur sannat en pauvreté ?
    madame voltigeur je me retiens de sortir les crocs……le mouton de bergerie gavé au blé tendre , qui vomit sur le mouton de pleine air ……
    il y a surement quelques rectifications à apporter ……

  5. L’indigence devient la norme…même dans les commentaires!https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_cool.gif

  6. une continuité au fil des millénaires c est l organisation des jeux du cirque …..
    avec des participants plus ou moins enthousiasme, et de pseudos élites qui se gargarisent , le cul sur une chaise , de la pauvreté du spectacle .
    pour un économiste réduire la pauvreté en france aux migrants sous les ponts , est à mon avis un constat très restrictive d une situation très calamiteuse d une partie de la société française .
    on fait fi des retraités à moins de 1000 euros par mois , des employés payés au smic ……..de cette population silencieuse qui comptent euros par euros pour boucler son budget .
    pour l exemple , parce que chez le bourgeois tout va toujours bien tant que le domestique est à son poste , je connais quelques ouvriers qui empruntent pour régler leurs factures de chauffage .
    Alors je ne comprends pas ou est le soucis, à voir des gens se bousculer pour profiter d une offre exceptionnelle sur un produit considéré comme un luxe par le prolétariat
    c est certain que c est moins jubilatoire que de percevoir des dividendes sur des actions , générées par une gestion haute en couleur à coups de licenciements et d heures mal payées .

    ah oui l éducation , c est que nos élites , ils en connaissent un rayon , pour les sans dents ils ont créé les restos du coeurs, ça doit dignement satisfaire les gueux ……que les classes supérieurs contraignent les pauvres à la mendicité ,doit les convaincre d avoir rendu service à l humanité
    n oublions pas que pour éduquer les indiens , toujours pour l exemple, on les a en partie exterminé,puis on a confisqué leurs terres avant de les parquer comme du bétail .
    et pour en finir quand je lis du “Les seuls à blâmer sont tous ces imbéciles décérébrés de “con-sommateurs” ou “forcément crétins”le consommateur , il est fort à penser qu en terme d éducation l auteur de ses infamies envers ses contemporains a peu de leçons à donner en terme d éducation ..

    profitez en aujourd hui c est moins 70% sur les couches https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_bye.gif

  7. bonsoir engel
    non je ne lis pas spécialement ce monsieur
    je ne viens pas depuis longtemps sur le blog
    pourquoi tout est de la même mouture ?

  8. bon ça y est , monsieur sannat va pouvoir se réjouir , fin des supers promos monsieur intermarché a fait pénitence…..
    http://www.lejdd.fr/societe/apres-les-ruees-sur-le-nutella-la-fin-des-super-promos-3559610
    tout le monde va y gagner , le distributeur , l industriel vont éviter de rogner sur leurs marges ,l état va engranger un peu plus de tva
    c est pas beau le commerce ….

Les commentaires sont clos.