Macron au Mali : “L’opération Barkhane ne s’arrêtera que le jour où il n’y aura plus de terroristes islamistes dans la région” + une analyse….

Nous n’en avons pas fini avec les interventions “contre” le terrorisme, puisqu’en coupant une tête, il en pousse deux..

Emmanuel Macron a expliqué devant la presse à Gao, au Mali, que “l’opération Barkhane ne s’arrêtera que le jour où il n’y aura plus de terroristes islamistes dans la région”. Le président de la République, qui est aussi chef des armées, a tenu une conférence de presse vendredi 19 mai dans le sable du camp de l’ONU à Gao, au nord du pays, le camp de base de l’opération militaire française contre les terroristes jihadistes du Sahel.

Je veux que tout ce qui est inscrit dans les accords d’Alger soit appliqué

Emmanuel Macron insiste sur le respect de la feuille de route politique par les partenaires africains dans ce conflit. “Moi, ce que je veux, c’est une exigence sans doute renforcée à l’égard des Etats du Sahel et de l’Algérie, pour que tout ce qui est inscrit dans les accords d’Alger soit appliqué et pour que la responsabilité de tous et toutes soit prise.”

L’opération française Barkhane, lancée en août 2014 après l’opération Serval de 2013, est menée dans cinq pays (Tchad, Niger, Mali, Mauritanie, Burkina Faso) de la bande sahélo-saharienne, une zone vaste comme l’Europe. C’est actuellement la plus importante opération extérieure des troupes françaises.

La France a déployé près de 4 000 militaires, dont la majorité au Mali, essentiellement à Gao (1 700 militaires), avec des détachements à Kidal et Tessalit (nord-est).

Source et vidéo FranceTvInfo

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Analyse de Nicolas Beau concernant l’Afrique:

La France a perdu la guerre au Mali

Emmanuel Macron, qu se rend au Mali en fin de semaine, va-t-il se livrer à une révision déchirante de la politique française au Sahel? Beaucoup de voix autorisées en France le souhaitent désormais.

C’est une véritable poudrière que devrait découvrir vendredi à Bamako le nouveau président de la République, Emmanuel Macron, lors du voyage express qu’il a prévu d’effectuer au Mali. Enfin cette situation totalement détériorée, commence à être dénoncée au Quai d’Orsay et même dans les rangs de l’armée française. Disons que tant que François Hollande était encore en fonctions personne n’osait remettre en cause le bilan d’une intervention qui, selon Laurent Fabius, alors ministre des Affaires Étrangères, avait rétabli la paix dans ce pays ami et … rétabli la démocratie. Forcément!

Une voix aussi autorisée que celle de l’ancien patron de la DGSE (services français), Jean Claude Cousseran, dont on dit qu’il a aujourd’hui ses entrées à l’Élysée, explique dans « le Canard Enchainé » de cette semaine que « le Mali sera l’Afghanistan de la France ». A droite, le monsieur sécurité de Nicolas Sarkozy, Bernard Squarcini, a toujours estimé, lui aussi, que les Français s’enliseraient rapidement au Mali après une intervention armée qui ne s’est jamais accompagné d’une solution politique.  » On a laissé les clés de l’appartement témoin d’un immeuble qui est encore en construction, résume-t-il avec un art consommé de la formule, puis on s’en va le plus rapidement possible, avant que le bâtiment entier ne s’effondre ».

Du coté des ONG, l’option strictement guerrière choisie par la France face au terrorisme perd visiblement du terrain.« Les opérations militaires seules ne suffiront pas à tirer le Sahel de ce bourbier », note Corinne Dufka de Human Rights Watch. La politique française au Mali est trop « purement militaire », et doit prendre en compte le besoin de changement démocratique qui s’exprime sur le continent, estime quant à lui Florent Geel, de la FIDH.La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) a publié un rapport alarmant sur le Mali, qui connaît « un niveau d’insécurité sans précédent » près de deux ans après la signature d’un accord de paix.

Des touaregs ignorés

A peine terminée l’opération Serval, les élections présidentielles bâclées de l’été 2013 avaient porté au pouvoir Ibrahim Boubacar Keïta, dit IBK, un politicien roublard et corrompu, incapable de tendre la main aux Touaregs du Nord, mais il est vrai membre de l’Internationale socialiste et donc ami de la France de Hollande, Valls et Le Drian.

Quatre ans après le début de l’opération Serval, il faut se rendre à l’évidence. L’intervention militaire française de janvier 2013, destinée à stopper l’avancée des groupes terroristes, a échoué à les déloger du Nord Mali, point névralgique de la crise sécuritaire malienne. Dans cette zone de non droit, les islamistes violents proches d’Al-Qaida se déplacent comme des poissons dans l’eau. Dans la vie quotidienne, des groupes djihadistes imposent la loi coranique, comme le prouve la lapidation d’un couple non marie dans la zone de Kidal (voir ci dessous contre notre enquête).

Silence dans les rangs

Tout aussi grave, les attentats se multiplient, même si l’armée française veille à étouffer le moindre incident et continue, sous l’autorité de l’ancien ministre de la Défense, jean Yves Le Drian, aujourd’hui promu, à imposer une version optimiste et béate de la situation au Sahel. Revendiqué par le groupe Al-Mourabitoun très actif au Sahel, l’attentat suicide qui a eu lieu au début de l’année contre un camp militaire du Nord Mali avait fait 70 morts. De ces morts là, on ne parle qu’à peine à Paris et Washington, parce que ce sont des soldats africains qui sont tués. Ces attentats et bien d’autres témoignent d’une situation sécuritaire totalement détériorée. Et l’insécurité est désormais présente également dans le Sut et au centre du pays, ce qui n’était pas le cas au moment de l’opération Serval.

Hélas, ce dossier malien aura été à peine évoqué pendant la campagne présidentielle, sinon pour se glorifier, tous candidats confondus, de l’admirable politique sécuritaire française au Sahel. Or l’héritage de François Hollande est, comme dans bien d’autres domaines mais plus encore au Mali, calamiteux.

Il est minuit moins une, docteur Macron, pour sauver ce qui peut l’être de la présence française dans cette partie du monde.

Lire la suite: Nord Mali, un couple lapidé pour « concubinage »

Source MondAfrique

Quelques liens sur l’Afrique:

RFI: Attaque de Brak al-Shati en Libye: la 3e Force, brigade aux allégeances troubles

InfoMigrants: Libye : Un médecin de MSF témoigne des conditions de vie déplorables des migrants

L’Express: Libye: 141 morts dans une attaque contre une base militaire

Tribune de Genève: Nigéria, la famine menace, et Boko Haram bloque les secours .Près de 2 millions de personnes sont au bord de la famine au Nigeria, tandis que l’aide alimentaire se heurte au groupe djihadiste.

Le Monde: Nigéria, les enfants, victimes oubliées du conflit de Boko Haram

SlateAfrique: L’évasion fiscale, le vrai fléau qui bloque le développement du continent. La fraude fiscale annuelle imputée aux multinationales en Afrique est supérieure au montant de l’aide publique au développement. (à lire c’est affligeant!)

Volti

7 Commentaires

  1. sur l’Afrique en général, un blog “non conformiste” http://bernardlugan.blogspot.fr/

  2. Le nabot-léon de la présidence Française va finir par croire la légende, qu’ont habilement colportés les médias, que de grenouille du marigot parisien bobo qu’il est de par sa nature, il pouvait devenir le boeuf de l’ordre mondial, mais la fin de la fable risque de lui péter à la tronche…

    Faut pas confondre veau d’or avec vaut pas la peine…

  3. La chute de Khadafi a déstabilisé la région. Les armes fournies par la France et les USA aux islamistes pour renverser le Guide de la Révolution sont aujourd’hui en partie dans les mains des rebelles.
    Certains disent qu’il s’agissait au départ d’un chaos sciemment provoqué et contrôlé pour justifier la mainmise française menacée par les chinois dans la région. En somme le but aurait été de couper l’herbe sous le pied des Fils du Ciel pour assurer la situation d’AREVA implanté au Niger.

    • Non seulement les armes proviennent de Libye mais les islamistes également !
      Alliés de la France en Libye et ennemis de la France au Mali !
      En somme, l’armée française se bat contre des terroristes armés & équipés par la France ! https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_wacko.gif
      Quant à occuper le terrain pour empêcher la Chine de s’y installer, tu as plus que certainement raison !
      Par contre, pour ce qui est de la concession d’un gisement d’uranium ( achat URAMIN), AREVA s’est complétement planté, Anne Lauvergnont a payé +/- 2 milliards d’euros pour un gisement qui n’a aucune valeur exploitable ! https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_unsure.gif

    • Pourquoi ne pas appeler un chat, un chat.
      Ce n’est pas la chute, mais l’assassinat de Kadhafi, et l’envoi de terroristes qui a déstabilisé
      cette partie de l’Afrique.

  4. En Afghanistan les soldats français se font tuer pour les trafiquants d’opium. Les talibans avaient interdit sa culture. Les chefs de l’Alliance du Nord, nos “alliés”, n’étaient pas d’accord. Il fallait se les attacher. Sans compter le manque à gagner pour la mafia et donc pour nos “zélites”. Maintenant chaque camp exploite cette ressource pour financer sa guerre et s’en mettre pleins les poches.
    Au Mali l’armée française devait assurer les bénéfices d’AREVA.
    Opération financière désastreuse dont le cout est supporté par le contribuable.
    En Libye, Sarko a supprimé un témoin gênant en renversant Khadafi et en le faisant assassiner. Les dessous de la libération des infirmières bulgares via les bons offices de Cécilia ainsi que certains financements ne devaient surtout pas s’ébruiter.
    Aujourd’hui des dizaines de milliers de migrants provenant d’Afrique, d’Afghanistan et d’autres contrées que nos humanistes n’ont de cesse de libérer, quittent les côtes libyennes auparavant efficacement contrôlées. Les services de renseignement connaissent tout des filières de ce trafic, jusqu’aux lieux et dates d’embarquement. Par des actions appropriées, cette invasion pourrait être stoppée avant même la mise à l’eau des bateaux épargnant ainsi des centaines de vies. Il est vrai que ces victimes sont fort utiles. Habilement instrumentalisées elles font pleurer dans les chaumières et accepter la submersion ethnique.
    A QUI PROFITENT TOUS CES CRIMES ET CES TRAFICS ?

  5. On peut douter de la réelle volonté d’éradiquer le terrorisme. Un état déliquescent a tout intérêt à laisser se propager un sentiment d’insécurité qui lui permettra d’asseoir sa légitimité en faisant semblant d’être engagé dans un pseudo-combat contre des barbares. Je constate que jamais un événement comme la COP21 ou bien l’Euro 2016 n’a été la cible d’attentats terroristes. Pourtant, en toute logique, ils auraient constitué des cibles idéales et aisées à atteindre. Encore faut-il que cette insécurité relative puisse être contrôlée. Avec le phénomène des loups solitaires fanatisés via les vidéos diffusées par Daesh sur le net, la créature risque d’échapper à son créateur. Les agressions individuelles low cost qui ont lieu au nom d’Allah en sont l’illustration. Tôt ou tard, si elles se multiplient, le gouvernement sera décrédibilisé devant une opinion apeurée qui ne croira plus à l’argument du moindre mal pour continuer à se laisser leurrer par des mesures pseudo-sécuritaires.

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