Une “banquise” de bouteilles en plastique recouvre le fleuve Congo à Kinshasa…

C’est un désastre environnemental. Avis aux entrepreneurs ?

Le fleuve Congo saturé de déchets, notamment de bouteilles en plastique. Photos de notre Observatrice.

Depuis plusieurs mois, la principale artère fluviale de Kinshasa est recouverte d’une épaisse couche de déchets, constituée pour l’essentiel de bouteilles en plastique. Selon notre Observatrice, ces détritus, dispersés partout dans la capitale de la RD Congo faute de politique de gestion des déchets efficace, arrivent là à cause des fortes pluies.

Les quelques 10 millions d’habitants de Kinshasa produisent chaque jour 7 000 tonnes de déchets, soit près de 260 kilos par habitant chaque année. Depuis le mois d’août 2015, le programme de gestions des ordures mis sur pieds par l’Union européenne a été remis aux autorités locales, qui n’ont pas pu fournir une prestation aussi efficace. Depuis, les déchets s’accumulent dans les rues et les risques sanitaires inquiètent fortement les médecins.

“Les gens se débarrassent de leurs déchets n’importe où”

“C’est un danger pour la vie marine, les poissons, la biodiversité dans le fleuve”, explique notre Observatrice Fédorah Bikay dans cette vidéo tournée le 27 avril 2017 au bord du fleuve Congo, à Kinshasa.

Ces ordures se sont accumulées dans le fleuve Congo depuis la fin de l’année 2016, estime notre Observatrice Fédorah Bikay, de l’ONG Congo Green Citizen. Selon elle, leur présence dans le cours d’eau est due aux fortes pluies qui emportent tout sur leur passage, notamment les objets légers comme les bouteilles en plastique, qui flottent à la surface de l’eau.
Elle a publié une vidéo sur sa page Facebook où elle décrit et montre la très épaisse couche de déchets qui recouvre la plage. Son objectif est clair : sensibiliser l’opinion publique et encourager la responsabilisation des citoyens sur le tri et la collecte des ordures.
Voir carte  La plage où notre Observatrice a filmé sa vidéo, tout près du restaurant “Chez Tintin”, dans le quartier de Kinsuka.

Cet endroit était un lieu touristique où les gens venaient pour se détendre et profiter des vagues. Il y avait aussi beaucoup de pêcheurs. Mais, quand on est sur place, on se rend compte que la situation est catastrophique. En ville, les gens en ont beaucoup parlé et ça m’a donné envie de montrer à tous ce qui est en train de se passer.

Quand il y a de fortes pluies, les bouteilles viennent de loin, sont emportées par le courant et arrivent ici. Les gens se débarrassent de leurs déchets n’importe où, même dans les cours d’eau. Le tout est drainé par le fleuve qui couvre une grande partie de Kinshasa.

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Il n’y a pas de structure qui collecte, trie et recycle les déchets ici. Depuis des années, les déchets étaient récoltés par des “pousse-pousse” ou “papa-pousse” contre rémunération. Ces éboueurs indépendants les déposaient ensuite n’importe où.

Des bennes à ordures insuffisantes

En 2008, l’Union européenne a lancé le programme Parau, dont il reste quelques vestiges aujourd’hui. Dans neuf des 24 communes de la ville, 61 stations à ordures ont été installées avec les fonds européens pour que les gens déposent leurs déchets ménagers dans de grandes bennes vertes. Ceux-ci étaient ensuite enfouis dans la décharge de Mpasa, à l’extérieur de la ville.

Une station à ordures est remplie de déchets à Kinshasa. Photo envoyée par notre Observatrice, prise le 9 février 2017.

De 2008 à 2015, ces bennes étaient régulièrement vidées. Mais depuis que les autorités locales ont pris le relai, elles débordent sur les trottoirs et les routes. En général, les déchets sont acheminés à Mpasa seulement toutes les trois semaines, voire tous les mois. Du coup, les stations se sont transformées en des dizaines de petites décharges à l’air libre, qui empestent l’air, polluent l’eau et propagent les maladies. Elles ressemblent finalement aux décharges sauvages qui se trouvent dans les quartiers où l’Union européenne n’a pas installé de bennes.

Ce problème politique, ajouté à l’augmentation de la population, à l’exode rural et aux modifications des habitudes de consommation, a entraîné une très forte augmentation de la quantité de déchets générés chaque jour. Aujourd’hui, les bouteilles en plastique sont par exemple devenues très courantes, notamment pour l’eau et les sodas.

Le recyclage ? Impossible aujourd’hui

Il faudrait recycler tout ce plastique, mais c’est aujourd’hui impossible. Il n’y a pas d’usine capable de traiter ces bouteilles et le business du recyclage est inconnu. Il y a juste une petite entreprise, Recovad, qui transforme des sacs plastiques en pavés.

Notre objectif est de sensibiliser la population à la réduction de leur production de déchets, mais aussi de motiver des entrepreneurs à investir dans l’économie verte et de prendre exemple sur des business florissants, notamment au Cameroun, où le recyclage fonctionne bien. Nous espérons aussi pouvoir alerter les autorités, pour qu’elles prennent les choses en main. Si tous ces facteurs convergent, on aura une chance de résoudre le problème.

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Écrit en collaboration avec Liselotte Mas pour France24

Volti

5 Commentaires

  1. entendu sur FI la semaine dernière ; la majorité des déchets triés ne sont jamais recyclés en france faute d’infrastructure adaptés

  2. Pour se remonter le moral : https://www.qwant.com/?q=albatros%20morts%20avec%20plastique%20dans%20le%20corps&t=videos&o=0:2365581dcaf713b2c511bd430983244c

    Une consolation, chacun à notre niveau nous pouvons agir pour tendre vers le moins de déchets possibles! Il nous faut juste de la volonté, je suggère de regarder régulièrement la vidéo ci-dessus, ça motive vraiment!

  3. Le recyclage des déchets et les fonds(€) qui vont avec est un business lucratif pour beaucoup de mafias.
    Je trouve assez bien que la nature rejette ces déchets en masse d’un air de dire :”reprenez votre merde ! ” et avec beaucoup d’espoir marquer les esprits des populations (avec beaucoup d’espoir)
    Sensibiliser la population à la réduction de leur production de déchets, c’est un bon début … https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_whistle3.gif

  4. J’ai pas mal voyagé et c’est le même spectacle en Indonésie et aux Philippines, Les pluies réveillent les rivières qui servent de décharges et tout va à la mer. Venezuela/Colombie, les cactus dans les plaines sont couverts de sacs plastiques. A Nauru on marche sur les capsules et les boîtes de bière. Au Vietnam les plages sont sales (tout le monde vient manger là, et laissent ses ordures sur place). Etc… Désolant.

  5. Ici aussi, pauvre de nous!

    L’Everest se débarrasse de 4 t d’ordures laissées par les touristes
    Le grand nettoyage du printemps est lancé sur l’Everest. Les bénévoles ont ramassé quatre tonnes d’ordures de la montagne la plus haute du monde, et c’est seulement sur le secteur appropriant à la Chine!

    https://fr.sputniknews.com/societe/201705111031341392-everest-montagne-ordures/

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