Jacques Ellul et le jardin….

Un partage de Sylvain Rochex. C’est beau, c’est vrai et, ça devrait interpeler les incorrigibles cons-sommateurs sur les limites de notre boule bleue.

« Cette terre, fragile et déchirée, est notre seul lieu, elle est notre seule patrie. »

« Revenez donc sur terre et travaillez donc à rendre cette terre humaine, vivable, harmonieuse. Car telle est notre issue. La terre est notre seul lieu. Retrouvez la joie de la terre. Au lieu de la haïr à cause de ses catastrophes, et de la détruire par l’exploitation insensée de l’agro-industrie, des ressources minières et des hydrocarbures, au lieu du gaspillage délirant de ces richesses lentement accumulées pendant des millions d’années et que nous épuiserons en quelques décennies, regardez cette patrie, ce jardin, ce lieu fait pour l’homme, à sa mesure, et non pour sa démesure.

Contemplez la plénitude de la campagne, la grandeur des monts, la majesté de l’océan, et le mystère de la forêt. Cela est fait pour vous si vous êtes des habitants qui recevez là tout le nécessaire pour être heureux, comme l’a été l’homme pendant des millénaires. »

« Rendre notre seule patrie à elle-même : cultiver et garder, voilà tout ce que nous avons à faire. La bien cultiver de façon à ne pas l’épuiser ni la rendre hideuse ni la dénaturer, la bien garder, à la fois contre elle-même de façon à lui restituer son harmonie perdue, et contre nous-mêmes de façon à trouver en elle la limite et la mesure de notre hubris !

(…) notre jardin est la mesure de toute chose, c’est-à-dire des actions raisonnables et permises pour l’homme. Nous aurions dû la choyer, en faire l’objet de notre choix et de notre dilection, (…)

Mais voilà, nous nous sommes une fois de plus radicalement trompés de voie. Le génie de l’homme depuis un demi-millénaire s’est orienté vers la conquête, l’exploitation, la grandeur, alors que sa vocation était l’harmonie. Nous avons commencé à détruire pour avoir davantage. Accumuler l’avoir et détruire tout, en le perdant.

Nous sommes en train de dépecer le jardin, et notre terre ne sera bientôt plus que tas d’ossements sans vie si nous continuons à la dévorer ainsi. Les dernières traces de l’Éden sont en train de disparaître. »

« Nous étions appelés, et nous le pressentions confusément, à créer une harmonie, un équilibre, une juste répartition des forces et des moyens, un équitable partage de l’abondance terrestre. Mais ce souci fut étouffé par la puissance. Je pourrais tenir le même discours à propos de la société, y trouver ce même conflit de l’harmonie et de la puissance. »

« Tout hubris, tout esprit de domination, toute entreprise d’utilisation forcée des choses et des êtres va contre la vocation même de l’homme. »

Jacques Ellul – 1912 — 1994

www.descolarisation.org

Volti

2 Commentaires

  1. C’était vraiment crier dans le désert ! quelle tristesse de voir les résultats ….
    et quel beau texte !

  2. https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_bye.gif GDP.
    Hélas nous ne pouvons pratiquement plus faire que des constats .
    Les grandes idées et les élans du coeur se heurtent à la nature de cette troisième densité luciférienne . En ces temps maussades j’oscille entre des moments de paix et de compréhension quand je m’immerge et m’isole dans la nature qui m’entoure et des instants de colère sourde proche de la haine viscérale quand je reviens dans le monde du quotidien . Certaines choses comme l’assassinat de ce malheureux chien dans sa cage à la SPA me font souhaiter l’éradication pure et simple de l’espèce nuisible que nous sommes devenus. Même si je sais tout au fond de moi que ce n’est qu’un passage obligé de ce que j’ai du mal à appeler ” notre évolution” je n’arrive pas à me résoudre à accepter ce monde de violence et de haine gratuite . La nature est cruelle par essence , les plantes se font la guerre pour la lumière et l’espace , les oiseaux se battent pour quelques graines ,mais ils ont l’excuse de leur nature . Nous ne pouvons pas nous prévaloir de cette même innocence . Nous avons pour nous la raison et elle devrait nous conduire à considérer toutes les formes de vies qui nous entourent comme des extensions de la même conscience universelle. Au lieu de cela nous sommes devenus l’ennemi de la Vie dans son sens le plus large et le plus noble du terme . Plus le temps passe et plus je doute que l’éveil des consciences soit assez important pour nous faire prendre les décisions capitales qui pourraient remettre un peu d’ordre dans ce foutoir général. Alors je n’assois au bord du monde et j’attends de savoir ce que je vais devenir par idéal ou par nécessité . Je guette la porte de sortie qui me permettrait de quitter cet enfer pour ne plus, jamais y revenir tout en pleurant sur la désolation que nous semons sur notre passage .

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