Clarification de la CRIIRAD à propos des rejets d’un réacteur nucléaire en Norvège…

Une mise au point de la CRIIRAD,  à propos des rejets d’iode 131 détectés dans plusieurs pays d’Europe, ce ne serait pas la centrale de Halden qui est en cause . La question reste posée, d’où viennent ces rejets ?

Confusion

Depuis quelques jours, circulent sur les réseaux sociaux, des messages très inquiétants comme “Alerte en ce jour (12 mars 2017) on apprend que la Norvège contamine toute l’Europe avec de l’iode 131 radioactive depuis plusieurs semaines (on évoque même fin octobre)..”. Il s’agit d’une confusion entre deux évènements :
De l’iode 131 (isotope radioactif artificiel) a été détecté à de faibles niveaux dans l’air ambiant de plusieurs pays européens en janvier 2017. L’origine exacte de cet iode 131 n’est pas connue et plusieurs hypothèses sont envisageables. Voir communiqué CRIIRAD du 14 février 2017.

Il y a eu un incident sur un réacteur nucléaire en Novège en octobre 2016, mais il n’y a pas à notre connaissance d’incident ou accident nucléaire actuellement en Norvège et les stations de mesure dont
les résultats sont publiés sur le site du réseau Européen EURDEP ne montrent pas actuellement de radioactivité anormale en Norvège ou sur les pays proches.

Rejets d’iode 131 d’un réacteur Norvégien en octobre 2016
Il y a bien eu, le 24 octobre 2016 à 13H45 un incident significatif sur le réacteur nucléaire de l’IET à Halden au sud-est d’Oslo en Norvège, lors de manipulation du combustible usé. L’autorité Norvégienne de
Protection Radiologique a signalé cet incident dans un communiqué du 25 octobre 2016.

Cet incident, qui a conduit à évacuer le personnel de la centrale, a entrainé des rejets radioactifs à l’atmosphère. Les autorités norvégiennes ont estimé le rejet à 150 millions de becquerels pour l’iode 131 et 24 millions de becquerels pour l’iode 132. A noter que le communiqué ne précise pas comment ces estimations ont été effectuées, ni leur niveau de fiabilité. On peut s’étonner d’ailleurs du fait que les autorités n’aient pas fait état des autres substances radioactives susceptibles d’avoir été rejetées (tritium, carbone 14, gaz rares radioactifs).

Heureusement, la situation a pu être maîtrisée. Cet « incident » d’octobre 2016 pose de nombreuses questions sur le plan de la sûreté (origine de l’incident), du défaut de transparence (l’exploitant n’a déclaré l’incident que 20 heures après), des insuffisances de la métrologie (pas d’évaluation de l’ensemble des rejets radioactifs). L’ONG Norvégienne Bellona, avait fait part en 2004 d’inquiétudes sur la sûreté et dénoncé des fuites d’eau lourde et des rejets élevés de tritium (isotope radioactif de l’hydrogène).
En ce qui concerne les rejets d’iode 131 du 24 octobre 2016, en Norvège, les stations de mesure de l’iode 131 sous forme particulaire situées à Osteras, à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Halden et à Arland, à 500 kilomètres au nord, n’avaient pas mis en évidence d’impact mesurable (données consultables sur le site EURDEP).

De l’iode 131 particulaire avait bien été détecté sur les filtres à air du 17 au 24 octobre 2016 avec des valeurs de l’ordre de 0,37 à 0,45 μBq/m 3 , mais la période de mesure s’arrêtait vers 6H du matin soit avant l’heure officielle des rejets. Dans les deux semaines suivantes, les niveaux d’iode 131 publiés restaient inférieurs aux limites de détection comprises entre < 0,3 μBq/m 3 et < 3,6 μBq/m 3 .

Ces résultats posent un certain nombre de questions.

On peut s’étonner par exemple de l’absence d’échantillonnage pour la station d’Osteras pendant la période des rejets supposés. En effet les analyses portent sur un premier filtre pour la période du 17 au
24 octobre à 6H34, puis un second du 25 octobre à 11H30 au 26 octobre à 10H49. Il n’y a donc pas de mesure du 24 octobre à 6H35 au 25 octobre à 11H29 ?
On peut également déplorer l’absence de mesure de l’iode 131 sous forme gazeuse qui est dans de nombreux cas prépondérante par rapport à la forme particulaire. Et bien entendu, il convient de souligner que les stations de mesure sont à grande distance de la centrale et ne renseignent pas sur la contamination de l’air dans un rayon de quelques kilomètres.

A ce jour, rien ne permet de faire le lien entre les rejets d’iode 131 du réacteur de Halden en Norvège en octobre 2016 et la détection d’iode 131 dans l’atmosphère de plusieurs pays européens en janvier 2017.

Rappelons que la période physique de l’iode 131 est de 8 jours, l’activité de l’iode 131 rejeté le 24 octobre 2016 serait donc divisée par un facteur 1 300 au 15 janvier 2017. Par ailleurs, les niveaux d’iode 131 particulaire les plus élevés détectés en Europe en janvier 2017 étaient en Pologne (5,9 μBq/m 3 ).

Il serait par contre souhaitable que des analyses indépendantes soient effectuées au voisinage du réacteur de Halden afin d’évaluer les niveaux d’exposition des riverains (analyses d’air, sol, précipitations et chaîne alimentaire).

Rédaction : Bruno CHAREYRON, ingénieur en physique nucléaire, directeur du laboratoire de la CRIIRAD avec le support technique de Jérémie MOTTE, ingénieur environnement, responsable du service Balises de la CRIIRAD.

Contact : bruno.chareyron@criirad.org

 

 

Volti

13 Commentaires

  1. Mieux vaut noyer le poisson…

  2. Donc nous allons en revenir au coupable idéal, Vladimir.

  3. Un Blog pointait du doigt une centrale ukrainienne, en cause le combustible d’origine us incompatible avec la technologie Russe de la centrale!
    Les cartes avec la chronologie des détections corroborées par les vents dominants semblaient correctes, comme toutes les sources étaient en langue cyrillique https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_unsure.gif

    • as tu gardé les liens? si oui remets les s’il te plait.

      • Impossible de récupérer le lien, j’étais sur Tor qui ne garde pas l’historique de navigation, et j’ai suivi un lien dans un commentaire sur une messagerie instantanée.

        • Dommage, cela devait être Zaporijia qui a de gros problèmes avec l’alimentation en combustible américain. les barres de plutonium se déforment et coincent a l’extraction.
          PS: cet article qui n’est pas orienté politiquement est a peu prés fiable, venant de wikipédia.
          La liste des réacteurs nucléaires dans le monde.

          https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_r%C3%A9acteurs_nucl%C3%A9aires

          • De mémoire, il me semble avoir vérifié les vents dominants sur une région NNO en Ukraine

            Au départ la discussion portait sur l’explosion d’un sous marin nucléaire Russe, et là un type se pointe avec des données censées démontrer un tour de passe passe qui évite de pointer du doigt l’origine Ukrainienne de la fuite!

  4. Une clarification pas très claire…la CRIIRAD ne sait plus quoi faire pour se mettre en avant c’est là au moins une évidence.
    Prendre comme exemple la centrale de Halden pour sa fuite d’iode 131 en octobre 2016 est discutable…l’iode 131 relevé ne provient pas de rejets datant d’octobre 2016…
    La durée de vie de l’iode radioactif est exactement de 8,04 jours, sa radioactivité est réduite de moitié pour une même période de 8,04 jours et ainsi de suite…
    Ce ne sont pas des essais militaires non plus car d’autres isotopes auraient été relevés (sic)… alors il convient d’attendre les résultats des investigations en espérant que ces derniers soient rendus publics dans leur intégralité.

    Liens relatifs à la centrale de Halden :

    (La fuite de 2016 représente 5% des rejets annuels autorisés)
    http://bellona.no/nyheter/energi/atomkraft/2016-10-17988

  5. y aurait-il un déplacement de déchet radioactif à divers endroits en EUROPE pour un attentat de masse ?
    On nous cache peut-être la vérité pour éviter la panique.

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