L’euro est-il une monnaie commune ou une monnaie unique ?…

Qui mieux qu’un inspecteur des finances peut expliquer la chose? Personnellement j’avais compris que cet euro était une monnaie commune et pas unique, car les taux de change d’un pays à l’autre n’étaient pas les mêmes, sinon aucune raison, d’aller en Italie ou en Espagne acheter ce que l’on trouve en France. Raisonnement simpliste mais logique non? Cet article de 2012 écrit par F. Asselineau explique en détails la différence. C’est la meilleure explication que j’ai trouvée, donc ce n’est pas en tant que leader de l’UPR et il n’y a aucune promotion de ma part. Juste le savoir pour comprendre.

La plupart des Français pensent que l’euro est une monnaie unique. Or, ce n’est pas le cas, nous allons le voir ci-dessous. Il n’y a pas qu’en France que l’opinion générale se trompe sur ce sujet ; quel que soit le pays, pratiquement tout le monde – y compris les dirigeants politiques et économiques – est convaincu que l’euro est une monnaie unique. Pourquoi n’est-ce pas exact ?

Les lettres figurant sur chacun des billets en euro témoignent du lieu de fabrication, c’est-à-dire du pays d’origine. Elles ne correspondent pas à des créances sur chacun des pays en question, cela tendrait à accréditer l’idée « euro = monnaie unique ». Mais la situation est plus compliquée et il faut regarder les choses dans le détail.

Les billets en euro – pris dans leur globalité – sont des créances sur chacune des banques faisant partie de l’Eurosystème et cela au prorata de leur part dans celui-ci. Les billets sont donc des créances sur la Banque centrale européenne (BCE) à hauteur de 8 % de leur masse, les 92 % restants étant ventilés en créances sur les 17 banques centrales nationales.

Ce qui est vrai au niveau « macro » est faux au niveau « micro » : nonobstant le point précédent, chaque billet pris individuellement n’est pas attribuable à une banque centrale nationale en particulier.

Le système européen force toute banque centrale nationale (BCN) à accepter tout billet comme si c’était « les siens ». Chaque billet est donc une créance sur la BCN à laquelle il est présenté.

Les documents précis sur ces questions sont très difficiles à trouver. C’est dû au fait qu’il s’agit de sujets hyper techniques et sur lesquels règne une volonté de confidentialité pesante. Tout est fait pour que 99,999 % des gens n’y comprennent rien, y compris des spécialistes. Le point que nous venons d’aborder est néanmoins clarifié sans ambiguïté dans le paragraphe 5 du document (en anglais) suivant :

http://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/?qid=1414155616307&uri=CELEX:32010D0029%2801%29

Voici ce que dit ce paragraphe :

« All euro banknotes should be subject to identical acceptance and processing requirements by the Euro­ system members irrespective of which member put them into circulation. »

Traduction en français :

« Tous les billets en euro doivent être soumis aux mêmes critères de recevabilité et de traitement par les membres de l’Eurosystème, quel que soit le membre qui les a mis en circulation. »

Par conséquent, un billet présenté à la Bundesbank, quelle que soit sa provenance, est accepté et donne lieu à un crédit sur un compte à la Bundesbank, qui est une créance sur la Bundesbank et sur elle seule.

Par ailleurs, les billets ne représentent qu’une partie des euros en circulation. Les euros qui ne sont pas sous forme de billets ou de pièces sont également des créances sur chacune des banques centrales nationales, au prorata de leur part dans l’Eurosystème, et ne sont donc pas des créances sur la BCE. Si nous parlons d’euro monnaie centrale, on a environ 900 milliards d’euros de billets, environ 200 milliards d’euros de comptes courants correspondant aux réserves obligatoires et peut-être 500 milliards d’euros en surplus.

Il faut donc insister sur un point aussi important que méconnu : les billets en euro ne sont pas des créances sur la BCE mais sur l’Eurosystème.

Remarque annexe : les billets en euro portent la signature du Président de la BCE mais cette signature est seulement décorative, tout comme l’étrange signe du copyright (©) qui figure juste avant la mention « BCE ECB EZB EKT EKP » qui désigne la BCE. Cette mention du copyright n’est pas un hasard : elle témoigne d’une prise de distance juridique. Elle ne figurait pas du tout sur les billets en francs où la mention « Banque de France » signifiait bien que le billet était une créance sur la Banque de France.

L’euro est donc bel et bien une « monnaie commune » et non pas une « monnaie unique » car il n’y a pas une Banque centrale unique. C’est d’ailleurs le distinguo que font les Allemands entre « Gemeinsame Währung » (utilisé pour désigner l’euro) et « Einheitliche Währung » (utilisé pour désigner le mark après la fusion du mark est-allemand avec le Mark ouest-allemand).

Cependant, le terme de « monnaie commune » lui-même est doublement ambigu car :

– d’une part, la plupart des gens le confondent avec le terme de « monnaie unique » ,

– d’autre part, certains faux experts (Mme Le Pen et M. Dupont-Aignan, par exemple) le confondent avec le système de changes variables autour d’un cours pivot, comme l’était le « serpent monétaire » de naguère.

Pour être plus précis, nous devrions utiliser une autre expression, plus longue et plus lourde mais dénuée d’ambiguïté : l’euro est un système de monnaies homonymes liées entre elles par un taux de change fixe de 1 pour 1 (« peg »).

S’agissant de la fuite des capitaux entre les États de la zone euro, nous vous renvoyons au système Target 2, qui est bien expliqué sur la notice Wikipedia en allemand, avec un superbe graphique divergent qui signe l’explosion de l’euro (cette notice n’est curieusement pas du tout aussi précise et claire sur Wikipédia en français). Pour faire simple, Target 2 est le système de paiement qui permet actuellement aux banques de l’Union européenne de transférer des fonds en temps réel par delà les frontières des États membres et cela de façon illimitée et au taux de change de 1 pour 1.

En conclusion générale, il est vrai de dire que la marque distinctive par pays que l’on trouve sur les billets en euro et  la qualification juridique de la créance ne sont pas corrélées. En revanche, il est faux de dire qu’un euro est une « créance sur la BCE ». Un euro est une « créance sur l’Eurosystème », lequel compte la BCE et 17 banques centrales nationales (BCN).

Ce point est décisif car si l’on confond l’un et l’autre, on ne peut pas comprendre ce qui se passe en ce moment, notamment en Allemagne (voir notre texte « Pourquoi l’Allemagne envisage de sortir de l’euro ? ») et on ne peut pas non plus comprendre l’entrée en divergence de Target 2.

Source F. Asselineau

Voir l’article de Charles Sannat:

EXCLUSIF – Dettes impayables et crise financière existentielle pour l’Europe. Les banques centrales de la zone euro sont-elles encore solvables ?

Aller plus loin:

Les scenarii de dissolution de l’euro

Une étude de Jacques Sapir et Philippe Murer, avec la contribution de Cédric Durand, septembre 2013. L’étude qui suit détaille l’impact sur l’économie de la France – et celle des principaux pays de la zone Euro – de différents scénarios de dissolution de la zone Euro – procédant de différentes hypothèses de coopération monétaires – et de différentes options de politique économique pour la France.

http://www.fondation-res-publica.org/etude-euro/

 

Volti

19 Commentaires

  1. Ni monnaie unique ni monnaie commune mais outil pour les banksters.

  2. Euro:Monnaie apparemment unique uniquement visuellement pour tous les pays de la zone euro

    Les Allemands ont voulu une monnaie commune et non unique afin de se dessolidariser des dettes des autres pays.
    En cas de monnaie vraiment unique les Allemands auraient ete obliges d’absorber la dette Grecque dans son integralite sans avoir mot a dire.
    Une autre preuve que cette euro est une monnaie commune est que chaque pays a un taux d’emprunt different en fonction de sa solvabilite.
    Voila pourquoi l’euro est mal fait …c’est une monnaie artificielle sans personnalite reelle.

    PS: Charles Sannat a toujours parle de l’euro comme monnaie unique et jamais voulu reconnaitre que c’etait une monnaie commune malgre mes nombreux rappels personnel.
    Ce qui n’est pas digne d’un ancien banquier et economiste.
    D’ailleurs il fait souvent reference au FN et refuse sciemment de parler d’Asselineau.

    Malgre ses excellentes analyses, par ailleurs, c’est un complice du systeme a part entiere car il ne suffit pas uniquement de critiquer.

  3. Ce qui me satisfait, personnellement, c’est qu’on envisage désormais dans les grands médias une sortie de l’UE ou de l’Eurosystème. (La seconde nécessitant la première, en l’état actuel de la réglementation).
    Certes on continue de nous sortir des énormités, que c’est farfelu et que ça serait un cataclysme pour les 10 générations à venir… mais avant c’était un sujet tabou, et si on avait l’outrecuidance de juste l’évoquer, alors c’est qu’on était un gros facho d’extrême droite, xénophobe, antisémite, et mangeur d’enfants.
    Les grands médias feront toujours tout pour ne pas choquer et ne pas risquer de provoquer une angoisse trop forte dans leur audience (dans le langage policé en vigueur, c’est ce qu’on appelle être modéré). Alors les choses vont petit à petit, on laisse le temps aux esprits de s’habituer. Ainsi, si il y a encore du chemin pour qu’un vrai débat démocratique ait lieu sur la question, on peut quand même se féliciter que le sujet soit enfin abordé. Espérons juste que ça ne soit pas qu’un pétard mouillé le temps du spectacle présidentiel.
    Salutations néanmoins aux anglosaxons qui, avec le brexit et l’élection de Trump, ont permis de rendre cette question médiatiquement acceptable en France (une fois de plus on voit qui sont ceux qui ont suffisamment de cran pour être les meneurs…).

  4. les taux de change d’un pays à l’autre n’était pas les mêmes

    Bin… si. Les taux de change sont les mêmes, il n’y a qu’une quotation pour l’Euro.
    Par contre, ce sont les taux d’intérêts qui sont différents, sur les titres de dette émis (ou émissions obligataires, comme on dit dans le langage policé en vigueur) par les divers États membres.

    PS: en plus ça pique un peu les yeux : “n’étaient”.

    Cordialement.

    • Non je me suis mal exprimée, l’euro en France 6.55.957, les autres pays selon leur conversion en euro c’est différent en plus ou moins (?), ma vision logique et primaire, je ne suis pas analyste financier. C’est où que ça pique “ent” (?) 😉 Ça ne pique plus! je te remercie humble brebis pressée.

  5. l euro est une monnaie unique. L écu était une monnaie commune !
    faites fonctionner vos neurones !!!
    si l euro n est pas une monnaie unique….alors quelles sont les autres monnaies ????
    il n y en a pas, ce qui est bien la définition de unique !!!
    il n y a que des fonctionnaires abrutis comme Asselineau qui n a jamais rien entrepris de sa vie, à part pantoufler, pour discuter sur le sexe des anges
    Asselineau prétend savoir gouverner la France et je suis sur qu il ne serait meme pas capable de gérer une épicerie de quartier !!!
    Confiez le Sahara aux fonctionnaires énarques et au bout de 2 ans, il faudra acheter du sable !!!!

  6. et c est reparti avec les abrutis !!!
    on ne te demande pas de porter un jugement personnel sur moi !!!
    on te demande d argumenter sur un sujet qui a été proposé
    mais , ça , ça te dépasse de toute évidence

    • Insulter les autres a toujours suscité respect et admiration, c’est bien connu…

      Bonne journée.

    • Ou as tu lu que je portes un jugement sur toi?
      Je m adresse a ton commentaire.
      Par contre tu traites Asselineau et mon humble personne d abrutis.
      Les arguments sont ci-dessus….ou ne saurais tu pas lire et encore moins faire travailler tes meninges.
      c est ce qui transparait de tes pauvres commentaires.

      • Il faut bien reconnaitre qu’il complique à souhait une situation au demeurant fort compliquée.

        Quand on s’adresse à la plèbe, on vulgarise (dans le non péjoratif sens premier)!

        En clair,
        le Mr il a dit;
        – La BCE est responsable du SYSTEME d’émission de la (masse) monnaie et en tire gros bénéfice.
        Mais c’est les BC (banque-centrale) des différents pays qui en payeront les pots cassés, au prorata des injections de MONNAIE DU PAYS(en euros) faites.

        Et plus simplement:
        La BCE commande, empoche tout en transférant l’intégralité du risques aux BC des pays.
        …Donc EN DERNIER RESSORT, A NOUS. 🙁

        Simple non ?

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