Standing Rock : le combat des Indiens Lakotas s’achève dans les flammes…

Les fiers guerriers natifs, chassés de leurs terres ancestrales, qui n’auront pas eu le dernier mot. Merci Enki13. Pour suivre le combat des amérindiens pour l’eau. Voyez les articles de JBL1960 qui se bat à leurs côtés avec acharnement tout en étant, de l’autre côté de l’Atlantique avec un simple clavier, des convictions et un amour infini pour la Liberté et la Justice. Visitez le site de JBL1960, lisez la pensée anarchiste, l’ordre sans les ordres, ce n’est pas le chaos..

Cette fois, c’est bien fini. Depuis un arbitrage des ingénieurs de l’armée américaine autorisant l’achèvement du Dakota Access Pipeline, les Natifs de Standing Rock savaient qu’ils allaient être évacués par la force. Ils ont finalement décidé de mettre le feu à leur camp.

Une colonne de fumée noire s’élève dans le ciel du Dakota du Nord, à l’endroit très précis où la rivière Cannonball se jette dans le ténébreux Missouri. Il est 14 heures (21 heures à Paris), et le camp d’Oceti, qu’on avait vu si beau, si majestueux, dans la lumière de l’été finissant, s’apprête à disparaître dans les flammes. Ainsi en ont décidé les quelques centaines d’occupants qui auront résisté jusqu’au bout, jusqu’à l’ordre d’évacuation militaire ordonné par le Gouverneur de l’état. Ces résistants de la dernière heure sont majoritairement des « natifs » – beaucoup de Lakotas de la région, mais aussi de nombreux Ojibwe du Minnesota voisin –, ainsi que des activistes, des militants écolos, toutes couleurs de peau, toutes confessions confondues.

Depuis des semaines, les derniers « water protectors» de Standing Rock savent que le combat est perdu. Ce combat-là en tout cas : celui consistant à empêcher la construction du dernier tronçon du « Dakota Access Pipeline » (DAPL) – jonction devant permettre au Black Snake de franchir le Missouri quelques mètres sous le lit du fleuve. Alors, à l’heure très précise où l’ordre d’évacuer entrait en vigueur, les derniers des Mohicans ont décidé de mettre le feu. Ils ont commencé par embraser le massif « check-point » placé à l’entrée principale du camp retranché, impressionnante construction en bois de chantier devant laquelle il fallait montrer patte blanche quand on venait visiter le site. Lors de notre premier passage, les vigiles avaient longuement inspecté l’intérieur de la voiture de location à la lampe-torche. « Qui venez-vous voir, et pourquoi ? Et vous venez de quel pays ? » On avait trouvé l’interrogatoire impressionnant… mais mieux compris par la suite : les Lakotas redoutaient les espions, notamment les faux journalistes.

Chants sacrés

Ce matin, l’intimidant check-point n’est plus. Les tipees, les constructions de fortune, les cabanes pour entreposer les vivres non plus : tout est parti en fumée. Brûlé par les natifs eux-même. Un grand nettoyage par le feu : moins humiliant pour eux que de voir bulldozers et camions-poubelles tout raser en quelques heures. Ils ont tout fait flamber en chantant, en dansant. Avant de réunir leurs quelques affaires personnelles dans des sacs plastique et partir par la route, à pied, pour échapper aux arrestations (dix « irréductibles » restés sur le site tard dans la nuit ont toutefois été arrêtés et seront jugés ces prochains jours pour entrave à un ordre de justice).

Des flammes, des chants sacrés, l’armée américaine en embuscade, prête à surgir. Spectacle stupéfiant, presque cinématographique, mais – ne nous racontons pas d’histoire ! – spectacle avant tout sordide : ces brasiers n’ont rien de glorieux, ils ne font pas le poids face à la pluie glacée, l’eau qui ruisselle partout, la neige fondue qui a transformé la vaste plaine de Standing Rock en champs de boue. Ils n’auront pas fait le poids, surtout, face à l’aveugle et sourde toute-puissance du lobby pétrolier et des banques ayant financé le DAPL, cette joyeuse assemblée d’ultra-libéraux prêts à tout pour pomper toujours plus (de pétrole, de gaz de schistes, de ressources fossiles en général) et qui ont su, le jour où Trump a été élu, que leur projet à quatre milliards de dollars aboutirait.

Auteur Emmanuel Tellier pour Télérama

Voir:

Reportage Standing Rock, le serpent noir et la vallée sacrée Abo

Voir sur Bastamag

Quatre banques françaises contre les Sioux du Dakota, expulsés par Trump

Volti

4 Commentaires

  1. Rien d’étonnant de la part de ce pays.

  2. Je préfère une tête bien faite à une anarchiezr avec grosses oeillères. De plus, marteler est très contre productif.

    Bien plus essentiel que l’anarchie (mot fourre-tout vant tout), l’art de penser par soi-même, en dehors des cadres qui contaminent tout groupe, même et surtout les groupes “contre”. Un exemple d’intelligence limpide, d’honnêteté intellectuelle et de véritable courage existentiel : Daniele Ganser :

    https://www.youtube.com/watch?v=JFu4tUwJDrY

  3. J’ai traduit l’article de Mohawk Nation News du 24/02/2017 qui fait état des violences contre les protecteurs de l’eau (R71 faisant silence pendant quelques jours suite à leur dernière publication) aussi j’espère que vous serez indulgent, mais le relayage de la Nation Mohawk est plus important que tout, à mon sens ► https://jbl1960blog.wordpress.com/2017/02/25/les-femmes-indigenes-donnent-leur-avis/ L’illustration du billet est issue de l’article original en anglais sur http://www.mohawknationnews.com

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