Ils l’ont annoncé durant le sommet de l’OTAN: “Nous sommes unis face à la Russie“, puisque le principal danger sur cette planète serait la Russie. Mais le regard qui nous est proposé sur la situation n’est peut-être pas le meilleur, puisque techniquement, certains considèrent que l’OTAN, le plus grand saboteur de la paix en Europe: “Dissoudre l’OTAN et créer un nouveau système de sécurité en excluant les Etats-Unis, c’est le seul moyen d’éviter une nouvelle guerre mondiale.“
Ce n’est plus un secret, l’OTAN est avant tout dirigé par les États-Unis qui décident qui sont les alliés, qui sont les ennemis, et de la marche à suivre, ce qu’explique Philippe de Villiers dans une entrevue plus qu’intéressante…
Le sommet de l’OTAN apporte des nouvelles : davantage de soldats en Europe de l’Est, préparation aux cyberattaques… Une autre aventure américaine qui n’apporte rien de bon pour l’Europe, selon l’ancien candidat à la présidence Philippe de Villiers.
RT France : Lors du sommet de l’OTAN à Varsovie les Etats-Unis ont annoncé le déploiement de 1 000 soldats en Pologne.
Des milliers de soldats de l’OTAN participent aux entraînements en Europe de l’Est et dans les pays baltes. Selon Barack Obama, «l’agression russe contre l’Ukraine» menace l’Europe, c’est pourquoi il appelle à «renforcer la défense» de ses alliés en Europe centrale et orientale. Comment évaluez-vous cette prise de position ?
Philippe de Villiers : Je pense que la position européenne calquée sur les ordres reçus de l’Amérique, donc calquée sur la position américaine repose sur un contresens. L’Europe écrit depuis la fin de la guerre son avenir sur le continent américain. C’est l’Europe de l’après-guerre qu’on poursuit avant la chute du mur de Berlin alors que l’Europe doit être l’Europe «de l’Atlantique à l’Oural» en comprenant la Russie au sens que l’entendait le général de Gaulle quand il utilisait cette expression.
L’OTAN nous entraîne dans des aventures partout dans le monde qui ne sont pas les nôtres
Aujourd’hui il faut faire une Europe confédérale, c’est-à-dire celle qui s’appuie sur les souverainetés nationales à l’Est comme à l’Ouest, qui s’élargisse à la Russie qui peut servir d’interface pour les hommes de la puissance de demain. Il est absurde de considérer aujourd’hui Poutine et la Russie comme des ennemis. La Russie est notre amie, la Russie ne demande qu’à être notre amie. Elle est non seulement une alliée sur le plan historique, mais il y a des liens plus profonds – par exemple, Dostoïevski parlait français, écrivait en français. Et moi qui connais bien la Russie, je peux dire que c’est une absurdité de ne pas vouloir réunir les deux chrétientés de l’Europe – celle de l’Est et celle de l’Ouest.
C’est un crime de vouloir installer plus d’agressivité, plus de haine dans les nations qui étaient jadis sous le joug soviétique. Il faut leur expliquer que la Russie n’est pas leur ennemi, que la Russie n’est pas l’ennemi de l’Europe et que l’Europe ne doit pas continuer à se faire manipuler par Monsieur Obama et l’Amérique qui elle est agressive, qui dépense deux fois plus pour son budget militaire que l’ensemble des nations du monde.
RT France : Lors du même sommet à Varsovie, il a été déclaré un renforcement de partenariat entre l’UE et l’OTAN. Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’OTAN, a déclaré que les deux organisations ont «une position commune sur la Russie : l’UE a imposé des sanctions économiques, l’OTAN a procédé au renforcement de la défense collective après la fin de la guerre froide, le plus important depuis la guerre froide». Cette coopération entre l’Union européenne et l’OTAN, a quoi peut-elle mener ?
Philippe de Villiers : A la guerre. L’OTAN est en fait le bras militaire de l’Amérique. L’OTAN nous entraîne dans des aventures partout dans le monde qui ne sont pas les nôtres. Souvenez-vous du Kosovo, des «printemps arabes», de la Syrie, de l’Irak. Il faut bien comprendre que le nouveau monde dans lequel nous sommes entrés n’est pas le monde de l’après-guerre. L’OTAN a été créé pour contrer l’Union soviétique. L’URSS est morte, le mur de Berlin est tombé, cela fait des décennies. Et donc l’OTAN n’a plus de raison sociale.
La décomposition de l’Europe va maintenant aller très vite depuis le Brexit
Il faut bien comprendre par exemple que Madame Merkel obéit à Monsieur Obama, obéit à l’OTAN quand elle se prosterne devant le sultan Erdogan parce que la Turquie est membre à part entière de l’OTAN et que c’est l’Amérique qui veut faire rentrer la Turquie dans l’Union européenne. Quand vous confiez votre défense, c’est-à-dire l’essentiel de votre puissance régalienne, à une autre nation que la vôtre – en l’occurrence les Etats-Unis – alors vous n’êtes plus indépendant. Donc vous ne pouvez plus avoir une diplomatie propre. C’est tragique pour la France et c’est tragique pour l’Europe. C’est un signe avant-coureur de la décomposition de l’Europe qui va maintenant aller très vite depuis le Brexit parce que les Anglais ont compris qu’il y avait une contradiction entre la loi anglaise et le loi européenne et que l’Europe c’était l’immigration à tout va.
Monnet, Schuman et tous les autres grands prêtres de cette Europe supranationale ont menti
Aujourd’hui les Français sont de plus en plus nombreux à comprendre qu’on leur a menti. Monnet, Schuman et tous les autres grands prêtres de cette Europe supranationale ont menti. Ils ont dit que l’Europe ce sera la prospérité ; on voit que ce n’est pas le cas, la sécurité ; on voit que ce n’est pas le cas. Ils ajoutaient – et c’est le plus grand mensonge – que l’Europe ce serait l’indépendance, ce serait la puissance, c’est-à-dire l’émancipation des Etats-Unis. Il y aura les Etats-Unis de l’Europe qui s’émanciperont des Etats-Unis et c’est pour cela que les gens avaient voté «oui» à Maastricht en se disant qu’on sera une très grande puissance, on sera «une France démultipliée».
On a une Amérique démultipliée qui met la main ferme et lourde sur le continent européen
Aujourd’hui on n’a pas de France démultipliée, on a une Amérique démultipliée qui met la main ferme et lourde sur le continent européen pour empêcher à tout prix qu’il y ait entre la Russie, la France et d’autres pays européens un échange qui est dans l’ordre des choses et dans la nécessité de la paix et de l’harmonie. Je suis triste, je suis bouleversé, je suis effaré et écœuré de voir l’attitude des dirigeants européens qui sont des menteurs et des manipulateurs parce qu’ils sont eux-mêmes sujets aux mensonges américains et manipulés par l’Amérique.
Source et fin sur Russia Today