“La Robin des Bois de la science”: La pirate kazakhe qui a volé 47 millions d’études

Le souci des études scientifiques? Lorsqu’elles ne sont pas trompeuses ou financées par certains lobbys, c’est qu’elles sont payantes, et qu’il est difficile d’y avoir accès. Comment faire évoluer la recherche et la science de ce fait sans mettre la main au portefeuille? C’est justement le problème dénoncé par Alexandra Elbakyan, simple étudiante kazakhe devenue l’une des bêtes noires de la justice américaine.

Pas vraiment connue, elle est pourtant à l’origine d’une fuite de 47 millions d’études scientifiques afin de les mettre à) disposition gratuitement à qui serait intéressé. Comme quoi elle mérite bien son surnom de “Robin des bois de la science”…

Capture du 2016-05-14 23:17:05

On la surnomme “La Robin des Bois de la science”. Cette étudiante kazakhe est depuis plusieurs mois au centre d’une polémique qui traverse le monde scientifique. Malgré son air d’universitaire modèle, avec ses cheveux roux sagement rassemblés en queue-de-cheval, Alexandra Elbakyan est accusée, par la justice américaine, d’avoir fait fuiter des millions de documents.

La jeune femme née en 1988 a créé le site Internet Sci-Hub, qui propose gratuitement plus de 47 millions d’études scientifiques, à l’origine publiées dans des revues payantes.

Revues incontournables

Tout d’abord employée dans la sécurité informatique à Moscou, elle réalise en 2010, grâce à l’argent gagné, des études universitaires à Fribourg en Allemagne, où elle étudie l’interface homme-machine.

Lorsqu’elle revient au Kazakhstan, elle se trouve confrontée face “au fléau des paywalls”, ces zones payantes des revues scientifiques, où sont publiés les derniers résultats des recherches en science qui font autorité. Pour un chercheur, publier une étude dans ces revues est inconditionnel pour développer une carrière scientifique. Ces publications sont aussi une référence incontournable, lorsque les chercheurs entreprennent à leur tour une étude sur un sujet. Rien à voir donc avec des articles de journaux conventionnels. “Quand j’étais étudiante au Kazakhstan, je n’avais accès à aucun article de recherche. J’en avais besoin pour mon projet de recherche. Payer 32 dollars [par article] est insensé quand vous avez besoin de parcourir ou de lire des dizaines ou des centaines d’articles pour faire vos recherches”, argumentera-t-elle plus tard auprès de la justice américaine.

Partager les bonnes idées

Au Kazakhstan, il existait cependant un système D : envoyer sur Twitter, le nom de l’article désiré, en attendant qu’un scientifique généreux, payant déjà l’abonnement à la revue, envoie l’article en PDF à l’étudiant désargenté. Mais pour Alexandra Elbakyan, ce qu’il fallait plutôt, c’était un système qui permettait de partager cet article avec le reste du monde. Elle avait les compétences informatiques et les contacts avec d’autres pirates du web pour rendre cela possible. Elle a donc créé Sci-Hub, confie-t-elle à la revue “Science”.

Pour cette Edward Snowden en jupon, le site est “une extension naturelle de son rêve d’aider les humains à partager les bonnes idées. Les journaux payants sont un exemple du fonctionnement inverse; rendre la communication moins ouverte et efficace.” Visiblement, tout le monde n’est pas de son avis. L’éditeur scientifique Elsevier, l’un des plus importants du domaine, l’a attaquée en justice. La justice américaine a jugé la démarche illégale et a fermé le site début mai, avant qu’il ne réapparaisse via un autre nom de domaine.

Source et suite (sur abonnement) sur Lalibre.be

 

Benji

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