Berta Caceres, vaillante militante écologique assassinée au Honduras…

Une militante de plus qui disparaît. Se battre pour la planète et ses habitants, n’est pas une sinécure, tant les intérêts au détriment des populations et de l’environnement, sont puissants. Qui prendra la relève?

© Goldman Environmental Prize | L’activiste écologique Berta Caceres sur les rives du fleuve Gualcarque, dans l’ouest du Honduras, en 2015

Militante écologique depuis les années 1990, Berta Caceres a été tuée par balles jeudi en rentrant à son domicile. La cause environnementale au Honduras perd l’un de ses défenseurs acharnés.

Depuis quelques années, les collègues de travail de Berta Caceres avaient préparé son eulogie. Une façon de défier avec humour les menaces de mort que la militante écologiste hondurienne recevait régulièrement. Des menaces qui ne l’empêchaient pas pour autant de mener son action pacifique contre la construction du barrage d’Agua Zarca, sur la rivière Gualcarque, dans le nord-ouest du Honduras.

Jeudi 3 mars pourtant, Berta Caceres s’est écroulée au moment où elle rentrait chez elle dans la ville de La Esperanza, tuée de plusieurs balles par des inconnus. Selon la police, il s’agirait d’un crime crapuleux, commis par de simples voleurs.

Mais pour la famille de Berta Caceres, les motifs de cet assassinat sont évidents : “Nous savons tous que c’est pour sa lutte écologique”, a déclaré sa mère, Berta Flores, sur la chaine de télévision brésilienne Globo, après son décès. Une opinion partagée par Carlos Reyes, dirigeant du Front national de Résistance populaire (FNRP), mouvement d’opposition socialiste, interrogé par l’AFP : “Pour la police, des inconnus sont entrés dans la maison par la porte de derrière et lui ont tiré dessus à plusieurs reprises, mais nous savons tous que ce sont des mensonges”.

Née en 1973, Berta Caceres s’intéressa, dès ses études universitaires, à l’activisme politique et au sort des populations du pays les plus démunies. Issue d’une lignée indienne Lenca, elle fonde, en 1993, le Conseil national des organisations indigènes et populaires du Honduras (Copinh), pour venir en aide aux communautés indigènes dans leur lutte pour le respect de leurs droits territoriaux.

C’est en 2006 que les habitants de la région de Rio Blanco viennent pour la première fois la consulter : des machines et des équipements de construction ont fait leur apparition près de la rivière Gualcarque, sans qu’ils en connaissent la raison, ni le but.

Un combat presque remporté

Depuis le coup d’état de 2009 au Honduras, de gigantesques projets d’exploitation des ressources minières ont été lancés par le gouvernement qui a approuvé plusieurs grands projets de barrage, destinés à alimenter en eau ces nouvelles exploitations. Co-venture entre la compagnie hondurienne Desarollos Energetico, DESA, et l’entreprise chinoise Sinohydro, le projet de barrage d’Agua Zarca menace depuis ses débuts les conditions de vie de centaines d’Indiens Lenca installés dans la région.

C’est en leur nom que Berta Caceres s’est investie dans ce difficile combat, montant plusieurs campagnes de protestation. Pendant dix ans, elle dépose des plaintes auprès des tribunaux, organise des manifestations pacifiques, des blocages de route pour empêcher l’accès au site, exigeant le respect des droits des populations locales et leur consultation sur la pertinence du projet. Elle va même jusqu’à saisir la Commission des droits de l’Homme interaméricaine, pour que la Banque mondiale, qui finance une partie du barrage, s’en retire. Ce que celle-ci finira par faire, emboîtant le pas à Sinohydro qui a rompu son contrat avec DESA fin 2013…/…

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Source France24/Planète

Voir:

Foule à l’enterrement de la militante hondurienne assassinée

Volti

2 Commentaires

  1. La version officielle se met en place ; Selon la police, il s’agirait d’un crime crapuleux… Grahame Russell publie dans Indian Country Today Media Network une tribune sur l’assassinat de Berta Cáceres que R71 a traduit et que j’ai intégré dans ce billet ; https://jbl1960blog.wordpress.com/2016/03/06/lassassinat-de-berta-caceres/ qui est a relié avec celui du 4 mars publié dans La Voix du Jaguar. Ce genre d’assassinat de doit pas être ignoré car il y a une réelle volonté de reprise en main de L’Amérique Latine par Washington. C’est à suivre de près…

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