Comment reconnaître une banque véritablement alternative, éthique et d’utilité publique

arton5250-018a7C’est le moment de changer de banque : des banques éthiques émergent partout en Europe. Mais comment s’y retrouver ? Si en France, trois des cinq plus grandes banques sont coopératives, cela ne les a pas empêchées de tremper dans la finance spéculative et toxique, au même titre que les banques d’affaires classiques. Heureusement, une nouvelle forme de banque coopérative fait son chemin. Avec un fonctionnement réellement démocratique et des financements socialement utiles, la Nef et le Crédit coopératif contribuent à modifier le paysage bancaire hexagonal. Cette dynamique pourra-t-elle changer le visage de la finance ? Enquête.

C’est la crise financière qui a tout déclenché. « La réflexion a commencé, en 2009, quand nous avons senti qu’il n’y aurait pas de réelle réponse à la crise. Alors nous nous sommes dit : “essayons nous-mêmes” », raconte Marc Bontemps, co-initiateur du projet de nouvelle banque coopérative belge, New B. « Les 40 000 premiers coopérateurs sont arrivés en quelques mois seulement. » Aujourd’hui, New B réunit près de 49 000 citoyens sociétaires, plus de 130 ONG et associations et plus de deux millions d’euros de souscriptions. Elle compte lancer très bientôt un premier produit bancaire pour ses futurs clients : une carte de paiement durable.

La finance éthique, solidaire et écologique connaît une nouvelle dynamique depuis la crise financière de 2008, et pas uniquement en Belgique. En Croatie, pays de quatre millions d’habitants, entré dans l’Union européenne il y a trois ans, un projet de nouvelle banque coopérative et éthique est aussi en train de voir le jour. « Le but est de créer une banque qui soit entre les mains des Croates et de renforcer l’inclusion de la population dans la gouvernance bancaire », rapporte Magdalena Jelić, porte-parole de Ebanka. Créée en 2014, cette coopérative croate pour une finance éthique annonce avoir réuni plus de 70 millions de kunas croates (9 millions d’euros). Elle vient d’envoyer une première demande d’agrément à la banque centrale croate.

Des banques éthiques dans toute l’Europe

À un millier de kilomètres de là, en Allemagne, la banque coopérative écologique et sociale GLS, née dans les années 1970, compte 40 000 sociétaires, 200 000 clients, et revendique 2 000 nouveaux clients chaque mois. En 2014, elle a attribué 1,9 milliard de prêts, dont 600 millions à des projets de production d’énergie renouvelable. Des banques éthiques de ce type existent un peu partout en Europe : Banca Etica (Italie), Triodos (Pays-Bas), Merkur (Danemark), Ekobanken (Suède)… Ces banques sont réunies au sein de la Fédération européenne des banques éthiques et alternatives, la Febea.

En France, le Crédit coopératif, première banque de financement de l’économie sociale et solidaire (ESS), compte plus de 320 000 clients et 44 500 sociétaires. La Nef, coopérative financière créée en 1988, attire près de 36 000 sociétaires et s’approche de plus en plus de son objectif : devenir une véritable banque de plein exercice [1]. Pendant longtemps, les clients de cette petite société financière ne pouvaient y avoir que des placements à terme de plus de deux ans. Pour les comptes chèques (aussi appelés comptes à vue ou encore comptes courants) et les livrets d’épargne, la Nef passe alors par un partenariat avec le Crédit coopératif. Depuis avril 2015, elle est autorisée à ouvrir des livrets d’épargne et des comptes à vue pour les clients professionnels. Ceux-ci doivent être mis en place rapidement. « L’objectif suivant, c’est de proposer des comptes courants aux particuliers d’ici 2018 », indique Nicolas Morand, conseiller à la Nef.

Des banques démocratiques, solidaires, d’utilité publique, transparentes

Le modèle de la banque coopérative n’est pas nouveau, puisqu’il en existe dans le monde entier depuis le XIXe siècle. Du point de vue juridique, le statut dit « coopératif » signifie simplement que la banque appartient à ses sociétaires – citoyens, associations ou entreprises –, qui en ont acquis des parts. Et que la prise de décisions suit le principe « un sociétaire, une voix », quel que soit le nombre de parts acquises. Sur la forme, une banque coopérative n’est donc pas, en tant que telle, nécessairement plus éthique.

L’exemple des banques coopératives historiques françaises le prouvent. Trois des cinq plus grands groupes bancaires du pays, Crédit agricole, Banques populaires-Caisses d’Épargne (BPCE) et Crédit mutuel, sont des banques coopératives. Cela ne les a pas empêchées de développer des activités spéculatives avec leurs filiales de banques d’investissement, ni de financer les énergies polluantes [2] ou l’armement nucléaire (lire notre article « Quand des banques de “l’économie sociale” financent la bombe atomique »). Ni de vendre des produits financiers toxiques, voire de tremper dans des pratiques douteuses (lire notre article « Évasion fiscale, fraudes et manipulations : découvrez le casier judiciaire de votre banque »). Qu’est-ce qui différencie alors les nouvelles banques coopératives de ces grandes sœurs pas toujours recommandables ?

Financer l’agriculture biologique ou l’habitat écologique

C’est que ces banques-là se sont explicitement donné pour mission de contribuer à une finance solidaire, d’utilité publique, transparente et le plus souvent écologique. La Nef, dont l’acronyme signifie « Nouvelle économie fraternelle », s’est engagée à « favoriser l’implication consciente des individus pour que l’argent contribue à une évolution sociale, en plaçant l’être humain au cœur d’une économie plus solidaire et fraternelle » [3]. La banque, dont le siège social est à Vaulx-en-Velin, près de Lyon, s’est aussi dotée d’une charte des valeurs, qui précise par exemple que les fonds déposés à la Nef, réinvestis dans des crédits, sont utilisés pour des projets « qui contribuent à un développement économique durable, dans un esprit de solidarité, dans les domaines culturel, écologique et social ». Et que les ressources de la Nef proviennent en totalité de l’épargne et du capital de ses membres, sans aucun recours aux marchés financiers. Le Crédit coopératif s’est, de son côté, dédié au financement de l’économie sociale et solidaire.

Impossible pour la Nef ou le Crédit coopératif de participer directement au financement de projets d’extraction de charbon ou à la spéculation sur les matières premières dans le monde. En 2014, la Nef a débloqué 1,6 million d’euros de prêts pour l’agriculture biologique et biodynamique, et 620 000 euros pour l’habitat écologique. Le volet « écologie » des crédits de la Nef représente, à lui seul, deux tiers des 21,2 millions d’euros de crédits accordés l’année dernière. Le reste des prêts sont classés dans des volets « sociaux » (par exemple des crèches, des entreprises d’insertion, etc.) et « culturels » (écoles Montessori, librairies…). Et en toute transparence, car la Nef rend publics tous les prêts qu’elle accorde. Toujours en 2014, la Nef a ainsi prêté, 37 800 euros pour un élevage bovin bio avec transformation fromagère en Dordogne, 50 000 euros pour la création d’une microbrasserie artisanale bio dans les Côtes-d’Armor, 12 600 euros à la coopérative Énergie partagée d’Alsace pour une installation photovoltaïque [4].

 

 

Article en intégralité sur Bastamag

 

Benji

22 Commentaires

  1. Pour la Belgique, je recommande la banque TRIODOS qui, du fait de son ancienneté, doit être leader en la matière ! https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_rose.gif

  2. Nous ne sortirons pas de l’auberge tout le temps la maffia Rothschild existera …

    http://fr.sott.net/article/27267-La-famille-Rothschild-L-Hydre-de-l-oligarchie-mondiale

  3. Qu’une banque soit éthique ou pas, si les instructions d’un gouvernement sont de carotter tous les montants des comptes qui dépassent les 50.000€, cela ne changera rien à la spoliation “légalement” organisée par les dispositifs européens en vigueur.

    Ils devront s’exécuter, et les “usagers” subir sans moufter.

  4. Cachés derrière de jolies formulations à base d’éthique, de coopération, de solidarité et même de démocratie (ben voyons, et pourquoi pas d’amour pendant qu’on y est!) 🙂 , sachez que ce sont toujours les mêmes loups qui sont derrière les guichets ! Ce n’est pas en changeant de panoplie que l’on devient vertueux !

    Celui qui fait commerce de l’argent ne peut être fiable, car il est inévitablement dominé par des chefs de meute qui œuvrent dans l’ombre et qui ne se gêneront pas pour subtiliser le butin le moment venu. Maintenant chacun est libre de demeurer crédule, mais rappelez vous que l’argent n’a pas d’odeur et que les manipulateurs n’ont plus d’honneur …

    M.G.

  5. La NEF, Nouvelle économie fraternelle, avec Attali derrière… et avec fraternelle dans son nom, on arrive facilement aux francmac… donc…

  6. ca c’est la théorie. Dans la pratique, c’est plus compliqué, car les grosses banques sont “toutes pourries” (pour simplifier) et les petites sont toutes plus chères et moins pratiques …

    c’est bien la qu’est tout le problème.
    les banques “propres” demandent un investissement personnel conséquent.

  7. Ce qui est fatiguant avec certains moutons enragés, c’est qu’ils ne cessent de voir noir … Derrière toute chose se cache un loup, derrière toute initiative se cache un franc mac, un rochfeller.

    Finalement je m’en fous que Attali se cache derrière la NEF. Elle me semble une banque plus axée sur mes valeurs. Et c’est déjà mieux que d’autres.

    J’imagine d’ailleurs que ceux qui “critiquent” n’ont pas de compte en banque et qu’ils sont déjà bien sorti du système monétaire …

    • Bonjour Donarmando;
      C’est peut être fatigant pour vous d’entendre rabâcher certaines choses noires sur notre société, mais il est toujours utile de savoir d’où viennent les choses, comment elles se créent et qui les dirigent, et après on peut porter un jugement sur autrui.
      Pour votre information sur la Nef je vous propose ce lien à lire:
      http://luniverselle.forumactif.org/t610-banques-sectes

    • Perso, ce que je dit en substance un peu plus haut, c’est qu’il n’y a rien à attendre d’une banque et que son discours n’est là que pour attirer le client en usant de valeurs flatteuses. Après, comme le précises Arkébi, il faut creuser un peut pour savoir à qui l’on a affaire et quels sont les véritables objectifs de protagonistes. Malheureusement, c’est un peu comme pour les fringues, les gens veulent du branché à bon prix en se foutant royalement si des enfants sont exploités pour les fabriquer …

      M.G.

    • Du moment qu’elle fait du bon boulot,pas vrais donarmando
      https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_good.gif

    • Et le Crédit Coopératif qui aurait financé l’UMP, voir lien suivant :
      http://www.reporterre.net/Cooperative-ou-pas-une-banque

      C’est sûr qu’à lire cet article, on a tout de suite envie d’adhérer au Crédit Coopératif… Un attrape gogo-bobos. Cela me rappelle un ami (qui était financier, gestionnaire de patrimoines etc.) et qui voulait se lancer dans le micro crédit (pour faire de l’argent il va sans dire) ! La bonne blague !…

  8. Et faire des monnaies locales complémentaires? Pour les économies de proximité c’est une solution mise en œuvre dans quelques communes en france, et qui fonctionne. Mais on a beau le dire, peu de moutons le retienne.
    http://monnaie-locale-complementaire.net/france/

    • oui, j’en ai expliqué la raison ci dessus, ça s’applique à toutes les “solutions alternatives” en général.

    • j’aime pas du tout certains commerçants de la ville (située à qques km de mon village) qui se prennent pour des rois, donc non je n’adhérai jamais à l’économie locale.
      Certains en minorité s’insurgent contre ces gros car le président des commerçants
      avec l’appui du maire délaissent certains quartiers au profit d’autres. Entres petits amis, pfff

  9. De toute tacon il ne restera QU’UNE BANQUE et ce sera Rotboudin.
    C’est ca la mondialisation..
    https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_whistle3.gif

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