Perquisition administrative chez des maraîchers bio : « Ils s’attendaient à quoi, des légumes piégés ? »

Le 24 novembre, le préfet de Dordogne a ordonné la 870x489_policeperquisition d’une ferme du Périgord vert. À la recherche de « personnes, armes ou objets susceptibles d’être liés à des activités à caractère terroriste », les gendarmes ont fait chou blanc. Sur les 1 233 perquisitions administratives menées en France, les abus commencent à s’accumuler.

La ferme d’Elodie et Julien, à mi-chemin entre Périgueux et Angoulême, figure dans une plaquette de l’office de tourisme au chapitre « vente directe de fruits et légumes ». Il faut croire qu’on la trouve aussi dans les petits papiers du préfet de Dordogne. Mardi matin à 7 h 20, depuis sa chambre avec vue sur l’arrière de la maison, un ami hébergé par le couple entend des claquements de portières et aperçoit la lumière de lampes torches. C’est une perquisition administrative. « Quand on est descendus, les gendarmes étaient déjà dans la cuisine », raconte Elodie, 36 ans. Elle ne sait pas si l’ami « a ouvert ou s’ils sont entrés tout seuls », de toute façon « la porte était ouverte ». Devant elle et son compagnon Julien, 34 ans, s’alignent « une dizaine » de gendarmes de Nontron, Ribérac et Verteillac.

Comme les maraîchers bio demandent des explications, les forces de l’ordre invoquent l’état d’urgence et leur montrent un ordre de perquisition signé par le préfet Christophe Bay (voir ci-dessous). Selon ce papier, faisant référence aux attentats du 13 novembre et à « la gravité de la menace terroriste sur le territoire national », « il existe des raisons sérieuses de penser » que, chez eux, « peuvent se trouver des personnes, armes ou objets susceptibles d’être liés à des activités à caractère terroriste ». « Ils s’attendaient à quoi, des légumes piégés ? », plaisante Elodie après coup. Installés depuis trois ans et demi en Dordogne, Julien et sa compagne ont une fille de deux ans, vendent des légumes de saison à Biocoop et le samedi au marché.

« Le G8, les manifestations pour l’environnement, ça ne vous dit rien ? »

Pendant deux heures quarante, les gendarmes fouillent chaque pièce en regardant « dans les placards, les coffres, la bibliothèque, les recoins, les boîtes », détaille Elodie. Ils semblent « très intéressés par les petits carnets, les coupures de presse. Les livres, moins. » Et demandent quelle surface fait la ferme, s’il y a des appentis. L’un d’eux prend les choses particulièrement au sérieux. « Il nous dit : “le G8, les sommets européens, les manifestations pour l’environnement, ça ne vous dit rien ?”, et mentionne aussi la COP 21. Visiblement, la perquisition a un rapport avec nos activités militantes. »

Cette impression se confirme lorsque les gendarmes évoquent enfin «  un truc tangible », une action à laquelle Elodie et Julien ont participé il y a trois ans contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes : le blocage du péage autoroutier de Mussidan. « Je ne pense pas avoir fait une seule manif depuis », résume la maraîchère. «  La petite a deux ans. Je ne veux pas jouer la Sainte Nitouche, mais manifestation ou pas, qu’est-ce qui justifie ça ? » Le gendarme zélé explique aux habitants de la ferme « qu’avec l’état d’urgence, tout rassemblement est interdit, et qu’organiser une manifestation est illégal ». Elodie demande : « Si vous trouvez un papier disant que j’organise une manifestation, vous m’arrêtez ? » La réponse est oui. Mais ils ne trouvent rien de tel.

Les ordinateurs de la maison sont raccordés « à un appareil qui ressemblait à un disque dur externe, apparemment pour en copier le contenu », sans même avoir besoin de demander les mots de passe. « Il y a un ordi sous Ubuntu [un logiciel libre, ndlr] , et, là, ça n’a pas marché. » « Ils ont aussi branché les téléphones portables à une machine, en expliquant que le logiciel se déclenchait en fonction de mots-clés. » Un gendarme s’autorise une petite impertinence : « Je suis pas sûr que ça marche avec le péage de Mussidan. »

Article en intégralité sur Bastamag

 

Benji

21 Commentaires

  1. Vous rigolez ou quoi ? ces légumes taftaphobes sont très dangereux !!!
    Tout ce qui n’est pas hors sol est suspect.

    Il faut tout de suite les rendre vivrensemble compatible avec les OGM.

    Vous ne voyez pas que tout ça est la même chose ?
    légumes OGM, déportation-immigration, animaux-clones, les logiciels privatif ?

    Il s’agit de déraciner, de standardiser, d’artificialiser.

    La biodiversité et la diversité culturelle et ethniques et même technique sont attaquées.

    wow …
    on y est on dirait bien !

  2. Désolé … Le dernier mot est pas passé sur la note interne …qui disait qu’ils avaient des grenades bio …

  3. C’est vraiment du N’IMPORTE QUOI ! et je me demande après lecture de cet article, si la délation d’un collègue maraîcher NON BIO, ne serait pas à l’origine de cette perquisition !

    Les délateurs aujourd’hui seront bien plus nombreux qu’ils ne l’étaient lors de la seconde guerre mondiale.

    SALOPERIE de DELATEURS !

  4. C’est hallucinant, on se dit qu’il y a des réseaux terroristes dans tout le pays, le simple fait d’en parler quotidiennement et de débarquer chez les gens sans élément tangible est en soi du terrorisme… Vigipirate arc-en-ciel, état d’urgence, déploiement massif de forces de l’ordre et les mecs n’ont rien trouvé de mieux que d’aller perquisitionner chez un maraîcher bio suspect… parce qu’il a participé à une manif il a 2 ans !

    C’est là qu’en est actuellement les différents services de renseignement ? Ils n’ont pas plus que ça ? Leur surveillance internet, leur surveillance téléphonique, leurs caméras vidéos, les perquisitions, l’armée à la gare, les chiens sniffeurs ? la fouille rectale à l’aéroport ? Rien ? Un maraîcher bio qui a fait une manif il y a 2 ans à un péage d’une ville connue par moins de 1% de la population française ? Mais il faut à ce titre perquisitionner tous les syndiqués qui ont manifesté ces 2 dernières années (mon frère devrait être perquisitionné au moins 6 fois alors + 1 pour avoir fait un sitting avec d’autres parents d’élèves pendant 3 jours dans l’école de sa fille), et je ne parle pas des autres terro-manifestants.

    Ces mecs qui perquisitionnent obéissent à des ordres complètement délurés, venant de gens qui ont pris des décisions en haut lieux pour des raisons complètement fallacieuses. Les mesures prévues sont totalement inadaptées, les centres de données désorganisés, les mecs interviennent ici sans savoir pourquoi, ils n’ont rien mais les différentes algorithmes foireux de gens qui ne maîtrisent rien ont sorti de leurs bases de données ce mec là ! Un maraîcher qui a manifesté il y a 2 ans… Et ils y vont ! Sans comprendre, sans argument sinon que cette autorisation signé par un préfet qui n’a aucune mais alors aucune info spécialement compromettante pour ce prétendu bio-terroriste. Mais il l’a signé cette perqui’, je vous raconte pas la soufflante qu’il aurait pris à refuser de signer un tel papier dans l’état d’urgence actuel ! Il suit la procédure, point barre. Et de toute évidence, le mec qui a écrit la procédure ne devait pas s’attendre à ce qu’on finisse par perquisitionner un maraîcher bio qui a fait une manif il y a 2 ans à Cul-du-Loup, alors qu’a eu lieu juste avant, 7 attentats simultanés dans la capitale… Que toutes les couleurs d’un arc-en-ciel adaptées à un plan vigipirate et soutenu par des années de mise en place d’une surveillance généralisée n’ont pas réussi à anticiper.

    Et ne doutez surtout pas que tout le monde veut votre sécurité, fermer les frontière, interdire les rassemblement, cloîtrer les gens chez soi n’est certainement pas pour palier à l’immigration de masse ou pour protéger les intérêts d’une quelconque COP21.

    C’est du Orwell tout craché.

  5. Mais à part ça, on pourra compter sur nos forces de l’ordre le moment venu https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_whistle3.gif

    Comme je l’ai déjà dit, tous des salopards.

  6. Je trouve assez cocasse qu’Ubuntu résiste à leur aspirateur magique … Faudra que je pense à revenir sous MS-DOS, ça serait amusant d’obliger les boutonneux de la la DGSI à faire de l’archéologie https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_mail.gif

  7. Cette ferme est à mi-chemin entre Périgueux et Angoulême.
    Le foyer de grippe aviaire a été détecté en Dordogne, entre Périgueux et Angoulême…
    Pour la grippe, ça s’est passé mardi, donc le 24 novembre.
    La perquisition est datée du 24 novembre.
    Un lien entre les deux ?
    Peut-être pensent-ils que des terroristes essaiment l’H5N1 dans des fermes, après tout, c’est aussi un virus qui pourrait être utilisé dans le bioterrorisme.
    Mais de là à perquisitionner une ferme bio, c’est quand même gonflé !
    Bref, peut-être y verrons-nous plus clair dans les prochains jours.

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