Transhumanisme : du progrès de l’inhumanité…

Voilà le genre d’info, qui à le don de me faire flipper…. Je dois avoir un problème avec la technologie, ou l’imagination trop fertile, et avoir regardé Terminator, n’a pas arrangé les choses…

© Inconnu

Encore un dossier sur le transhumanisme ? Depuis deux ans, pas une semaine sans un article, une émission, un livre, un film sur le sujet. On finira par ne plus en parler, si le transhumanisme devient, comme l’ informatique, si familier qu’on ne le remarque plus. Il y a dix ans, le sujet était quasi tabou, et l’on traitait nos alertes de « complotistes » et de « catastrophistes ». En 2015, Les Echos annoncent posément « L’ère de l’homme augmenté a débuté » (1) sans heurter quiconque. Le Monde offre à cette idéologie une chronique hebdomadaire – signée Laurent Alexandre – sans plus de protestations. Le transhumanisme est aujourd’hui une option à discuter parmi d’autres. Quant à la population, c’est à peine si elle a le temps de réaliser ce qui arrive – encore moins de le penser . Or rien n’est plus urgent que de comprendre si l’on espère arrêter les ennemis de l’humain.

L’eugénisme 2.0

On doit le terme « transhumanisme » à Julian Huxley, frère d’Aldous (2) , biologiste et théoricien de l’eugénisme dans les années 1930. Après la guerre et l’industrialisation de la sélection eugéniste, J. Huxley cherche à se démarquer du nazisme. En 1957, il exhorte l’Homme à prendre en main l’évolution : « C’est en fait lui qui détermine l’orientation future de l’évolution sur cette terre. (…) Si elle le souhaite, l’espèce humaine peut se transcender (…). Nous avons besoin d’un nouveau nom pour cette nouvelle conviction. Peut – être le mot « transhumanisme » pourra-t-il convenir : l’homme demeurera l’homme, mais se transcendant en réalisant les possibilités de sa nature humaine et à leur avantage. ” Je crois en le transhumanisme ” : sitôt que cette conviction sera suffisamment partagée, l’espèce humaine se tiendra au seuil d’une nouvelle existence, aussi dissemblable de la nôtre que la nôtre l’est de celle de l’homme de Pékin. Elle accomplira enfin consciemment son véritable destin. » (3)

Repris par la contre – culture californienne tendance geek des années 70 et 80, le mot prend un sens nouveau : plus que de se transcender, il s’agit d’initier une transition vers la post – humanité. L’objectif demeure : prendre en main l’évolution, avec les outils de la science et de la technologie. Pour ceux qui se nomment alors « transhumanistes » – Eric Drexler, fondateur du Foresight Institute et pionnier des nanotechnologies, Ray Kurzweil et Marvin Minsky, spécialistes de l’intelligence artificielle, le roboticien Hans Moravec ou le mouvement « extropien » (qui s’oppose à l’entropie) – l’humain ne doit pas rester cet être imparfait, fragile, faillible et surtout, mortel. Il doit vaincre la maladie et la mort, mais aussi « s’améliorer » (« s’augmenter », disent les anglophones), notamment en s’hybridant avec la machine. Tel le cyborg, mi-organique, mi-cybernétique, imaginé par la Nasa pour des vols spatiaux lointains : le « corps humain version 2.0 », selon Kurzweil, un corps reprogrammé par les nanotechnologies, la génétique et l’intelligence artificielle. (4) « Notre ADN se retrouvera au chômage : il aura perdu la course à l’évolution » (5) , prédit Moravec.

coffee_robot-620x412Au début des années 2000, la World Transhumanist Association (devenue « Humanity + » en 2008), créée par les philosophes Nick Bostrom et David Pearce, popularise le mot et l’idéologie. Aidée par le softpower : blockbusters , livres de SF, design , cyber-art, forment les esprits à l’idée d’un homme – machine aux capacités supérieures. Un cybernanthrope. Il faut dix ans à peine au transhumanisme pour devenir familier au téléspectateur – c’est-à-dire à tout le monde.

Le mot s’est répandu dans notre vocabulaire en même temps que la chose dans les laboratoires et start-up , en attendant de prendre possession de nos corps et de nos cerveaux. 70 ans après la chute de l’hitlérisme, de ses démences de « race supérieure », la prévalence d’un nazisme scientiste ne heurte plus que les esprits rétrogrades, au contraire des progressistes, sociaux ou libéraux ; et plus encore des prosélytes de la French Theory, de la « déconstruction » et du féminisme cyborg, qui y voient le moyen d’en finir avec le corps humain, inné, donné, pour lui substituer une auto-construction en kit . Julian Huxley avait raison : un autre eugénisme – technologique – est possible.

Le transhumanisme, c’est la croissance

Si le transhumanisme progresse sans encombre, c’est qu’il est l’idéologie de l’accélération technologique et du progrès-qu’on-n’arrête-pas. Autrement dit, développer les NBIC, nanotechnologies, biotechnologies, informatique et neurotechnologies (et la convergence entre elles, qui multiplie leur puissance), c’est faire place, de fait, au posthumain. Les technologies convergentes fournissent à celui – ci les outils de sa fabrication : implants neuro-électroniques pour réguler l’appétit, le comportement, les addictions, stimuler l’attention et la cognition ; modification des souvenirs par optogénétique ; puces RFID sous-cutanées ; prothèses de membres commandées par le cerveau ; implants cochléaires et rétines artificielles ; exosquelettes ; interfaces neuronales ; séquençage ADN ; sélection génétique des embryons ; ingénierie tissulaire et organique ; dispositifs de réalité augmentée ; objets connectés « intelligents », big data ; intelligence artificielle, etc. C’est ce qu’annonçait dès 2002 un rapport pour la National science foundation (l’organisme qui pilote la recherche américaine) et le Département du commerce, préconisant « l’amélioration des performances humaines par les technologies convergentes ». (6) Ce rapport officiel était co-écrit par un sociologue transhumaniste, William S. Bainbridge.

A l’ère du capitalisme technologique, ces technologies fournissent l’innovation seule à même de générer la croissance après laquelle courent les pouvoirs économiques et politiques. Le marché des neurodispositifs est ainsi estimé à 11,61 milliards en 2021 . (7) A Grenoble comme ailleurs, c’est au nom de ces impératifs que les élus obéissent aux volontés des directeurs de laboratoires, industriels et responsables de pôles de compétitivité. Nos impôts financent la fabrique de l’homme-machine au Commissariat à l’énergie atomique (sciences du « vivant », électronique, nanotechnologies), à Minatec (nanotechnologies), Clinatec (neurotechnologies), parmi d’autres.

Ce ne sont donc pas les décideurs hantés par la croissance du PIB qui s’opposeront à l’avènement d’un prétendu « homme augmenté ». Au contraire se soucient-ils de nous conditionner à notre futur inéluctable, à l’image de Corinne Narassiguin, porte-parole du parti socialiste :

« Les socialistes doivent réfléchir et débattre de cette nouvelle étape de l’évolution humaine pour redéfinir ce qu’est l’humanisme au 21 e siècle. Ne nous leurrons pas, si une avancée technologique est possible, quelqu’un la mettra en œuvre, que nos sociétés y soient prêtes ou pas. (…) Quand on constate notre incapacité à organiser un débat intelligible et apaisé sur la GPA, pratique issue d’une technologie médicale vieille de plusieurs décennies, on peut s’inquiéter de notre capacité à préparer la société française aux débats éthiques nécessaires sur ces nouvelles technologies de l’humain. » (8)

Nous autres, humanistes « non-redéfinis », n’avons pas besoin d’être « préparés » aux débats sur ces technologies, nous l’avons initié depuis quinze ans, en refusant la reddition au « Progrès » technologique, synonyme de regrès social et humain.

De la Silicon Valley au Dauphiné  

Statue du Terminator à la Comic-Con de 2004./Wikipedia

Le lieu emblématique de la nouvelle économie, la Silicon Valley, est l’incubateur du transhumanisme. Google, Facebook, Amazon, comptent parmi leurs dirigeants des transhumanistes assumés. Ceux-ci impulsent et financent des programmes visant « la mort de la mort », selon le slogan de California Life Compagny (Calico), filiale de Google, et la création d’un surhomme, d’un Homme nouveau doté de fonctionnalités inouïes, garantissant des performances optimales. Google a créé dans la Silicon Valley la Singularity University – mi-université, mi-pépinière de start-up – pour former les ingénieurs du posthumain. Il en a confié la direction au transhumaniste « historique » Ray Kurzweil. Les transhumanistes de la Silicon Valley (notamment Sergei Brin, patron de Google et Art Levinson, patron de Calico) ont créé un prix, le « Breakthrough Prize » pour récompenser des chercheurs qui font avancer leur projet. En novembre 2014, ils ont remis le « Breakthrough Prize in Life Sciences 2015 », doté de 3 millions de dollars, au neurochirurgien grenoblois Alim – Louis Benabid.

Ce dernier est connu pour avoir réussi à calmer les tremblements de parkinsoniens à l’aide d’électrodes implantées dans le crâne. Plutôt que de lutter contre l’empoisonnement aux pesticides, cause de l’explosion des cas de Parkinson, il a créé en 2009 Clinatec, une « clinique expérimentale du cerveau », avec le Commissariat à l’énergie atomique de Grenoble, pour appliquer la convergence NBIC au cerveau. Clinatec développe deux programmes qui intéressent les transhumanistes : l’exosquelette pilotable par la pensée, et les nano-implants neuro-électroniques. Le premier peut « faire marcher » un paralysé et rendre super – fort un valide, les seconds sont destinés à traiter l’anorexie et la boulimie, les TOC et la dépression, et bientôt les addictions. C’est-à-dire à modifier des comportements et des troubles psychiques par le contrôle électronique du cerveau. Comme l’a reconnu le professeur Benabid :

« Avec les électrodes et les implants cérébraux, on peut changer la personnalité de quelqu’un qui était anormal, pour le remettre dans la normalité. On peut faire passer les gens d’un état suicidaire à un état jovial. Faut-il en conclure qu’on peut manipuler les gens et les faire marcher au pas cadencé ? Certes, mais on les fait tellement marcher au pas cadencé par d’autres moyens ». (9)

Clinatec fournit au transhumanisme les moyens concrets, matériels, de ses objectifs. C’est pourquoi A.L Benabid est récompensé par les chefs de file du mouvement. Comme lui, de nombreux chercheurs français œuvrent aux visées transhumanistes. Laurent Alexandre, urologue affairiste qui tient chronique dans Le Monde, a créé une société de séquençage génétique. Il ne perd pas une occasion de rappeler que des hommes qui vivront 200 ans ou plus sont déjà nés. (10) Miroslav Radman, spécialisé dans la lutte contre le vieillissement à l’Inserm et membre de l’Académie des sciences, participe aux colloques des adeptes du posthumain. Selon lui, « il va bien falloir se poser la question de l’homme transgénique ». (11) Son collègue, le généticien Daniel Cohen écrivait dès 1993 :  …./…..

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Source SOTT

Commentaire : Le mirage de l’homme augmenté, amélioré, qui permet encore une fois à l’être humain de ne pas prendre sa part de responsabilité dans le malheur qui est le sien. Pourquoi se soucier de la destruction de son propre corps, pourquoi vouloir comprendre les maladies de son propre esprit, pourquoi se préoccuper de la dégradation de son environnement : n’avons-nous pas les meilleurs pansements, les meilleures béquilles ? Cette négation à peine voilée de la mort elle-même et ce refus de l’inéluctable ne sont pas le résultat de la quête d’une connaissance juste qui permettrait à l’homme de se libérer. On pourra y voir à la place la manifestation d’une volonté de pouvoir et de contrôle sur un corps qui lui a été donné dans un environnement qui lui a été offert, l’expression de son incapacité à faire face à ses propres peurs en cherchant des raccourcis, des « buffets gratuits », des assurances à la vie.

Les commodités valent-elles le sacrifice d’une liberté sempiternellement réclamé par ces mêmes spécialistes, ces mêmes leaders, ces mêmes élites et ces mêmes hommes d’influence qui n’ont toujours su que conduire l’être humain à sa perte ?

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Volti

12 Commentaires

  1. hé hé !!!
    le transhumanisme sera accompagné du trans-terrorisme

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Impulsion_%C3%A9lectromagn%C3%A9tique

    inoffensif pour Cro-Magnon, mortel pour les autres https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_yahoo.gifhttps://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_yahoo.gifhttps://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_yahoo.gif

  2. Accomplir son véritable destin ? On parle de quoi ici ? De quel destin ? A quoi sert l’humanité dans l’esprit de ces gens-là ? Quel est le sens de notre vie ?

    Le déni de la mort ? Cela me semble évident en effet. C’est là le même principe que celui qui cherche à guérir une maladie sans en comprendre le sens.

    Je trouve que ça va vraiment trop loin !
    On ne pose pas non plus le problème de l’augmentation de la longévité par rapport à la surpopulation que cela engendrerait. Car, si je pense que nous ne sommes pas trop nombreux pour le moment – si toutefois nous arrivons à prendre conscience de nos modes de vie énergétivores – il est évident que nous le deviendrions très vite à ce train-là ! Pour devenir quoi ? Des robots ? Ou est l’intelligence du coeur dans un robot ? Le développement de cette intelligence du coeur n’est-elle pas là le sens de nos vies ?

  3. “l’humain ne doit pas rester cet être imparfait, fragile, faillible.”

    C’est donc un complexe d’infériorité qui les motive ?

    Et cet être “imparfait, fragile, faillible” va donc faire mieux en quelques décennies que la nature en quelques milliard d’années.

    La mort de la mort, ça c’est fort !

  4. Quel avenir pour ceux qui refuseront d’être “améliorés”,pour ceux qui ne pourront être améliorer pour raison financière ?Une nouvelle race humaine,plus forte,plus performante,une race supérieur,j’ai vaguement l’impression d’avoir déjà entendu ce projet dans la bouche de certain Nationales Socialistes il y a quelques décennies .Quel bonheur que ce futur :/

  5. Le transhumaniste est un processus très mesquin que de contrôle et d’abus, rentable et un service pour l’empire anglosaxon américanosioniste ! EN VERS un Nouvel ORDRE Mondial plus rapprocher!

    http://www.petitions24.net/informons-nous_sur_le_transhumanisme_redoutable

  6. https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_mail.gif Et oui Volti, comme quoi les complotistes ont aussi leur utilité pour le système, ils préparent les esprits et après c’est le boulevard pour les grands malades de ce monde ! …on fait parfaitement partie de la mécanique à broyer ! …je dirais même qu’on en est un des principaux rouages ! https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_yes.gif

  7. J’imagine que les handicapés qui peuvent voir ou retrouver l’usage d’une main grâce à ce “transhumanisme” ne devraient pas se réjouir de ces progrès. Ce sont des traitres envers l’humanité.

    C’est bien beau d’avoir une grande idée de l’homme, mais on voit ou ça nous mène actuellement. Le fait de pouvoir vaincre le vieillissement (pour la mort, ce ne sera jamais possible) peut apporter une évolution des mentalités. On ne changera pas le monde tant que la mentalité de ceux qui y vivent ne changera pas. Le monde est la conséquence de la mentalité de ceux qui y vivent. Si tu peux vivre 80 piges, qu’est ce que tu en as à foutre que dans 100 ans la température aura augmenté de 3 ou 4° et que ce sera catastrophique pour ceux qui auront à y faire face ? Après moi le déluge… Par contre, si tu vis 500 ans, tu seras encore jeune quand ça te tombera sur la tronche. Ca aide à se sentir concerné par le sujet.

    J’ai quand même un peu de mal à comprendre. Ca doit être quoi le but de l’humanité ? Rester collé à sa planète d’origine, faire pousser des navets, se soumettre à son environnement, faire des gosses et les conditionner à faire la même chose en écoutant sonner les cloches d’églises jusqu’au jour ou on se prendra une comète dans les dents ?

  8. @ Voltigeur
    “Voilà le genre d’info, qui à le don de me faire flipper”

    Moi aussi.
    Je suis content de soir que je ne suis pas seul à me sentir très mal à l’aise.
    Bon sang mais où est passée l’éthique?

    Il y a quelques savants fous qui méritent d’expérimenter le nec plus ultra des traitements psychiatriques.

    • J’ai la phobie des poupées, et de ces nouveaux poupons
      plus vrais que nature.
      Seules les poupées de chiffons ont mes faveurs, pourquoi?
      elles sont simples, sans prétentions de ressembler aux humains. 🙂

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