L’idéologie du travail et la crise du capitalisme. Quatrième partie : crise du travail, crise du capitalisme

They Live (titre français “1984”), film de John Carpenter, 1988

 

Note : les parties précédentes de la série sont consultables ici :

L’idéologie du travail et la crise du capitalisme. Troisième partie : la barbarie du travail

L’idéologie du travail et la crise du capitalisme. Deuxième partie : des cités antiques à la fin du Moyen-Age

L’idéologie du travail et la crise du capitalisme. Première partie : de l’âge d’or aux premières cités

L’expérience du travail dans les sociétés totalitaires nazies et communistes a montré toute la brutalité des rapports d’aliénation et de coercition qui sous-tendent l’idéologie du travail dans le système productif moderne. Le totalitarisme du travail s’est en effet manifesté par la mise en place du travail forcé, notamment dans le système concentrationnaire nazi.

Après la seconde guerre mondiale, le système de production occidental, et plus particulièrement aux états-unis, a bénéficié des capacités de production développées dans le cadre de l’économie de guerre qui vont entraîner une profonde mutation sociétale destinée à absorber le surplus de la production de masse. Cette nouvelle orientation va généraliser à l’ensemble du système économique et social les idées développées avant guerre par Henri Ford et destinées à lutter contre la crise des débouchés découlant de l’augmentation de la productivité et des capacités de production.

Le passage d’une société de production à une société de consommation va s’opérer par une immense opération de conditionnement psychologique dont le but sera de créer des débouchés supplémentaires à la production au sein du prolétariat. Le travailleur n’est plus seulement considéré comme un facteur de production, il devient en même temps le consommateur et le débouché de son propre travail. Le système productif américain va d’abord profiter des immenses perspectives offertes par la reconstruction du continent européen dont les infrastructures ont été en grande partie détruites par la guerre. Cette surabondance des débouchés va se traduire par des taux de croissance historiquement exceptionnels. Pour la France on compte en moyenne 5,5% de croissance pour la période 1961-19691.

Cette période de croissance exceptionnellement forte va s’accompagner d’une modernisation de l’appareil de production ainsi que d’une hausse de la qualification des travailleurs. Pour la même période, les gains de productivité se montent en moyenne à 4,7%2. Ce mouvement de hausse de la qualification est visible dans la progression moyenne du niveau d’études ainsi que dans le pourcentage d’obtention du baccalauréat pour une classe d’âge qui passe de 3% en 1945 à 25% en 19753.

Cette période historique particulièrement favorable à l’efficience du processus de production capitaliste va s’accompagner d’une série d’avancées sociales significatives pour les travailleurs. Le rapport de force politique issu de la seconde guerre mondiale et le rôle majeur joué par les communistes va se cristalliser en France dans le Conseil National de la Résistance au sein duquel les communistes et les structures syndicales sont largement représentés et qui va mettre en œuvre à la libération un programme social ambitieux. Cependant, une fois encore, ce dernier va coupler les différentes avancées sociales à la valeur travail. La sécurité sociale va ainsi reposer sur un système de cotisations prélevées sur les revenus du travail qui renforce de fait le rôle central du travail au sein de la société et exclu les non-travailleurs. Le système de sécurité sociale qui se met en place après-guerre vise ainsi uniquement à sécuriser les périodes d’inactivités des salariés, par l’assurance maladie, l’assurance chômage, et la mise en place du système de retraites par répartition. Il est révélateur de la prégnance de l’idéologie du travail qui constitue pour les communistes et les milieux syndicaux la valeur fondamentale alors que le capital échappe à toute sollicitation. Ce dernier est cependant beaucoup plus stable dans le temps et moins susceptible de varier en fonction de la conjoncture économique. Le partage des revenus de la production se trouve ainsi au centre du rapport de force entre la classe bourgeoise et le prolétariat ce qui place la sécurité sociale au cœur d’une double incertitude. Son financement se retrouve dépendant aussi bien de la conjoncture économique que de l’issu des rapports de forces politiques, ce qui rendra possible toutes les régressions ultérieures, notamment en ce qui concerne le report de l’âge légal de départ à la retraite.

L’essor économique de l’après-guerre profite d’abord au secteur industriel qui emploie 34% de la population active en 1951 contre 31% en 19364.

La raréfaction du travail

Le phénomène du chômage de masse demeure à cette époque structurellement inexistant, si ce n’est pendant la crise de 1929, et le taux de chômage se situe sur la période 1851-1946 à 1,5%5.

Il faut cependant mettre en relation ce taux de chômage avec la population active. Cette dernière n’a progressé que lentement en passant d’environ 4 pour 10 en 1856 à 5 pour 10 en 1946. Cette augmentation est principalement due à l’accès massif des femmes au marché du travail. Leur taux d’activité passe ainsi de 31% en 1856 à 38% en 1946 et il ne cessera par la suite de progresser6. De 50% en 1970, il grimpe ensuite à 75% en 1998, taux auquel il se maintient depuis7. Cette hausse continue va se traduire par une augmentation importante de la population active totale. Entre 1975 et 2011 la population active française est ainsi passée de 23 à 29 millions de personnes8.

Ces chiffres sont cependant à relativiser du fait d’une entrée plus tardive sur le marché du travail liée à l’allongement de la durée des études et à la hausse du niveau de qualification, ainsi qu’à un allongement de la durée de la retraite correspondant à la progression de l’espérance de vie. Le taux d’activité global est ainsi resté pratiquement stable, à 71% en 2011 contre 68,5% en 1975.

Le fait important à souligner c’est la baisse du taux d’emploi qui a constamment diminué dans la même période pour passer de 66% en 1975 à 64% aujourd’hui et qui correspond à la montée d’un chômage de masse structurel9.

On a donc assisté depuis les années 70 à un découplage entre le taux d’activité et le taux d’emploi, signe d’un chômage structurel lié au modèle de production capitaliste, et qui n’est pas directement lié aux évolutions de la conjoncture économique.

Alors que taux d’activité et taux d’emploi sont quasiment équivalent en 1975, ce qui correspond à une situation de plein emploi, avec respectivement 68,5% et 66,2%, la divergence va ensuite s’accentuer puis se stabiliser jusqu’à aujourd’hui. En 1998, le taux d’activité est ainsi supérieur de presque 7 points au taux d’emploi (68,2% contre 61,5%). En 2011, l’écart est toujours de 7 points, avec 71,1% de taux d’activité contre 64,1% de taux d’emploi.

Dans une société ayant basé le financement de son système de sécurité sociale sur les cotisations prélevées sur les salaires et le travail plutôt que sur les revenus du capital, cette raréfaction du travail et le phénomène du chômage structurel pose des problèmes de financement de l’inactivité.

Un phénomène systémique de plus grande ampleur se fait jour : le système de production capitaliste qui repose essentiellement sur l’idéologie du travail dont il a fait sa valeur centrale, ne semble pas en mesure d’assurer le plein emploi. Entre 1949 et 2011, le taux d’emploi est ainsi tombé de 72,4% à 64,1, soit une chute de 8 points.

L’augmentation de la population active se heurte ainsi à une absence de débouchés. La valeur travail, sur laquelle repose aussi bien l’édifice social que l’édifice idéologique productif, se trouve par conséquent mise en échec. Dans le même temps, le système productif va se trouver aux prises avec une autre problématique structurelle liée au processus d’accumulation du capital et à l’augmentation de la productivité : une surproduction chronique et une crise des débouchés.

La dernière grande offensive idéologique en faveur de la valeur travail va paradoxalement être menée par le mouvement féministe qui va en faire le principal vecteur d’émancipation de la femme. Pour se libérer de l’exploitation patriarcale, ces dernières vont ainsi se jeter en masse sur le marché de l’exploitation capitaliste du travail. Une aliénation en remplace une autre, mais cette dernière est présentée positivement comme une émancipation. Selon Simone de Beauvoir :

« C’est par le travail que la femme a en grande partie franchi la distance qui la séparait du mâle ; c’est le travail qui seul peut lui garantir une liberté concrète.10 »

En réalité, ce mouvement de « libération » par le travail salarié est rendu possible par la libération des femmes du travail domestique qui échappait jusqu’alors au processus de production capitaliste et qui de ce fait, n’était pas considéré comme tel. Les gains de productivité consécutifs aux progrès technologiques vont concrètement aboutir à une forme de « chômage domestique » structurel. L’introduction de toute une série d’innovations techniques comme la machine à laver, le lave-vaisselle, l’aspirateur ou encore le four à micro-ondes, vont considérablement réduire le temps de travail domestique et libérer une nouvelle main d’oeuvre féminine. Cette disparition du travail domestique va ainsi chercher de nouveaux débouchés dans le système de production capitaliste que va porter la tertiarisation de l’économie et les revendications féministes.

Du travail à l’emploi

La féminisation du travail s’opère dans le contexte d’une hausse du niveau de qualification et d’une tertiarisation de l’économie. Entre 1975 et 2007, l’emploi dans le secteur tertiaire est passé de 52,9 à 74,9% alors que dans le même temps la part du secteur industriel diminuait de 28,1 à 15,2%11.

Cette tertiarisation de l’économie française s’est accompagnée d’une féminisation de l’activité : alors qu’en 1962, les deux tiers des actifs occupés étaient des hommes, ils ne sont plus que 53% en 2007.

Cette féminisation de la population active est particulièrement marquée en fonction du niveau d’études. Le taux d’emploi des femmes diplômées de l’enseignement supérieur était ainsi de 83,1% en 2000  contre seulement 56,5% pour celles ayant un niveau d’étude inférieur au second cycle du secondaire12.

De manière plus générale, cette tertiarisation va s’accompagner d’une disparition progressive de l’idéologie traditionnelle du travail, liée à la morale bourgeoise capitaliste et au système de production industriel, au profit de la notion d’emploi, beaucoup plus floue, qui tend à masquer les rapports d’exploitation. Cette disparition de l’idéologie du travail et de la référence à la valeur travail est particulièrement visible dans le recul de son usage lexical et la substitution du terme « emploi ».

Les « Services Extérieurs du Travail et de la Main d’Oeuvre », créés par le décret du 27 avril 1946 et destinés à organiser le marché du travail ainsi qu’à contrôler les embauches et les licenciements13,  sont ainsi remplacés en 1967, par « l’Agence Nationale Pour l’Emploi », ce qui marque le passage de l’économie française dans la tertiarisation. Cette dernière conduit à un effacement lexical de la terminologie du travail au profit de l’emploi, et traduit la part grandissante qu’occupent les employés du tertiaire par rapport aux ouvriers, qualifiés traditionnellement de « travailleurs » dans le registre syndical et communiste.

Le terme de « travailleur » en lui même tombe peu à peu en désuétude en même temps que la phraséologie marxiste, au profit d’une terminologie de plus en plus technique empruntée à l’univers de la bureaucratie politique.

La tertiarisation de l’emploi salarié procède également d’un changement structurel dans la nature de l’emploi. Là où l’ouvrier participe directement à un processus de production débouchant sur la fabrication d’un bien fini, typiquement c’est le cas sur une chaîne de montage automobile, la nature exacte de la contribution de l’employé à la production est beaucoup plus floue et difficile à déterminer.

Pourtant, c’est le travail « non productif », par distinction avec le travail dit « productif », dans le sens qu’en a donné Adam Smith et qui sera reprise par Marx, qui va le plus fortement progresser au cours des 30 dernières années, au dépend du secteur industriel :

« Il y a une sorte de travail qui ajoute de la valeur à l’objet sur lequel il s’exerce : il y en a une autre qui n’a pas un tel effet. Le premier, parce qu’il produit une valeur, peut être appelé productif ; l’autre improductif. Ainsi le travail d’un ouvrier de manufacture ajoute, en règle générale, à la valeur des matériaux qu’il transforme celle de sa propre subsistance et du profit de son maître. Le travail d’un domestique, au contraire, n’ajoute de la valeur à rien.14»

Le secteur de la santé et du social,  va ainsi voir ses effectifs augmenter de plus d’un million entre 1982 et 2009, puis les services aux particuliers et aux collectivités, la gestion et l’administration des entreprises, et le secteur du commerce15. Entre 1970 et 2014, les emplois dans le secteur tertiaire marchand vont ainsi passer de 5  à 11 millions de personnes16. Dans le même temps, la part de l’emploi industriel dans l’emploi total va s’effondrer, de 23,3% en 1982 à 12,1% en 2011.

Le travail productif tend ainsi à disparaître progressivement par la conjugaison de deux phénomènes : la mondialisation économique qui conduit à des délocalisations massives et l’automatisation des process de production.

Le travail qui constituait auparavant un élément central du processus de production et de la création de richesse dans le cadre du système capitaliste industriel, bien qu’il fut très largement privé de sens, aliénant, et réduit à une tâche répétitive abrutissante, perd massivement tout rapport direct avec le processus de production, il ne débouche sur rien de visible ni de concret, il cède la place à la notion abstraite d’emploi. Cette mutation essentielle va détruire en grande partie l’idéologie du travail portée aussi bien par la bourgeoisie que par les forces de gauche depuis la révolution industrielle et laisser la place à un grand vide existentiel que va se charger de remplir une nouvelle idéologie, le consumérisme.

Dans cette nouvelle idéologie, le sens du travail ou de l’emploi n’a plus vraiment d’importance, c’est l’implication dans la société de consommation et la capacité à se réaliser à travers elle qui vont devenir les éléments déterminants de la motivation individuelle. Le « pouvoir d’achat », c’est à dire la capacité à consommer va ainsi s’imposer comme un élément central de revendication à côté de la revendication historique de réduction du temps de travail.

Le chômage de masse

L’idéologie de la consommation répond à des objectifs multiples. Du point de vue économique, elle vise essentiellement à créer de nouveaux débouchés à la production. Au niveau sociétal, elle s’impose comme une idéologie totale qui va se substituer à la valeur travail et conditionner l’ensemble des individus aux impératifs du système marchand. Les gains de productivité domestiques et du système productif n’ont ainsi pas débouché sur une revendication massive en faveur de la réduction du temps de travail mais sur des revendications en lien avec le pouvoir d’achat et des imprécations politiques au sujet de la « croissance économique » qui permettrait seule de résoudre le problème du chômage de masse. Comme nous l’avons-vu, ce dernier est structurel et lié aux capacités d’absorption de la population active par le système de production capitaliste. Dans ce contexte, les gains de productivités auraient pu s’accompagner d’une réduction significative du temps de travail, qui aurait permis un développement de la vie démocratique, par l’instruction des citoyens, et leur implication directe dans les affaires politiques et la gestion de la chose publique. Cette option sociétale supposait cependant que les élites politiques qui détiennent le pouvoir abandonnent une partie de leurs privilèges de classe au profit des couches populaires.

Dans ce contexte idéologique, le chômage structurel de masse a donné naissance à une inactivité subie, considérée par les individus qui en sont les victimes comme une mise au ban de la société de consommation. Le chômage est ainsi vécu comme un fléau aussi bien que comme une fatalité, devant laquelle les responsables politiques avouent leur impuissance. En 1993, lors d’une intervention télévisée sur la troisième chaîne et alors que la France compte officiellement 3 millions de chômeurs, soit 10% de la population active, le président de l’époque, François Mitterrand, compare le phénomène du chômage à un « ouragan » et le place ainsi au rang des cataclysmes naturels. La même année, lors d’une autre intervention télévisée, il aura cette phrase restée célèbre : « contre le chômage, on a tout essayé. » L’arrimage du financement de la sécurité sociale aux revenus du travail plutôt qu’aux revenus du capital a de plus conduit à une dégradation des comptes publics en même temps qu’à une hausse des prélèvements destinée à compenser le déficit des cotisations. Ainsi, alors que la part des dépenses de fonctionnement dans le budget de l’état a baissé entre 1960 et 2011 en passant de 41 à 34%, la part des dépenses liées aux prestations sociales s’est envolée pour passer de 32 à 46%17. L’inactivité devient de fait une charge à financer et l’exclusion de la société de consommation se double d’une culpabilisation des chômeurs qui apparaissent comme un poids pour les finances publiques et la société.

Réduction du temps de travail contre pouvoir d’achat

Contrairement à l’affirmation de François Mitterrand, tout ne fut pas tenté contre le chômage, hormis les imprécations appelant au retour de la croissance économique, imprécations qui resteront vaines au vu de la baisse tendancielle du taux de croissance des économies occidentales depuis l’après-guerre18. De 5,5% en moyenne dans les années 60 en France, elle chute à 3,7% dans les années 70 puis 2,3% dans les années 80, et 1,4 dans la décennie 90 puis 0,6% entre 2000 et 2010. Il n’y aura donc plus de retour de la croissance, les économies occidentales sont entrées dans une phase de stagnation.

La durée annuelle du travail a quant à elle poursuivi son déclin historique et est passée de 2200 heures en 1960 à moins de 1600 heures en 200719alors que dans le même temps le PIB par habitant progressait de manière spectaculaire pour passer de 10000 euros en 1960 à plus de 30000 en 2010.

Les gains de productivité réalisés sur la période ont donc permis un triplement de la richesse produite par habitant conjuguée à une baisse moyenne de la durée du travail de 30%. Ce déclin de la durée annuelle du travail est cependant davantage le fait du développement du travail à temps partiel et des formes fragmentées de travail que le résultat de la continuation des luttes sociales des salariés, hormis en ce qui concerne la France qui a connu en 2000 une diminution historique de la durée légale du travail à 35 heures hebdomadaires.

Le contexte économique et social s’est en effet radicalement transformé pour passer du plein emploi au chômage structurel de masse et de l’aliénation par le travail à l’aliénation par la consommation. Dans ce contexte, l’emploi, qui a remplacé le travail productif, devient un sésame ouvrant l’accès aussi bien au système de protection de la sécurité sociale et à la retraite, qu’à la société de consommation qui constitue le nouveau totalitarisme idéologique. La vie ne se réalise plus par et dans le travail, mais par la consommation. Ce changement de paradigme est admirablement résumé dans la formule restée célèbre du publicitaire Jacques Séguéla, qui affirmait au cours d’un entretien télévisé sur France 2 le 13 février 2009: « Si à 50 ans on a pas une Rolex, c’est qu’on a quand même raté sa vie. »

Si, à l’époque, la diminution du temps de travail a été saluée positivement par les salariés, elle a ainsi fait depuis l’objet de multiples aménagements dans le but de leur donner davantage de « pouvoir d’achat », c’est à dire des capacités de consommation supplémentaires, notamment par l’assouplissement du recours aux heures supplémentaires et leur défiscalisation. Ce fut ainsi la principale thématique de la campagne présidentielle victorieuse de Nicolas Sarkozy en 2007 qui fut résumée par la formule « travailler plus pour gagner plus ».

La fabrique du consommateur et l’idéologie de la consommation

L’idéologie de la consommation se présente comme un fait totalitaire qui conditionne l’ensemble des loisirs dégagés par la réduction du temps de travail et détourne l’investissement de l’inactivité structurelle des citoyens de la gestion des affaires publiques et de la mise en place de mécanismes de démocratie directe.

Ce phénomène vise tout d’abord à créer une pénurie artificielle au sein d’une société industrielle qui a largement réalisé les conditions de l’abondance matérielle. Il vise à maintenir sous la pression du système de production capitaliste les individus qui pourraient être effectivement libérés pour une large part des contingences et de la nécessité du travail. Cette réalisation d’un âge d’or, au sens où l’entendait Hésiode dans Les travaux et les jours, est donc détournée au profit d’une nouvelle forme d’aliénation au système consumériste. Si l’idéologie du travail a servi de moteur au développement du capitalisme industriel, l’idéologie de la consommation qui la remplace se présente comme un nouvelle forme de conditionnement psychologique des populations au système capitaliste marchand qui lui a succédé dans le contexte d’une crise structurelle de surproduction. Alors que le travail totalitaire était chargé de donner un sens à la vie, c’est maintenant la consommation qui va remplir ce rôle.

Les bases de ce conditionnement de masse ont d’abord été jetées aux états-unis, notamment par Edward Bernays, qui est aujourd’hui considéré comme le père du marketing. Ce dernier a tout d’abord conceptualisé et formalisé les techniques de conditionnement de l’opinion publique à des fins politiques, qui seront également employées à des fins commerciales. Il décrit ce phénomène comme suit :

« L’instruction généralisée devait permettre à l’homme du commun de contrôler son environnement. A en croire la doctrine démocratique, une fois qu’il savait lire et écrire il aurait les capacités intellectuelles pour diriger. Au lieu de capacités intellectuelles, l’instruction lui a donné des vignettes en caoutchouc, des tampons encreurs avec des slogans publicitaires, des éditoriaux, des informations scientifiques, toutes les futilités de la presse populaire et les platitudes de l’histoire […]20 »

Il définit également ce qui s’appelait encore propagande lorsque son ouvrage est paru aux états-unis :

« La propagande moderne désigne un effort cohérent et de longue haleine pour susciter ou infléchir des événements dans l’objectif d’influencer les rapports du grand public avec une entreprise, une idée ou un groupe. Cette pratique qui consiste […] à créer simultanément des images dans l’esprit de millions de personnes est en réalité très courante.21 »

Dés sa conceptualisation initiale par Edward Bernays, la propagande, par l’intermédiaire du système médiatique, se conçoit comme une colonisation de l’imaginaire des masses, dans un but politique ou commercial. Il n’y a ainsi pas de différence fondamentale entre le marketing politique et commercial, si ce n’est le groupe cible, ce que cristallise particulièrement bien la figure du publicitaire Jacques Séguéla qui employa ses compétences au service du candidat François Mitterrand aussi bien que de la grande entreprise. Le rôle de la publicité dans son opération de conditionnement psychologique des masses au service de l’idéologie consumériste du système capitaliste marchand est absolument essentiel et fondamental. La surproduction systémique et l’utilité marginale décroissante des biens de consommation imposent effectivement le développement d’une hyper consommation sous peine de voir se bloquer tout le processus de production et d’accumulation. Cette hyper consommation est anthropologiquement une aberration vide de sens puisqu’elle ne correspond pas à la satisfaction d’un besoin clairement identifié, elle suppose donc un conditionnement psychologique par la publicité de manière à imposer un fonctionnement sur le mode de l’injonction.

Du travailleur au consommateur

Dans le nouveau système marchand reposant sur la consommation de masse, la préoccupation essentielle de l’industrie se détourne du travailleur, facilement délocalisable, et qui va être avantageusement remplacé autant que faire se peut par des process automatisés. C’est le consommateur et la recherche des débouchés qui vont devenir les éléments centraux du processus d’accumulation. Le consommateur insatiable et susceptible d’absorber les gigantesques surplus de production va ainsi devoir être fabriqué de toute pièces par la publicité.

Alors que dans toutes les sociétés traditionnelles la consommation répond à un besoin identifié et débouche sur sa satisfaction, toute l’entreprise du conditionnement publicitaire va consister à créer une insatisfaction chronique :

« En principe, la satisfaction met un terme à la consommation. Mais dans le consumérisme, tout se passe comme s’il n’y avait aucun terme possible. La consommation devient insatiable et se prend elle-même pour objet. On ne consomme plus pour satisfaire des besoins identifiés, mais pour consommer.22 »

Un véritable système de propagande de masse va ainsi voir le jour afin de fabriquer les hordes de consommateurs destinées à écouler les surplus de la production du système industriel marchand.

De 50 milliards de francs anciens en 1949, les dépenses de publicité vont passer à plus de 400 milliards en 1973, soit une multiplication par huit23.

En 2014, le marché publicitaire français se montait à 30 milliards d’euros, soit 1% du PIB24. Pour le seul média télévisé, les recettes publicitaires représentent aujourd’hui 3,2 milliards d’euros, d’où la formule restée célèbre de l’ancien PDG de TF1 Patrick le Lay : « Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau disponible. » qui illustre l’imbrication des systèmes médiatiques et publicitaires.

Une étude TMRP-EUROPQN de 1995, citée par le journal Libération, estimait le taux moyen d’exposition à la publicité en fonction des différents supports25.

L’affichage mobilisait ainsi en moyenne l’attention du consommateur potentiel 31 minutes dans l’agglomération parisienne, la presse nationale 20 minutes, la radio 17 minutes et la télévision 16 minutes.

En 2008, le directeur de la publicité pour TF1, Claude Cohen, estimait le temps d’antenne consacré à la publicité par sa chaîne à 9,7%26.

La convergence des systèmes médiatiques et publicitaires crée une interdépendance entre la publicité et le contenu éditorial, si ce n’est parfois une confusion entre les deux. Une étude menée sur le magazine féminin Marie-Claire par Alexie Geers sous le titre : « publicité et contenu éditorial dans la presse féminine » montre ainsi que 40% de la surface du magazine est occupée par la publicité27.

Les rapprochements thématiques et formels et la synergie entre contenus éditoriaux et messages publicitaires tendent également à gommer les différences entre les deux types de publication dans l’esprit du lectorat, ce qui rend les messages publicitaires à la fois omniprésents et difficilement identifiables.

Le consumérisme se présente ainsi comme un phénomène englobant et totalitaire qui métamorphose le travailleur en agent actif de sa propre exploitation. Selon Zygmunt Bauman :

« Le trait le plus saillant de la société des consommateurs, malgré tout le soin que l’on met à le dissimuler, est la transformation des consommateurs en marchandises ; ou plutôt, leur dissolution dans l’océan des marchandises […] 28».

Ainsi, le travail n’est plus seulement producteur de la marchandise, c’est l’être humain en lui-même qui devient une réalité marchandisée. Le temps libre gagné sur l’aliénation du processus de production est entièrement détourné de son potentiel d’émancipation vers la réalisation de l’identité personnelle à travers la consommation. Toujours selon Bauman :

« On pourrait dire que le « consumérisme » est un type d’arrangement social, qui découle du recyclage des envies, des désirs et des rêves humains banals, permanents et pour ainsi dire « insensibles aux variations de régime », en principale force motrice et dirigeante de la société – une force qui coordonne la reproduction systémique, l’intégration sociale, la stratification sociale et la formation d’individus humains, en même temps qu’elle tient un rôle majeur dans les processus d’auto-identification individuelle et de groupe, ainsi que dans la sélection et la recherche des politiques de vie individuelles. Le « consumérisme » intervient au moment où la consommation reprend le rôle pivot que le travail tenait dans la société des producteurs. 29»

Le travail lui même a changé de finalité, notamment sous l’impulsion de la tertiarisation de l’économie. Les emploi de services ne débouchent pas sur la production de biens marchands, mais sur la satisfaction du client, les services dans leur ensemble, sont un produit de la société de consommation et le travail tertiaire est constitué essentiellement d’un ensemble de prestations destinées à la satisfaction d’un client-consommateur. Le travail est ainsi devenu un produit comme un autre susceptible d’être acheté et échangé pour lui-même et non comme un composant du processus de production. Avec ce changement de paradigme, l’emprise du système de production capitaliste est totale, il s’agit d’une véritable colonisation de la vie humaine. Les mutations du travail qui résultent de ce processus de colonisation s’appuient par conséquent sur l’impératif de la consommation, qui s’est imposée comme l’ultime fondement de la vie humaine. L’attaque récente contre le repos dominical porté par le projet de loi Macron visant à assouplir les conditions d’ouverture des commerces le dimanche et qui reprenait les revendications des grandes enseignes de la distribution, s’est par exemple effectuée au nom des « consommateurs » et de la « croissance économique ». Le premier ministre Manuel Valls défendait ainsi sur la chaîne France 2, le 7 décembre 2014, cette régression historique du droit du travail :

« Est-ce que nous souhaitons que les millions et les millions de touristes, notamment chinois, qui viennent sur la capitale, partent le dimanche à Londres pour faire leurs courses ? »

Dans un article publié le 18 novembre 2014 sur le site Internet du journal économique La Tribune, Bernard Cohen-Hadad, président du think tank Etienne Marcel et Philippe Gosselin, défendait également l’ouverture dominicale sous l’angle du « droit à la consommation » :

« Pour beaucoup, consommer est devenu une occupation-loisir voire culturelle. C’est aussi l’occasion de faire partager des goûts et de se faire plaisir ensemble. »

Le deuxième versant de cette aliénation par la consommation, c’est la double identité du consommateur qui est dans le même temps un salarié en quête de pouvoir d’achat, c’est à dire à la fois un exploiteur et un exploité, ce que la patronat a parfaitement identifié. Le journaliste Frédéric Pelouze, se faisait ainsi le porte-parle des revendications de salariés des enseignes de bricolage (chose assez rare pour être signalée) qui revendiquaient le droit à travailler le dimanche, sur le site Internet du journal Les Echos en février 2013 :

« Au nom de quelle rhétorique malthusienne la France continue-t-elle d’empêcher les salariés qui le souhaitent (car le travail du dimanche est volontaire de par la loi) de travailler le dimanche, et les consommateurs d’en profiter ? 30»

La tyrannie de la consommation

Si le conditionnement des consommateurs passe par une exposition massive aux messages publicitaires, leur insatisfaction chronique est une condition nécessaire au développement de l’hyper consommation chronique. Elle est basée sur des processus d’obsolescence qui ont pour objectif le renouvellement constant des biens marchands soumis à une dégradation et à une péremption technologique et marketing nécessitant leur remplacement continuel.

Alors que dans les sociétés traditionnelles, la consommation ostentatoire affirmant le statut social privilégié du chef et de la caste dominante s’effectuait en direction d’objets pérennes matérialisant la solidité du pouvoir et de la hiérarchie sociale et susceptibles d’être thésaurisés, comme les métaux précieux ou plus symboliquement encore le temple princier31, l’affirmation du statut social dans la société de consommation se distingue par une extrême précarité. Les signes de la distinction sociale permettant d’affirmer son statut sont innombrables, mouvants, et couvrent l’ensemble des champs sociaux. Ils nécessitent un engagement de tout les instants et une expertise poussée de la part des consommateurs. Selon Pierre Bourdieu :

« Il y a ainsi autant d’espaces de préférences qu’il y a d’univers de possibles stylistiques. Chacun de ces univers, boissons (eaux minérales, vins et apéritifs) ou automobiles, journaux et hebdomadaires ou lieux et formes de vacances, ameublement ou aménagement des maisons et des jardins, sans parler des programmes politiques, fournit les quelques traits distinctifs qui, fonctionnant comme système de différences, d’écarts différentiels, permettent d’exprimer les différences sociales les plus fondamentales presque aussi complètement que les systèmes expressifs les plus complexes et les plus raffinés que puissent offrir les arts légitimes ; et l’on voit les possibilités à peu près inépuisables que ménage à la recherche de la distinction l’univers de ces univers.32»

L’obsolescence marketing et technologique des biens de consommation, qui organise la péremption des marchandises en fonction des cycles de production, place ainsi le consommateur dans un état de précarité permanent lié à la menace du déclassement dans une société hiérarchisée, qui appelle à renouveler sans cesse l’acte de consommation. Cette obsolescence marketing et technologique, liée à la hiérarchisation sociale et à l’investissement du besoin anthropologique de distinction et d’affirmation du statut social dans la consommation, se traduit par une insatisfaction chronique du consommateur, et un développement du sentiment d’anxiété. Ors, l’anxiété et l’insatisfaction chronique sont les caractéristiques des sociétés dans lesquelles les conditions de vie sont marquées par le manque et la rareté, comme ce fut par exemple le cas en Europe au Moyen-Age. Le tour de force du consumérisme a donc consisté à recréer dans la société d’abondance de la seconde moitié du 20ème siècle les conditions de la pénurie.

Cette obsolescence marketing et technologique, dont la mode est l’émanation la plus emblématique, se double d’une obsolescence fonctionnelle programmée qui créent une véritable injonction à l’hyper consommation visible notamment dans la montée de l’endettement et des prêts à la consommation des ménages.

En 1978, les crédits à la consommation ne représentaient en France que 2,7% du volume total des crédits à l’économie 33, à la fin 2014 leur part était passée à 7,3%, soit 147 milliards d’euros34

L’obsolescence généralisée de la production, destinée à accélérer les cycles de rotation du capital, a été qualifiée par Paul Ariès de « junkproduction »35. Cette dernière se caractérise par la dégradation de ses produits conçus en vue d’une utilisation très limitée dans le temps et dotés par conséquent d’une faible valeur d’usage. Le but de cette junkproduction profondément dégradée est précisément d’entretenir l’insatisfaction chronique dans laquelle doit être maintenu le salarié-consommateur.

Le consommateur qui a succédé au travailleur puis à l’employé, est donc condamné par l’idéologie consumériste à poursuivre une quête identitaire et une affirmation sociale toujours vaines, car perpétuellement menacées de déclassement du fait de l’obsolescence et de la dégradation de la junkproduction qui leur sert de support d’expression. Il est tenaillé par la tyrannie de l’instant, l’insatisfaction chronique et le sentiment que l’affirmation de sa position dans l’espace social est à tout moment menacée, son travail comme son temps libre sont ainsi accaparés par la problématique de la satisfaction impossible de ses désirs conditionnés.

Se désaccoutumer du travail, se désaccoutumer de la consommation

L’émancipation ne peut s’accomplir que par un désendoctrinement et une décolonisation de l’imaginaire, qui sont les préliminaires indispensables à la réorientation de l’appareil productif au service de la libération de l’homme de la contingence du travail. Les progrès technologiques et la robotisation mettent aujourd’hui cet objectif séculaire, accessible jusqu’à présent uniquement à une petite élite jouissant de ses rentes, à la portée du plus grand nombre. Selon Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller à la sécurité nationale de Jimmy Carter et membre de la commission trilatérale, seul 20% de la population mondiale serait en effet nécessaire pour faire fonctionner l’appareil productif, le problème consistant selon lui à « occuper » les 80% restants36.

La libération des contingences matérielles fut la condition, tout au long de l’histoire, de l’accomplissement humain, aussi bien culturel que politique, en permettant notamment l’investissement des citoyens dans la gestion des affaires publiques et la mise en place de l’exercice direct et égalitaire de la démocratie. A l’inverse, le monopole du pouvoir politique, aussi bien dans les régimes autoritaires que représentatifs, a toujours reposé sur une organisation sociale hiérarchique et l’assignation du plus grand nombre à l’abrutissement du travail, et aujourd’hui à l’idéologie de la consommation.

Le contexte de crise de surproduction systémique actuel du système capitaliste et la raréfaction de l’offre de travail constituent une opportunité historique en faveur de la réduction drastique du temps de travail et la mise en place de nouveaux modes de financement de l’inactivité basés sur les revenus du capital. Ces deux volets complémentaires sont les conditions concrètes de l’accès des populations à une véritable société d’abondance, qui ne peut reposer que sur une économie de la convivialité et de la sobriété, dont le consumérisme n’a jusqu’à maintenant renvoyé qu’une image dégénérée et grimaçante.

Guillaume Borel

Notes :

1Emmanuel Todd, L’illusion économique, Gallimard, 1998

2Ibidem

3 Ministère de l’Education Nationale

4« Evolution de la population active en France depuis 100 ans d’après les dénombrements quinquennaux », in Etudes et conjonctures/Economie Française, 8-9ème année, n°3, 1953

5Ibidem

6Ibidem

7Ibidem

8Ibidem

9INSEE

10Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe, Gallimard, 1949.

11INSEE, L’emploi, nouveaux enjeux, édition 2008

12OCDE, Perspectives de l’emploi de l’OCDE, 2002

13Pierre Fournier, « Eléments pour une histoire des textes concernant le

placement et l’embauche des travailleurs », Cahiers du Chatefp n° 2-3, janvier 2000

14Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776

15Dares, « Analyses », septembre 2011, n°066

16INSEE

17Ministère du budget, projet de loi de finance pour 2013, rapport sur la dépense publique et son évolution

18Emmanuel Todd, L’illusion économique, Gallimard, 1998

19INSEE, Soixante ans de réduction du temps de travail dans le monde

20Edward Bernays, Propaganda. Comment manipuler l’opinion publique en démocratie, Zones, 2007

21Ibidem

22Groupe Marcuse, De la misère humaine en milieu publicitaire, La Découverte, 2004

23Marc Martin, « le marché publicitaire français et les grands médias (1918-1970) », In : vingtième siècle. Revue d’histoire. N°20, octobre-décembre 1988

24IREP

25 Philippe Bonnet, « La publicité irradie mieux dans les journaux qu’à la télévision », Libération [En ligne]. 19 avril 1995

26Claude Cohen, « TF1 : la pub, c’est 9,7% du temps d’antenne », Le JDD [En ligne]. 20 janvier 2008

27Alexie Geers, « Publicité et contenu éditorial dans la presse féminine », L’appareil des apparences [En ligne]. 3 novembre 2010

28Zygmunt Bauman, S’acheter une vie, éditions Jacqueline Chambon, 2008

29Ibidem

30Frédéric Pelouze,  « Ouverture dominicale des magasins de bricolage : les consommateurs solidaires des salariés », Les Echos [En ligne]. 13 février 2013

31 Karl Polanyi, La subsistance de l’homme, Flammarion, 2011

32Pierre Bourdieu, La distinction. Critique sociale du jugement, Editions de Minuit, 1979

33Pecha Jacques, Sicsic Pierre, « Développement du crédit à la consommation et économie réelle », In: Revue d’économie financière. N°5-6, 1988

34Fédération bancaire française

35Paul Ariès, Le Mésusage, essai sur l’hypercapitalisme, Parangon, 2007

36Hans-Peter Martin et Harald Schumann, Le Piège de la mondialisation, Solin – Actes Sud, 1997

Ender

5 Commentaires

  1. Intéressant, Je me le mets sous le coude pour lire + en détails + tard

    Merci Ender

  2. https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_good.gif
    ender

    j’avais pensé à une 5 ème partie..
    fin de la servitude moderne
    au cas où,
    enfin carlos gohn,se félicite!(medaille, legion,champagnehttps://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_rose.gif)
    on va embaucher chez renault…1000 personnes..

    merci d’être passé,carlos,avec tes voitures qui te font vivre .
    ps: tu peux me faire un autographe
    sur ma R5 automatique -merdiquehttps://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_heart.gif
    merci!

  3. Merci pour cette brillante analyse https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_good.gif

  4. Merci pour cette série https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_good.gif

  5. Très bonne synthèse et analyse de l’histoire du travail. L’obsolescence du travail grâce aux progrès technologiques serait encore plus évidente et manifeste si l’accès aux technologies interdites était finalement autorisé (énergie libre, antigravité). Il y a un effort flagrant pour empêcher l’Homme de se libérer, via le contrôle de l’économie et de l’énergie.

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