Guerre médiatique : la CIA veut créer un appareil de propagande de masse à l’échelle européenne…[EUobserver]

Quatre états européens ont mis en place un plan destiné à combattre la propagande russe, incluant une répression régulière des médias « incitant à la haine ».

Les deux pages d’un document informel, approuvé par le Danemark, l’Estonie, la Lituanie et le Royaume-Uni, et auquel EUobserver a eu accès, circule dans les capitales européennes depuis le 9 janvier.

Il décrit la campagne médiatique russe comme « une réponse asymétrique au pouvoir économique de l’ouest. » qui pose « une réelle menace pour la sécurité des régions d’Europe de l’est ».

Selon ce document : « les objectifs sont de discréditer les narratives européennes, éroder le support aux gouvernements légitimes, désorienter les populations et les hommes politiques » dans l’optique de « d’élargir les options politiques et militaires russes. »

Le document affirme également que présenter l’UE comme « une idée » est important en Europe de l’Est car « cela augmente le soutien populaire pour les réformes économiques et politiques qui, dans le long terme, sont les meilleurs garants de la stabilité. »

Le document avance que l’UE « joue dans une catégorie inférieure » en s’appuyant sur « des canaux de distribution archaïques comme des événements ponctuels ou des centres d’information physiques. » et en envoyant des messages « trop techniques, qui échouent à provoquer des émotions ».

Le document officieux appelle les régulateurs des états membres à considérer les diffuseurs russes comme responsables s’ils « manipulent le public, incitent à la haine ou encouragent la guerre ».

Russia Today, qui possède des bureaux dans plusieurs villes européennes, a fait circuler des informations anti-ukrainiennes qui se sont avérées fausses.

La première chaîne russe a rapporté une fausse information affirmant que les combattants ukrainiens avaient crucifié un enfant russophone dans l’est de l’Ukraine.

Le document avance que les chiens de garde des médias doivent prêter attention au « respect et à la liberté d’expression ».

Il presse également les pays européens de « rassembler les régulateurs des médias afin de trouver des solutions pour une coopération plus efficace concernant les plaintes ayant trait à l’impartialité journalistique. »

Il appelle les institutions européennes à communiquer de manière plus assertive.

Une propagande Européenne ?

« Nous devrions viser à influencer la compréhension et les attitudes des auditoires clefs. Et pas seulement à augmenter notre visibilité », affirme le document.

Il souhaite que le service des affaires étrangères de l’UE mette en place un « plan d’action » pour 2015 ou 2016 visant à « déconstruire… la propagande hostile. »

Il avance également que le conseil européen, la commission, et le service des affaires étrangères devraient mettre en commun des financements pour la communication et allouer des fonds « destinés à la communication stratégique à destination des délégations européennes ».

Les quatre états à l’origine du document appellent à « des discussions régulières sur la campagne de désinformation russe » des ambassadeurs et des ministres des affaires étrangères à Bruxelles et à la création d’une « plate forme permanente au sein de laquelle l’UE et l’OTAN pourraient échanger leurs points de vue sur la communication stratégique. »

Les quatre états ont aussi appelé au soutien à la création d’un média indépendant ou alternatif russophone en Europe.

Ils affirment également que la European Endowment for Democracy,une fondation basée à Bruxelles, pourrait aider les journalistes d’investigation (ndt : version européenne de la NED, officine de la CIA…)

Ils appellent également à une aide de l’EU pour la création de diffuseurs audiovisuels, sur le modèle des anciens médias états-uniens anti-communistes, Radio Free Europe et Radio Liberty, qui ont récemment lancé une nouvelle émission en russe, Real time.

Au vu de la programmation des chaînes russes qui diffusent un mixe de soap opera, de jeux télévisés et de fausses informations pour faire passer leurs messages, le document avance que les programmes de divertissement des états européens pourraient être utiles.

L’Union Européenne devrait dans le futur « encourager les échanges entre les productions des différents pays (divertissements, films, documentaires) afin de fournir des alternatives compétitives à la production russe sur le marché européen de la télévision ».

La menace islamiste

L’Europe est encore sous le choc des attaques contre le journal Charlie Hebdo à Paris, mais le document note que les mesures contre la propagande russe peuvent également être utilisées contre la radicalisation islamiste.

« Il est important de noter que cette capacité est également critique dans la répulsion des groupes islamistes radicaux. »

Le ministre lituanien des affaires étrangères Linas Linkevicius a déclaré à Euobserver vendredi que Russia Today avait vue son budget augmenté de 40%.

« Il est temps de prendre cela au sérieux » a t-il dit.

Il a ajouté qu’il ne souhaitait pas une version européenne de Russia Today : «  nous n’avons pas besoin d’une autre machine de propagande contrôlée par l’état… il s’agit d’un effort pour soutenir le pluralisme médiatique afin d’être sûrs que les médias libre seront plus actifs. » […]

Source : EUobserver

Traduction Guillaume Borel pour les moutons enragés

Ender

6 Commentaires

  1. Quand je vois que la seule fois où la presse russe s’est fait rouler par un hoax sur l’Ukraine (pour très vite arrêter) sert toujours depuis des mois d’exemple à ses détracteurs, j’en conclus que la fiabilité de la presse russe est exceptionnelle. Avec nos intox quotidiennes (sans parler de celle de Kiev) on bat tous les records!

  2. « manipulent le public, incitent à la haine ou encouragent la guerre »
    ==> Arrêtons alors tous les journalistes de l’AFP, Libération, Le Monde, Le Parisien, et j’en oublie…

  3. Poutine doit bien rigoler en prenant son bain: un des terroristes arrêté en Belgique pour projet d’attentat est Tchétchène!

  4. «les objectifs sont de discréditer les narratives européennes […]»

    Rien que ça, et c’est déjà un aveu de propagnde européenne active, même plus besoin d’une Nième invasion russe en Ukraine. Mais bon, le vent pourrait bien tourner ; m^me sur ARTE, on entend de ci de là les éventuels bienfaits d’une collaboration antiterroriste avec la Russie.

    Tout n’est pas encore perdu, l’argent d’une guerre risque de manquer (et le gaz de chauffage aussi)

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