Le BAC ES sponsorisé par le MEDEF ?….

L’art de poser les questions qui n’autorisent qu’une réponse…orientée bien sur..

Img/7lameslamer

Les sujets de l’épreuve de Sciences Economiques et Sociales de la section ES semblent sortir tout droit du service de communication du MEDEF et illustrent à merveille la phrase célèbre de Noam Chomsky : « La propagande est aux démocraties ce que la violence est aux dictatures », à savoir le principal moyen de contrôle des peuples.

En effet les deux questions posées aux élèves dans le cadre de la première partie de l’épreuve composée, intitulée « mobilisation des connaissances » et portant sur 6 points, ne peuvent que laisser pantois tout citoyen s’intéressant à la politique et à la science économique :

  • 1 – Comment la flexibilité du marché du travail peut-elle réduire le chômage ? (3 points)
  • 2 – A quels risques économiques peuvent s’exposer les pays qui mènent une politique protectionniste ? (3 points)

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En plus d’être complètement fausses d’un point de vue purement scientifique, ce qu’a magistralement démontré l’économiste Jacques Sapir sur son blog, ce qui est quand même un comble de la part d’une institution censée incarner la rigueur et l’objectivité scientifiques ; ces deux questions sont clairement orientées idéologiquement dans le sens de l’orthodoxie ultralibérale dominante.

Ayant moi-même passé le BAC ES il y a une bonne dizaine d’années, je ne peux que constater la différence entre les sujets de l’époque, qui étaient déjà orientés idéologiquement dans ce sens mais d’une manière plus fine et laissant la porte ouverte aux différentes écoles de pensées, et ceux d’aujourd’hui qui ne laissent la place à aucune discussion. Ainsi au-delà des thèmes choisis (flexibilité du travail et protectionnisme) qui sont les chevaux de bataille du MEDEF pour le premier et de la Commission Européenne pour le second, la formulation des questions rend impossible toute réfutation de la thèse explicite contenue dans celles-ci.

Pour la première, on aurait pu proposer par exemple : « En quoi la flexibilité du marché du travail a-t-elle un impact sur le chômage ? » Ce qui laisse la possibilité de contredire la thèse officielle du MEDEF adoptée par les médias officiels et le gouvernement « socialiste ». Mais là non, aucune possibilité de remettre en cause le dogme officiel, quand bien même celui-ci ne repose sur aucune réalité scientifique.

L’élève n’a d’autre choix que de répondre ce qui est attendu explicitement par la question : à savoir la propagande officielle ultralibérale qui lui a été enseignée durant son cursus scolaire. Cela n’est pas nouveau, ce qui l’est par contre c’est le fait de ne laisser aucun choix sur les réponses attendues, quand bien même l’élève en question aurait eu la chance de s’instruire et de s’informer en dehors du lavage de cerveau officiel prodigué par l’Education Nationale.

Pour la deuxième de la même manière, on aurait pu proposer une question proposant les risques mais aussi les atouts du protectionnisme pour un pays, ce qui serait une question réellement objective et scientifique. Mais encore une fois il n’en est rien. Au lieu de sciences économiques, l’étudiant doit donc répondre à une question idéologique, posée directement par M. Barroso, président de la Commission Européenne. En effet la doxa officielle ultralibérale en vigueur à Bruxelles, au FMI ou à l’OMC rejette comme hérétique toute tentative de protectionnisme, présentée comme dangereux pour la paix mondiale.

C’est là une constante de la propagande officielle : présenter toute pensée hétérodoxe comme un danger pour la paix. Sortir de l’Europe ? Vous voulez la guerre ! Mise en place d’un protectionnisme solidaire et responsable ? Vous êtes un dangereux nationaliste qui veut revenir aux années trente ! Comme si les politiques ultralibérales menées depuis trente ans par les faucons nord américains et européens n’étaient pas responsables de nombreuses guerres impériales (Irak, Lybie, Afghanistan, Ukraine, Nicaragua) mais aussi de ravages sociaux sans équivalent dans leur propres pays.

Au point où nous en sommes arrivés, pour l’année prochaine plus besoin de faire semblant : autant proposer des sujets directement sponsorisés par le MEDEF, subventionnés par la Commission Européenne et approuvés par les deux partis politiques (UMP et PS) chargés d’appliquer les politiques décidées par les deux premiers nommés. Pour leur faciliter la tâche je leur propose à l’avance quelques questions :

  • 1 – En quoi les lepéno-cégétistes de la CGT sont ils responsables de l’absence de reprise économique dans notre pays ?
  • 2 – Expliquez pourquoi le droit du travail français est un frein à l’embauche pour les entreprises ?
  • 3 – Pourquoi est-il préférable pour un pays de se soumettre aux marchés financiers plutôt qu’à la souveraineté populaire ?
  • 4 – Comment les guerres extérieures favorisent-elles la croissance du pays agresseur ?

Ces quelques questions étant loin d’être exhaustives, je me tiens à l’entière disposition de Messieurs Gattaz et Barroso pour la rédaction des prochains sujets du BAC ES l’an prochain. Et tant qu’on y est, je propose également de confier la rédaction des sujets d’Histoire à Messieurs Buisson et Faurisson, des sujets de Philosophie à BHL et Finkielkraut et des sujets de Français à Franck Ribéry et Nabila ! Et bien sûr de supprimer la Littérature de tous les cursus : on ne va quand même pas torturer nos enfants en les obligeant à lire… La Princesse de Clèves.

Auteur Perceval Gaillard

Source: 7 Lames La Mer via  blogapares

Voir aussi:

Volti

5 Commentaires

  1. Arrêtez de perturber le formatage des cerveaux, svp.
    Ça devient agaçant.

  2. Oui c’est vrai ça, c’est agaçant on ne les laisse pas tranquillement nous formater… M’enfin !

  3. Si un employeur m’écoute je suis plus flexible que les autres employés embauchez moi.

    Je suis hyper flexible, si vous avez des problèmes de trésorerie et bien j’accepte de ne pas être payé, vous me donnez quelques légumes un abri de jardin, ça me suffit.

    Si vous voulez je tordrai mon corps suivant vos désirs de flexibilité. Bien amicalement votre futur esclave.

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