« Dis papa, c’est quoi la valeur d’un homme et celle de Pierre Gattaz ? »

J’ai eu l’occasion, il y a quelques temps d’envoyer à un ami très cher, le poème de Rudyard Kipling “tu seras un Homme mon fils”. Aujourd’hui c’est Charles Sannat qui  l’offre, à votre réflexion, en plus de sa plume acide envers Pierre Gattaz. Comme dirait Benji “sachez en faire bon usage” ;)…

Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !

Cette question il ne me semble ne jamais l’avoir posée à mon papa tant la réponse m’a semblé toujours évidente. À quoi mesure-t-on la valeur d’un homme ? Je fais partie de ceux qui pensent que la richesse d’un individu n’est pas matérielle et que les Rolex et autres attributs de la fortune matérielle ne pèsent pas lourd, voire ne pèsent pas du tout.

Ce qui fait d’un homme un homme, c’est un corpus de valeurs et de convictions, ce qui fait d’un homme un homme a été particulièrement bien exprimé et d’une manière tout simplement poétique par Rudyard Kipling

Ce qui fait d’un homme un homme, c’est son courage, sa constance, sa sagesse, sa pondération, sa capacité d’amour, de désintéressement, sa manière de tendre la main.

Tu seras un Homme, mon fils (avec une pensée toute particulière pour le président du Medef)

Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;

Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d’un mot ;

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n’être qu’un penseur ;

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,

Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tous jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
Tu seras un homme, mon fils.

Mais… Pierre Gattaz veut couper court à la polémique sur son salaire

Comme vous avez dû en entendre parler, Pierre Gattaz, le président du Medef, a perçu en tant que patron de Radiall une rémunération en hausse de 29 % en 2013.
D’après un article du Monde, « lors de sa conférence de presse mensuelle, mardi 13 mai, le président du Medef, Pierre Gattaz, a estimé mériter «des félicitations» et non une polémique sur son salaire ».

L’affaire du salaire du patron des patrons a été révélée il y a quelques jours par Le Canard enchaîné qui indiquait que Pierre Gattaz avait perçu « une rémunération en hausse de 29,4 % en 2013, touchant 420 000 euros, dont 102 000 euros de part variable. Un paradoxe, souligne l’hebdomadaire satirique, alors que le même homme prône, en tant que représentant du patronat, l’appel à la modération salariale et à l’exemplarité. Sur la même période, les salaires de ses employés n’ont augmenté que de 3,3 % ».

Alors qu’est-ce qui fait la valeur financière d’un homme ? Rien. En réalité, rien ne justifie des écarts de salaires aussi prononcés lorsqu’il s’agit de patrons salariés.

La valeur de l’entrepreneur !

Un patron comme Gattaz n’est jamais rien qu’un bougre plus ou moins bon à la bonne place au bon moment, bénéficiant d’un facteur chance non négligeable. Sa société existait avant lui, pour tout dire d’ailleurs c’est en 1994 qu’il reprend la direction de l’entreprise familiale Radiall, créée par Lucien et Yvon Gattaz son papa. Merci papa qui lui avait créé cette maison en 1952.

Monsieur Gattaz junior est avant tout un héritier. Je ne le connais pas personnellement et il n’y a aucune honte à hériter, il y a une honte à ne pas se montrer digne. Une honte à demander aux autres ce que l’on ne s’applique pas à soi-même. Là réside le problème « moral » que Monsieur Gattaz doit résoudre pour être un homme.

Dans le capitalisme, c’est l’entrepreneur qui doit être privilégié dans le sens où c’est lui qui anime l’économie et la développe. L’entrepreneur prend des risques. Pas le salarié, fut-il patron ou pédégé. C’est à ce niveau qu’il ne faut pas qu’il y ait pas de confusion.
Quelle est la valeur d’un homme salarié ? Celle d’un salarié. Nos grands patrons ne sont rien qu’une caste d’ultra-privilégiés s’arrogeant des droits injustifiables au mépris des autres. C’est l’ère de l’enrichissement à outrance, du gavage généralisé.

Il ne faut pas limiter le salaire des patrons ! Il faut l’indexer sur celui de ses salariés !!

Je pense qu’un patron salarié est donc avant tout un… salarié. Ne prenant pas plus de risques, il n’a pas à être plus récompensé que la moyenne, et son travail ou sa stratégie, bien souvent, ne repose que sur le travail de centaines ou de milliers de collaborateurs. Là encore, ne donnons pas dans l’homme providentiel.

Ce qui serait passionnant, ce serait d’indexer l’évolution du salaire du chef sur l’évolution du salaire moyen dans l’entreprise. Si les salaires augmentent de 10 %, alors il peut s’augmenter de 10 %. Si les salaires montent de 3 % comme chez Radiall, alors Monsieur Gattz ne doit pas s’augmenter de 29 %, même s’il s’agit de la « part variable » qui est évidemment une fausse excuse.

Quelle est donc la valeur d’un homme ? Monsieur Gattaz « pèse » plus de 400 000 euros annuel financièrement parlant, moralement en revanche, il n’y a pas à dire, je me demande quelle est la valeur de cet homme.

On ne peut diriger que par l’exemplarité. On ne peut demander des efforts à autrui… qu’en les faisant soi-même. Ce que fait Monsieur Gattaz, à savoir s’empiffrer en demandant doctement au petit peuple de se serrer la ceinture, est parfaitement légal. Mais cela n’est pas moral et ne donne pas beaucoup de valeur à l’homme. Un peu de grandeur d’âme Monsieur Gattaz !

Préparez-vous et restez à l’écoute.

À demain… si vous le voulez bien !!

Charles SANNAT

Source: Le Contrarien

Ceci est un article ‘presslib’, c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Le Contrarien Matin est un quotidien de décryptage sans concession de l’actualité économique édité par la société AuCOFFRE.com. Article écrit par Charles SANNAT, directeur des études économiques. Merci de visiter notre site. Vous pouvez vous abonner gratuitement www.lecontrarien.com
Volti

3 Commentaires

  1. +1
    On trouve ce poème encadré au détour d’un couloir chez nous aussi.

  2. En tant que salarié de Radiall, Gattaz est lié par un contrat de travail, qui définit entre autres les termes de sa rémunération.
    En tant que patron, Gattaz définit la politique salariale en accord avec les propriétaires de l’entreprise.
    En tant que proprétaire de l’entreprise, Gattaz définit la politique de rémunération du capital et du travail.
    Au final, c’est sa boîte, même si il en a hérité de Papa et que c’est une bonne planque bien verrouillée : Si il la plante, c’est pour sa pomme. En théorie, parce que quand on est né avec une louche en argent et un carnet d’adresses blindé, on finit rarement sous les ponts …

  3. Bravo de citer encore cet Einstein, ce bandit et ce voleur de Henri Poincaré !

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