Grand marché transatlantique : la Commission commande une étude bien peu indépendante…

Nous sommes en pleine campagne pour les Européennes, chacun y va de sa profession de foi, pour convaincre du “bonheur incommensurable” que nous aurons, en votant pour les candidats favorables à cette pieuvre tentaculaire. Travail, Croissance, Paix et Solidarité sont les maitres mots récurrents de leurs discours. Sauf que c’est du réchauffé, on nous a déjà servi ce plat indigeste, que nous avons refusé. Trahi par le traité de Lisbonne et un certain Sarkozy, ce rata/raté, nous a tout de même été imposé par la magie des mots et des textes, assorti de bien des “promesses”, dont nous avons pu juger du résultât. Nous allons, avoir droit à un dessert tout aussi indigeste, le Traité Trans-Atlantique, ce millefeuilles discuté discrètement, par les tenants de notre asservissement aux USA, aidés en ce sens, par les élites dirigeantes des intérêts US. 

A trois semaines des élections européennes, les négociations en vue d’instaurer un grand marché transatlantique continuent, dans le plus grand secret. Dans son argumentation sur les bienfaits économiques de ce marché transatlantique, la Commission européenne se base sur un rapport publié en septembre 2013. Ce rapport a été réalisé par le Center for Economic Policy Research (CEPR), un organisme que la Commission déclare indépendant, mais qui est en fait financé par des banques et dont le président est un conseiller de Goldman Sachs.

Il y a des déclarations qui en disent long, surtout quand elles émanent de la Commission Européenne. Alors que les élections européennes approchent, les négociations menées conjointement depuis juillet 2013 par la Commission Européenne et les représentants au Commerce américains en vue de conclure un Partenariat Transatlantique sur le Commerce et l’Investissement (TTIP en anglais, aussi appelé TAFTA ou Grand Marché Transatlantique), se poursuivent, pour une grande part en secret, dans le dos des peuples et de la démocratie.

Lundi 5 mai, le Commissaire européen au commerce Karel de Gucht était d’ailleurs à Berlin pour discuter des objectifs et des difficultés que pourrait engendrer pour les entreprises et les citoyens la mise en place d’un tel partenariat transatlantique. Avant qu’un nouveau tour de négociation (le 5ème) ait lieu à Bruxelles, à partir du 19 mai.

Lorsqu’on parle des difficultés et des dangers qui pourraient résulter de la conclusion de ce grand marché transatlantique, beaucoup a déjà été dit et écrit (Par exemple sur Nouvelles Alternatives : La Marche forcée vers un grand marché transatlantique unifié). Pour répondre aux critiques et faire acte de transparences, la Commission Européenne a commandité fin septembre 2013 un rapport intitulé Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement. Il vise à éclaircir sa position, et à souligner les aspects positifs de la mise en place d’un tel marché transatlantique. Selon les termes du rapport :

« … Un TTIP ambitieux permettrait d’accroître la taille de l’économie de l’Union Européenne de près de 120 milliards d’EUR (soit 0,4 % du PIB) et celle des États-Unis de 95 milliards d’EUR.

Les consommateurs profiteront également de produits moins onéreux. L’étude estime qu’au total, le ménage européen moyen (constitué de quatre personnes) verra son revenu disponible augmenter d’environ 500 EUR par an, sous l’effet combiné de la hausse des salaires et de la baisse des prix. »

Ces résultats sont basés sur des projections économiques impliquant « une suppression totale des obstacles tarifaires(droits de douane), une réduction de 25 % des barrières non tarifaires (les contingents, les normes techniques ou sanitaires ou des textes législatifs favorisant les entreprises nationales) pour les biens et les services et une diminution de 50 % des barrières liées aux marchés publics. » Comme l’indique aussi le rapport, ces chiffres doivent être considérés comme un indicateur de conséquences possibles, et non comme une prévision fiable de l’avenir. Au final donc, rien que de bien normal.

Quelques petits problèmes d’indépendance

Seulement, face à une telle étude, et avant même d’étudier la plausibilité de ses projections économiques, il est intéressant de s’intéresser d’un peu plus près à l’institut qui l’a réalisé, afin de vérifier si cet institut est indépendant ou non des milieux financiers et politiques.

Dans le rapport de la Commission mentionné ci-dessus, pour rassurer les sceptiques, il est indiqué tout de suite en préambule que l’étude a été « menée par le Centre for Economic Policy Research (CEPR), un organisme paneuropéen indépendant, en pointe dans la recherche économique. »

Cela semble à première vue donner toutes les garanties nécessaires. Sauf qu’après vérification et une petite visite sur le site du CEPR (à ne pas confondre avec le Center For Economic and Policy Research, basé à Washington), on apprend que le fondateur de ce centre de recherche, Richard Portes, est membre du Bureau des Conseillers de Politique européenne, Bureau qui est en lien direct avec la Commission européenne. Richard Portes qui a par ailleurs aussi bénéficié de la bourse d’étude Cécile Rhodes lors de ses études à Oxford.

Le président du CEPR, Guillermo de la Dehesa, a lui travaillé pour Coca Cola, et est depuis 1988 Conseiller International (International Advisor) de… Goldman Sachs, ainsi que membre du Comité Exécutif de la Banque Santander (voir son CV complet en anglais).

Et pour compléter le tableau, à ce duo directeur s’ajoute une liste de membres-donateurs issus du monde de l’entreprise et de la finance, dont notamment l’ensemble des banques centrales de l’Union européenne, la Banque Centrale européenne, ainsi que la Banque for International Settlements.

Après une telle évocation non-exhaustive, peut-on vraiment considérer le CEPR comme “un organisme paneuropéen indépendant” ? Non, évidemment. Il semble en effet difficile, pour un centre de recherche en économie politique, de conduire une analyse indépendante lorsque l’on a comme membre actif des banques centrales et des multinationales, et lorsque son président est conseiller (et donc salarié) de banques d’investissements telles que Goldman Sachs ou Santander. Pour la Commission européenne cependant, cela ne semble pas poser de problèmes…

Auteur Martin Bernard

Source Médiapart.fr

Volti

7 Commentaires

  1. Bonjour les moutons. Franchement, les amis, vous n’êtes pas positifs. Regardez vers Cannes, comme tout va bien ! Ce n’est pas transatlantique tout ça ?
    Caillasse du jour : Cannes s’invite à table chez les pauvres

  2. Salut tout le monde..
    Chez moi, en suisse, l’UDC parti d’extrême droite va se battre à mort pour empêcher le pays d’entrer par la force dans l’UE.

  3. De toute façon on s’en fout de toutes leurs merdes là, si on en a marre on a qu’à arrêter de collaborer ! …Et d’agir pour développer le globale partage, de créer par la même un système parallèle à leur système pyramidal, mais basé sur l’étique et le respect de la Terre ; …c’est quelque chose qui existe déjà, qui marche du tonnerre et se répand de plus en plus sur toute la planète, à vous d’y contribuer au lieu de collaborer bêtement à votre mise en esclavage ! http://www.youtube.com/watch?v=NLy_d_0CqxQ

    • Ouai…quoi qu’on fasse comme économie parallèle c’est l’interdiction à tout qu’ils vont nous soumettre. Et ceux qui collaborent au système seront ponctionnés par une taxe énorme pour qu’ils aient droit à la survie. Les autres, nous on sera pourchassés, éliminés donc criminalisés, comme la fiction des films semble se profiler dans une réalité proche et déjà activée à un certain degré.
      Nous n’avons pas dit notre dernier mot, les réjouissances ont commencé en Espagne et attendez les votations défavorisant les chiens actuels et vous verrez des actes de pirates dont la paternité n’aura de secret pour personne.

      • Voila criminalita,c’est exactement cela et les couillons sur leur tas d’or irons avec JOVA pour le kaddish quand il seras illégal d’en posséder..

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