FRANCE-INDE • Des réacteurs nucléaires hors de prix

Pourtant… Si mes souvenirs sont bons, l’Inde avait refusé de les acheter ces EPR, que s’est-il passé?

En visite en Inde, François Hollande a tenté de faire avancer les tractations en cours depuis des années pour la vente par Areva de plusieurs EPR. Une affaire qui se révèle très “douteuse”, selon deux militants indiens antinucléaires.
Le 11 janvier 2013, François Hollande accueillait le ministre des Affaires étrangères indien Salman Khurshid à l'Elysée du contart signé entre New Delhi et Areva - AFP Le 11 janvier 2013, François Hollande accueillait le ministre des Affaires étrangères indien Salman Khurshid à l’Elysée du contart signé entre New Delhi et Areva – AFP
Actuellement en visite en Inde [les 14 et 15 février], le président François Hollande ne manquera pas de tenter de convaincre New Delhi de conclure un accord douteux portant sur l’achat de six réacteurs européens pressurisés (EPR) à la société française Areva pour le site de Jaitapur [dans l’Etat du Maharashtra, sur la côte ouest]. Si l’EPR est présenté comme le réacteur “le plus avancé”, en termes commerciaux il n’a pas encore fait ses preuves.
Pas un seul n’a encore été mis en service dans le monde. De plus, sur les sites en construction, que ce soit à Olkiluoto (en Finlande) ou à Flamanville (en France), les coûts et les délais ont pris des proportions astronomiques par rapport à ce qui était annoncé. Le prix estimé pour chacun de ces réacteurs s’élève désormais à environ 600 milliards de roupies [8,3 milliards d’euros].

Des réacteurs “payés au prix fort”
Par conséquent, un total de six de ces réacteurs pourrait nous coûter plus de 3 600 milliards de roupies [49,8 milliards d’euros]. A titre de comparaison, un seul des réacteurs qu’Areva espère nous vendre représente plus que le budget annuel du Maharashtra en 2012 [450 milliards de roupies, soit 6,2 milliards d’euros]. Rappelons aussi qu’il est stupéfiant que le gouvernement ait accepté de [débuter les négociations sur l’achat des] réacteurs d’Areva sans avoir jamais lancé d’appel d’offres. La loi, que même le Département de l’énergie atomique (DAE) est tenu de respecter, prévoit pourtant une procédure d’appel d’offres public pour tout projet dépassant le million de roupies.
Si l’on en croit des messages dévoilés par WikiLeaks, cette décision arbitraire aurait été prise en 2007. Anil Kakodkar, ancien secrétaire du DAE, en a expliqué les raisons dans un article publié en 2011 : “Nous devons également garder à l’esprit les intérêts commerciaux de pays étrangers et de leurs entreprises. […] Les Etats-Unis, la Russie et la France sont les pays vers lesquels nous nous sommes tournés dans notre volonté d’obtenir une levée des sanctions [l’interdiction, consécutive aux essais nucléaires de 1998, de vendre du matériel nucléaire à l’Inde a été levée en 2008, bien que le pays n’ait toujours pas signé le Traité de non-prolifération]. Et par conséquent, afin d’éveiller leurs intérêts commerciaux, nous avons conclu avec eux des accords sur des projets nucléaires.” Une attitude coûteuse, les dirigeants indiens en sont conscients. Dans un autre message, le directeur général de la NPCIL [Nuclear Power Corporation of India Limited, compagnie nationale indienne d’électricité nucléaire, l’équivalent d’EDF] reconnaissait que l’Inde “payait le prix fort pour les réacteurs français d’Areva”.
Rien d’étonnant donc à ce que le gouvernement ait répugné à débattre des modalités du contrat qu’il négocie avec l’entreprise française. Il n’a pas été en mesure de fournir des données substantielles sur les coûts, tout en affirmant que “le coût par unité d’électricité de la centrale de Jaitapur sera compétitif par rapport aux autres centrales”. Interrogé à ce sujet, même devant le Parlement, le gouvernement s’est contenté de répondre que “l’offre détaillée […] est en cours de finalisation”.
14 roupies le kilowattheure ?

Nous avons puisé dans les meilleures données actuellement disponibles sur le prix du combustible et les coûts d’investissement, en tenant compte à la fois du coût de la main-d’œuvre, inférieur en Inde, et des tarifs que pratiqueraient sans doute les EPR. Ces calculs nécessitent des travaux comptables assez détaillés, mais la procédure d’établissement des tarifs des centrales nucléaires a été exposée dans les grandes lignes par la NPCIL en 2008.
En adaptant cette procédure aux EPR – et en nous appuyant sur les dernières directives en date de la Commission centrale de réglementation de l’électricité – nous avons estimé que, la première année, les EPR factureraient leur électricité 14 roupies le kilowattheure. Mais cela suppose aussi que la construction des [deux premiers] réacteurs débute l’an prochain et qu’elle se déroule de la même manière que pour les réacteurs Kudankulam I et II [de technologie russe, construits entre 2001 et 2011 dans le sud de l’Inde], ce qui, sachant que les EPR n’ont encore jamais été testés, est déjà faire preuve de générosité. Et, déjà, le prix estimé est bien plus haut que les tarifs actuels ou futurs d’autres projets énergétiques.

Un coût annuel de 14 milliards de roupies

Ne pouvant faire reporter le poids de tarifs d’électricité aussi élevés sur les consommateurs, le gouvernement risque fort de devoir absorber une partie du coût afin de vendre son électricité moins cher. Or, chaque réduction de 1 roupie du tarif du kilowattheure coûtera environ 1 milliard de roupies par an à l’Etat. Ainsi, pour abaisser le prix de l’électricité produite par les deux premiers réacteurs à 7 roupies le kilowattheure, le gouvernement sera peut-être contraint de dépenser 14 milliards de roupies par an [193 millions d’euros]. Tout cela, s’ajouterait aux subventions indirectes déjà offertes dans l’actuel montage financier.
Le gouvernement pourrait en outre faire pression sur les banques du secteur public afin qu’elles offrent des crédits bon marché au projet. Ce qui compte, ce n’est pas le besoin en électricité du Maharashtra, mais plutôt de savoir pourquoi le gouvernement a choisi cette entreprise particulière et sa technologie beaucoup trop onéreuse pour répondre à ce besoin.
Cela va peut-être vous aider à comprendre une partie du problème avec les EPR en Inde, un petit article qui était déjà passé sur le blog et que je ressort, car c’est la catastrophe annoncée leur truc!

Nucléaire : Quand AREVA et son EPR deviennent synonymes de répressions et expropriations !

Dans la région de Jaitapur, sur la côte ouest de l’Inde, les noms de “l’entreprise nucléaire” française AREVA et de son réacteur EPR sont désormais associés aux mots répression, expropriation et abus de pouvoir.
AREVA projette d’y construire prochainement six réacteurs nucléaires pour une puissance totale de 9900 mégawatts (MW). Son partenaire indien, la Nuclear Power Corporation of India Ltd (NPCIL), veut faire de Jaitapur « le plus grand complexe nucléaire du monde ».
Les expropriations en cours sont menées au nom d’une loi sur les acquisitions de terres datant de l’époque coloniale. Plus de 95 % des propriétaires concernés ont refusé l’indemnisation offerte par le gouvernement. Contrôlée par ce dernier, l’entreprise NPCIL envisage de déraciner les quarante mille résidents qui vivent des ressources naturelles et des produits de cet écosystème : Une zone entière va être dépeuplée et cinq villages vont être évacués.
Ces villages qui entourent Jaitapur, à quelque quatre cents kilomètres au sud de Bombay sont au cœur d’une des dix plus grandes réserves mondiales de biodiversité de la planète (reconnue par l’UNESCO)
Plus grave, Jaitapur est située dans une zone hautement sismique – classée 4 sur une échelle de 5 – et proche du littoral :
« Au cours des vingt dernières années, relève l’organisation environnementale Greenpeace, Jaitapur a connu trois tremblements de terre dépassant le niveau 5 sur l’échelle de Richter ; celui de 1993, d’une intensité de 6,3, a tué neuf mille personnes. Rien de tout cela n’a été pris en compte lors du choix du site. »
La résistance antinucléaire est d’un pacifisme exemplaire. En dépit des manipulations, des répressions violentes et d’arrestations massives, la population de Jaitapur reste unie dans son opposition au projet. Affiches, manifestations, marches et actes de désobéissance civile : depuis quatre ans, elle mène campagne.
Au regard de nouvelles arrestations, de nombreuses ONG et collectifs antinucléaires français adressent aujourd’hui une lettre de protestation à AREVA et au gouvernement indien.

Afin de porter haut cet appel, nous vous invitons à faire entendre votre voix citoyenne et solidaire en ajoutant votre signature à cette lettre afin de soutenir la résistance indienne, bafouée dans ses droits les plus élémentaires et dénoncer l’entêtement insensé et scandaleux d’AREVA et du gouvernement indien.

Article complet sur Mediapart
Benji

10 Commentaires

  1. et ils continuent avec leur sales centrales de merde les energies renouvelable c’est deja oublié , politique de merde pour un monde de merde

  2. et oui la France championne du mon de la merde !

  3. donc il peut y avoir des Fukushima, des choses très alarmantes mais apparemment ça ne sert à rien quand les catastrophes arrivent. Et oui et ailleurs qu en France on peut faire du mal pas de soucis…

  4. On parie qu’ils vont les construire dans des zones à risque (séismes, tsunamis) ?

  5. Bonjour Madame BOPAL
    Vous voulez pourrir jusqu’au trou du cul
    grâce à AREVA!

  6. AREVA, un rêve entre deux triangles…

  7. au fait , qui c’est mr MITAL ? que les ouvriers d’arcelor se renseignent bien . pas pres de leurs syndicat , bien sur , car tous vendu .
    que valent quelques centaines d’emplois face a des avions de chasse et des central nucleaire ??????

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