2012 – Etranglés par le chômage, des millions d’Européens basculent dans la pauvreté

Des personnes font la queue le 26 octobre 2012 devant une agence pour l’emploi à Madrid

Etranglés par le chômage et la rigueur, des millions d’Européens ont basculé cette année dans la pauvreté qui frappe les classes moyennes, ébranle la cohésion sociale et atteint des groupes jusque-là préservés comme les femmes et les enfants.

“Le trou noir est de plus en plus grand”, s’inquiète Mercedes Gonzalez, une Espagnole de 52 ans qui, avec moins de 800 euros par mois, se bat pour assurer le quotidien d’une famille au chômage à Fuenlabrada, en banlieue de Madrid.

En juillet, elle touchait encore, comme son mari, une aide gouvernementale de 426 euros, aujourd’hui réduite à 360 euros. “Pendant ce temps, la nourriture et les factures augmentent avec la hausse de la TVA” depuis septembre, raconte-t-elle.

“Les choses vont de mal en pis, nous sommes asphyxiés”: la lassitude perce dans la voix de cette petite femme bourrée d’énergie, vendeuse au chômage dont le mari, charpentier, et deux des trois fils adultes sont eux aussi sans emploi.

L’Espagne, quatrième économie de la zone euro, affiche les ingrédients d’une crise sociale majeure: un quart des actifs au chômage, une politique d’austérité historique, des coupes implacables dans l’éducation et la santé, des milliers de familles surendettées jetées à la rue.

Dans ce pays, où deux petits propriétaires menacés d’expulsion se sont suicidés récemment, comme en Grèce ou en Italie, deux autres pays du sud de l’Europe minés par la récession, la crise parfois vire à la tragédie.

Fin mars, l’Italie toute entière s’était émue du geste désespéré de Giuseppe Campaniello, un maçon au chômage de Bologne, poursuivi pour ne pas avoir payé ses impôts, qui s’était immolé par le feu.

Des bénévoles collectent des denrées et des vêtements le 23 décembre 2012 à Athènes pour donner aux pauvres

“Guiseppe a été victime d’un système qui fonctionne contre les citoyens”, accuse sa veuve âgée de 48 ans, Tiziana Marrone.

“Giuseppe n’a reçu aucune aide. Il a senti qu’il était le dos au mur”, ajoute-t-elle, avec des mots très durs: “Ce n’est pas un suicide lié à la crise, c’est un crime cautionné par l’Etat”.

Mais c’est sans doute la Grèce, avec son économie sous tutelle et un chômage record (26%), qui subit l’impact social le plus dramatique de la crise: 31% de ses habitants étaient en 2011 en danger de pauvreté ou d’exclusion, selon Eurostat, contre une moyenne européenne de 24,2%.

George Tsouvalakis, charpentier sans travail de 31 ans, et sa femme Lia, 30 ans, font partie de cette “génération perdue”.

Avec leur petite fille de deux ans, ils cherchent à quitter le pays mais ne peuvent se payer un billet d’avion. Leurs revenus, plus de 2.500 euros avant la crise, ont fondu à entre 0 et 400 euros par mois.

“Nous n’avons pas les moyens de partir. Nous sommes prisonniers de nos maisons”, confie Lia.

Nilce Carvalho, une étudiante portugaise de 29 ans qui a terminé une maîtrise en Arts du spectacle dans la prestigieuse université de Coimbra, a imaginé un autre moyen de s’en sortir: lancer un appel sur Facebook pour effacer la dette qui l’empêche d’empocher son diplôme.

Car sous l’effet de l’austérité gouvernementale, sa bourse a été réduite de 400 à 98 euros et elle doit ainsi mille euros de frais de scolarité. “C’était très difficile. Ce n’est pas évident d’exposer comme ça ses difficultés”, raconte-t-elle.

Dans ces pays, les organisations humanitaires tournent à plein face à une pauvreté qui prend de nouveaux visages.

Lia Tsouvalakis joue avec sa fille dans leur petit appartement de Palia Kokkinia, près du Pirée, le 22 novembre 2012

“Ce sont des familles dont tous les membres en âge de travailler sont au chômage, des gens qui perdent leur logement parce qu’ils sont expulsés, qui ne sont pas habitués à recourir aux réseaux de protection sociale”, souligne Fernando Cuevas, porte-parole de la Croix-Rouge espagnole.

Les ONG s’inquiètent particulièrement du sort des femmes et des enfants, jusque-là préservés par des mécanismes de solidarité familiale qui vacillent.

“Où est aujourd’hui la classe moyenne en Espagne?”, s’interroge David Polo, qui s’occupe des sans-abri pour Caritas à Burgos, une ville du nord du pays. “Elle se fracture. Nous commençons à voir une polarisation de cette classe”.

L’Unicef a recensé 2.200.000 enfants vivant sous le seuil de pauvreté en Espagne. Au Portugal, le ministère de l’Education a révélé fin novembre qu’en moins de vingt jours, le nombre d’élèves souffrant de carence alimentaire était passé de 10.000 à près de 13.000.

Même les retraités, dont certains assument la charge de familles entières, ne sont plus épargnés: le gouvernement de droite espagnol vient d’annoncer que la revalorisation des pensions serait moindre que prévu en 2013, brisant le tabou d’une promesse électorale sur un sujet ultra-sensible.

Source: Boursorama

Benji

6 Commentaires

  1. Faites du jardin, récupérer l’eau de pluie, des toilettes sèches, du composte, quelques poules, lapins, du troc, des services. Ceux qui ne peuvent pas matériellement peuvent aider… On a pas besoin de travail on a juste besoin d’apprendre à travailler autrement.

  2. sur bfw bizness , zont commencer à parler de la baisse des salaires en france , za les za pas fait rire les journaleux zont meme eux bccccqqqqq de mal à sortir les mots de leurs bouches et zont vite mis fin à leur matinal avec des regards vraiment dépité

    • Salaires, retraites, assurances, sécu, ils savent ce qu’il les attend au niveau infos pour 2013, c’est pour ça qu’ils font moins les malins, faire semblant de partager la souffrance des télespectateurs, c’est un métier, ça va pas être simple, Doze par exemple perd parfois son sang froid et nous lâche un rire alors qu’il parle de la grèce et de son esclavage, comme quoi c’est pas facile ce métier 😀

    • Fallait surtout les voir se débattre avec des mots comme “récipiendaire” … On aurait dit des chiots découvrant le jouet qui fait “pouêt”. 🙂

  3. Et ce n’est pas fini. A en croire certains, du moins … Avec lesquels je serais plutôt d’accord.

    Ne vous fiez pas au titre de la vidéo, les “Guidestones” ne sont même pas mentionnés, même si on peut faire le parallèle. Le mot-clef est “collapse”. VOSTFR . En bref; le pire est à venir. Ca va sérieusement se corser quand on commencera à sentir les effets de l’épuisement du pétrole.

    http://www.youtube.com/watch?v=zaudqlbYBxk

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