Émoi après l’interdiction d’un médicament contre la cécité

Cela fait les gros titres de certains quotidiens télévisés, le Lavastin, traitement contre la cécité et coutant entre 30€ et 50€ se voit interdit au profit du Lucentis qui atteint les 800 euros!!! Le bilan est catastrophique puisque ni les hôpitaux ni la sécurité sociale ne peuvent assumer le cout d’un tel médicament dont le prix n’est peut-être pas justifié. On pourrait facilement penser que le but, outre le profit pour un laboratoire médical peut honnête, est d’affaiblir encore plus le système de santé et au final privatiser à outrance. Le pire, c’est le rappel des essais des deux médicaments avec les taux de décès ou des effets secondaires, très naturellement, comme s’il était normal que des médicaments tuent ou aient des effets indésirables…

Des médecins critiquent la décision qui frappe l’Avastin, efficace et bien moins onéreux que son concurrent, le Lucentis, seul autorisé dans les hôpitaux pour cette pathologie.

La Direction générale de la santé a envoyé la semaine dernière une circulaire à tous les directeurs d’agence régionale de santé leur demandant d’interdire aux hôpitaux d’utiliser l’Avastin pour traiter la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), une maladie de l’œil qui menace la vision. «La préparation de seringues par répartition aseptique d’une solution de bévacizumab (Avastin) pour injection intravitréenne est interdite, compte tenu de l’existence d’une spécialité adaptée (Lucentis, ranibizumab) possédant une autorisation de mise sur le marché pour le traitement de la DMLA et spécifiquement formulée et présentée pour les injections intravitréeennes», conclut la lettre signée par le directeur général de la santé, Jean-Yves Grall, dont Le Figaro a pris connaissance.

Cette interdiction a provoqué une véritable consternation dans tous les grands services d’ophtalmologie des hôpitaux français, qui utilisent largement ce médicament. À l’heure où les dépenses de santé explosent, où la note Moody’s des hôpitaux publics a été dégradée, cette décision semble très étonnante: l’Avastin, le médicament interdit, coûte entre 30 et 50 euros la dose ; le Lucentis, autorisé, vaut 800 euros!

Une autorisation temporaire

Actuellement, en Espagne et en Italie, les médecins ne prescrivent que l’Avastin, tout comme une majorité aux États-Unis et en Suisse. Dans de nombreux pays, l’usage de l’Avastin dépasse celui du ­Lucentis, trop onéreux pour les systèmes d’assurance-maladie. Le Pr Gilles Aulagner (Hospices civils de Lyon), qui copilote un essai thérapeutique comparant les deux médicaments, a écrit à la ministre de la Santé, Marisol Touraine, pour lui demander de revoir cette décision. Cette interdiction est d’autant plus surprenante que le Pr Jean-Luc Harousseau, directeur général de la Haute Autorité de santé, avait envisagé tout récemment de demander une «recommandation temporaire d’utilisation» pour l’Avastin, en ophtalmologie.

Actuellement, la dégénérescence maculaire liée à l’âge toucherait entre 15 et 20 % des plus de 80 ans, sous deux formes qui s’installent progressivement, l’une dite sèche (70 % des malades), pour laquelle il n’y a pas de traitement pour l’instant, et l’autre, «humide», caractérisée par une prolifération vasculaire derrière la rétine. Dans les années 1990, un chercheur américain, Judah Folkman, développe l’idée qu’en s’attaquant au facteur de croissance stimulant les vaisseaux, le VEGF, il est possible de détruire la vascularisation d’une tumeur, et donc la tumeur elle-même. La firme Genentech met alors au point des anticorps contre ce facteur de croissance et vend deux brevets. L’un à Roche, qui met au point l’Avastin, un médicament contre le cancer du côlon, et l’autre à Novartis, qui commercialise le Lucentis, un médicament qui s’avère efficace en injection oculaire dans la forme humide de la DMLA, évitant la cécité à des centaines de milliers de personnes.

Un prix prohibitif

En 2006, le Lucentis est autorisé partout dans le monde contre la DMLA au prix prohibitif de 1200 euros la dose (depuis, la firme a baissé un peu le prix), sachant qu’il faut renouveler les injections une fois par mois environ. À la même époque, un ophtalmologiste américain atteint d’une DMLA aurait remarqué une amélioration très nette de sa vision après avoir reçu plusieurs perfusions d’Avastin pour un cancer du côlon. L’information circule, et, très vite, des médecins américains commencent à utiliser de manière sauvage l’Avastin en injection oculaire pour un coût de l’ordre de 30 à 50 euros la dose, sans qu’il soit autorisé par les autorités sanitaires.

Plusieurs grands essais comparant les deux médicaments sont alors lancés. Le dernier, dit Catt, publié dans la revue Ophtalmology en avril 2012, portant sur près de 1200 patients, conclut que l’efficacité des deux molécules est identique. Le taux de décès est également similaire. Un peu plus d’effets secondaires généraux sont observés avec l’Avastin (39,9 %) par rapport au Lucentis (31,7 %). Un essai anglais Ivan, publié également en mai 2012, portant sur 610 patients, affirme que les deux médicaments ont une efficacité et une sécurité similaire, un tout petit peu plus d’accidents cardiaques étant observés, cette fois, avec le Lucentis. En France, un essai Gefal devrait bientôt être rendu public. «Nous n’avons pas observé de différences entre les deux groupes en termes d’effets secondaires», précise le Pr Laurent Kodjikian (Hospices civils de Lyon), investigateur principal de cet essai. Jusqu’à ce coup d’arrêt en France, plusieurs services hospitaliers d’ophtalmologie faisaient conditionner par les pharmacies des hôpitaux des doses d’Avastin à utiliser en injection intra-oculaire, le produit n’étant disponible que sous une forme utilisée en cancérologie.

La Direction de la santé explique que l’interdiction a été décidée du fait de cas groupés d’infection de l’œil aux États-Unis avec l’Avastin, sans doute liée à une mauvaise préparation. Quelques cas ont également été décrits avec le Lucentis. Cette interdiction – la seule au monde -, qui traduit, selon les experts, une application rigide du principe de précaution, risque de coûter très cher à la Sécurité sociale, de l’ordre de 200 à 500 millions d’euros. Vu le contexte économique, l’affaire Avastin-Lucentis va devenir un cas d’école.


«La suppression de l’Avastin pose un grave problème»

La Pr Dominique Chauvaud, ophtalmologiste hospitalière, ne comprend pas l’interdiction de l’Avastin: «De nombreuses études démontrent l’équivalence entre l’Avastin et le Lucentis. L’Avastin n’étant pas prêt à l’emploi pour la pathologie oculaire, dans ce cas, il doit donc être dilué et injecté dans les heures suivant la préparation. Le danger de l’Avastin en ophtalmologie – surdosage, infection – serait lié à une préparation inadéquate. C’est la raison pour laquelle, en France, l’Avastin était utilisé par les sites ayant accès à l’Avastin préparé en laboratoires hospitaliers, délivrant des seringues prêtes à l’emploi pour l’ophtalmologie. En pratique, l’Avastin était utilisé dans les hopitaux et le Lucentis en libéral. Depuis l’interdiction, les pharmacies des hopitaux ne préparent plus l’Avastin. Sa suppression pose un grave problème de santé publique. Le prix élevé du Lucentis ne permet pas au budget des hopitaux de fournir ce médicament comme c’était le cas pour l’Avastin, considérablement moins onéreux. Maintenant, les patients achètent le Lucentis en pharmacie. Ce sont donc les caisses d’assurance-maladie qui devront payer ce surcoût considérable, compte tenu du nombre important de patients à traiter. Pendant combien de temps pourront-elles le faire?

Source: Lefigaro.fr

 

Benji

9 Commentaires

  1. un scandale médical habituel, vu les liens d’intérêts.Ils font ça pour tous les médicaments efficaces. Ils les suppriment pour vendre des merdias à des prix prohibitifs. Je croyais que les hôpitaux n’avaient pas d’argent ? En tout cas du côté des assurés sociaux yen a marre des labos de m…e. à ce prix l, il vaut mieux faire le voyage en Inde ou en Chine pour se soigner.

  2. quand les gens vont il ce révolté ? il n’y a plus rien à perdre de toute façon .

  3. Pas cher et efficace, logique.
    Circulez y’a rien à voir.

  4. Hebdo du 1er AOUT 2012 – INTERVIEW – En plus du CANCER, ils doivent faire face à l’angoisse… 8’000 MALADES EN SURSIS. Bernard de VALON est pilote de ligne.
    C’est une question de jours. Une catastrophe Sanitaire se prépare…
    PARIS – C’est comme une bombe à retardement, un compte à rebours à l’issue fatale. Depuis trois mois, les patients atteints d’un certain cancer de la vessie ne peuvent plus se soigner à cause d’une rupture de stocks d’un médicament l’ImmuCyst ! Bernard de Valon fait partie de ces malades inquiets…. L’ImmuCyst est-il le seul médicament efficace qui permet de guérir de ce type d’affection ?
    Bernard de Valon : OUI.
    Ce qu’il faut comprendre c’est que 80 % de ces cancers de la vessie sont détectés à temps et s’avèrent superficiels. On les enraye très bien avec l’Immu-Cyst. Les autres médicaments sont moins performants et plus rarement utilisés.
    Or, depuis le mois d’Avril 2012 l’ImmuCyst n’est plus distribué en France et dans le Monde…
    Oui , depuis presque trois mois, l’ImmuCyst est introuvable dans les Pharmacies et les Hôpitaux. Or, le problème, c’est qu’une fois le traitement commencé, on ne peut pas le poursuivre avec un autre type de médicaments.
    Ça concerne des milliers de personnes. Certains malades vont devoir subir une ablation. Il y a des drames humains qui se préparent.
    POURQUOI la production s’est-elle arrêtée ?
    Eh bien, on ne sait pas, justement. On est très mal informés, comme si on voulait cacher la Vérité.
    On évoque des « manquements graves » dans la fabrication du produit ou « une contamination des souches BCG ».
    Les raisons de l’interruption de la fabrication sont-elles techniques ou seulement économiques, ce n’est pas clair du tout… La seule chose certaine, c’est que le médicament n’est plus fabriqué depuis au moins trois mois.
    COMMENT réagissent les Médecins ?
    Les Chirurgiens ne parlent que de cela. COMMENT expliquer que l’ImmuCyst n’ait été fabriqué que par un seul Laboratoire : « SANOFI PASTEUR au CANADA ». Ce quasi Monopole est un scandale. POURQUOI n’a-t’on pas prévu d’autres Centres de fabrications ? alors que l’on nous parle sans arrêt de « principes de précaution » ?
    QUE VONT DEVENIR les MALADES ? Puisque l’ImmuCyst n’existe plus pour le moment dans le circuit Médical, les urologues procèdent comme avec les autres cancers avec instillation de mitomycine, une chimiothérapie locale. Le taux de guérison descend à 30-40 %. Vous rendez-vous compte ?
    On guérit moitié moins de patients. Les Autorités Sanitaires parlent, toutefois, de débloquer 12’000 doses du médicament qui auraient entre-temps été » mises en quarantaine ? C’est une goutte d’eau.
    Quand un cancer de la vessie est découvert, il ne faut pas traîner car il se développe vite. C’est parfois, une histoire de jours. Sans l’ImmuCyst, je le répète, il va y avoir de nombreuses victimes.
    COMMENT peut-on agir pour relancer la production ? Informer et en parler, le plus possible.
    J’ai écrit aux Ministères et aux hommes Politiques. Pour l’instant, ça ne réagit pas beaucoup !
    On évoque un retour à la Normale seulement FIN 2013. Et, encore, ça reste hypothétique. D’ici là, combien de tragédies ?
    Nous sommes face à une véritable catastrophe Sanitaire et personne n’en parle !

  5. ah le pouvoir des laboratoires…un jour un médecin m’a dit que l’on ne verrait jamais en France un système à l’anglaise à savoir:

    – on ne prescrit pas une “marque” mais une formule chimique et sa posologie, le médicament est juste donné dans un sachet

    – on ne donne pas des boites de 30 comprimés mais juste ce que le médecin a prescrit

    allez comprendre…

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