Blé non-OGM résistant aux terrains salins

Où l’on comprend pourquoi il faut empêcher les producteurs d’OGM de s’approprier le patrimoine universel.

Après plusieurs années d’expérimentation, une équipe australienne vient de prouver, non seulement que sa nouvelle variété de blé tolérante aux terrains salins a produit 25% de plus que son homologue non modifié, mais également a démonté les mécanismes de cette résistance. Tout ceci avec des techniques de croisement qui ne sont pas OGM.

L’équipe est conduite par les Dr Matthew Gilliham (voir [1] plus bas), Dr Rana Munns and Dr Richard James, dans le cadre d’une collaboration entre l’université d’Adélaïde, le CSIRO (le CNRS australien), le département nouvelles industries du NSW (la région de New South Wales), le Australian Centre for Plant Functional Genomics et le Centre of Excellence in Plant Energy Biology.

Ce blé dur (“durum wheat” ou triticum durum) a reçu ce gène, qui lui donne sa résistance au sel, d’une espèce cousine triticum monococcum; “ce gène de tolérance au sel travaille en enlevant le sodium des feuilles”, dit le Dr Gilliham, “Il produit une protéine qui retire les sodium des cellules placées le long du xylème, autrement dit des conduits que ces plantes utilisent pour transporter l’eau des racines aux feuilles.”

De plus, ajoute le Dr James, “dans des conditions normales [de sol], le blé contenant le gène de tolérance au sel se comporte exactement comme le blé traditionnel. Mais dans des conditions salées, il fait mieux que son parent, avec des récoltes jusqu’à 25% plus élevées. C’est très important pour les fermiers car il n’auraient ainsi qu’un seul type de blé à semer sur leurs parcelles qui contiennent des sections plus salines”.

“D’un point de vue global, le problème de salinité des sols affecte plus de 20% des sols agricoles, et la salinité sera un plus grand danger encore pour le production alimentaire à cause du changement de climat”, dit le Dr Munns. Clairement, c’est un type d’argument qui nécessite cependant un recul politique afin de voir, au-delà des problèmes naturels, l’origine réelle de la faim dans le monde. Un blé qui donnerait un meilleur rendement sur 20% des territoire agricoles est une très bonne nouvelle: mais à qui appartiendrait ce blé? A qui appartiendrait ce sol: le fermier, la Chine, le Qatar, une multinationale? Où irait la moisson? Qui en empocherait les bénéfices?

Le blé dur est utilisé pour la fabrication des pâtes, semoules et autres. Les chercheurs viennent aussi de croiser ce gène avec le blé qui sert à la production du pain et ont commencé les premiers tests en grandeur réelle. Il y a plus de 7 000 ans que le blé est cultivé: il a été croisé, sélectionné, et il est devenu en occident une des céréales de choix. Il n’existe pas une seule espèce de blé, mais plusieurs: c’est une richesse mondiale qu’il faut préserver et étudier pour le bénéfice de tous. Aimeriez vous payer par exemple 1% de taxe sur votre baguette de pain à une compagnie américaine et aller en prison si vous ne payez pas?  Est-ce juste que Monsanto tente de s’approprier des traits naturels d’un melon, ou de privatiser des séquences d’ADN du cochon?

Les promesses de l’industrie OGM sont toujours pour demain et ne se sont pas matérialisées: où sont le riz enrichi en vitamines, les céréales résistantes aux sécheresses? En plus de cela, les chiffres avancés par les pro-OGM semblent indiquer une culture mondiale irrémédiablement changée: 134 millions d’hectares dans le monde de plantes OGM (2010)! Cette superficie, comparable à celle de la Mongolie ou deux fois celle de la France, ne représente en fait que 3% des terres agricoles. De ces 3%, une grande partie (99%) est “invisible” au consommateur car utilisée pour les carburants bio et la nourriture animale, avec seulement les traits de tolérance à l’herbicide et/ou résistance aux insectes.

Il n’est donc pas trop tard donc pour arrêter cette pollution insidieuse de notre biosphère, car ne nous leurrons pas, ces 3% ont déjà eu un impact négatif sur notre environnement, sans compter les cas nombreux de pollinisation croisée/pollution intempestive constatés aux US et au Mexique.

En conséquence, il me semble souhaitable et même logique de:
– Garder le patrimoine mondial libre d’accès à tous et pour toujours.
– Refuser de vendre le vivant au secteur privé.
– En finir avec les mythes et légendes colportés par les compagnies empoisonneuses-tueuses: si vous travaillez directement pour elles, à quel niveau que ce soit, comment osez vous encore regarder votre image dans un miroir?
– Mettre plus de deniers publics dans la recherche, au profit de tous, plutôt que de nettoyer après les industries pollueuses et tueuses, qui s’approprient notre bien général pour le bien de quelques uns.

Références

  1. Rana Munns, Richard A James, Bo Xu, Asmini Athman, Simon J Conn, Charlotte Jordans, Caitlin S Byrt, Ray A Hare, Stephen D Tyerman, Mark Tester, Darren Plett, Matthew Gilliham. Wheat grain yield on saline soils is improved by an ancestral Na transporter gene. Nature Biotechnology, 2012; DOI: 10.1038/nbt.2120
  2. University of Adelaide. “World breakthrough on salt-tolerant wheat.” ScienceDaily, 11 Mar. 2012. Web. 13 Apr. 2012.
  3. Monsanto brevète des traits naturels du melon indien: http://www.thehindu.com/news/national/article2861063.ece
  4. Documentaire (en anglais) sur le cochon http://www.documentarywire.com/patent-for-a-pig

 Source: vegetarianprovence

5 Commentaires

  1. Il n’empêche que OGM ou pas, la sélection génétique pratiquée par l’Homme contribue grandement à un appauvrissement du patrimoine génétique (de l’ordre de 75 % du patrimoine perdu pour les espèces animales et végétales comestibles). Et qu’en plus de donner une nourriture de moins en moins variée, ces monocultures hyperspécialisées deviennent de plus en plus vulnérables (microbes, insectes, moisissures, animaux, autres végétaux) et susceptible de présenter des déficiences génétiques.

  2. oui,  bien sur…

    dans le Nord de la france, le gouvernement a accepter l autorisation de la patate
    ogm, pour la célulose…pour les emballages…

    probléme:  le jour ou il y aura mélange de patates..
    comment reconnaitre les patates OGM et non OGM..

    De plus ils ont réussis à entrouvrir la porte avec cette production de patates sur le sol français , hors nous avions dit Non aux OGM..

    question: les Américains sont les plus grands producteurs de plantent OGM…
        mais a part les pays sous développés personne ne veut manger de ces produits OGM..
    dONC QUESTION : qui mange les produit OGM..??

    et bien ….VOUS…

    Les produits sont mélangés aux farines animals en granulés et toute la chaine alimentaire s en nourrie: poule, lapin , canard , cochon etc
    sauf deux : le mouton et le cheval…
    bien qu ils mangent souvent de l herbe contaminés, leur maladie difficilement décelable, car vont trés vite a l abattoir…

    le plus grand mangeur OGM et qui se goinfre , l homme en précarité..
    bien souvent dans les magasins de chaine bien connu, la viande la moins chére  et qui se mange bien souvent entre 2 tranches de pain…le jambon et autres charcuterie..
    facile de reconaitre les mangeurs, ils deviennent gros…
    d ou la campagne d information télévisé sur l obésitée…
    cela explique aussi l augmentation de cancer.
    et les problémes de reproduction chez la femme comme chez l homme…

    oui., le systéme , et  tous savent que c est le systéme qui est responsable…
    mais comment dire non a ce systéme, sachant que ces gens seront de futur bon clients..
    les docteurs savent.
    les politiques savent.
    les gens savent aussi et font semblant de ne pas savoir….
    tout le monde sait ,et tout le monde se tait…

    étrange le monde dans lequel nous vivons…
     

  3. Les surfaces plantées en plantes génetiquement modifiées, c’est plus de 10 % des surfaces cultivées et pas 3 % comme vous le dites. A comparer avec les surfaces cultivées en bio: moins de 1 % des surfaces cultivées. Il existe un riz enrichi en vitamine A : le riz dit doré. Créé il y a dix ans il arrivera sur le marché seulement en 2013 et des milliers de petits africains seront devenus aveugles à cause du retard de cette commercialisation.Ce riz doré est un riz qui n’est pas commercialisé par un semencier. C’est le fruit d’une recherche publique, sans aucune redevance à payer. Des travaux sont en train d’aboutir sur le manioc.
    Quant au coton Bt , il fait le bonheur des africains du Burkina-Fasso qui augmentent leur revenus et diminuent les traitements chimiques par deux.Ils vont donc être bientôt imités par d’autres pays africains.

  4. Le riz doré existe en version GR1 et GR2. GR1 n’a jamais été prouvé d’aucune utilité, et n’a jamais eu de test officiel de laboratoire prouvant un avantage quelconque ainsi que l’absence de toxicité. Le GR2 est issu de recherches par SYNGENTA et référence en fait plusieurs variétés expérimentales : SYNGENTA a en prêté sous licence à des laboratoires pour les aider dans leurs recherches. Le cadre scientifique vise à créer une provitamine A (et non pas une vitamine A) : l’organisme, sous certaines conditions à définir, serait à même de la convertir en vitamine. Conditions d’hygiène (au potable) et présence suffisante de graisses dans l’alimentation.

    La vrai question est de savoir pourquoi implémenter une solution nouvelle quand avoir une alimentation diversifiée suffit à pallier aux carences, que ce soit en légumes verts, ou même en variétés existantes de riz colorés (noir, violet) déjà plus riches en vitamine A que le riz doré si je ne m’abuse ! Il s’agit d’une question politique plus que commerciale. Je citerai par exemple la crise du riz : voir le livre de Stiglitz sur la mondialisation. De plus, la culture intensive du riz en Asie a provoqué les premières carences alimentaires et famines dans cette région du globe qui, avant cela, pouvait vivre en auto-suffisance.

    Il convient de noter également que les prix des additifs en vitamine A est de loin inférieur à celui du riz modifié. En plus, un petit jardin maraîcher domestique suffit à fournir un apport à une grande famille (cf résultats de travaux de la FAO à ce sujet), et fournit en plus les autres vitamines qui sont tout autant nécessaires à la survie.

    Finalement, la culture du riz en Afrique reste marginale, demande des ressources en eau élevée, ainsi qu’une gestion technique compliquée : ce n’est pas vraiment une céréale que je vois adaptée aux climats sub-sahariens, qui sont ceux le plus touchés par la malnutrition.

Les commentaires sont clos.