Et si on ouvrait, entre voisins, une épicerie bio, locale et équitable ?

Une idée intéressante, peut être pas la meilleure aux yeux de certains, mais qui peut déjà  rendre quelques services…

Une épicerie (bhamsandwich/Flickr/CC)

Une épicerie bio proposant des produits locaux dans la cave de son voisin ou au coin de sa rue… Tout en bénéficiant d’achats groupés et à prix cassés… C’est possible ! Et de plus en plus répandu. Terminées les longues files d’attente, les achats-corvées dans les hypermarchés et leurs prix à marge forcée.

Cette fois, c’est le consomm’acteur qui décide, qui organise et qui gère ses stocks. Il y a deux ans naissait le premier micro-magasin « 3 P’tits Pois » à Lyon, dans le 7e arrondissement. Aujourd’hui, ils sont une vingtaine dans toute la ville.

Et la tendance pourrait se développer partout en France : un cinquième de la population se mobilise déjà en faveur d’une consommation dite « responsable », selon le cabinet de conseil Ethicity.

L’idée

L’épicerie (via « 3 P’tits Pois »)

Pour un quart des Français, un produit « responsable » doit être « fabriqué localement », d’après l’étude. Le « label » local garantit à leurs yeux « une éthique sociale et une plus grande proximité avec les acteurs ».

Alors, ni une, ni deux, Olivier Bidaut et Julien Waste créent les « 3 P’tits Pois » en 2010, coopérative de distribution de produits « bio-logiques » avec des producteurs et des fabricants, situés le plus près possible de la région Rhône-Alpes.

Cette offre, en circuit court, ne concerne que les produits types d’une épicerie : conserves, huiles… mais pas les produits frais. Elle vient s’ajouter à celle existante de fruits et de légumes, proposée sur les marchés de producteurs ou dans les Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap). Avec une innovation majeure : les produits sont distribués dans des espaces, gérés par les consommateurs eux-mêmes.

Le succès est immédiat. Les deux hommes viennent de lancer le concept des « micro-épiceries autogérées » : rapprocher les commerces du lieu de vie des habitants, faire entrer le bio dans les quartiers et profiter du réseau à moindre coût des « 3 P’tits Pois », explique Olivier Bidaut, 35 ans.

« Nous proposons aux participants qui vivent loin de notre point de vente de se constituer en groupes et de trouver un lieu de stockage. Ensuite, ils n’ont plus qu’à choisir parmi nos 600 propositions. »

Une fois par mois, la coopérative se charge des livraisons sur les lieux choisis par les différents groupes. Aux adhérents, ensuite, d’aller se servir dans leur « garde-manger collectif », à toute heure du jour et de la nuit.

A ce jour, quelque 150 foyers ont rejoint le dispositif. Pour ceux qui souhaitent se lancer dans l’aventure, rien de plus simple. Ils s’inscrivent en ligne et se positionnent sur une carte de la ville. Dès qu’une dizaine de points bleus apparaissent sur leur zone, ils peuvent alors passer à l’action et installer leur propre épicerie.

Comment la mettre en pratique ?

Une fois le cercle de voisins ou d’amis constitué, reste à trouver un lieu de stockage. Olivier Bidaut donne certaines pistes :

« Une cave, un grenier, des locaux associatifs peuvent très bien faire l’affaire, pourvu que tous les membres puissent y accéder librement. »

Il revient également aux groupes de s’équiper en étagères, balances, boîtes, bocaux et autres cabas : tous les produits sont vendus en vrac, pour limiter les emballages.

Une fois la logistique mise au point, les particuliers sélectionnent leurs produits. On est loin des quelque 40 000 produits proposés par une grande surface. Mais ici, les choix correspondent parfaitement aux aspirations. Ludovic, 26 ans :

« Nous avons choisi une cinquantaine de références : farine, chocolat, vin, ainsi que des produits d’hygiène et d’entretien. Et nous complétons, pour les produits frais, avec une Amap. »

De quoi séduire tous les publics, raconte Paul Martin, qui vient de rejoindre la coopérative « 3 P’tits Pois », après avoir été leur client pendant plusieurs mois.

« De plus, les acheteurs ne sont pas tenus d’utiliser tous les produits qui ont été livrés. En fin de mois, chacun règle seulement ce qu’il a consommé et peut retourner ce qui lui reste. »

Lors de l’inscription, une caution est exigée, d’un montant équivalent à la valeur du stock, soit 20 à 30 euros par personne en moyenne. Un investissement initial très modeste donc.

Ce qu’il reste à faire

A ce jour, les micro-épiceries ne représentent encore que 15 % du chiffre d’affaires des « 3 P’tits Pois ». La démarche repose sur la capacité des gens à se fédérer et à adhérer. En moyenne, chaque groupe commande une trentaine de références.

Faute d’entente, les accords se font parfois a minima, autour d’une quinzaine de produits… Pas étonnant donc, pour Olivier Dauvers, éditeur et expert de la grande distribution, que ce type d’initiatives reste marginal :

« Le tout sous un même toit a fait le succès de la grande distribution et aucune filière courte ne pourra garantir le même niveau de choix et de praticité. Aujourd’hui, le consommateur n’est pas prêt à payer plus cher pour de la qualité ou à renoncer à la grande surface, sinon pour un ou deux de ses quatorze repas par semaine. »

Charles Pernin, chargé de mission alimentation à Consommation logement cadre de vie (CLCV), explique le développement encore limité de cette consomm’action par son coût : certes plus accessible que dans les magasins bio traditionnels (10 à 15% moins cher), mais toujours au-dessus des prix pratiqués pour les produits non bio.

« En période de crise, les ménages manquent de ressources économiques et ne peuvent traduire leur motivation en actes d’achat. Par conséquent, circuits courts riment souvent avec niveau de vie aisé. »

Une solution existe : adapter les prix en fonction des revenus. C’est le cas chez Solid’Arles, une épicerie solidaire, initiée notamment par l’association CLCV. Installée depuis 2008 au pied d’une barre HLM à Arles, elle pratique, non sans difficultés, la vente directe de produits frais et locaux : les plus modestes paient 30 % de moins que les plus aisés… Une démarche qui fait écho au slogan de l’organisation éponyme : « un P’tit Pois pour moi, un grand pas pour l’humanité ».

Source: Rue89.com

Benji

21 Commentaires

  1. Super initiative,

    En circuit-court et en court-circuit….de la grande distribution.

    C’est sûr, les Mulliez, Leclers et consorts ne vont pas apprécier !

    Attention répression en devenir !

  2. oui, c’est une super idée et j’y pense justement! aussi y ajouter les légumes et les oeufs de mon jardin, et créer une asso et proposer des spécialités culinaires, ensuite aussi des repas à prendre ensemble parce que c’est plus sympa, et partager ainsi des idées, de temps en temps aussi des ateliers, des visionages de vidéos, des discutions thématiques pour ainsi faire circuler les infos comme on le fait ici mais de façon directe et chaleureuse.

  3. A Auroville il existe ainsi une boutique bio basée sur le système des AMAP, tu payes une certaines somme par mois et tu viens te servir. La somme est calculée pour convenir à ta consommation. Les prix ne sont pas indiqués. On te fais confiance pour prendre ce que tu veux sans excés.Ils se sont aperçu que certains prennent un peu plus, mais d’autres moins et cela s’équilibre. Je trouve l’idée excellente!

  4. C’est presque génial, un petit effort sur les prix pour faire une réelle différence avec la grande distribution et le tour est joué..

  5. Ouest-ce qu’un AMAP ?
    http://www.reseau-amap.org/amap.php
     
    Extrait:
    Le fonctionnement
    Une AMAP naît en général de la rencontre d’un groupe de consommateurs et d’un producteur prêts à entrer dans la démarche. Ils établissent entre eux un contrat pour une (on distingue en général 2 saisons de production : printemps / été et automne / hiver), selon les modalités suivantes :
    Ensemble, ils définissent la diversité et la quantité de denrées à produire pour la saison. Ces denrées peuvent être aussi bien des fruits, des légumes, des oeufs, du fromage, de la viande
    La diversité est très importante car elle permet aux partenaires de l’AMAP de consommer une grande variété d’aliments, d’étendre la durée de la saison, et de limiter les risques dus aux aléas climatiques et aux éventuels problèmes sanitaires.
     
     

  6. Oops, j’avais pas vu AMAP en lien cliquable benji dans le texte, désolé..

  7. Il y a un petit temps que je me disais que le système ferait marche arrière parce qu’on ne peut plus aller plus loin en avant ….il semblerait qu’on arrive tout doucement  au retour des petits commerces de proximité… suivront la  réapparition des écoles dans les villages,des marchands ambulants…etc etc et pourquoi pas le retour des rémouleurs… au lieu d’acheter des nouveaux couteaux et ciseaux régulièrement…
    Le médecin de campagne qui a vu naître 3 générations et l’instituteur qui les a instruites….
    Un bonheur de réhumanisation!! :heart:

  8. Quelle grande idée, des gens oseraient-ils prendre des initiatives dans ce pays, et aller à l’encontre de Big Brother?!

    Ce genre d’initiative portée à l’ensemble de la nation pourrait facilement renversé le navire capitaliste euro-mondialiste, nous reprendrions la barre de notre destin commun! Et notre vie n’en serait que plus intéressante!

    Résister, c’est créer! 

  9. Ils savent parfaitement bien torpiller ce genre de mouvement sans les éliminer totalement ou les aider et en prendre le contrôle comme ils font avec les produits bio. Ils assiègent toute les filières depuis 100 ans, ce n’est pas quelques AMAP ou autres petites organisations, encore perçu par une majorité de Français comme BABA COOl, qui va les retourner.

    Ceci dit il n’y a pas grand chose à faire de mieux ! 

    • Ca ne dépend QUE des acheteurs…. si les gens embrayent et demandent ce genre de magasins, le gouvernement pourra torpiller autant qu’il le voudra, ça prendra de l’ampleur…
       
      :peace: Baba cool :  Personne non violente, vivant selon les principes ou lidéologie des communautés hippies.
      L’image “baba cool” qu’on colle au bio est complètement erronée, en réalité, quoi de plus normal que d’essayer de bien se nourrir et d’être en bonne santé??
      Nos grands-parents étaient-ils baba cools parce qu’ils mangeaient bio?
      Le travail qu’exige de faire pousser des légumes et d’élever des animaux est très loin de l’image véhiculée par les hippies qui, c le moins que l’on puisse dire, n’étaient pas un exemple de courage, ni de labeur!!!
      Aucun rapport non plus avec la vie en communauté et la non violence… c un autre sujet!!

  10. oui, bien, bien, bien,
    sinon, vous pouvez ouvrir une alimentation, épicerie locale …
    tu achètes “cher” a l’agriculteur, et le revends pas chère aux consommateurs
    genre :
    au lieu d’acheter une salade 0.09 € et la revendre 1 € *, ben
    tu l’achètes 0.4 € et la revends 0.8 € !!!
    sur, que c’est plus long pour gagner des milliards, mais bon …
    * qu’on viennent pas me dire que c’est a cause des intermediaires …
    m d r, y sont trois, agri-grossiste-detaillant !
    ah ah ah, l’aura t’il fallu attendre 2012 pour s’en apercevoir … ?
    si toi aussi tu veux bouffer de la grande surface,
    adresse toi a l’agriculteur d’en face …

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