Grève des aéroports : les Français pris en otage. Mais… quels Français ?

Cette fois, ça suffit. On va sévir ! Pour mater la grève des employés de sécurité dans les aéroports, une réunion de crise s’est tenue lundi à l’Elysée, annonce France Inter. Avec le président, le Premier ministre, et les ministres concernés (à l’exception du ministre des Transports, rappelé en urgence de Londres, mais malencontreusement retenu par un retard de train). Oui, une réunion de crise, comme pour la Libye (mais où est donc BHL ? )

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Les Français ont assez souffert. Mais quels Français ?

Pour suppléer les grévistes, 500 CRS et gendarmes seront mobilisés dès mercredi. « Ce sont des personnels de sécurité, ils seront donc parfaitement aptes à effectuer des tâches de sécurité », explique l’ineffable Frédéric Lefebvre, sur France Inter.

Nicolas Sarkozy veut qu’on arrête d’embêter les Français, relate avec conviction Jean-François Achilli, journaliste politique de France Inter. C’est vrai, enfin. « Les Français », qui ont trimé toute l’année dans des conditions difficiles, ont bien le droit de « souffler un peu » (Sarkozy encore, cité par Achilli).

Le journaliste de la radio publique ne fait là que relayer la parole présidentielle. Mais sans aucune distance, aucun recul. Il y adhère parfaitement. Sans par exemple jamais se demander si l’expression « les Français » est la mieux adaptée pour désigner les passagers des aéroports lors des départs de Noël. Sans jamais se poser cette question : quelle est la proportion exacte de Français qui prennent l’avion pour aller « souffler quelques jours » pour les congés de fin d’année ? En d’autres termes, quelle fraction de la population exactement est affectée par cette grève ?

Des grèves surmédiatisées

Poser la question, c’est y répondre. A leur décharge, Sarkozy et Achilli sont victimes d’un effet d’évidence : les JT ouvrent sur les grèves des aéroports. Si l’impression de pagaille est si forte à chaque grève du transport aérien, c’est parce que ces grèves sont surmédiatisées par la télé.

Ce qui déplace la question : pourquoi cette surmédiatisation ? Evidemment, parce que ce sujet est un marronnier. Mais aussi, disons-le, parce que les journalistes sont au cœur de cette fraction de la population, qui a les moyens de s’envoler pour les fêtes de fin d’année vers des cieux plus cléments.

Imagine-t-on, par exemple, le même dispositif de crise quand une CAF ferme pendant deux semaines, pour résorber les retards de dossiers (ce fut récemment le cas dans le Val-de-Marne, à quelques kilomètres d’Orly) ? Imagine-t-on les envoyés spéciaux de Pujadas, en direct pendant quinze jours devant les grilles fermées ? Imagine-t-on des « rmistes pris en otage », pestant au micro contre la RGPP ?

Jamais l’alliance, inconsciente mais objective, d’un système médiatique aux mains des dominants, et d’un pouvoir de droite, n’a été si évidente.

Source: Rue89.com

By: pokefric

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5 Commentaires

  1. Des vacanciers “pris en otage”!!!!!!! On rêve là! L’emploi des grandes phrases pour faire de l’effet…
    Les pauvres chéris qui arriveront en retard sur les pistes de ski….
    Il me semble que ceux qui sont pris en otage, ce sont ceux qui n’arrivent plus à se chauffer, se loger ou se nourrir….pris en otage par l’état!

  2. salut,
     
    un aller retour lyon nantes c’est 90euros, lyon marakech 120 euros.
    souvent bien moins cher que d’aller au ski, puis allez au ski en avion, je vois pas trop?
     
    je comprends les revendications des grevistes, mais la greve ils la font pas à un autre moment, ils la font quand des familles veulent se retrouver pour les fetes, brefs quand le trafic est bien plus important.
     
    que tu le veuilles ou non, c’est bien une prise d’otage qui se produit là.
    et tous les gens qui prennent l’avion ne sont pas des riches !! quel cliché !

    perso je ne prends pas l’avion, je ne supporte pas sarkozy.

    mais par contre je suis peté de tunes, je fais 70 euros par semaine, je suis artisan, et je me deplace assez peu.
    je ne suis pas conserné par ces greves.

    le systeme est une horreur, une pourriture, même pour ceux qui prennent l’avion, ceux que vous voyez au 20h.
    ce ne sont pas des riches, ni moi d’ailleurs.
    ce serait bien de ne pas tout confondre.
    mais je ne me fais pas trop d’illusion.

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