Heureusement il n’y a pas que des racistes en France…

Heureusement! Le souci, c’est ce sondage dont personne n’a parlé et qui justement réapparaît dans le nouvel observateur, un sondage qui explique qu’il y a 54% des français qui ont une opinion négative de l’immigration, et je vous rassure, ils ne sont pas tous frontistes, non, il y en a de gauche aussi! Alors cela signifie quoi? On a 54% de racistes en France? Ou 54% de nationalistes? Et les nationalistes sont-ils forcément racistes?Et surtout, la question qu’on ne doit pas poser, une telle statistique va-t-elle jouer lors des présidentielles de 2012 quand au choix du candidat? (en partant du principe qu’on vote car au rythme au va l’actualité…)


En juin un sondage souligne que 54% des Français ont une opinion négative de l’immigration. Un résultat frappant peu relayé dans les médias qui révèle un profond malaise de la société française vis-à-vis des immigrés. Explications avec Christophe Guilluy, géographe et auteur de “Fractures françaises”.

Un sondage IPSOS publié en juin dernier et réalisé dans 23 pays européens n’a donné lieu à aucun commentaire. Les résultats sont pourtant révélateurs du malaise des sociétés européennes et singulièrement de la société française. Ainsi, personne n’a évoqué le fait qu’aujourd’hui 54% des Français ont une opinion négative de l’immigration.

Ce décalage entre le traitement médiatique et des résultats aussi impressionnants illustre l’évitement d’un sujet qui est pourtant un des moteurs de la recomposition politique à l’œuvre sur le continent européen. Il est en effet compliqué pour les politiques d’évoquer les résultats de ce sondage. Cette enquête a été réalisée dans 23 pays dont les modèles de société sont très différents et pourtant, le malaise semble être le même partout.

 

Une majorité de Français pense qu’il y a trop d’immigrés

Quel que soit le type de société, “anglo-saxon-communautariste” ou “républicaine française”, les résultats sont à peu près les mêmes. Partout une majorité absolue pense “qu’il y a trop d’immigrés, que leur proportion n’a cessé d’augmenter et que l’immigration est globalement négative pour leur pays”. Comment ne pas prendre en compte ces résultats pour expliquer les évolutions politiques du continent et singulièrement de la montée des partis populistes ?

Le débat sur de la “droitisation” ou l’explication du phénomène par le “vieillissement” de la population européenne éludent l’essentiel : l’immigration. Si le contexte économique favorise évidemment ces tendances, cela n’explique pas tout. Il apparaît en effet que les différences de niveau de vie, de fécondité, de cultures ou d’organisation politique entre pays européens n’influencent qu’à la marge la perception de l’immigration. Assiste t-on alors à un basculement idéologique dont l’aboutissement serait la prise du pouvoir des partis populistes en Europe et du Front National en France ? Rien n’est moins sûr.

Des roms évacués d'un campement à Saint-Denis le 2 septembre 2011 (M. MEDINA / AFP)

Des roms évacués d’un campement à Saint-Denis le 2 septembre 2011 (M. MEDINA / AFP)

 

Le bobo parisien et l’électeur FN ont des comportements parfois similaires

En effet, contrairement aux idées reçues, l’indicateur FN n’est peut-être pas le bon pour mesurer l’importance du phénomène. En réalité, plutôt que de s’intéresser à ce que disent ou expriment politiquement les gens, il faut s’intéresser à ce qu’ils font depuis vingt ans. Les pratiques d’évitement résidentiel et/ou scolaires permettent ainsi de mesurer avec plus d’efficacité le niveau de tolérance des individus à l’immigration. Il apparaît alors que face à l’émergence de la société multiculturelle, les individus cherchent dans leur majorité à ériger des frontières visibles ou invisibles ; et ce quel que soit leur opinion politique affichée. Le séparatisme social et culturel est pratiqué par une majorité de français.

Le bobo parisien qui vote à gauche et contourne la carte scolaire s’inscrit ainsi dans la même démarche que le prolétaire à Hénin-Baumont qui vote Le Pen. L’un érige lui-même des frontières invisibles par ses choix résidentiel ou scolaire, l’autre, qui n’a pas les moyens de les ériger demande à un pouvoir fort de les mettre en place. Les bobos peuvent ainsi vivre dans des quartiers socialement et ethniquement mixte mais dans des immeubles ethniquement et socialement homogène tout en contournant la carte scolaire.

Les classes populaires qui n’ont pas les moyens de mettre en place ce séparatisme soft, choisissent, quand elles le peuvent, d’habiter à l’écart des quartiers ethnicisés et des villes multiculturelles. Car, et c’est la question essentielle posée par ce sondage, l’émergence de sociétés multiculturelles contribue à une nouvelle insécurité culturelle à laquelle les individus sont plus ou moins exposés selon leur position sociale. L’importance des intentions de vote pour le FN dans les milieux populaires qu’on attribue au racisme supposé de la classe ouvrière, à cette insécurité.

 

L’immigration, au delà du clivage droite-gauche

La question de l’immigration dépasse le traditionnel clivage gauche-droite. Plus que le racisme, il y a des racistes dans tous les électorats, c’est d’abord la possibilité de mettre en œuvre des protections qui favorisent ou non le vote FN. Avoir ou ne pas avoir “les moyens de la frontière”, voilà ce qui différencie les électorats, pas leur perception des flux migratoires. Une perception, qui risque de préoccuper de plus en plus les européens dans les années à venir pour plusieurs raisons.

 

Des militants lors du dernier meeting de campagne pour les élections régionales de Jean-Marie Le Pen, 07/03/11, PATRICK VALASSERIS/AFP

Lors du dernier meeting de campagne pour les élections régionales de Jean-Marie Le Pen le 7 mars 2011 (P. VALASSERIS/AFP)

 

Dans une société multiculturelle, l’intensification des flux migratoires pose une question majeure à l’ensemble des sociétés européennes et singulièrement à la société française ; une question soigneusement évitée mais qui est à l’origine les nouvelles ségrégations territoriales. Dans une société multiculturelle, et contrairement à l’ancien modèle républicain assimilationniste, “l ‘autre” ne devient pas “soi”, il reste “l’autre”. Cela de veut pas dire “l ‘ennemi” ou “l’étranger” mais cela signifie que sur un territoire donné une “majorité” peut devenir “minoritaire”. Cette question minorité/majorité est fondamentale.

 

Les ménages font tout pour vivre dans un environnement familier

Devenir minoritaire sur le territoire où on est né est un choc culturel considérable. Partout en France, et en Europe, cette question de “l’instabilité démographique” a entraîné une recomposition sociale et culturelle des territoires sans précédent. Depuis 20 ans, les ménages font tout pour vivre dans un environnement familier et ce n’est pas quelque chose qui est forcément dit ou exprimé politiquement. Mais c’est quelque chose qui se fait. Toutes les crispations sur l’Islam, perçue comme une culture différente, s’expliquent de la même manière.

 

Ces crispations sont d’autant plus vives qu’elles sont corrélées avec la question démographique et au sentiment que l’on peut devenir minoritaire sur un territoire où sa culture d’origine n’est plus le référent culturel. Le malaise des opinions européennes est là dans cette forme d’insécurité d’ordre culturelle. Un sentiment partagé par l’ensemble des individus quel que soit leur origine. Par exemple, les bailleurs sociaux de Seine Saint Denis ont aujourd’hui de plus en pus de demandes de la petite bourgeoisie maghrébine pour ne pas être logé dans des immeubles où vivent des familles africaines.

On le voit, tout le monde est logé à la même enseigne et c’est la grande question du multiculturalisme. Il faut savoir si les gens sont capables de vivre en étant culturellement minoritaire. Ce n’est pas une question ethnique, mais bien plus culturelle. Depuis 20 ou 30 ans, on a fait comme si cela n’existait pas. Le discours multiculturaliste est connu, mais il y a une hypocrisie parce que dans ce domaine, les croyants sont rarement les pratiquants. 54% des Français donc estiment que l’immigration est négative pour le pays mais il ne sont que 15 à 20% a voter FN.

Le malaise face à l’émergence de la société multiculturelle dépasse la seule question politique. Il est d’autant plus durable qu’il s’inscrit dans une critique désormais majoritaire de la mondialisation. En juin 2011, 80% des Français étaient en faveur d’un protectionnisme européen. Face à la mondialisation, il apparaît que la question sociale s’articule aussi avec une question culturelle.

Source: leplus.nouvelobs.com

Benji

12 Commentaires

  1. on se dit jamais que l’immigration n’est pas pour les gens moins un problème de race, de de difficulté a assimiler une culture, de faire en sorte qu’elle s’intègre en douceur ? La faute à cette façon de penser qui ne me semble pas injustifiée vient autant de nous que des immigrés. Nous avons des différences qui peuvent autant nous apporter que nous faire peur.
    Il faut voir aussi que nous vivons dans un monde de merde basé sur la concurrence, la peur, l’avidité, l’individualisme, autant de facteurs qui sont en contradiction avec l’acceptation de l’autre. De plus Dans un contexte de fort chômage, l’immigration quel que soit son origine, va donner l’impression justifier ou non de voler les emplois des nationaux.
    Donc bon, moi rien ne me choque la dedans. Changeons de paradigme, de sorte que nous n’ayons plus à nous battre contre d’autres pays que ce soit réellement ou économiquement, lissons nos différences de revenu, de sorte qu’un pays ne soit plus la vache à lait de l’autre et vous verrez que la question de l’immigration ne se posera même plus.

  2. Selon vous, qu’est ce qui pousse ces gens la a immigrer ? Voyons les choses sous un autre angle : les occidentaux pillent les pays d’origine de ces immigrés, provoquent le KO et leurs rend la vie impossible … y’a t’il une immigration issue de Libye ? 
    Vous ne pouvez plus avec ces immigrés qui refusent RADICALEMENT de devenir comme vous ? c’est très simple : sortez dans les rues et imposez a votre gouvernement de foutre la paix aux peuples qui vous envoient un très grand nombre d’immigrés …
    Vous ne voulez plus de l’islam en France ? très simple : vous sortez dans les rues et vous exigez que votre gouvernement arrête sa main mise sur le Maroc, le Senegal, l’algerie, la Tunisie : vous ne verrez plus un seul arabe chez vous …
    Vous avez décidez de piller ces peuples, les massacrer, les torturer moralement et physiquement : ils vous coloniseront pacifiquement tôt ou tard. Les guerres ethniques que vous avez provoquer en Afrique, vous risquez de vivre la même chose chez vous, c’est en ébullition, c’est ce que l’on appelle : l’autodestruction … Dans tout les cas le changement s’est mis en place et plus en aucune solution pour le stopper, les dés sont jetés .

    • J’aime beaucoup cette manière de penser qui nous fais voir le problème sous un autre angle, merci! Mais partant de ce principe, on se gave aussi sur le dos de la Somalie et ils ne viennent pas forcément chez nous (d’accord c’est plus loin aussi…).

  3. Très bon article qui nous sort des clichés habituels et de l’absence totale de réflexions qui en découlent …

  4. Il y a une chose qui me gonfle et pas qu’en France, c’est de partout, ce sont ces raccourcis faciles pour catégoriser systématiquement les personnes et cela souvent en étant dans l’erreur! Mais ho! Ouvrez les yeux un peu, les médias et les politiques vous font aussi dire ce qu’ils veulent, et ça les arrange bien!!! Je m’explique:

    • On peut être contre l’immigration sans être raciste
    • on peut être anarchiste sans être de gauche
    • on peut être anti-sionniste sans être antisémite
    • On peut ne pas aimer l’Islam sans être islamophobe
    • on peut être frontiste sans être facho ou nazillon
    • on peut être nationaliste sans être raciste
    • On peut parler d’Israël sans avoir à lécher les bottes ou être anti-sémite
    • on peut être français de souche sans être blanc

    Mais tout cela, qui va le comprendre? Cela fait 30 ou 40 ans que les merdias vous rapportent les même opinions sans vous inciter ne serait-ce qu’une seconde à réfléchir par vous-même! Regardez au-delà et cesser d’utiliser les arguments des autres, tenter de trouver les votre avant tout!!! Merci!

  5. On peut vivre en paix avec n’importe qui dans un même espace, si chacun connait le sens des mots respect, tolérance, partage et compréhension de l’autre.

  6. @Benji : les somaliens sont un peu partout sur la planete, leurs plus grande concentration est dans les pays du golf arabe, alors imagine si la situation au golf arabe etait “merdique”, ou et ce qu’ils iront d’apres toi ? En Europe 🙂 (même chose pour les egyptiens).

    • les hollandais kiffent pas trop les bronzés du Suriname, les Allemands se méfient des Turques, les Anglais regardent de travers les indiens, les Réunionnais empestent contre les comoriens, les Australiens méprisent les aborigènes, entre Viets, Laossiens et Khmers c’est pas la fiesta tout les jours, les Flamands crachent sur les Wallons, les Mexicanos sont pourchassés au USA, les Arabes israéliens sont des citoyens de seconde zone, entre Catho et Protestant des murs se dressent en Irelande … etc etc etc …
      C’EST L’HYMNE A L’AMOUR ….. de Gainsbourg et Dutronc 🙂
      Merci les moutons de soulever la réflexion !!!!

  7. oups

    je dirais même que les français et les peuples en général au niveau des classes populaires, ne sont pas racistes, les vrais racistes sont ceux qui tiennent le pouvoir!

    Si pseudo racisme il y a, il découle surtout d’une mésinformation et d’une peur réciproque, comme le féminisme, le machisme etc sont des choses inventées par le pouvoir pour diviser, le tout c’est de ne pas tomber dans le panneau, docn de comprendre un peu les choses. 🙂

  8. Assimilation, intégration ou insertion ?

    « Ces trois termes ne sont pas neutres et reposent sur des philosophies politiques (très) différentes. L’assimilation se définit comme la pleine adhésion par les immigrés aux normes de la société d’accueil, l’expression de leur identité et leurs spécificités socioculturelles d’origine étant cantonnée à la seule sphère privée. Dans le processus d’assimilation, l’obtention de la nationalité, conçue comme un engagement “sans retour”, revêt une importance capitale.
    L’intégration exprime davantage une dynamique d’échange, dans laquelle chacun accepte de se constituer partie d’un tout où l’adhésion aux règles de fonctionnement et aux valeurs de la société d’accueil, et le respect de ce qui fait l’unité et l’intégrité de la communauté n’interdisent pas le maintien des différences.
    Le processus d’insertion est le moins marqué. Tout en étant reconnu comme partie intégrante de la société d’accueil, l’étranger garde son identité d’origine, ses spécificités culturelles sont reconnues, celles-ci n’étant pas considérées comme un obstacle à son intégration dès lors qu’il respecte les règles et les valeurs de la société d’accueil. »
    Pour ma part, je suis pour l’assimilation, contre le regroupement familial et j’écoute volontiers Bob MARLEY rendant hommage à Hailé Sélaissié et son fameux discours prononcé en 1963.

    Tout cela n’est pas incompatible 😯  

    http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=DaV_X8eAThU

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