Big brother veut vous interdire certaines amitiés…

Pousser le vice jusqu’à surveiller vos contacts dans les réseaux sociaux, vous interdisant d’avoir tel ou tel ami, la surveillance de chacun avec la complicité des lois.

Décidément, législation et réseaux ne font pas bon ménage. Les gouvernements souhaitent interférer de plus en plus fréquemment et de façon drastique. Ainsi être « ami » avec un de ses professeurs va devenir illégal dans le Missouri. Gageons que si cette législation devient efficiente, elle sera suivie par d’autres États et certainement d’autres pays.

Selon le projet de loi n°54 du Sénat qui entrera en vigueur le 28 août, toute action de réseautage social (donc pas seulement Facebook) est proscrite entre enseignants et étudiants. Le but est de définir clairement la frontière entre les deux protagonistes. Ainsi, seul le contact direct sera interdit, les professeurs pourront toujours créer des pages où les élèves auront un accès public.

La raison de cette loi est évidemment de pouvoir réguler les « contacts inappropriés ». Le projet de loi 54 est conçu pour protéger les enfants contre les dérives sexuelles issues des réseaux sociaux. Le gouvernement tient à mettre en place des politiques écrites pour gérer les nouveaux types de relations dus à l’utilisation des médias électroniques, des réseaux sociaux et nouvelles formes de communication.

Il s’agit ici d’un sujet plus qu’épineux. Deux écoles s’affrontent. L’une de dire que dans tous les cas, étudiants et professeurs ne doivent pas être amis. Et l’autre de dire qu’il peut s’agir d’une approche pédagogique intéressante.

Ainsi ce nouveau projet fait débat dans le Missouri. Certains considèrent que la prohibition est trop extrême. Les sites de réseautage sont conçus pour créer des contacts intergénérationnels. Ils peuvent permettre d’augmenter sa culture, en profitant du partage de musiques, idées, vidéos, œuvres d’art.

De plus il n’y a pas forcément de mal à développer une relation étudiant-enseignant plus profonde. Les enseignants sont en contact avec les élèves pour minimum une année, une interaction se crée nécessairement. Il n’est d’ailleurs pas à prouver qu’un étudiant profite d’un meilleur apprentissage s’il est en bon terme avec son professeur. Le tout est d’être clair dans les relations, finalement c’est le terme « ami » qui pose problème, or il ne s’agit que d’un terme typique aux réseaux.

L’important est donc de ne pas confondre l’amitié avec le mentorat, pourquoi ne pas cultiver une amitié après que l’étudiant ait obtenu son diplôme. Un enseignant peut tout à fait entretenir des relations avec un élève dans le cadre d’un tutorat ou de soutien scolaire. Dans ce cas pourquoi ne pas passer par les réseaux, ils ont certes des défauts, mais tout n’y est pas négatif. Il y a un réel potentiel de suivi et de dialogue via ces derniers.

A noter qu’il y aura des cas particuliers, on ne peut choisir ses professeurs, il est donc possible que votre mère devienne votre enseignante, pour autant, celle-ci n’aura pas à avoir de contact avec vous à l’extérieur de l’enceinte scolaire ? On constate donc que cette loi a encore des lacunes.

De l’autre côté, il y a les contestataires. Les dérives des réseaux sont principalement dues à une mauvaise utilisation de ceux-ci. Aussi, il s’agit avant toute chose d’éduquer chacune des parties en présence. Il faut trouver un équilibre et une cohérence, chaque individu doit être capable de comprendre quel comportement en ligne est approprié ou non.

Du point de vue de la sécurité des enfants, l’introduction d’adultes responsables peut être une bonne chose pour éviter les dérives. Les professeurs restent donc les mieux placés, leur fonction de base étant d’éduquer, d’élever et d’apprendre aux enfants.

Pour ce qui est des dérives sexuelles, le problème ne vient pas directement des réseaux sociaux. Au contraire, les réseaux sont à dominante publique, les communications sont facilement détectables. Par ailleurs les conversations sont consignées via Internet, en cas de litige, les preuves seront formelles.Toutefois, les réseaux sont déconseillés aux mineurs. Dans tous les cas, si l’enfant utilise tel ou tel compte, les parents se doivent de vérifier le contenu des pages.

Les réseaux sont clairement ancrés dans notre société, les administrations se doivent d’intégrer la notion de communication virtuelle. Le meilleur moyen de limiter les dérives est d’éduquer les parties. L’éducation étant le fer de lance de l’école, il est capital d’incorporer ces concepts.

Finalement n’est-ce pas morigéner des enseignants responsables et respectables à cause d’un groupe d’individus isolé ? Ou alors il s’agit encore de trouver une  nouvelle tête de Turc expliquant certaines dérives du milieu scolaire ? Car finalement les problèmes ne sont pas induits par la méthode de communication. La prohibition n’est peut-être pas la meilleure des solutions, même si on en comprend aisément les raisons.

Bref cette loi ne fait pas l’unanimité, effectivement si on interdit tout contact sur les réseaux sociaux entre élèves et enseignants, pourquoi la poste, le téléphone, les blogs ou podcasts ne seraient -ils pas interdit également. De nouveaux moyens de communication existent, il serait judicieux de les exploiter (de façon réglementée) plutôt que de les bannir.

[Mashable]

Source: Gizmodo.fr

Benji

2 Commentaires

  1. Ça va être pratique pour thésards.

  2. Il est quand même extraordinaire qu’en cette ére de communication – on fait tout pour décourager cette derniére. 😉

    Je crois ce n’est pas sans arriére-pensées qu’on veut limiter le flux d’information – tout le monde sait que la toile reste le dernier espace DEMOCRATIQUE.

    Il est concevable que le virus ‘terroriste’ ou ‘pervers’ ne soit que le petit prétexte pour ‘ligoter’ l’information, paralyser l’indignation et enfin étouffer la démocratie dans l’oeuf.

    Sommes-nous prêt à céder notre liberté d’expression – les polémiques ‘moralisantes’ ne sont que de l’enfumage.  8)

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