Un nouveau journal de cambriolé en France…

Il y a eu la rédaction de Médiapart, du journal Le Point, celle de Ségolène (la ménagère de la politique française) et celle de Rue89, pourquoi stopper quand ça peut aider (mais aider qui au fait?), la rédaction de Politis a également subit un cambriolage. Coïncidence? La liberté des journalistes aurait-elle atteint sa limite? Notez quand même la finesse et la poésie du code d’accès au journal: “E-D-W-Y-P-L-E-N-E-L-E-M-M-E-R-D-E-R-I-C-H-A-R-D-N-I-X-O-N”.

Ce n’est pas pour me vanter, mais nous aussi, à Politis, on a été cambriolés –dans la nuit de samedi à dimanche. Ça devient difficile, de faire du journalisme, dans ce pays corrompu. Aucune trace d’effraction : les mecs avaient le code (E-D-W-Y-P-L-E-N-E-L-E-M-M-E-R-D-E-R-I-C-H-A-R-D-N-I-X-O-N). Et ils savaient parfaitement ce qu’ils étaient venus chercher : ils ont laissé l’argent.

Je veux dire : y avait cette énorme liasse de billets de 500 euros sur le bureau du chef Sieffert (rapport à cette augmentation – « substantielle, mais en liquide, et de la main à la main, si tu veux bien » – qu’il m’a promise pour le mois prochain), et ça, nos importuns visiteurs n’y ont pas touché. Mais juste à côté, y avait cet épais dossier rouge où Denis avait marqué en très gros caractères : « PREUVES ACCABLANTES DU FINANCEMENT DE LA CAMPAGNE DE (BIIIIIP) PAR LE CARTEL DE MEDELLIN » – et ça, en revanche, ça avait disparu. (Reusement qu’on avait un double.)

Ça nous a pas vraiment surpris, note : ça faisait déjà un petit moment qu’on avait l’impression d’être surveillés. « À chaque fois que je parle au téléphone avec Dominique de V., y a comme des bruits étranges sur la ligne : ça fait clic, clic, clic, et à la fin y a une grosse voix qui gueule “Mais parlez plus fort, nom de Dieu, j’entends rien.” », me racontait justement Soudais la semaine dernière. Ah, j’ai dit : tu dois être sur écoute.

(Moi-même, depuis quelques jours, quand j’essaie d’appeler mon dentiste, je tombe sur un gars qui me suggère d’« arrêter de poser des questions sur l’affaire Clearstream, ou si tu veux qu’on s’énerve, sale connard ? » – et, bon, je ne voudrais pas donner l’impression d’être paranoïaque, mais je trouve ça bizarre.)

Dominique de V., c’est notre informateur, comme t’auras compris. Je peux pas te dire son vrai nom – ça nous mettrait tou(te)s dans la merde –, mais laisse-moi te dire que le gars est du genre profond, au niveau de la gorge. Avant-hier, par exemple, il nous a expliqué qu’il avait la preuve que (biiiiip) avait touché neuf milliards d’euros, dans la triste affaire de la vente de cinq porte-avions à la principauté d’Andorre – qui a déjà fait tant de morts. Écrite, la preuve  ? on lui a demandé.

Attendez, il a répondu, j’ai carrément une lettre qui dit : « Je, soussigné, Nicolas Sarkozy, reconnais avoir pécho neuf milliards d’euros en pièces d’un – même que c’était super-chiant à transporter. »

Et tu vas faire péter le truc ? Mais grave : demain j’ai rendez-vous chez Van Ruymbeke, je vais tout balancer, et j’aime autant vous dire que ça va éclabousser dans toutes les directions – y aura du Balladur plein les murs. Et alors, ce qui serait bien, on a fait, ça serait que tu nous files le procès-verbal de ton audition. Pas de problème, a-t-il promis, j’en fais toujours une trentaine de copies pour mes amis journalistes – mais si j’étais vous, je me méfierais : ça m’étonnerait pas que vous soyez cambriolés un de ces jours. Mais on s’en fout : on a changé le code.

Article publié sur Politis.fr

Benji

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