François Ruffin : Sauver la planète…

La finance est “la clé” pour sauver la planète ? Avec un raisonnement pareil, on est pas sorti de l’auberge. F.Ruffin s’inquiète que l’air devienne irrespirable, l’eau imbuvable, la terre pourrie, etc. Avons nous déjà atteint le point de non retour? OUI ! si les politiques ne prennent pas des mesures drastiques. Ce qu’ils ne feront pas au nom de la “sacro-sainte finance” Qui va inverser la tendance ? Nous aimerions que l’opposition ne soit pas que de façade..

Ce mardi, j’assistais au “One Planet Summit”, voulu par Emmanuel Macron à Paris, et je vais essayer d’être sérieux, analytique, impartial, parce que c’est le truc qui m’inquiète le plus pour mes gamins : que l’air devienne irrespirable, l’eau imbuvable, la terre pourrie, etc.

Donc, bon :
Donald Trump prend des décisions tellement connes que, forcément, à côté de lui, c’est pas difficile de paraître intelligent. Quant à l’environnement, le président américain est tellement ignare, nuisible, régressif, que du coup, en comparaison, on passe aisément pour un écolo.
Emmanuel Macron joue donc sur du velours.
Et on préfère, disons-le, qu’il ait tenu ce “One planet summit” plutôt que rien.
Même si ça n’est pas très loin de rien.

“‘Finance is the enemy’, I even heard states saying that.”
C’est ainsi que, le matin, l’animatrice (journaliste pour chaîne boursière Bloomberg) a ouvert les débats. Et elle les a clos sur un “Is finance the enemy? No, it’s not.”
Entretemps, on nous avait délivré trois heures de “la finance n’est pas le problème, elle fait partie de la solution”. “La transition écologique crée des opportunités pour la finance”. “Avec confiance, nous pourrons avoir une finance au service du climat”. Et Bruno Le Maire avait plaidé : “Finance is not the enemy, finance is the key.” Qui s’agissait-il vraiment de sauver ? La planète ? Ou la finance ? Ou du moins sa réputation ?
Les PDG (de Alstom, Engie, HSBC, Plastic Omnium, etc.) ont défilé, pour expliquer combien un monde merveilleux se “réinventait”, combien tout irait mieux avec “un cadre motivant et non castrateur”, combien il suffirait de “libérer les énergies”.
Malgré tout, avec audace, la présentatrice a osé la question qui fâche: “Vous arrive-t-il de rencontrer des entreprises qui sont un petit peu réticentes ?”
Avec un tel scepticisme, on frôlait la dissidence.

Après tout, pourquoi pas.
Je veux bien espérer, moi, il faut tout espérer. Mais je n’ai pas compris comment, pourquoi, cette finance qui depuis un siècle, voire des siècles, pollue terres air mers, et écrase les hommes, sans vergogne, sans complexe, tant que ça peut lui rapporter, comment pourquoi cette finance s’interdirait désormais de polluer terre air et mers, et d’écraser les hommes, s’il y a du profit à la clé ?
Je ne suis pas de mauvaise volonté.
J’étais prêt à croire.
Mais je n’ai pas perçu un début d’esquisse d’embryon de réponse à cette interrogation : “Notre intérêt rejoint notre vertu”, annonce un PDG. Mais comment donc ? Par quel miracle ? Rien n’est dit. Du coup, en mon esprit, plus qu’un doute demeure : cette conversion, ici proclamée avec force discours, est-elle sincère ? Se traduit-elle par des actes ?

Cette finance fut courtisée durant la journée, et je dirais qu’elle l’est toute l’année. On la loue. On lui fait la danse du ventre. Mais est-ce par le charme, par les mots doux, par les gestes tendres, qu’on va sortir la finance de ses ornières ? La guider vers des investissements écologiquement, socialement responsables ? Est-ce avec un politique qui se fait vassal d’une finance seigneur ? Est-ce ainsi, vraiment, par la supplique, par les courbettes, qu’elle cessera de courir vers la rentabilité maximale, à plus court terme, nous menant vers l’abime ?
Le dicton fut rappelé mardi : “L’argent est un mauvais maître, mais un bon serviteur.” Tout indique, pourtant, que cet argent reste le maître.

Et il fallait entendre le contraste entre les financiers, satisfaits d’eux-mêmes, “nous consacrons d’ores et déjà 2 % de notre chiffre d’affaires au green business !”, youkaïdi youkaïda, et la gravité des chefs d’Etat. A commencer par les Américains, les meilleurs ce jour-là, notamment le gouverneur de Californie, Jerry Brown (je traduis) : “Le monde est sur le chemin de l’enfer… Le temps presse… Nous menons un incroyable assaut contre la mère Nature… La menace est existentielle…”
Anne Hidalgo, à son tour, tonna contre “les défenseurs du monde d’hier, les destructeurs du monde d’aujourd’hui et, sans doute, les fossoyeurs du monde de demain”. Elle déclara que, “demain, la fraîcheur vaudra de l’or. Demain, l’ombre vaudra de l’or. Demain, l’air pur vaudra de l’or”. Mais à certaines oreilles, cette promesse d’or a sans doute résonné comme une bonne nouvelle…
Même Macron se montra lucide sur le constat : “On est en train de perdre la bataille. On est à 3°, 3,5°, ça n’a rien à voir avec tout ce à quoi on s’est engagés.”

Soit.
Soit.
Mais tout ça pour quoi ?
A l’arrivée, entre quelles mains notre président place-t-il notre destin commun ? “Les fonds souverains, les banques, les assurances, les philanthropes, à même de financer le changement”. Puis, il se reprend, comme s’il les avait oubliées, “les ONG, la société civile”, en toute queue de peloton.
Tout ce cérémonial pour, au bout, faire un chèque de 1,5 milliard sur cinq ans.
La flat tax, à elle seule, coûte autant chaque année.
La suppression de l’Impôt Sur la Fortune pour les actionnaires, 5 milliards.
Le Crédit Impôt Compétitivité Emploi, plus de 20 milliards.
C’est dire, en un chiffre, la tragique dérision.
C’est dire combien l’écologie n’est pas, par nos dirigeants, prise au sérieux.
Et voilà, je crois, la question décisive qui, dans notre vie politique, devrait fonder le clivage majeur: qui, face à la catastrophe environnemental en cours, qui croit à la main invisible du marché? Qui croit à l’allocation spontanée des ressources ? Qui, a contrario, parie sur une planification écologique ? Sur une finance, certes, mais encadrée, orientée, contrainte, incitée, sanctionnée ?
C’est ce choix qui, dans nos médias, tous les jours devrait faire débat.

François Ruffin

Voir la suite de la lettre de Picardie-Debout

Volti

12 Commentaires

  1. Y a t il eu un seul mot pendant tous ces beaux discours sur la nécessité d’un retour à la sobriété? Reduire ses besoins et ses consommations au quotidien?

    Pour exemple d’un petit geste, cela fait 12 ans que j’ai un faux sapin de noel. Et mes enfants se rendent compte de toutes les économies que cela engendre. Argent et energie….Sapin coupé, transporté à travers l’Europe, stocker 15 jours et ensuite balancé sur le trottoir pour être encore ramassé par un autre véhicule polluant…
    Qui va oser dire n’achetez plus de sapin de noel? Personne car personne ne veut bouleverser son quotidien et ses petites habitudes…

    Bref des choses concretes que plutôt des grandes phrases de rabbin du dimanche…

    • @freija
      En ce me concerne j’achète les sapins en pot produit localement et je les replante une fois noêl passé. Du coup le bilan carbone est positif et je contribue à la reforestation.
      Quant à votre sapin en plastique qui à fait un voyage depuis la Chine, à votre avis de quoi est-il composé en dehors d’un tas de mollécule artificielle et polluante? est-il seulement recyclable ?
      La naïveté à un certain charme, sauf lorsqu’elle est moralisatrice, là on tombe dans des raisonnements absurdes.

      pour info votre sabin est plein de dioxine et de perturbateurs endocrinien , il faudra le passer dans un incinérateur spécial particulièrement énergivore et enterrer les residus toxiques de sa combustion ainsi que les micro particules qui doivent être filtrés par des systêmes de filtrages pas particulièrement écolo à produire et à détruire eux non plus. J’aimerai pouvoir en rire, mais que vous fassiez entrer des stupidités dans la caboche de gosses n’est pas drole du tout.

      • @ totoche tout le monde n’a pas la chance d’avoir un jardin, et le climat compatible avec la culture des sapins.
        Quand j’avais ledit jardin, c’est ce que j’ai fait, mais à chaque fois les sapins pourtant plantés avec amour dépérissaient et mourraient.
        Ceci dit, je suis entièrement d’accord avec vous concernant les sapins en plastique, leur seul avantage c’est qu’ils durent des années et des années. Une personne que je connaît doit avoir le sien depuis plus de dix ans et il est toujours en bon état, il risque bien de durer aussi longtemps que sa vie à elle…

      • @Totoche, celui qui est mieux que tout le monde…surtout dans le domaine de la raillerie..

        Tout le monde effectivement n’a pas la chance d’avoir un jardin cher Monsieur.
        Ca fait 15 ans que j’ai mon sapin et vu l’état dans lequel il est, il me servira jusqu’à la fin de mes jours…
        Aussi je ne suis pas stupide et je sais bien qu’il est en plastique avec tout ce que cela implique…
        Mais je ne vois pas en quoi mon sapin en plastique est plus polluant que les millions d’objets plastique qui font parti de votre quotidien, à moins qu’en plus de vivre dans une grande foret de sapins résultants de tous vos noëls précédents, vous viviez sans aucun objet plastique (la chance, vous n’avez que des bouteilles en verre!!!)…je voudrais en rire mais je ne peux pas tellement vous faites pitié…vous prenez les gens de haut avec vos discours complètement utopistes…
        Alors arretez redescendez sur terre, et ce n’est pas en état agressif et moqueur que vous convaincrez qui que ce soit…

        Maintenant je maintiens ma position, je préfère garder mon vieux et beau sapin en plastique qui a maintenant 15 ans que de participer à ce trafic d’arbres coupés extrêmement polluants…

  2. Une seule solution pour sauver la planète. Éliminer les politiciens et les banksters.

  3. Les âneries sur Trump au début du texte, c’est du second degré ou l’auteur croit-il vraiment ce qu’il raconte ?

    • Tout à fait d’accord, les 7 premières lignes décrédibisent le reste de l’article, on ne commence pas un article en narrant ses états d’âmes, il a été élu point barre, et maintenant ils ( les étasuniens) font avec, en France nous avons “the new leader of, of…of .., communication…https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_wacko.gif” est-ce mieux ?

  4. Et si tous ce beau monde chaque fois qu’ils organisent un sommet sur le climat car il y en a quelque un par an commençaient par donné l’exemple en utilisant la vidéo conférence au lieu de ce déplacer en jet privé et le cortège de limousine qui va avec, que le budget sécurité qui entoure ce genre de happening soit utilisé pour la communauté ect ect ……en place de cette débauche de dépense juste pour flatter l’égo de gens qui sont conaincu de leur importance..

  5. Sont-ils réellement convaincus de leur importance, ou cherchent-ils à en convaincre les sots qui les admirent ? That’s the question !

  6. Sauver la planète ? Essentielle ? Vraiment … ? https://meduseetprecision.wordpress.com/
    HIC + NUNC { ⁂

  7. “Sauver la planète” : Sauvons nous de la planète! https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_cool.gif

  8. Je comprends bien que Trump soit antipathique, mais en terme de mauvaise foi, le GIEC bat tous les records jusqu’à nous culpabiliser du changement climatique. Il font forts ces politiques…

    Sur le fameux consensus scientifique sur le climat, s’intéresser aux travaux du professeur François Gervais donne une idée plus précise de ce que le CO2 a comme véritable impacte, et il sait de quoi il parle, lui !!!

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