Sous la pression des lobbies, le gouvernement renonce à interdire le glyphosate…

Alors qu’un couple de l’Isère veut porter plainte contre Monsanto, jugeant leur désherbant à base de glyphosate responsable du grave handicap de leur fils Théo, le gouvernement va renoncer à l’interdire. La firme est accusée d’avoir fait signer par des scientifiques, des rapports écrits par ses employés, pour accréditer les dits rapports, qui minimisent les effets néfastes du glyphosate. Des agriculteurs ont eux aussi manifesté contre l’interdiction, alors que la France importe des produits étrangers traités par ce poison. Toutes les pétitions ayant été inutiles, c’est aux consom’acteurs de faire les bons choix. La “bonne santé financière” d’un lobby, ne doit pas primer sur la santé de la population .. Partagez !

Cacophonies et nouvelles reculades gouvernementales, à propos des pesticides. Le 25 septembre, le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner a initialement annoncé l’interdiction du glyphosate d’ici la fin du quinquennat [1]. Le glyphosate est un désherbant jugé cancérogène par plusieurs études indépendantes, mais toujours utilisé par Monsanto dans son Roundup. Quelques heures plus tard, Christophe Castaner n’évoquait plus que « des progrès significatifs » d’ici 2022 pour encadrer les pesticides, dont le glyphosate. Le gouvernement renonce donc à des objectifs clairs, « il n’y a pas d’autre date arrêtée par le Premier ministre », a précisé son porte-parole.

Que s’est-il passé entre ces deux annonces ? Il y a d’abord eu la montée au créneau de la FNSEA, syndicat agricole majoritaire. Dans un communiqué, les représentants du syndicat relatent avoir été reçus le matin même par Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique et solidaire. Ce dernier avait confié deux jours plus tôt au journal Ouest France que « la justice et l’Histoire nous rattraperont » si rien n’est fait pour remédier au problème des pesticides [2]. La FNSEA estime de son côté « qu’il n’y a pas, à ce jour, de raisons scientifiques incontestables qui justifieraient son interdiction », malgré son classement comme cancérogène probable par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en mars 2015 et de nombreuses évaluations scientifiques qui démontrent le contraire. Une manifestation a même été organisée par la FNSEA le 22 septembre, sur les Champs-Élysées, contre l’interdiction du glyphosate !

Pour le syndicat agricole, « il est hors de question que si l’Europe dit oui à l’autorisation du glyphosate, la France prenne une position unilatérale visant à dire non ». « On ne peut sérieusement interdire le glyphosate sans alternatives crédibles aux plans technique et économique. » Au même moment, le Premier ministre se fend d’un communiqué qui tempère les déclarations de son porte-parole. Édouard Philippe rappelle que l’utilisation du glyphosate par les collectivités dans les espaces ouverts au public est déjà interdite en France depuis le 1er janvier 2017, et que l’utilisation par les particuliers sera interdite à partir du 1er janvier 2019 (nos précédents articles ici et ). Ces usages non agricoles des pesticides représentent environ 10 000 tonnes chaque année, soit 5 à 10 % des épandages de glyphosates. Quid des dizaines de milliers de tonnes de pesticides non concernées ?

Plus aucune date d’interdiction annoncée par le Premier ministre

Edouard Philippe a demandé à Nicolas Hulot et au ministre de l’Agriculture Stéphane Travert « de lui présenter les conditions d’un plan de sortie du glyphosate, compte tenu de l’état de la recherche et des alternatives disponibles pour les agriculteurs ». Le gouvernement décidera ensuite d’une éventuelle « transition raisonnable vers la sortie du glyphosate », en fonction également des positions de la Commission européenne. Traduisez : il est urgent d’attendre.

Plus aucune date n’est donc avancée. La substance classée cancérogène probable par le Centre international de recherche sur le cancer pourra continuer à être tranquillement épandue. Une position saluée par Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA [3], mais fortement critiquée par des organisations environnementales. « Si la France maintient cette position absurde et non protectrice, on risque fort de se retrouver dans cinq ans dans la même situation qu’aujourd’hui. Nous exhortons la France à ne pas céder aux pressions du lobby agro-chimique qui a tout intérêt à maintenir sur le marché cette molécule dangereuse », s’insurge Générations Futures

Quand la Commission européenne base ses décisions sur un copié-collé de… Monsanto

Lire l’article complet

Auteur Sophie Chapelle pour BastaMag

Pour aller plus loin :
- Pourquoi le ministère de l’Agriculture continue-t-il d’entraver les alternatives aux pesticides ?
- Pesticides : le changement, c’est pour quand ?
- Pourquoi tous les gouvernements échouent à réduire la présence des pesticides
- « Face à l’industrie chimique, tout le monde est tétanisé » : notre entretien avec le journaliste Fabrice Nicolino sur son livre Un empoisonnement universel
- « À Bruxelles, la vie des personnes est moins prioritaire que la bonne santé de l’industrie chimique » : notre entretien avec la journaliste Stéphane Horel sur son livre Intoxications

Volti

11 Commentaires

  1. Ce n’est même pas étonnant, il y a eu des manifs d’agriculteurs militants contre le retrait.
    Je suis triste d’ailleurs de constater à quel point nos agriculteurs ont été manipulé. Le lobby des semenciers a œuvré d’une façon remarquable, en obligeant les agriculteurs à utiliser leurs produits, ils les ont rendu totalement “accro”, il ne savent plus comment faire sans.
    Avec ce que fait ce gouvernement mafieux aux agriculteurs bio + CETA , la boucle est bouclé.
    Crevez braves gens (mais en silence svp)

  2. L’agriculteur est bien souvent pris dans un cercle vicieux. Il a dû beaucoup emprunter pour acheter des machines car on lui a fait miroiter des récoltes importantes grâce justement aux produits chimiques, et ceux-ci aussi ne sont pas donnés. Donc, s’il veut s’en sortir il est obligé d’aller de l’avant toujours et toujours. le nombre de ceux qui se suicident chaque année finit par devenir impressionnant.
    On leur a tendu non pas un mais des pièges, ils sont tombés dedans car il fallait produire toujours plus. Beaucoup ont cédé à l’appât du gain, mais d’autres n’ont rien vu venir…
    j’ai vu le désarroi de mes copains d’enfance il y a déjà plus de 20 ans, ne pouvant plus semer leurs propres graines, obligés à un rendement qu’ils ne pouvaient produire sans machines, sur les 4 ou 5 un seul s’en est tiré mais au prix d’un travail acharné. Aucun de leurs enfants n’a voulu continuer à cultiver, les fermes sont mortes une à une.
    Dans mon enfance en Beauce il y avait 4 fermes florissantes pour une toute petite commune, et quelques unes plus petites mais qui s’en sortaient grâce aux vaches et au lait. C’est fini, les fermes ont été vendues à la mort des parents, les unes après les autres… j’ai vu pleurer les parents mais aussi bien des fils qui auraient aimé continuer…

    • Vu comment ils fusionnent entre eux, avec les brevets sur le vivant, sur les OGM sélectionnés pour résister aux poisons, et les graines cataloguées, tous seront pieds et poings liés à cette firme du diable et personne ne pourra plus rien faire, sans en passer par eux..; Ils sont si cons que ça les agriculteurs, qu’ils s’empoisonnent eux et les leurs, sans compter les “clients” juste pour sortir une bonne récolte bourrée de saloperies ? On marche sur la tête, ça fait des années qu’on le rabâche. Ils ont presque le monopole (dernière fusion avec Bayer), ils grossissent encore et encore, si on accepte, autant ne plus dénoncer et se faire empoisonner volontairement. On s’en fiche des dettes des paysans, c’est un cercle vicieux, pas vertueux. Ils reviennent à des pratiques qui ont nourris des générations, où ils se gardent leurs cochonneries. C’est les CON-sommateur qui achètent, si ça ne se vend pas, aucune raison de fabriquer. Les gens n’ont pas encore compris leur pouvoir… Le j’accepte est de bon aloi et devrait être en annonce chaque jour qui passe… 🙁

      • Depuis que je suis jeune,
        venant des agriculteurs en général, je n’entends que pleurniches, excuses, motifs fallacieux noyant leurs responsabilités, mais jamais, au grand jamais, de remise en cause.
        Toujours la faute aux autres…mais point de cupidité aveuglante…

        Les vrais paysans eux on ne les entend pas.
        Ils meurent en silence.
        Malheureusement ce drame s’éternise depuis les années 60https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_wacko.gif dans l’indifférence la plus complète.
        A la grande satisfaction des autres agriculteurs qui augmentent leurs exploitations* agricoles.
        …Comme ils aiment à dire.

        * EXPLOITATION : TOUT EST DIT EN UN MOT.

  3. Nos agriculteurs ne sont que de pauvres toxicomanes rendu accro par des dealers de mort ne se souciant que de leur profits. Et tout cela, orchestré par les plus hautes instances politique et financière “pour notre bien commun à tous que l’on a”

    Je sais pourquoi je me suis mis en marge de la société, je n’arrive toujours pas à comprendre ceux qui voient le mur droit devant et qui appuient délibérément sur l’accélérateur, croyant peut-être que la pensée magique leurs fera traverser le mur sans encombres.

  4. C’est scandaleux ! sa nocivité est connue de puis des années et les accidents se multiplient !
    La seule chose amusante ( enfin si on veut ! ) , c’est que ceux qui votent ces lois le font contre leur propre santé !
    Faut pas demander à quel niveau d’imbécilité sont arrivés nos “élus” ! https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_wacko.gif

    • Faut pas rêver!
      La merde c’est pour les gueux qui paient.

      Toute la restauration des assemblées et autres parlements est somptueuse.
      Livrée en frais exclusivement bio depuis des décennies.
      Et ceci pour un prix absolument dérisoire , 1 ou2 euros le repas.

      Normal, puisqu’ils le valent bien.
      Et que nous,…. nous fermons gentiment nos gueules sans dent .https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_unsure.gif

  5. Tu as raison Volti, c’est ce que je ne cesse de dire : ne pas acheter, mais qui écoute ? le consommateur est responsable, si pas d’achat, pas de production de saloperies, un point c’est tout !

  6. pas étonnant …

    la solution doit venir de nous tous !!!

    certains se bougent …

    http://www.lelibrepenseur.org/des-agriculteurs-racontent-comment-ils-ont-arrete-le-glyphosate/

    et bien sur ne pas acheter cette saloperie ( et les autres aussi)

  7. sous la pression des lobbies..

    Espace ouvert

    https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_yahoo.gifhttps://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_mail.gif

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