Peur contre peur : l’échec de la politique duelle….

Une explication d’Alain que je remercie, sur la politique actuelle qui joue sur les peurs.

« Les convictions sont des ennemis de la vérité plus dangereux que les mensonges » Nietzsche

Le déroulement des élections présidentielles françaises est une occasion d’expérimenter la pensée non-duelle de façon « concrète ». En effet, la politique est un exemple de dualité exacerbée dans toute sa splendeur, avec son éternel clivage gauche/droite, qui se double à présent d’une opposition souverainiste /mondialiste. L’histoire nous a montré que les extrêmes n’avaient rien apporté de très bon au monde, tant au niveau des libertés que de la qualité de vie, mais les humains sont « oublieux » d’examiner les causes qui favorisent ces extrêmes.

Si aujourd’hui les partis politiques dit « extrêmes » ne semblent plus être ce qu’ils étaient, c’est aussi parce qu’ils se parent d’une communication plus lisse, plus habile, et qu’ils avancent masqués. Au fond, notre système politique reste très polarisé, à l’image de l’esprit humain. Au plan macroscopique, la vie d’une nation reste donc tout aussi conflictuelle que celle d’un individu, rendant impossible l’unité et la paix sociale.

De nos jours, il est bien plus facile de parler ouvertement de sexe que de politique, la faute à la « pensée unique » qui nous dicte quelles sont les opinions correctes et celles dont nous devons avoir honte. Cette pensée unique constitue elle-même une forme d’extrêmisme et s’impose par un lavage de cerveau médiatique et méthodique. Elle définit pour nous les idées politiques (et autres) que nous devons considérer comme néfastes et celles qui sont acceptables, soit-disant d’un point de vue « modéré et humaniste ».

Par exemple, le font national est souvent considéré comme un parti plus extrême et dangereux que le Nouveau parti anti-capitaliste, ou la ligue communiste révolutionnaire. (Qui eux bien sur pensent le contraire). Sur quels critères objectifs sont fondés ces affirmations? Soyons lucides, il en est convenu ainsi par nos dirigeants pour des raisons électorales, et cet avis est émis par des partis institutionnels agrippés à leur pouvoir, prompts à dégainer le mot « fascisme » à tort et à travers, tel le chien de Pavlov.

Le but est d’ancrer (encrer dirait la presse écrite !) la peur de l’inconnu et du « méchant ». Bien sur, les partis très « polarisés » à gauche ou à droite ne font pas mieux que les partis « politiquement corrects » une fois au pouvoir, et il n’y a pas de véritables solutions à court terme. Les politiciens sont à l’image de leurs électeurs, et les moutons attirent les loups, c’est la loi de la dualité. Il n’y aura pas de profond changement sans une évolution des électeurs sur leur capacité à penser par eux-mêmes.

Un extrême en appelle un autre, comme un miroir attire son reflet : Si le front national progresse d’année en année malgré tout ce que la classe politique autoproclamée « modérée » et les médias font pour l’empêcher, c’est parce que ces derniers ne comprennent pas, ou font semblant de ne pas comprendre certains ressorts du psychisme humain. Ainsi, des personnes dites « modérées » se conduisent souvent comme des militants de gauche immodérés et stigmatisent l’électeur du FN en le traitant de facho et de raciste. Psychologiquement parlant, ils projettent sur l’autre la haine et la peur qu’ils ne veulent pas voir en eux-mêmes. Résultat : aucun véritable débat objectif, mais des batailles de chiffres, des « vérités toutes faites » lancées comme des missiles les uns contre les autres.

Bien sur il y a encore quelques authentiques racistes, mais certainement pas 25 % de la population. La cause est ailleurs. A la victimisation des uns qui se sentent abandonnés dans leur sentiment d’insécurité répond le jugement des autres qui confondent humanisme (de façade) et laxisme. Dans l’extrême caricature médiatique, c’est l’Autriche pour l’un, l’autruche pour l’autre. Mais il n’y a pas plus, ni moins de haine chez l’un que chez l’autre de ces militants polarisés, leurs attitudes qui semblent opposées sont les 2 faces d’une même pièce imprimée du sceau de la peur.

Une règle fondamentale n’est pas comprise dans notre société : Se battre contre quelque chose, c’est le faire grandir, c’est le légitimer, lui donner de l’énergie et de l’importance. D’ailleurs, la sagesse nous dit qu’il est plus efficace de promouvoir la paix que de se battre contre la guerre. C’est précisément le contraire qui se passe en politique avec les « anti-tout », le militantisme radical qui attise les conflits et les haines. Quoi de plus extremiste qu’un antifa ? Et comme un extrême attire son équivalent opposé, nous voyons bien émerger une gauche insoumise en miroir du FN, avec d’ailleurs un programme économique comportant bien des similitudes finalement.

Pour reprendre mon exemple, plus on stigmatise le FN, plus il grandit. Non pas parce qu’il y a de plus en plus de racistes (leitmotiv des perroquets en mode panique), mais simplement parce qu’il y a de plus en plus de gens en souffrance qui ne sont pas écoutés et votent par protestation, par dépit, mais aussi par adhésion à une alternative qui n’a pas été encore testée, et cela finit par accumuler des bulletins dans les urnes.

Si nous insultons un électeur du FN (comme cela est relayé dans les médias complaisants), nous démontrons que nous ne valons pas mieux , et que derrière la belle façade égalitaire, humaniste et modérée peine à se cacher la même haine, la même intolérance, la même peur viscérale du lendemain. Bien sûr, on pourrait prendre en exemple l’autre bord comme « les insoumis » ou « les anticapitalistes » de l’extrême gauche, en souffrance notamment à cause d’une grande insécurité financière.

Soyons clair, cet article n’a pas pour but de condamner ou défendre le FN ou le NPA, ni aucun autre parti. Mais peut croire encore qu’une politique partisane peut sauver le pays ? Il y aurait donc une partie des français qui aurait « raison », qui aurait tout compris et l’autre partie qui aurait « tort » et n’aurait rien compris ? Cela n’est pas sérieux bien sur, mais c’est pourtant ce qu’une majorité de militants politiques croient encore : « le méchant, c’est l’autre ». C’est cet extrêmisme idéologique de tout bord que je déplore ici, cette croyance absurde qu’un pays peut vivre en paix quand les idées de 20 % de la population sont imposées aux 80 autres pour cents.

Au fond, c’est bien ce qui se passe avec le mode de scrutin majoritaire actuel. Ainsi cette caricature de « démocratie » est en danger car elle laisse croître dans l’ombre les vrais extrêmes sur le terreau d’une attitude schizophrène : Toujours plus de laxisme et d’impunité pour les vrais délinquants (qu’ils soient en baskets ou en cols blanc), et de moins en moins pour les citoyens honnêtes, moins d’argent, moins de liberté (y compris d’expression). Mais il en est pour une nation comme pour un être humain : Tout ce qui est réprimé et comprimé trop longtemps ressort un jour ou l’autre avec d’autant plus de violence.

Rêvons un peu à présent d’un président non duel : Dans la logique, en tout cas la mienne, un candidat non-duel incarné ne serait ni de gauche ni de droite, mais plutôt centriste. Disons une certaine forme de centrisme éclairée: pas un centrisme mou, de façade, tel qu’il est pratiqué actuellement, c’est-à-dire comme une accumulation de compromis bancals (et bancaires !), de rafistolages, sans colonne vertébrale, sans idéaux forts et fédérateurs, avec un leader fantôme manipulé par les lobbys financiers.

Un candidat non-duel dépasserait les clivages gauche/droite et prendrait les meilleures idées de part et d’autre afin que tout le monde vive décemment, ou du moins qu’il y ait le moins d’oubliés possible. Même dans les partis « non traditionnels » ou qualifiés d’extrêmes, il y a parfois de bonnes idées, mais le militant de base est aveuglé par ses convictions, il se pince le nez en prenant un air d’horrifié. Un candidat non-duel serait pragmatique et choisirait les idées et les mesures en fonction de leur efficacité prouvée dans la vraie vie, pas en fonction de leurs couleurs politiques et de l’avis des intellectuels de salon.

Un candidat non-duel ne serait pas un idéologue prisonnier d’un système de pensée unique et doctrinal, il serait entouré de conseillers experts dans leurs domaines, qu’ils soient techniciens, philosophes, psychologues, historiens, économistes… mais seraient issus du terrain, du réel, de l’entreprenariat, de tous les milieux sociaux-culturels représentatifs d’une société. Ce candidat non-duel devenu président serait chargé de synthétiser les différents courants de pensée dans le plus juste compromis possible avec une vision unifiée à long terme, un projet de société préalablement soumis à référendum.

Par exemple, un candidat non duel serait économiquement décroissant, et éco-logique par évidence rationnelle, pas par opportunisme politique. Il utiliserait l’autorité de l’état pour rétablir un peu d’ordre et de sécurité, et pas pour racketter les automobilistes. Il favoriserait une europe fraternelle d’échanges culturels, mais pas forcément pour une europe financière bruxelloise, une europe liberticide qui ne sert qu’une élite et impose toujours plus de normes, de contraintes au citoyen lambda.

Globalement, un candidat non-duel chercherait à élever le niveau de ses concitoyens avec une véritable éducation de la pensée libre, de la discipline d’esprit, du respect mutuel et de la créativité dès le plus jeune âge, pas un formatage abrutissant destiné à produire des moutons électeurs amorphes et résignés. Un candidat non-duel penserait à son pays avant de penser à sa carrière, il n’aurait pas une vision à court terme, il aurait le courage de prendre des mesures parfois difficiles pour assurer une viabilité à long terme de son pays.

Bien sur, toutes les idées énumérées ici ne valent qu’une fois testées et confrontées à la réalité, et si elles emportent l’adhésion d’une population « dépolarisée ». Chaque citoyen d’une telle société aurait pris conscience que son intérêt ne diffère pas de celui de son voisin, et verra celui-ci comme un frère plutôt qu’un ennemi. Sa réflexion trouverait un équilibre entre les impératifs de la raison et ceux du cœur, entre ses exigences et celui de son voisin. Ne désespérons pas, nous aurons sans doute un jour un candidat non-duel aux élections présidentielles… quand il y aura suffisamment d’électeurs non-duels, c’est à dire dans quelques milliers d’années.

Auteur Alain pour son blog Integraal-Concept

Volti

13 Commentaires

  1. Que des verites enoncees auxquelles je souscris pleinement!
    C’est tellement simple que trop peu le comprennent.

    Nous l’avons deja notre candidat et un parti non duel! ni gauche,ni droite…..
    mais il n’y a pas suffisamment d’electeurs non duels
    Pourtant Il suffit d’avoir l’esprit ,les esgourdes ouvertes , utiliser ses neuronnes et toute la panoplie de la logique et du bon sens!

    • En effet Norbert, je suis d’accord et j’imagine à quel candidat tu fais allusion. Ni de gauche, ni de droite, pragmatique, lucide, c’est le plus proche de la non-dualité actualité, malheureusement, il ne pèse que 1%. Ainsi, avant de changer nos politiciens, il faut d’abords que les électeurs changent eux-même… et il faudra du temps ! Alain

  2. Pourquoi Marine Le Pen risque-t-elle de perdre cette élection?

    Marine Le Pen a de bonnes chances de perdre cette élection présidentielle. La France est devenue un peuple de risque zéro. Les Français préfèrent des dirigeants qui ont quarante ans de malversations derrière eux à ce qui est nouveau. Et c’est précisément ce qui détruit notre pays.

    Le désordre est toujours le prophète du surordre. Nous réclamons une société sécurisée. Cette société est à l’image de ce que nous sommes. Une société sous contrôle vidéo ne nous suffit pas, il faut aussi des actions équitables. Arrêter les terroristes est certes une action, mais il faut traiter le mal à la racine. La racine de nos maux est le sentiment d’injustice, le sentiment que le droit appartient à certains et que la loi s’applique à d’autres. Nous n’y sommes pour rien, c’est de la faute des autres. Cette prise de conscience de l’injustice est due au fait que les sociétés deviennent de plus en plus transparentes, tout le monde a accès aux vices des autres, et particulièrement le petit fonctionnaire d’un ministère. Le pouvoir politique est par conséquent entre les mains d’un obscur chef de bureau qui peut révéler à tout moment les faiblesses de son supérieur. Il le fera peut-être, parce que le danger l’effraie, et il ne craint rien tant que l’inconnu. Il ne le fera que s’il pense pouvoir bénéficier de la sécurité et d’une promotion. La politique, c’est un jeu permanent de dominos qui tombent, mais la chiquenaude est donnée par un doigt sali par de l’encre d’imprimante. C’est le règne efficace du lâche, du calomniateur, du dénonciateur qui ne prend aucun risque. Il veut lui aussi savourer sa part de victoire, assis à son bureau. Cela a pour effet de produire une prudence dangereuse dans les Institutions. Plus personne n’ose rien entreprendre sans craindre d’être exposé à la dénonciation. Pour avoir encore un semblant de pouvoir, on est alors parfois odieux avec son personnel.
    http://jeanhenrion.com/marine-pen-a-t-chances-de-perdre-cette-election-177.html

  3. Peur ? Mais qu’est ce que la peur ? La peur n’est pas une chose abstraite mais est toujours pas rapport à quelque chose . Donc peur de quoi ? Donc vous avez tous peur de mourir ! Parce que vous ne savez pas vivre ou plutôt parce que l’on vous a faussé notre mode de vie alors vous vous réfugiez dans les croyances ,quelle soient dans le socialisme,communiste,libéralisme ou tout autre formule en isme . Croire qu’une autorité extérieur va résoudre vôtre confusion intérieur est une erreur. L’intérieur détruira toujours l’extérieur le mieux construit.

    La non dualité,la non violence ou la non tout ce que vous voulez est une non chose. Une absurdité,une invention des gens médiocre. Quand la terre tourne ,il y a seulement une succession du jour et de la nuit…Une succession et non pas une opposition de deux états ! Parce que vous ne savez pas comment résoudre vos désordre alors vous vous inventez des objectifs,des idéaux et vous courrez derrière . Vous vous fabriquez une idole et vous lui rendez culte,ce qui est le principe même de l’aliénation. Vos croyances en un sauveur politique ou autre sont l’acceptation civilisé de l’intolérance et une fuite devant ce qui est .

    Il y a que ce qui est : la violence et le désordre . Il appartient à chacun de faire le nécessaire pour faire pour que cela cesse . Vous donnez de l’importance au combat mais le combat renforce la chose même que l’on combat et aussi à vous même .
    La non action est une action totale .

  4. Ce que l’on voit en politique est le reflet de ce qui est dans la vie de chacun.
    Tous les esprits humains reposent sur la dualité. C’est une des portes d’entrée pour accéder à la conscience.
    Espérer un représentant “non-duel” c’est espérer une sorte de machine qui se programme d’elle-même.
    Quant aux peurs, elles sont nombreuses et souvent bien plus profondes qu’il n’y paraît. Les peurs de surface se balayent facilement, celles qui sont en profondeur sont bien plus difficiles à déraciner.

    • Mais non,mais non …La peur comme le désir est une ,mais elle tend vers différent objet ….peur des araignées,peur de ceci ou de cela…..j’ai envie de cette bagnole ou de cette moto…L’envie est une mais elle tend vers vers différents objet.汝自身を知れ

      • @petitscarabee : le sujet, me semble-t-il est la peur et non le désir. La peur apporte son lot de frustrations et le désir en apporte d’autres.

    • La non-dualité est un état d’esprit Musashi, pas un bricolage destiné à prendre “machinalement” des mesures équidistantes entre les extrêmes. Et actuellement cet état d’esprit unifié ne peut se concrétiser (ici politiquement) que partiellement dans un monde investi de croyances duelles, et opérer au mieux, vers des actions qui tendent d’abord vers moins de dualité, donc moins de conflit. C’est pour cette raison que la qualité de nos politiciens va de paire avec celle de ses électeurs qui doivent préalablement se remettre en cause, et guérir les fractures et contradictions dans leurs propres têtes. Le monde que nous voyons est celui que nous avons collectivement à l’esprit. Alors un candidat non-duel n’a aucune chance actuellement car il n’a presque personne a qui parler, et presque personne pour l’entendre ! les choses changeront quand nous le voudront VRAIMENT…
      Alain

      • @Alynx : La dualité est avant tout une programmation neurologique induite par le système nerveux central. L’esprit analyse comme il le peut et ne fera pas forcement de cette dualité une source de conflits mais une porte d’entrée à une certaine conscience.

        • @Musashi: je respecte ta définition “matérialiste” de la dualité mais ce n’est pas la mienne. Il ne faut pas inverser la cause et l’effet. Le système nerveux du cerveau n’induit pas la dualité, il en est la conséquence, car la dualité comme la non-dualité sont des états de l’esprit que nous choisissons à chaque instant, et l’esprit préexiste à la matière, donc au cerveau. C’est toujours la même croyance scientifique obsolète du 19ème siècle selon laquelle une accumulation d’atomes produit la conscience…

          • Je ne penche pas du coté matérialiste ou spirituel mais je considère les deux ensemble. Le système reptilien c’est vivre ou mourir, manger ou être mangé et il n’a pas d’intelligence. Le reflex n’est pas conditionné par une pensée seul l’automatisme l’est. Les choses ne vont pas dans un sens ou un autre mais au minimum dans les deux sens, de l’extérieur vers l’intérieur et inversement.
            Dire que “l’esprit préexiste à la matière” relève de la croyance, rien de concret à nos jours.

            • Tout est croyance dans le monde duel Musashi et nous tous ne faisons que croire car qui peut se targuer ici de savoir, de “connaitre” ? (l’inverse de croire). Il s’agit pour l’heure de voir quelle croyance nous sert et sert le monde et laquelle la désert. Dire que la matière pré-existe à l’esprit est également une croyance, on voit ou elle mène le monde depuis des siècles… Chacun adhère donc aux croyances qu’il choisit et qu’il trouve les plus fonctionnelles à sa vie. Le chemin de chacun est respectacle et je ne veux convaincre personne ici.

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