Le point zéro de l’effondrement du système….

Il est des réflexions que nous nous devons de partager. Ce qui était improbable hier, du domaine de l’utopie, s’avère quelques années après, d’une évidence incontestable si on a suivi l’actualité et vu, les dérives du système. Ce système tel qu’il est, ne pourra changer que si les peuples le veulent, sont ils prêts à le faire ? Merci Galadriel.

(Nb ce texte est un texte d’opinion. Il est donc discutable et peut ne pas correspondre sur certains point à votre propre analyse.)

Ce texte est à mes yeux un texte indispensable. Écrit en 2010, il est d’une actualité brûlante et continuera probablement et hélas à l’être dans les années qui suivent.

Ce texte, et j’insiste, il faut le lire – même par petits bouts si sa longueur vous rebute – bien que j’aie fait le maximum pour rendre la traduction la plus littéraire possible en prenant garde de coller au texte. Je ne suis pas naturellement bilingue et ce fut un travail ardu et minutieux de plus de six heures. Il est possible que j’aie commis quelques petites erreurs et oublié quelques coquilles malgré la relecture, et je vous prie de m’en excuser.

Cet article est une réflexion indispensable sur des sujets majeurs en cette période électorale. Il peut aider chaque citoyen à réaliser ce vers quoi nous nous dirigeons sans coup férir si nous ne nous réveillons pas et n’entrons pas en résistance.

Ce tableau semblera trop noir à ceux qui ne s’informent pas régulièrement des dérives de notre société dans des blogs de contre-information généraliste et non dogmatique comme le nôtre. Comme c’est parfaitement démontré dans le texte, tout est fait pour cela. Coincé entre une peur savamment distillée et des illusions habilement entretenues, le gentil mouton moyen est conditionné à penser que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles alors qu’il est emmené à l’abattoir.

Y sont abordés un état des lieux sans concession de notre société et du système prédateur dans lequel nous vivons, l’effondrement inévitable qui s’en suit en toute logique, l’ analyse de la violence comme réponse et l’esprit indispensable de résistance que nous devons mettre en place pour y survivre. (Le portrait brossé est essentiellement celui des Etats Unis mais il est pour nous, vous le comprendrez, un miroir implacable, même s’il existe des détails négligeables typiques de la culture américaine.)

Je ne suis pas certaine qu’il m’aurait autant interpelée il y a six ans lorsqu’il fut publié. Les années qui se sont écoulées depuis lui ont donné raison et un poids d’autant plus grand à sa réflexion.

Galadriel

Chris Hedges: Zero Point of Systemic Collapse

Aleksandr Herzen, parlant il y a un siècle à un groupe d’anarchistes de la question d’éliminer le tsar, rappela à ses auditeurs que ce n’était pas leur boulot de sauver un système mourant, mais de le remplacer.

Alors que nous pensons que nous sommes les médecins. NOUS SOMMES LA MALADIE. Toute résistance doit reconnaître que le corps politique et le capitalisme global sont morts.

ll s’agit de transformer nos énergies en bâtissant des communautés durables pour faire face à la crise qui vient, car nous ne pourrons pas survivre et résister sans un effort de coopération.

Nous devrions arrêter de dépenser de l’énergie à essayer de réformer ou nous référer à ce qui est. Cela ne signifie pas la fin de la résistance, mais doit signifier des formes de résistance très différentes. Il s’agit de transformer nos énergies en bâtissant des communautés durables pour faire face à la crise qui vient, car nous ne pourrons pas survivre et résister sans un effort de coopération.

Ces communautés, si elle se replient dans un mode purement survivaliste sans se relier en cercle de plus en plus étendus aux communautés que représentent un état et la planète, elle s’effondreront moralement et spirituellement de la même façon que ces forces en jeu contre nous. Toutes les infrastructures que nous  construisons à l’image des monastères du Moyen-Age, devraient chercher à maintenir vivantes les traditions intellectuelles et artistiques qui rendent possibles la société civile, l’humanisme et le bien commun.

L’accès au parcelles de terres agricoles sera primordial. Nous avons à comprendre, comme les moines médiévaux, que nous ne pouvons pas continuer à étendre plus largement  la culture autour de nous du moins à court terme mais que nous pouvons être capables de conserver les codes moraux et la culture pour des générations au-delà de la nôtre. La résistance peut être parfois réduite à de petits, souvent imperceptibles actes de prudence comme tout ceux qui ont découvert et conservé leur intégrité dans la longue nuit du fascisme et du communisme du 20ème siècle.

Nous sommes au sommet de l’une des périodes les plus lugubres de l’histoire humaine alors que les lumières brillantes de la civilisation s’éteignent et que nous retombons pour des décennies sinon des siècles dans la barbarie.

Les élites ont réussi à nous convaincre que nous n’avions plus la capacité de comprendre les vérités qui se révèlent à nous ou de lutter contre le chaos causé par la catastrophe économique et environnementale. Tant que la masse des gens égarés et effrayés nourrie d’images qui leur permettent d’halluciner sans fin sera maintenue dans cet état de barbarie, elle risque périodiquement d’exploser avec une furie aveugle contre la répression accrue de l’État, la pauvreté généralisée et les pénuries alimentaires. Mais elle manquera de moyens et de confiance en elle pour défier à l’aide de petits et grands outils les structures de contrôle. Le rêve que des révoltes populaires  et des mouvements de masse disséminés briseront la domination de cette  société élitiste est juste cela : un rêve.

Mon analyse rejoint celle de nombreux anarchistes. Mais il y a une différence cruciale :

Les anarchistes n’ont pas compris la nature de la violence. Ils saisissent que les racines s’étendent dans nos institutions politiques et culturelles, ils savent qu’ils doivent sectionner les tentacules du consumérisme mais ils croient naïvement que cela peut être contré par des formes physiques de résistance et des actes de violence. Il y a des débats à l’intérieur du mouvement anarchiste – comme ceux de la destruction de la propriété – mais à partir du moment ou vous commencez à utiliser des pains de plastic, des innocents mourront. Et lorsque la violence anarchiste commencera à perturber les mécanismes de la gouvernance, l’élite au pouvoir se servira de ces actes comme miroir pour justifier l’utilisation de forces disproportionnées et impitoyables contre les agitateurs réels ou supposés drainant la rage des dépossédés.

Je ne suis pas un pacifiste. Je sais qu’il arrive des moments, et même admettre que celui-ci peut éventuellement être l’un d’eux, où l’être humain est obligé de répondre à la répression croissante avec violence. J’étais à Sarajevo pendant la guerre de Bosnie. Nous savions très exactement ce que les forces serbes qui encerclaient la ville nous feraient si ils franchissaient les défenses et le système de tranchées autour de la ville assiégée. Nous avions l’exemple de la vallée de Drina ou de la ville de  Vukovar, ou à peu près un tiers des habitants musulmans ont été tués et le reste enfermé dans des camps de transit ou de réfugiés.

Il y a des moments où le seul choix qui reste est de s’emparer d’une arme pour défendre votre famille, vos voisins, la ville. Mais ceux qui se révélèrent les plus aptes à défendre Sarajevo venaient invariablement d’un milieu criminel. Lorsqu’ils n’étaient pas entrain de tuer des soldats Serves, il pillaient les appartements des gens de la communauté Serbe à Sarajevo et souvent les exécutaient  tout comme ils terrorisaient leur compagnons musulmans. Lorsque vous ingérez le poison de la violence, fusse pour une juste cause, il  vous corrompt, vous déforme et vous pervertit.

La violence est une drogue, c’est en vérité la plus puissante drogue connue de l’humanité.

Les plus addictifs à la violence sont ceux qui ont accès aux armes et ont un penchant pour la force. Et ces tueurs remontent à la surface de n’importe quel mouvement armé et le contaminent avec le pouvoir séducteur et intoxicant qui est lié à leur habilité à détruire.  J’ai vu  cela guerre après guerre.  Lorsque vous descendez ce chemin, vous finissez par laisser s’affronter vos monstres contre leurs monstres. Et le sensible, l’humain, le gentil, ceux qui ont une propension à encourager et protéger la vie sont marginalisés et souvent tués. La vision romantique de la guerre et de la violence est ainsi prévalente parmi les anarchistes et le côté noir mis de côté comme ils l’est dans notre culture dominante.

Ceux qui résistent en utilisant la force ne déferont pas cet État corporatiste  ou ne soutiendront pas les valeurs culturelles qui le méritent si nous devons vivre un futur pire que le présent.

De mes nombreuses années comme correspondant de guerre au Salvador, Guatemala, Gaza et Bosnie, j’ai vu que les mouvements de résistance armée étaient toujours le fruit de la violence qui les avaient frappés. Je ne suis pas naïf au point de penser que j’aurais pu éviter ces mouvements armés si j’avais été un paysan salvadorien ou guatémaltèque, un palestinien gazaoui ou un musulman à Sarajévo, mais la violence en réponse à la répression est toujours une tragédie. Elle doit être évitée mais non au prix de notre propre survie.

La démocratie, un système pensé idéalement pour gérer le statu quo a été corrompu et dompté pour servir servilement ce statu quo. Comme l’écrit John Ralston Saul, nous avons subi (cela) « à coup d’état »(en fr. ndlr) dans un  lent mouvement. Et la coupe est pleine. Il ont gagné, nous avons perdu. L’incapacité  abjecte des décideurs à obliger les entreprises, les états industrialisés vers une réforme environnementale sérieuse pour squizzer l’aventurisme impérial et pour bâtir une politique humaine envers les masses des pauvres du monde provient d’une inaptitude à analyser les nouvelles réalités du pouvoir. Le cadre du pouvoir s’est irrévocablement modifié et donc le paradigme de la résistance aussi.

Il existe un tas de débats cette dernière année sur comment Barack Obama pourrait être un président de la mutation. Mais cela a fait flop. Une mutation exige beaucoup plus que d’élire un candidat télégénique. Le gouvernement actuel aurait des années de devant lui d’une guerre de siège contre des intérêts profondément injustes, qui défendent un système politique extrêmement dysfonctionnel – Paul Krugman « Missing Richard Nixon » The New York Times 30 aout 2009

Trop de mouvement de résistance continuent d’acheter l’idée d’une politique électorale de façade, des parlements, des constitutions, des projets de loi, du lobbying et de l’apparition d’une économie rationnelle.  Les leviers du pouvoir sont devenus tellement contaminés qu’ils ont besoin des voix de citoyens qui sont perdu leur pertinence.

L’élection de Barack Obama fut encore un autre triomphe de la propagande sur le fond, une manipulation habile et une trahison du public par les médias de masse. Nous avons confondu le style et l’aspect ethnique – une tactique publicitaire promue par United Color of Benetton et Calvin Klein – avec une politique progressiste et un véritable changement.

Nous avons mélangé émotion et savoir. Mais le but, comme avec toutes les marques était de faire de nous des consommateurs passifs qui confondent la marque et l’expérience. Obama, maintenant une célébrité mondiale, est un label. Il n’avait presque aucune expérience à part deux années au Sénat, manquait de fondement moral et fut vendu comme n’importe quel objet à tous les gens.

La campagne d’Obama fut élue publicité de l’année en 2008 et a dépassé les seconds finalistes tel Apple et Zappos.com. Vérifiez-le auprès des professionnels. La marque Obama fut un produit de rêve des marketeurs. Le président fait une chose, et l’étiquette Obama vous en fait croire une autre. Telles est l’essence d’un marketing réussi. Vous achetez ou faites ce que les publicitaires veulent selon ce qu’ils font naitre comme émotion.

Nous vivons dans une culture caractérisée par ce que Benjamin De Mott appelait la « la junk politics » . Ces politiques dépotoir ne demandent ni la justice, ni la réparation des droits. Elles créent plus de questions qu’elles n’en clarifient. Cela évite le vrai débat autour de scandales fabriqués, de potins et de spectacles de célébrités. Elles affichent un éternel optimisme, louent sans fin notre force morale et de caractère et communique dans un langage  : « sentez votre douleur ». Le résultat de cette politique foutoir est que rien ne change, et que : » l’interruption des processus est nulle et que ce sont des pratiques qui renforcent les systèmes d’avantages socio-économiques existants et interconnectés »

La croyance culturelle que nous pouvons faire que les choses arrivent en pensant, visualisant et les voulant, en puisant dans notre force interne ou en comprenant que nous somme vraiment exceptionnel est une pensée magique. Nous pouvons toujours faire plus d’argent, atteindre de nouveaux quotas, consommer de nouveaux produits et avancer dans notre carrière si nous avons suffisamment la foi.

Cette pensée magique nous a été prêchée à travers le spectre politique  d’Oprah Winter (présentatrice très célèbre de la TV US ndlr), des champions sportifs, Hollywood, des gurus auto-promus et des démagogues chrétiens, elle est largement responsable de notre effondrement économique et environnemental depuis que chaque Cassandre qui voyait la catastrophe arriver fut écarté pour cause de « négativité ». Cette croyance qui permet aux hommes et aux femmes de se comporter comme des petits enfants, délégitime et discrédite toute implication et toute inquiétude.  Elle exacerbe le désespoir et la passivité. Elle favorise un état d’auto-illusion. Le but, la structure et la cible des états élitistes ne sont jamais sérieusement questionnés. Toute question qui engage la critique de l’élite est obstructive et négative. Et cela pervertit la voie que nous avions choisi pour nous mêmes, notre pays et le monde naturel. La nouveau paradigme du pouvoir rassemble en une bizarre idéologie un progrès illimité et un impossible bonheur en transformant les nations, y compris les US en monstres.

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Source AdBusters traduction Galadriel pour Les-BrinsdHerbe

Volti

2 Commentaires

  1. Merci Volti et Galadriel c’est ce genre de lecture qui à cette époque on fait jaillir la petite flamme dont Zénon l’Ailé parle aujourd’hui et la qualifie comme étant capable d’embraser l’empire, ce qu’à l’époque j’étais loin d’imaginer. C’est grâce à ce genre de texte que j’ai été capable de rédiger mon Point ou Temps Zéro à moi, qui se nomme Tep Zepi en langage Maya, ou Zep Tepi en Égypte ancienne ► https://jbl1960blog.wordpress.com/2015/12/22/tep-zepi-le-temps-zero/ et d’ailleurs le blog Résistance71 http://www.resistance71.wordpress.com me l’a traduit en anglais pour me permettre de le transmettre à Mohawk Nation News, au Dr. Ashraf Ezzat, à ICTMNN, à Vincent Emanuele IAW.org bref à mon lectorat anglophone afin qu’ils comprennent mieux notre perception de notre vision anarchiste des choses et en lien avec les Natifs ► https://jbl1960blog.wordpress.com/2016/11/08/tep-zepi-beginning-of-a-new-era/ On sent réellement que la solution à 10% a fait son chemin dans les têtes et nous ne sommes pas si loin d’atteindre ce point de bascule et ce genre de texte peut nous y aider. A nous de nous en emparer et nous mutualiser pour transcrire cette idée dans la réalité, en commencent localement, ce qui marchera, telle la théorie du 100ème singe, ce propagera à tous les groupes qui tenteront d’enclencher ce nouveau paradigme. Et quand la nouvelle société organique parallèle fonctionnera et bien la masse suivra, comme elle suit le système institutionnalisé maintenant, puisque cette masse va toujours dans le sens du meilleur courant, comme un banc de poissons… À charge ensuite à nous, de convaincre et désintoxiquer les mougeons pour les aider à redevenir juste humains… JBL

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