Comment l’industrie pharmaceutique tente d’influencer les étudiants en médecine…

Les petits cadeaux entretiennent l’amitié c’est bien connu.. Merci Thierry92.

Universités de médecine et hôpitaux, où officient les internes, sont ciblés par l’industrie pharmaceutique. L’enjeu : créer une proximité pour imposer leurs produits et influencer les choix de ces futurs médecins. Entre nécessaire information sur les traitements et molécules existants et stratégie commerciale agressive, la présence des industries pharmaceutiques et de leurs visiteurs médicaux y est-elle encadrée ? De plus en plus d’étudiants s’en alarment. Un classement des universités françaises, à partir de leur indépendance vis-à-vis des grands labos, pourrait bien venir bouleverser ces pratiques.

C’est un rendez-vous ordinaire, presque routinier. Tous les lundis soir, dans ce service de chirurgie d’un hôpital parisien, le personnel soignant de garde se rassemble pour partager un repas… offert par un laboratoire pharmaceutique. Un « staff », comme on l’appelle dans le milieu. À côté des médecins : un « visiteur médical », un commercial chargé de promouvoir les dernières trouvailles de la marque pharmaceutique pour laquelle il travaille. « Il n’y avait évidemment pas de nouveaux produits hospitaliers à présenter chaque semaine, se rappelle Louise, une externe passée par ce service. Et j’avais l’impression qu’il était parfois difficile de justifier le traiteur ! »

La présence régulière de ce représentant privé dans ce lieu public est presque institutionnalisée. Comme celle des visiteurs médicaux en général, qui parcourent les couloirs, mallette à la main, à la recherche du temps perdu des médecins pour leur présenter le dernier médicament sorti de leur laboratoire. Leur objectif : toucher les prescripteurs d’aujourd’hui, et ceux de demain, internes et externes en formation à l’hôpital. Les visiteurs médicaux leur offrent ainsi des plaquettes qui récapitulent les grandes classes de médicaments – présentés avec leurs noms commerciaux plutôt que le nom de leur molécule (voir plus bas) –, des stylos, des échantillons de médicaments ou du matériel pédagogique pour expliquer les pathologies aux patients. De quoi faciliter la vie de ces étudiants médecins pressés.

Intérêts commerciaux contre savoir universitaire ?

L’hôpital est un lieu idéal pour tenter d’influencer les futurs médecins dans la prescription d’un médicament. C’est ici que les premiers liens se tissent, que des sympathies s’esquissent. « On va au staff à 8 heures du matin, on est mal réveillés et on n’y comprend rien, mais il y a des pains aux chocolats, raconte Antoine, un étudiant en cinquième année. Pendant trente minutes, on entendra cinquante fois le nom X de tel médicament. Un jour, lors d’une visite avec des médecins, on se dira : pour cette pathologie, il faut donner le X. » Certains professeurs poussent parfois les étudiants à participer à ces réunions. « On nous dit : vous devez vous rendre à ces staffs pour apprendre, ajoute Louise. Pourtant, les visiteurs médicaux ne sont pas des universitaires, mais des commerciaux qui sont là pour faire de la promotion. »

Vidéo

C’est aussi à l’hôpital que les noms commerciaux des médicaments – leurs marques – sont souvent utilisés. Il existe pourtant une dénomination commune internationale (DCI) qui vise notamment à ne pas favoriser une marque plutôt qu’une autre [1]. Au sein du personnel soignant et auprès des patients, il est parfois plus simple d’utiliser un nom de marque – par exemple Doliprane, le médicament fabriqué par Sanofi – plutôt que la dénomination de sa molécule – le paracétamol – que l’on peut retrouver dans des médicaments génériques. Par souci de simplicité dans un quotidien bien chargé ? Pas uniquement : cet usage reflète aussi la pénétration des laboratoires pharmaceutiques dans les facultés de médecine.

On retrouve en effet ces marques dans les livres d’externat et les stages, mais aussi dans les cours de certains professeurs. Ces derniers ne sont pour l’instant pas tenus de déclarer leurs conflits d’intérêts. La question de l’influence de l’industrie pharmaceutique ne figure d’ailleurs pas dans les programmes de formation. « On ne nous parle pas assez d’indépendance, explique Louise. Ce n’est pas inscrit dans la culture de nos formateurs. » Des constats qu’établissent plusieurs études menées sur le sujet [2]. Des exercices nommés « Lecture critique d’articles » sont bien au programme de la formation en médecine. Mais ils sont plus techniques – est-ce que les calculs diffusés dans l’étude paraissent bons ? – que réflexifs – l’auteur de l’article a-t-il un lien avec un laboratoire ?

Ne pas se priver d’informations sur les médicaments ?

Si les laboratoires portent leur attention sur les étudiants, c’est parce que ces derniers sont les futurs prescripteurs. Pour apprendre à prescrire, il faut être informé sur les médicaments. Ce qui, paradoxalement, n’est pas évident. En dehors des conseils et de l’expérience que partagent médecins et professeurs, l’accès aux particularités des médicaments – posologie, effets secondaires, avantages, inconvénients – n’est pas aisé pour les étudiants et les jeunes médecins. « Les visiteurs médicaux t’amènent des informations sur les nouveaux produits que tu n’as pas le temps d’aller chercher ailleurs, explique Mathilde, jeune médecin généraliste. Entre les recommandations de la Haute Autorité de santé, dont tu sais qu’elles peuvent être influencées [3], celles des visiteurs médicaux et de certaines revues qui ne sont pas non plus indépendantes, tu ne sais parfois pas quel médicament choisir. »

Parmi les présentations des visiteurs médicaux se trouvent de vraies avancées. « Ils ne nous présentent pas de nouvelles molécules, car les médicaments qui fonctionnent existent depuis de nombreuses années. Mais certaines nouveautés facilitent la vie de tes patients, raconte Manon, qui vient de terminer sa spécialité en gastro-entérologie. On nous propose par exemple un médicament qui permet de ne plus prendre qu’une seule gélule, au lieu de trois auparavant. » Certains étudiants estiment ainsi qu’il faut recevoir ces représentants commerciaux et faire ensuite le tri… Quitte à ouvrir aussi la possibilité d’être influencé.

« Très peu informés sur les enjeux économiques de nos choix »

« Les médecins ont besoin de connaître la valeur d’usage du médicament. Et ces connaissances sur les médicaments sont produites par les laboratoires eux-mêmes, qui organisent les essais cliniques et qui sont ainsi juges et parties », pointe le sociologue Quentin Ravelli, qui a travaillé plusieurs mois au siège de Sanofi Aventis. Un cercle vicieux.

Si les étudiants ont des cours de pharmacologie dès la deuxième année, ils complètent par la suite leurs connaissances avec les informations données par l’industrie pharmaceutique. « Ce qui est dit sur les produits présentés par les visiteurs médicaux sont des choses vraies. Mais les points négatifs peuvent être omis !, ajoute Mathilde, la jeune médecin généraliste. Nous sommes très peu informés sur les enjeux économiques qu’il y a derrière les choix que nous faisons. » Nicolas Lechopier, un professeur de la faculté de médecine de Lyon confirme : « Le médicament n’est pas abordé comme un sujet politique, au sens qu’il engage des enjeux de pouvoir et d’argent, qui concernent directement la viabilité de notre système de santé. »

Des examens blancs longtemps organisés par Sanofi

Pour mieux comprendre l’intérêt que portent certains laboratoires aux étudiants, il faut rentrer dans le monde de l’industrie pharmaceutique. Lors de son passage chez Sanofi Aventis, le sociologue Quentin Ravelli a été chargé de rédiger un argumentaire pour convaincre les doyens des universités d’organiser systématiquement des concours blancs à l’internat de médecine, en sixième année. Des concours alors financés par Sanofi, en partenariat avec La Revue du praticien.

« À partir de statistiques, l’objectif était de montrer que les facultés qui faisaient appel aux concours blancs avaient de meilleurs résultats que ceux qui n’y recourraient pas et de convaincre ainsi des doyens réticents », raconte aujourd’hui Quentin Ravelli. Pour le laboratoire, ces concours blancs donnaient, d’après le sociologue, « un accès aux listes de candidats, à leurs niveaux respectifs, aux résultats de chaque faculté de médecine […]. Il permet de repérer les futurs médecins influents avant même qu’ils ne se révèlent à eux-mêmes [4]  ». Ce que ne confirme pas l’entreprise : « Sanofi a mis à disposition uniquement des moyens logistiques et financiers permettant aux étudiants de passer ce concours blanc au niveau national dans les conditions optimales de qualité et de coût. » L’entreprise affirme aussi ne pas être intervenue dans le contenu même des épreuves.

Repérer les besoins des étudiants

…/…

Lire la suite

Auteur Simon Gouin pour BastaMag

Voir aussi:

Sauver des vies en temps de crise : le difficile quotidien des infirmiers

Des paysans bio en soutien au mouvement Nuit Debout

Plainte en diffamation : Bolloré perd son procès contre Bastamag

Dossier: Des grands projets… inutiles ?

 

Volti

10 Commentaires

  1. Jusqu’ici, je ne ‘étais jamais beaucoup intéressé au fonctionnement de la médecine.
    Et puis, il y a peu, des problèmes cardiaques m’ont obligés à fréquenter ce monde à part.
    Que retenir sinon que ce que j’ai compris est vraiment affligeant ! https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_cry.gif
    De façon générale, le médecin ne recherche plus les causes d’un problème de santé mais se contente de soigner +/- les effets sur base des prescrits des représentant de commerce des usines pharmaceutiques !
    concernant les problèmes cardiaques, on vous prescrit, +/- de façon empirique, 5 à 6 médicaments différents en partant du principe qu’au moins, l’un d’eux atténuera les effets sans tenir compte que l’interaction des autre médicaments inutiles vous détruira les reins, le foie, les intestins et, finalement, tout le reste !
    En effet, rechercher les causes ne rapporte RIEN aux usines à pilules et à leurs propriétaires alors que “soigner” les effets à long terme leur rapporte des milliards.
    hors les pouvoirs publiques ont abandonné le financement de la recherche aux lobbys pharmaceutiques et suivant l’adage bien connu: “c’est celui qui paye qui commande ! ”
    Il est évident que cette méthode de financement augmente considérablement les couts en matière de soins de santé vu qu’il n’est plus question de guérir les gens mais uniquement de profiter de leurs maladies et d’en créer quelques autres par la même occasion dans le seul but d’enrichissement !
    Il faut avoir fréquenter quelques hôpitaux pour se rendre compte à quel point la médecine est devenue le premier secteur économique et financier dans nos sociétés et ceci, grâce au système actuel de sécurité social et à l’abandon du financement de la recherche par les pouvoirs publiques. https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_cry.gif
    Mais il n’y a pas que cela……..!

  2. que dire de l’esprit corporatif des médecins qui se comportent encore comme au 19éme siècle et rejettent, pour la plupart, le devoir d’information au patient de peur que celui ci ne comprenne que son médecin n’y comprend pas beaucoup plus que lui concernant sa maladie et ne cherche pas vraiment à en comprendre plus !
    Alors que la médecine est au 21éme siècle, elle est pratiquée avec une mentalité du 19éme siècle.
    Cherchez l’erreur ! https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_unsure.gif
    Combien d’infections soignées aux antibiotiques sans même analyser si l’infection est d’origine bactérienne ou virale ?
    Un enfant de 4 ans est décédée à l’hôpital Marie Curie à Charleroi récemment.
    La raison: diagnostiquer une gastro-entérite sans analyse alors qu’il s’agissait d’une crise d’appendicite !
    l’analyse aurait permis de voir que ce n’était pas une gastro-entérite.
    Ben oui, cette petite fille est décédée ! https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_unsure.gif

  3. Depuis une vingtaines d’années les médecins sont harceler et à la solde des représentants des sociétés pharmaceutiques. Et sont donc devenu des prescripteurs en puissance. Il n’est donc pas étonnant de voir que désormais ils vont directement à la source histoire de conditionner les jeunes médecins à se système.

    Orné

  4. Étudiants en médecine, ils publient un « manuel d’autodéfense » face à l’influence des laboratoires pharmaceutiques https://news.vice.com/fr/article/etudiants-en-medecine-ils-publient-un-manuel-dautodfense-face-linfluence-des-laboratoires-pharmaceutiques

    Le manuel : http://www.formindep.org/IMG/pdf/livrettdrv7.1.pdf

  5. Quand je lis tout cela je ne peux que me féliciter d’être sortie de ce système il y a trente ans environ !

    Ma dernière visite dans un hôpital, il y a quelques années pour voir le cardiologue – qui n’a fait que me dire ce que je savais déjà : atteinte d’angine de poitrine ou angor – et qui voulait me prescrire un médicament à prendre “à vie” pour la tension, et aussi poser un stent. Je l’ai poliment envoyé balader ( en plus c’est le chef de service de mon fils aîné) et n’y suis jamais retournée. J’ai guéri ma tension trop élevé, elle frisait régulièrement les 21 à 23/6/7, maintenant elle est stable à 13/7 avec la lithothérapie que je pratique sur moi en premier. Puis je me suis donné de l’homéopathie spécifique, et en une année l’angor a pratiquement disparu. Cela fait trois ans maintenant, je sais qu’il y a certaines choses que je dois éviter, ceci avec l’expérience, mais je n’ai plus d’angor et tout va bien.

    Mon homéopathe, admiratif, m’ encore dit en octobre dernier ” je voudrais être comme vous à votre âge”, je l’ai consulté un peu pour la forme et un peu aussi pour faire un bon nettoyage du foie et de la vésicule par des teintures mères de plantes. Je connais moins ce domaine alors je préfère passer par lui.
    J’ajoute que j’avais eu une hernie hiatale, que les médecins disent irréversible, or mon cher toubib me l’a guérie bel et bien en 18 mois, grâce encore à l’homéopathie, et je n’ai plus rien de ce côté. Qui dit mieux ?

    Tout cela ne m’a pratiquement rien coûté, à part la visite chez l’homéopathe, toujours un peu chère mais remboursée tarif sécu, donc ce qui reste de ma poche n’est pas trop élevé et je n’ai pas de mutuelle.

    Alors je plains de tout mon cœur les moutons, enragés ou non, qui continuent à se soigner avec l’allopathie, parce qu’ils craignent ce qu’ils ne connaissent pas, n’osent pas franchir le pas, et aussi parce que sécu et mutuelle leur assurent un remboursement de leurs frais, qui se portent cahin-caha, et qui se contentent de se plaindre et de gémir et de se scandaliser devant tout ce qu’ils apprennent des médecins, de la médecine et des lobbies pharmaceutiques !
    Je leur souhaite bon courage et, quand même pas longue vie, je ne suis pas méchante à ce point, sachant que si elle est longue elle sera pénible en raison de toutes les maladies qu’ils auront à supporter dans leurs vieux jours.

    • Pour nettoyer le foie, un truc super bien, c’est les gélules d’artichauts qu’on trouve en pharmacie.

      Mon beau père a passé 4 ans à courir après des médecins et à prendre des médicaments pour un problème au foie mais rien n’y a fait, il avait toujours autant de vertiges et de douleurs.

      Puis un jour, il s’est décidé à aller voir un homéopathe qui lui a prescrit des gélules d’artichauts et en peu de temps il n’avait plus rien.

      Le foie est un filtre et quand celui-ci est obstrué par des impuretés tous les médicaments du monde ne suffisent pas le nettoyer, la nature est bien faire et elle a tout prévu. Finalement le traitement lui a couté 5 euros mais pendant 4 ans ses traitements et autres analyses lui ont coûté très cher et ainsi qu’à la sécurité sociale, tout ça sans aucun succè de guérison.

      Je pense qu’un pays qui rembourse les frais médicaux par une sécurité sociale encourage le profit et les abus de la médecine car les gens vont voir le médecin pour le moindre petit bobo et ne cherchent pas à se soigner avec d’autres moyens tout aussi efficaces.

      De plus la médecine n’a pas la science infuse, elle fait des erreurs comme tout le monde et aime bien faire peur aux patients qui ont tendance à voir les médecins comme des Dieux tout puissant ce qui est d’autant plus rentable pour l’industrie pharmaceutique, c’est pour ça qu’il ne faut pas se laissé impressionné.

      Le médecin c’est bien en dernière solution quand vous n’avez pas trouvé d’autres alternatives à vos problèmes de santés, mais en règle générale, la médecine traditionnelle s’avère souvent plus efficace que tous les médicaments du monde.

  6. @ ton père avait raison le Veilleur ! pour moi ce sont des teintures mères : pissenlit, chardon-Marie et radis noir – je te fais grâce des noms latins – c’est radical.
    Une petite cure une fois par an soit au printemps soit à l’automne, mais le plus souvent en début d’année.
    je suis entièrement d’accord avec ce que tu écris !

  7. Voyez le culot dont fait preuve les Antifas. Mais le pire c’est qu’ils sont tellement con qu’ils ne s’en rendent pas vraiment compte.
    – Les gestapistes “antifas” sont une police de la pensée
    http://www.youtube.com/watch?v=SF7yX4KNXJ4
    >Etienne Chouard – Nuit Debout 1/7 – Que penses-tu du mouvement Nuit Debout ?
    http://echelledejacob.blogspot.be/2016/04/les-gestapistes-antifas-sont-une-police.html

    Et en bonus :

    http://www.youtube.com/watch?v=9wejguwi7NY
    >J’SUIS PAS CONTENT ! #38 – Nuit Debout, Pédés & Macarons !

    Akasha.

Les commentaires sont clos.