Les NBT : des OGM qui ne disent pas leur nom ?

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Les nouvelles techniques du génie génétique permettent depuis quelques années d’obtenir des plantes qui présentent les mêmes propriétés que les OGM, mais qui échappent à leur cadre règlementaire. Ce vide juridique a alerté de nombreuses associations qui réclament que le statut de ces biotechnologies soit clarifié. Le risque ? Les voir arriver sur le marché à l’insu des citoyens…

L’industrie et une partie de la recherche ne souhaitent pas du tout voir l’encadrement strict des OGM se répéter. La Commission européenne travaille sur la question depuis… 2007 ! Et devrait rendre sa décision dans les prochaines semaines.


La recherche agronomique utilise les nouvelles techniques de modification du vivant : activation ou suppression de gène, recombinaison du génome, mutagenèse assistée… Ces nouvelles techniques de sélection, nommées NBT, selon l’acronyme anglais New Breeding Techniques, interviennent ainsi directement sur le génome des plantes ou des animaux pour obtenir les caractères souhaités : tolérance à des herbicides, résistance à un insecte où nanisme d’un animal par exemple.

Si les NBT relèvent bien du génie génétique, elles se distinguent de la transgenèse (insertion d’un gène étranger dans le génome), qui a caractérisé jusqu’à présent les OGM. Ces techniques produisent-elles des OGM ? La réponse dépasse la simple question juridique, puisqu’elle déterminera l’encadrement règlementaire des nouvelles variétés de plantes et des nouvelles espèces animales qui vont arriver sur le marché. Une chose est déjà sûre : la bataille rangée qui divise la recherche et oppose l’agro-industrie aux organisations paysannes et écologistes rappelle indéniablement celle des OGM.

Des modifications génétiques intraçables
Pour l’industrie des semences et une partie de la recherche agronomique, ces nouvelles techniques de modification du génome se distinguent des anciennes par leur précision. “On va faire de la dentelle”, a ainsi déclaré Olivier Le Gall, directeur général délégué aux affaires scientifiques de l’Ira, interrogé par Agra Presse. Un argument qui veut démontrer que les techniques de la transgenèse étaient grossières.

Mais le principal argument est ailleurs : il ne reste aucune trace de l’intervention humaine après la modification génétique. Pour les défenseurs des biotechnologies, c’est la preuve de l’équivalence entre les produits obtenus par des NBT et les produits naturels. Et c’est donc un argument pour ne pas les voir tomber sous la réglementation OGM, qui avait largement contraint la recherche et interdit la culture d’OGM dans de nombreux pays européens. Plus cyniquement, les produits n’étant pas identifiables, leur traçabilité devient difficile.

Polémique au HCB
Pourtant, de nombreuses voix s’élèvent contre cette vision des choses. Différentes associations environnementales et paysannes pointent au contraire qu’il y a bien une modification du génome et, qu’à ce titre, l’étude des risques spécifiques à ces produits et l’information des citoyens sont nécessaires. La polémique qui secoue aujourd’hui le Haut Conseil des Biotechnologies (HCB) illustre ce bras de fer engagé entre pro et anti-OGM.

Le HCB a rendu un avis début février, favorable à ne pas soumettre les NBT à la réglementation OGM. Mais un des membres du comité scientifique, Yves Bertheau, a démissionné, refusant d’être s’associé à cet avis. Le chercheur de l’Inra de Versailles estime en effet que la modification du génome peut avoir des effets non intentionnels qui doivent être étudiés. Il rejoint ainsi les associations sur la nécessité d’évaluer les risques sanitaires et environnementaux de ces nouveaux produits.

Un boulevard pour le brevetage du vivant
Dans la foulée, les sept organisations paysannes et de la société civile qui siègent au comité économique, éthique et social (CEES) du HCB ont annoncé qu’elles boycotteront cette instance tant que la pluralité des avis sur les NBT ne sera pas respectée.

Pour ces organisations anti-OGM, un autre problème émerge avec ces “nouveaux OGM” : le brevetage du vivant. En effet, les semences produites grâce au génie génétique sont brevetables, car elles relèvent d’une invention du semencier. Les principales industries agro-chimiques, comme Syngenta, BASF ou Monsanto, ont déjà enregistré des dizaines de demandes de brevets auprès de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (Ompi) pour des semences obtenues grâce aux NBT, selon un rapport publié par l’ONG TestBiotech.

C’est au niveau européen que la décision du statut des NBT sera prise. La Commission planche sur le sujet depuis près de 10 ans et doit enfin trancher la question dans les prochaines semaines. Plusieurs organisations s’inquiètent déjà de l’issue, compte tenu des pressions exercées par les industriels… L’ONG Corporate Observatory Europe a suivi le lobbying de l’industrie des semences et pointe en particulier la création d’une organisation de lobbying ad hoc : la New Breeding Techniques Platform.

Source: Novetic

 

Benji

5 Commentaires

  1. Hier il y avait un reportage sur Vandana Shiva qui se bat contre Monsanto. A un moment ils ont parlé du coffre fort des graines du Svalbart, et un intervenant à dit, que c’était un racket, car ce “truc” est financé par les semencier et les grandes fortunes, qui ignorent si les graines seront encore utilisables dans XXX années. Qui nous dit qu’ils vont les rendre sans les avoir manipuler, pour nous imposer leurs monstruosités?..
    Vandana Shiva à bien dit qu’il fallait simplement diversifier les cultures, les insectes luttaient contre les parasites et les maladies. C’est l’enrobage à base de pesticides des graines, qui tue les oiseaux, insectes et vers de terre, laissant les plantes sans défense et sensibles au maladies.
    En stérilisant les sols par la monoculture, il faudra encore plus d’engrais et de pesticides.
    L’assolement (rotation des cultures) le griffage, au lieu du labour profond, et le semis d’engrais vert entre les cultures, pour ne pas laisser les sols nus, sont les bases saines d’un vrai retour aux sources. Mais pour cela, il faudrait qu’il reste de vrais paysans et pas des producteurs de ceci ou de cela pour qui, la quantité prime sur la qualité. 🙁

  2. Quand on pense que Monsanto est une filiale du groupe IG Farben… Ça fout les j’tons, non ?

    Je ne sais pas pourquoi, mais à chaque fois que j’entends Monsanto, OGM, manipulation du vivant je pense à un autre Groupe… Bilderberg et je ne peux pas vous expliquer pourquoi. J’ai l’impression qu’il y a un nid d’eugénistes spécialement dans ce groupe là, peut-être me trompes-je en tout cas ça m’a tellement interpellée que je l’ai traitée en détail dans ce billet de blog ; https://jbl1960blog.wordpress.com/2016/02/20/bilderberg-cie/ A+

  3. ça me fait penser à tous les gars qui achètent des graines modifiées voir même des graines de cana y’en a 50 % c’est des modifications génétiques ( auto etc ) .. en vrai on fume des trucs qui sortent d’un labo de chimie .. dsl c’est pour ceux qui connaissent

    • Haaaa je comprend maintenant pourquoi j’ai trois jambes et quatres bras …

      Bon, au point ou j’en suis je vais continuer la fumette. https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_wink.gif

  4. Les apprentis sorciers aux ordres des semenciers industriels vont au final créer de nouvelles espèces végétales similaires à celles qui existent au naturel et qui viendront petit à petit remplacer ce que la nature nous offre généreusement depuis des siècles, car ne nous leurrons pas, quand ils auront breveté leurs créations monétisables sorties des labos, ils s’empresseront de stériliser toutes les espèces équivalentes sur lesquelles ils n’ont aucun droit, et je ne parle que du monde végétal en vous laissant imaginer ce qu’il pourrait advenir des mammifères quand la réalité aura définitivement dépassé la fiction …

    Combattre cette industrie véreuse c’est encore possible aujourd’hui, c’est un combat auquel chaque individu peut facilement prendre part pour autant qu’il possède un bout de jardin. Tous les jardiniers amateurs devraient prendre conscience de l’ampleur de la destruction massive du vivant qui se prépare dans l’ombre des labos, mais également du devoir qui est celui de chacun de perpétuer la diversité des espèces, en récoltant un maximum de graines saines que nous pourrons ressemer et partager chaque année. Si nous voulons échapper au « soleil vert », il est urgent d’agir.

    Il est fort probable que les traîtres au pouvoir nous coupent l’herbe sous le pied un jour ou l’autre pour parfaire le travail de destruction voulu par Monsento & co, en pondant une loi interdisant les récoltes de graines et semis qui ne seraient pas « certifiés » par l’industrie. J’ose espérer que TOUS les jardiniers amateurs continueront à se battre sans céder, quitte à se mettre hors la loi, pour préserver la diversité de notre alimentation et sauvegarder ce qui appartient à l’humanité, car il ne faudra pas compter sur les professionnels qui capituleront devant le pouvoir et la loi pour préserver leur propre business …

    ABE, Bises et bonne journée à tous …
    https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_wink.gif M.G.

    PS : Amis jardiniers, vous pouvez vous procurer des graines chez Kokopelli qui se bat déjà depuis des années pour la sauvegarde des espèces en proposant des semences potagères et aromatiques Bios, libres de droit et reproductibles (non-hybrides F1 et non-OGM)

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