Un jeune designer belge, Julien Phedyaeff, a-t-il créé la machine à laver du futur?

La machine du futur, comment l’imaginez-vous? Entièrement électronique voire même autonome? Une trentaine de programmes dont 25 ne serons jamais utilisés? Et un tableau de bord digne d’un boeing contrôlable via un Iphone? Le designer belge Julien Phedyaeff a une vision différente de l’avenir du lave-linge, et son concept porte bien son nom: l’increvable. L’idée, si simple et pourtant si évidente, une machine qui lutte contre l’obsolescence programmée, à montrer soi-même et dont chaque pièce peut être reconditionnée. Terminé le matériel changé au bout de quelques années, place au matériel qui comme sa machine aurait la capacité de tenir 50 ans avec chaque pièce remplaçable soi-même.

Reste à savoir quel est la portée réelle d’un tel projet, et à quel prix…

Sous-titre du projetusr-409-img-1407237107-61cc7-534x356

Un lave linge pour la vie

Source d’inspiration

Je démonte des objets depuis tout petit, par curiosité, pour les comprendre mais aussi pour les réparer, voire les transformer. Démonter est à mon sens le premier pas permettant d’être acteur vis-à-vis des objets. Or cette capacité à agir sur les objets entre en conflit avec les pratiques actuelles d’obsolescence programmée et de verrouillage systématique dont on est témoin tous les jours avec nos smartphones, voitures, lave-linge etc. Nous sommes éloignés des objets, nous ne les connaissons qu’en superficie et on nous apprend à nous en séparer le plus rapidement possible et sans remords.

Le quotidien nous prouve qu’il est de plus en plus difficile de garder un objet à long terme. La durée de vie des objets industriels baisse. L’obsolescence programmée dicte notre consommation d’objets, elle permet d’entretenir une production mais aussi de faire croitre à l’envi cette production et l’économie, souvent dans l’irrespect le plus total des ressources, des consommateurs et de la planète.

«L’increvable» propose une alternative aux dérives de l’obsolescence programmée.
Je ré-évalue à travers cette marque la condition de certains objets de grande consommation, objets qui répondent au concept d’objets stables.

«L’objet que je définis comme stable est un objet qui a peu évolué technologiquement et formellement dans un temps donné et qui répond efficacement à un usage intemporel.»

L’objet ici stabilisé est un lave-linge:
Cet équipement équipe 90% des foyers français. Il répond parfaitement à la définition de l’objet stable, il a pourtant une durée de vie moyenne très faible (environ dix ans). Cette fin de vie est causée par une panne dite irréparable, c’est-à-dire que le coût de la réparation est proche du prix d’une machine neuve. Cela n’est guère étonnant quand on regarde de plus près la conception des pièces critiques de la machine, optimisée pour un montage usine qui se veut le plus performant et le moins cher possible. Ce profit est au final unilatéral et pénalise le consommateur.

Etapes de développement du projet

Les prémisses de ce projet sont nées d’une recherche large sur les pratiques de démontage des objets, rendu sous la forme d’un mémoire de fin d’études rédigé en 2013.
Ce travail m’a permis d’explorer et de comprendre des enjeux qui m’ont été utiles pour poser la base de réflexion de ce projet.

Ce projet est très complet et j’ai souhaité développer chaque facette du projet pour avoir au final une réponse homogène, que cela soit sur sa place dans l’économie et l’industrie actuelles, dans son utilisation ou dans sa conception.

Certaines résolutions techniques ont été difficiles à concevoir, comme par exemple le remplacement des lests en béton par le réservoir d’eau : ce dernier demande un plus grand volume pour un même poids. Cette réponse doit encore être approfondie dans ses détails pour l’intégrer de façon fiable et efficace dans le circuit d’eau de la machine.

L’objet est conçu en 3D.
Une maquette d’aspect échelle 1 de la machine a été réalisée.

Fonction

L’increvable répond à un cahier des charges précis lui permettant de servir son utilisateur sur cinquante ans et cela en garantissant un prix d’achat équivalent voir plus faible que celui d’une machine classique.

Les résolutions découlent d’un cahier des charges devant répondre à plusieurs critères:
Des enjeux de maintenance et de réparation : la durée de vie moyenne de dix ans mentionnée plus haut se base sur une panne dite irréparable, c’est-à-dire que le coût de la réparation est proche du prix d’une machine neuve.
Des enjeux d’usages : le transport lors d’un déménagement par exemple.
Des enjeux d’évolution technique : par-exemple la gestion de futur produit lessiviel ou de future norme concernant la consommation d’eau et d’électricité.

Les réponses:

– La durée de vie de la machine est de 50 ans.

– Le coût d’achat est plus faible que celui d’une machine classique car la machine peut être livrée en kit si le consommateur choisit de l’assembler lui-même (assemblage «à la IKEA»). L’utilisateur a le choix de s’impliquer dans la connaissance de son objet en assumant lui-même le montage de la machine. Ce montage à faire chez soi est économique. La machine peut aussi être pré-montée, le coût est alors standard, et enfin il y a un service d’accompagnement au montage pour ceux qui le désirent.

– La machine en kit tient dans un packaging réduit de 20%.

– Le poids de la machine est réduit lors du transport car les 30 kilos de lests en béton sont remplacés par un réservoir se remplissant automatiquement d’eau lors de la première mise en service. Cette configuration permettra lors d’un déménagement de réduire le poids de la machine en vue du transport.

– Les maintenances de la machine sont facilement réalisables. La maintenance la plus courante peut se faire directement sous le plan de travail. Le lave-linge communique sur ses différents besoins de maintenance via une interface claire et fiable. L’utilisateur peut se référer alors au site internet et apprendre les opérations à effectuer pour entretenir la machine.

– La machine est personnalisable grâce à un stratifié décor qui peut être remplacé à tout moment pour répondre à de nouvelles envies.

– Le bac à lessive et les commandes disparaissent derrière une façade pivotante. Cette configuration permet d’augmenter l’ergonomie lors du choix des programmes et du remplissage des produits lessiviel.

– Le hublot en verre peut être installé pour avoir une ouverture à droite ou à gauche, ce qui permet une intégration plus aisée dans l’habitat.

– Les évolutions techniques sont possibles en fonction des normes en vigueurs. Cela se fait par une mise à jour logicielle permettant d’adapter les nouveaux programmes ou du matériel en remplaçant certaines pièces techniques.

– La fin de vie: Le lave-linge est programmé pour 50 ans. Une fois cet âge atteint, il peut-être reconditionné en usine :
la tôlerie est repeinte voire modifiée, le hublot en verre est nettoyé… puis la machine est à nouveau vendue pour servir un nouveau cycle de 50 ans.
Certaines pièces ont une durée de vie illimitée, il est donc pertinent d’ajuster la production en conséquence.
On peut imaginer des industries évolutives qui, une fois que la quantité prévue de certaines pièces est atteinte, vont évoluer au profit d’une industrie de reconditionnement de ces mêmes pièces.
Dans un monde où la population augmente et où les ressources se réduisent il est vital de préserver ces ressources et cela commence par gérer intelligemment notre production.

Awards

«L’increvable: un lave-linge» a reçu un Label de l’Observeur du Design 2015.

« Organisé par l’APCI (Agence pour la Promotion de la Création Industrielle) depuis 1999, l’Observeur du design est un Prix français de design qui réunit et récompense chaque année les meilleures réalisations répondant de façon exemplaire aux critères d’innovation, à l’amélioration du confort de l’utilisateur, en réponse à de nouveaux besoins, au respect de l’environnement … »

Présentation du projet: Jamesdysonaward.org

Si en France, les lois ont légèrement évoluées dans le bon sens, il n’en a pas toujours été ainsi. Pour l’heure, les fabricants sont de par la loi, obligés d’avoir en stock des pièces de rechange pour que les matériels vendus puissent être dépannés, mais la solution de ce designer belge n’est-elle pas plus intéressante?

Pour en apprendre plus sur l’obsolescence programmée, voici un très bon reportage sur le sujet, assez triste de voir l’évolution de la consommation pour faire toujours plus d’argent…

[youtube width=”640″ height=”460″]https://www.youtube.com/watch?v=0VwCPQ7iLwc[/youtube]

 

Benji

3 Commentaires

  1. J’aime bien l’idée….
    Mais faut pas s’arrêter bien entendu à la machine à laver…

  2. Et dieu créa la femme https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_rose.gif

    https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_negative.gif

    • Loin de moi toutes pensées misogynes, mais a la maison ma femme et mes filles cassent plus qu’autre chose et je passe mon temps a réparer.

      Aujourd’hui “réparation”-soudage d’un fil du câble de charge du pc portable de ma fille. Sa remarque en me donnant l’objet défaillant ?? “Mon pc est foutu, je vais en acheter un nouveau” !!!

      Je lui ai répondu qu’on ne jette pas une voiture quand un pneu crevé.

      Je récupère absolument TOUT ce qui peut l’être, et je “m’amuse” a réparer.
      L’année dernière j’ai racheté une BMW, 500€ car je cite: “surchauffe du a un joint de culasse fissuré” … Et bien après une simple purge du système de refroidissement, ce véhicule était reparti pour des milliers de kilomètres. (histoire bien réelle!!)

      Réparer soi-même apporte de grosses économies d’argent.

      Maintenant concernant cette machine a laver ci-dessus, il en existe une autre encore plus “efficace”
      http://www.journaldugeek.com/2014/08/08/bike-washing-machine-pedalez-pour-laver-votre-linge/

      Ou “fait maison”
      http://outils-autonomie.jimdo.com/lave-linge-%C3%A0-p%C3%A9dales/

Les commentaires sont clos.