La BCE prête à prendre le relais de la FED : vers l’implosion de la zone euro ?

La FED, par la voix de sa présidente Janet Yellen, a annoncé une sortie progressive du QE, son programme de rachat d’obligations souveraines auprès des banques privées, ainsi qu’une remontée progressive des taux en 2015. Les effets n’ont pas tardé à se faire sentir sur les pays émergents qui ont assisté à une fuite des capitaux sous l’effet de l’anticipation d’une baisse des liquidités au niveau mondial. La conséquence est une hausse du dollar par rapport à la monnaie des émergents, le rouble a par exemple perdu 40% de sa valeur face au dollar, sous la pression également des sanctions occidentales. La hausse du dollar va également renchérir le poids de la dette pour les économies émergentes, libellée pour les trois quart dans la monnaie américaine.

Selon la Banque des Règlements Internationaux :

L’appréciation du dollar pourrait, si elle ­persiste, avoir de profondes implications pour l’économie mondiale. Elle agirait comme un révélateur de la ­fragilité financière de nombreuses sociétés des pays émergents dont la dette est libellée en dollar
L’euro s’est lui même fortement déprécié par rapport à la monnaie américaine et s’échange désormais à 1.23$ contre 1.37$ en décembre 2013.
L’économie de la zone euro suscite également de plus en plus d’inquiétudes puisque la croissance sera quasi nulle en 2014 avec 0.8% (en incluant pour certains pays le trafic de drogue et la prostitution dans le calcul du pib) et que les perspectives pour 2015 ne sont guère meilleures. L’OCDE a établit des prévisions à 1.1%, qui seront probablement revues à la baisse d’ici peu.

Dans ce contexte, la dernière émission monétaire de la BCE n’a pas trouvé preneur : sur les 400 millions de son dernier programme de refinancement proposé aux banques au taux de 0.15% (TLTRO), seuls 212.4 millions ont été empruntés.

Ces facilités de financement et cette injection de liquidités dans le secteur bancaire sont sensées redynamiser le crédit au sein de la zone euro et donc relancer l’investissement et au final la sacro sainte croissance. Le constat d’échec est cependant patent. Les banques n’ont tout simplement pas besoin de cet argent car elles n’enregistrent pas de demande de financement de la part des entreprises et qu’elles ne souhaitent pas prêter aux économies en difficulté du sud de la zone comme l’Italie ou l’Espagne ou le taux de défaut et les faillites sont très élevés.

Il n’y a aucune raison macro-économique qui pourrait pousser les entreprises à investir dans un contexte déflationniste et récessionniste. Ce contexte récessif est pourtant la conséquence directe des politiques préconisées par la BCE et la commission européenne dans le cadre de la “résolution” de la crise des dettes publiques et qui se sont traduites par la mise en place de politiques d’austérité dévastatrices.

Le PIB de la Grèce a perdu ainsi presque 30% depuis 2008. L’autre levier de ces politiques sensé agir sur la compétitivité en créant un “choc d’offre” et qui s’est traduit par des baisses de salaire et des politiques de modération salariale destinées à réduire les coûts de production a également entrainé un effondrement généralisé de la demande dont même l’Allemagne souffre aujourd’hui. Le PIB germanique n’a progressé que de 0.1% sur le troisième trimestre, autant dire qu’il n’y a plus de croissance outre Rhin.
L’indice PMI manufacturier allemand est ressorti à 49.5 en novembre, un plus bas historique de 17 mois, la barre des 50 points marquant la séparation entre contraction et expansion économique…

Devant ce constat d’échec et l’absence de perspectives de reprises à l’échelle de la zone euro, la BCE semble prête à changer de politique monétaire malgré l’opposition de l’Allemagne et un consensus est en train d’émerger au sein des gouverneurs de la banque centrale pour l’adoption de mesures “non conventionnelles”  pour lesquelles militait avec insistance Mario Draghi depuis plusieurs mois.

Selon le site Euractiv, les 28 gouverneurs de la BCE se seraient rangés à l’idée de lancer un QE sur le modèle de celui expérimenté par la FED depuis 2008, à savoir un rachat de titres de dettes souveraines auprès des banques de la zone euro. Il s’agirait d’une petite révolution, l’Allemagne étant farouchement opposée à ce type de pratique accusée d’encourager le laxisme budgétaire coupable des pays du sud et, à terme, de développer  l’inflation.
En réalité, toutes les autres politiques ayant échoué, aussi bien les taux zéro que les facilités de refinancement des banques, une intervention directe de la BCE sur le marché de la dette semble bien constituer le dernier recours.
Une décision sur la mise en place de ce programme de rachats de titres de dettes pourrait intervenir début 2015 :

« Si nous avions eu une marge de manoeuvre sur les taux d’intérêt à ce moment-là, je suis personnellement convaincu que le Conseil des gouverneurs aurait décidé d’abaisser les taux », a déclaré Peter Praet dans un forum qui se tenait à Washington.

Il a estimé qu’une des conditions pour le rachat de dette souveraine, à savoir l’affaiblissement de l’économie de la zone euro, était déjà remplie, l’autre condition étant le sentiment que les instruments déjà en place perdent de leur efficacité.

Lundi, Benoît Coeuré, membre du directoire de l’institut d’émission, a déclaré que la décision d’attendre début 2015 pour juger de l’opportunité de mettre en oeuvre de nouvelles mesures de soutien avait été prise à l’unanimité.

Toutefois l’Allemagne et l’Autriche ont déjà fait part de leur opposition à ce programme et une plainte a été déposé auprès de la cour de justice européenne contre la légalité du programme d’OMT, qui ne figure effectivement pas dans les mandats de la BCE. La mise en place du QE qui se dessine signera t-elle la sortie de l’Allemagne de la zone euro et l’implosion de la monnaie unique ?

Guillaume Borel pour les moutons enragés
Ender

11 Commentaires

  1. Le département du trésor américain fait l’acquisition de kits de survie pour les employés de banque

    http://fawkes-news.blogspot.fr/2014/12/le-departement-du-tresor-americain-fait.html

    Si vous pensez que cette news est tordue…vous avez raison. Pourtant, c’est vérifié, ce n’est pas un hoax.

    • On en sort pas, tous avec des millions pour les
      remercier de ‘leurs bons et loyaux services”.
      GDF Suez: la CGT dénonce la rémunération stratosphérique de M. Mestrallet
      Paris – Le syndicat CGT de GDF Suez a dénoncé vendredi la rémunération stratosphérique du PDG Gérard Mestrallet de près de 4,9 millions d’euros pour 2015 votée par le conseil d’administration (CA) mercredi soir.

      Réagissant à un article de la Lettre de l’Expansion, la CGT s’indigne dans un communiqué de rémunérations sans scrupules, hors de tout rapport avec les salaires des employés du groupe.

      Selon La lettre de l’Expansion, sa rémunération, composée d’un salaire fixe et variable, s’élèvera à 4,9 millions d’euros. Et, comme l’an dernier, le PDG renoncera à une part variable de cette rémunération, une somme qui sera définitivement fixée en février, après la clôture des comptes.

      Pour la nouvelle directrice générale, le vote du CA s’élève à plus de 3 millions d’euros (fixe + variable et stock options), dénonce également le syndicat.

      Isabelle Kocher a été officiellement nommée directrice générale déléguée (DGD) et administratrice de GDF Suez le 21 octobre, devenant ainsi numéro deux du géant gazier, et favorite pour succéder à Gérard Mestrallet à la tête du groupe.

      La CGT pointe du doigt des rémunérations inadmissibles qui représentent 280 fois le smic pour le PDG et 170 fois pour la DGD.

      Nos dirigeants n’ont aucun scrupule à imposer des plans de rigueur pour les salariés (4,5 milliards en trois ans) et à imposer un quasi gel des salaires, souligne la CGT qui déplore que le gouvernement, qui est censé diriger – ou au moins contrôler – le groupe, accepte sans broncher, ce niveau de rémunération….[…]
      http://www.romandie.com/news/GDF-Suez-la-CGT-denonce-la-remuneration-stratospherique-de-M/545530.rom

  2. Si j’ai bien compris :
    Lundi, Benoît écoeuré, membre du directeur de l’institut des démissions, a déclaré que la déception d’atteindre début 2015 pour jurer de la popularité de mettre à l’épreuve de nouvelles mesures des sous-chiens avait été prise par l’énormité.

  3. Tout comme le fait que l’Allemagne se plie devant Washington, elle ne sera pas non plus libre de sortir de l’U.E, faut pas oublier que Merkel, comme Hollande, ne sont que des pions, ils obéissent, et si jamais ils font les malins, la NSA est là pour menacer de balancer certaines choses personnelles, donc au final, il n’y a aura jamais d’implosion de l’U.E, mais une chute vers le néant, notre chute, un continent de pauvres, sans droits ni liberté, tel était le but de la création de l’Europe, voulu par l’ouest.

    Quant aux Etat-Unis, ils auront beaucoup de mal à maitriser la remontée des taux de crédit, malgré ce qu’ils en diront, ils seront obligé courant ou fin 2015 de faire un QE 4, sinon la crise de 2008 sera de retour, et cette fois en pire, la classe moyenne américaine ne vie aujourd’hui que par le crédit, la montée des taux reviendra en pleine face des citoyens, mais ça aussi c’est sans aucun doute voulu, la classe moyenne, où quelle soit, doit disparaitre.

    • Oui, la finalité, c’est cela : la disparition de la classe moyenne. Autre magouille très forte : des sites américains sur l’or et l’argent disent que la manœuvre sur les cours de l’or/argent physique s’arrêtera mais rien ne vient. En clair, cela signifie qu’aucun TANGIBLE n’est fiable !
      Ni avoir son fric à la banque (ponction), ni achat de métal physique qui ne monte pas et donc peut occasionner des pertes à la revente si elle est obligée. Immobilier ? Idem, Des prix monstrueux à Paris : 85000 euros, tout compris + réfection, pour 8 mètres carrés à Paris, plus de 10000 euros le mètre carré, à 50 ans. Donc pas louable, officiellement. En plus, acheter et louer est à risque, que faire si, crise aidant, vous tombez sur des locataires véreux. j’en sais quelque chose, j’ai bradé un studio à Paris contenant une folle qui ne payait pas son loyer.
      C’est bien joli de jouer son Piero San Giorgio en Suisse, pays déjà très privilégié, le lopin de terre, ses réserves, sa maison à la campagne…mais ne pas oublier le fusil and co !
      Que faire ? RIEN !

  4. La zone euro, c’est un feu d’artifice.
    La zone euro, c’est un feu d’artifice qui durerait des années.
    La zone euro, ça pète de partout, il y a des explosions de tous les côtés, c’est vachement spectaculaire.

    Vendredi 12 décembre 2014 :

    La Bourse d’Athènes finit en baisse mais circonscrit ses pertes (- 0,42%).

    La Bourse d’Athènes a clôturé vendredi à nouveau dans le rouge à – 0,42% mais en limitant ses pertes par rapport aux trois derniers jours de dégringolade, sur fond d’incertitude politique face au risque de législatives anticipées.

    Jeudi, l’Athex avait cédé 7,35%, après une dégringolade de près de 13% mardi, une première depuis 1987, et des pertes de 1% mercredi.

    A l’origine de cette tourmente, la décision du gouvernement de coalition droite-socialistes d’Antonis Samaras d’avancer de deux mois l’élection du président par les députés. En cas d’échec à trouver une majorité parlementaire pour ce scrutin, des législatives seront organisées qui pourraient aboutir à une arrivée au pouvoir du parti de gauche radicale Syriza, favori dans les sondages.

    Rappel :

    A la coupe du monde des pays en faillite, dans les 11 premières places, il y a 9 pays européens.

    1- Médaille d’or : Japon. Dette publique de 243 % du PIB

    2- Médaille d’argent : Grèce. Dette publique de 317,499 milliards d’euros, soit 174,1 % du PIB

    3- Médaille de bronze : Italie. Dette publique de 2168,855 milliards d’euros, soit 133,8 % du PIB

    4- Portugal : dette publique de 224,129 milliards d’euros, soit 129,4 % du PIB

    5- Irlande : dette publique de 209,702 milliards d’euros, soit 116,7 % du PIB

    6- Chypre : dette publique de 19,365 milliards d’euros, soit 112,2 % du PIB

    7- Belgique : dette publique de 433,274 milliards d’euros, soit 105,1 % du PIB

    8- Etats-Unis : dette publique de 18011 milliards de dollars, soit 105 % du PIB

    9- Espagne : dette publique de 1012,606 milliards d’euros, soit 96,8 % du PIB

    10- France : dette publique de 2023,668 milliards d’euros, soit 95,2 % du PIB

    11- Royaume-Uni : dette publique de 1552,344 milliards de livres sterling, soit 88,4 % du PIB

    (Pour info : la dette publique de la Russie est de 13 % du PIB)

    http://cimb.ch/ICMB/Publications_files/Geneva16_2.pdf

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