La France est officiellement entrée en déflation

Le 13 novembre, l’INSEE publiait les dernières données relatives à l’évolution des prix pour le mois d’octobre 2014 : “Les prix à la consommation sont stables en octobre 2014 ; ils augmentent de 0.5% sur un an”. A priori, rien d’alarmant. Cependant, en regardant le détail des chiffres d’un peu plus près, il apparaît tout simplement que la France vient discrètement d’entrer en déflation.

 En effet, si l’indice des prix à la consommation permet de refléter l’ensemble des variations de prix, il reste tout de même soumis aux humeurs des biens les plus volatils.

Ainsi, afin de se faire une idée plus précise des tensions inflationnistes, il est recommandé de s’intéresser à l’indice d’inflation sous-jacente. Pour la définition, c’est l’INSEE qui en parle le mieux :

“L’indice d’inflation sous-jacente est un indice désaisonnalisé qui permet de dégager une tendance de fond de l’évolution des prix. Il traduit l’évolution profonde des coûts de production et la confrontation de l’offre et de la demande. L’indice d’inflation sous-jacente est corrigé des mesures fiscales de façon à neutraliser les effets sur l’indice des prix de la variation de la fiscalité indirecte ou des mesures gouvernementales affectant directement les prix à la consommation. L’inflation sous-jacente est ainsi plus adaptée à une analyse des tensions inflationnistes, car moins perturbée par des phénomènes exogènes.

Ainsi, l’indice d’inflation sous-jacente permet une meilleure lecture de la confrontation de l’offre et de la demande. Plus la demande est forte par rapport à l’offre, et plus l’inflation sous-jacente aura tendance à progresser. Inversement, plus la demande est faible par rapport à l’offre, plus l’indice aura tendance à s’affaisser.

Et en ce mois d’octobre 2014, l’inflation sous-jacente vient de passer en territoire négatif à -0.01%. Une première historique depuis les années 30.

Inflation sous-jacente. Annuel. En %. INSEE

Un phénomène intéressant à relever est que le moment considéré comme étant le cœur de crise, c’est-à-dire entre 2008 et 2010, a bien été le témoin d’une forte baisse de l’inflation sous-jacente, mais jamais d’un passage en territoire négatif. La situation actuelle n’en est que plus alarmante car elle ne fait que traduire un écrasement progressif de la demande française. Il est également utile de rappeler que les prix sont rigides, c’est-à-dire qu’ils sont lents à réagir à un contexte donné. Ainsi, le passage de l’indice des prix en territoire négatif est bien le signe d’une accoutumance de l’économie française à la médiocrité de la demande intérieure.

Pourtant, la déflation, c’est-à-dire la baisse des prix, pourrait tout aussi bien être perçue comme une bonne nouvelle. Mais une baisse des prix consécutive à une baisse de la demande n’est en rien une bonne nouvelle. Comme peut le démontrer la graphique suivant :

Inflation sous-jacente en % et nombre de chômeurs en milliers. 1996-2014

La relation entre hausse du chômage et baisse de l’inflation sous-jacente est ici évidente. Bien qu’il n’y ait aucun phénomène de causalité entre les deux, hausse du chômage et baisse de l’inflation ne sont que les conséquences de la même cause : l’effondrement de la demande.

Cette déflation qui menace le pays depuis ces derniers mois avait pu faire l’objet d’une note de la Direction Générale du Trésor dès le mois de juin. Et l’avertissement était pourtant clair :

“Le faible niveau actuel de l’inflation en zone euro renforce la crainte d’une entrée en déflation.

Or, un tel scénario aurait des conséquences macroéconomiques particulièrement défavorables. Une période de déflation (baisse durable des prix, qui se répercute sur les anticipations des agents) se caractérise notamment par un renchérissement de l’endettement en termes réels, voire un report des décisions d’investissement ou de consommation des agents”.

Afin de faire face à ce risque, qui s’est aujourd’hui matérialisé, la DG Trésor apportait clairement une solution :

“Au total, 1) assurer dans l’ensemble un policy-mix plus accommodant pour la zone euro, 2) réaliser un rééquilibrage par une demande plus soutenue dans les pays ayant le plus de marges de manœuvre contribuerait à diminuer le risque déflationniste.”

Mais les conseils n’ont pas été suivis d’effets. D’une part, la Banque centrale européenne est restée muette. D’autre part, l’Europe et la France ont continué à se fourvoyer dans une voie sans issue. L’austérité monétaire et l’immobilisme budgétaire sont la politique de la France. C’est ainsi que François Hollande est devenu, ce 13 novembre, le Président d’une France en déflation. Une situation sans précédent depuis 80 ans.

Source : Atlantico

Ender

21 Commentaires

  1. Le consumérisme exacerbé ne séduirait-il plus tant de moutons que cela ?
    Il faut noter que cela se couple avec une augmentation de la dette nationale, soit un facteur parfait pour une crise économique préparée d’avance (quoi qu’est-ce que j’ai dit ??!!!).

    L’info est vérifiable ici: http://www.insee.fr/fr/themes/info-rapide.asp?id=29&date=20141113
    Pour obtenir l’inflation de -0.01%, il faut faire les calculs.

  2. Beu. J’ai du mal à suivre là.
    Inflation = pas bon .
    Déflation = pas bon non plus.
    Il reste quoi de bon alors ?
    J’ai bien compris le rapport du texte entre chômage et déflation . Donc l’auteur se lamente du manque de consommation par ces salauds de “sans dents” qui sont en train de couler le pays .
    “hausse du chômage et baisse de l’inflation ne sont que les conséquences de la même cause : l’effondrement de la demande.” et l’effondrement de la demande serait la cause du chômage sans doute ?
    Ah bon …et si la hausse du chômage venait des délocalisations ? Dans ce cas on pourrait dire que les plus riches, sensés être des créateurs d’emplois sont les premiers responsables du problème et du coup de la dite déflation ce qui éviterai de nous faire porter le chapeau une fois de plus .

    “la DG Trésor apportait clairement une solution :
    « Au total, 1) assurer dans l’ensemble un policy-mix plus accommodant pour la zone euro, 2) réaliser un rééquilibrage par une demande plus soutenue dans les pays ayant le plus de marges de manœuvre contribuerait à diminuer le risque déflationniste. »”
    Clairement ?!?! vraiment ???
    “D’autre part, l’Europe et la France ont continué à se fourvoyer dans une voie sans issue. L’austérité monétaire et l’immobilisme budgétaire sont la politique de la France.”
    C’est marrant cette faculté à éluder les vrais problèmes comme la fuite des capitaux, les paradis fiscaux, les détournements massifs de fonds , les comptes offshores de nos sympathiques dirigeants, les effacements de dettes à travers la planète, le tonneau des Danaïdes de la sécu sur fond de tourisme médical, nos guerres perdues à droite à gauche …à chacun de trouver la suite .
    L’auteur de ce papier ne nous prendrait-il pas pour des cons ?

    • L’inflation est considérée par les structures économiques dirigeantes (BCE, FMI) comme une véritable peste noire. Le mandat de la BCE lui enjoint ainsi comme première mission de lutter contre le risque inflationniste. Cela parce que l’inflation est l’ennemie du rentier et du capital. Keynes, qui a été le théoricien des politiques économiques inflationnistes parle ainsi d’euthanasie des rentiers. Dans la situation actuelle, l’inflation aurait donc l’avantage d’alléger le poids de la dette, contractée à des taux somme toutes modiques en ce qui concerne la France. De l’autre côté, les créanciers verraient la valeur de leur capital partir en fumée.
      Il faut donc voir comme une bonne chose qu’un média mainstream situé au centre droite comme Atlantico prenne position en faveur de l’inflation. Cela cadre du reste avec le reste du papier qui est de tonalité keynésienne puisqu’il fait le diagnostic d’une insuffisance de la demande, ce qui nous change de la propagande patronale de la “politique de l’offre”…
      Il n’y a que deux manières de sortir de la spirale destructrice de la dette actuelle : l’inflation ou la banqueroute.

      • Ben … Quand la pénurie de Pétrole rattrapera la surabondance de Dette, ça va faire du barouf, à mon avis … La baisse actuelle du baril n’est que provisoire, au moindre signe de reprise économique on aura un choc pétrolier.

      • “Il n’y a que deux manières de sortir de la spirale destructrice de la dette actuelle : l’inflation ou la banqueroute.”
        Je choisi la troisième , la solution islandaise .

    • J’ai trouvé ce site très intéressant qui explique les conséquences d’une déflation

      http://www.journaldunet.com/economie/magazine/consequences-de-la-deflation/prix-et-revenus.shtml

      Extrait:

      Au Japon, dans les années 90, les prix baissaient ainsi de 1% par an en glissement annuel. Si ce n’est que cette baisse des prix touche très vite les entreprises qui voient leurs marges ou même leur rentabilité menacée. Une situation qui traduit par des licenciements et des faillites. Le revenu des ménages baisse et leur capacité à consommer aussi. L’offre est supérieure à la demande, la machine est grippée. Les gains de pouvoir d’achat seront donc bien annulés. Sans parler des ménages endettés

      Parmi les menaces que fait peser le risque de déflation, il y a le chômage. C’est une conséquence logique et systématique de ce scénario économique. En effet, si les prix et l’activité baissent, les entreprises sont vite tenaillées. Si ce n’est pas leur rentabilité qui est atteinte, c’est leur équilibre financier qui est menacé. Elles licencient quand elles ne déposent pas le bilan. Le meilleur exemple de cette menace, c’est la grande déflation des années 30. Et au Japon, ou la déflation n’est pas violente mais persistante, elle a doublé le taux de chômage en moins d’une décennie.

      • Dossier intéressant … https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_mail.gif

      • Et surtout la déflation, ça va ruiner les classes moyennes et finir d’enrichir le 1% de super-riches!
        Car c’est ce 1% (dont font partie les banques…) qui disposera des liquidités susceptibles de racheter les actifs bradés par les classes moyennes devenues surendettées et insolvables du fait de la baisse de leurs revenus mais pas de leurs mensualités de crédits…sans parler de la hausse de la vie courante et de celle des impôts..
        (Notez que la déflation ne se retrouve pas sur les biens incontournables: nourriture, énergie, scolarité, etc…)
        Bon les I-phones à terme, devraient finir par baisser…mais plus personne n’aura les moyens de se les offrir…

  3. Comment voulez-vous que la croissance reparte quand vous ne pouvez plus emprunter pour créer une entreprise, les peuples devraient exiger la récupération de leurs argents qui a servis à sauver les banques depuis 2008 mais à la place de cela, ils n’ont gagnés qu’une dette colossale en échange et les banques devraient arrêter de jouer en bourse pour éviter les crises économiques car à vouloir faire trop de profit, elles tuent le profit et nous entrainent avec elles mais est-ce que cela leur a servis de leçon ?
    Comme le disait Henry Ford: le jour où l’argent gagnera de l’argent se sera la fin de tout !

  4. Aux Etats-Unis, au Japon, au Royaume-Uni, en zone euro, la création de monnaie par les banques centrales n’a eu aucun effet positif sur l’économie réelle.

    En revanche, cette énorme augmentation de la base monétaire a eu des effets positifs pour :

    1- les Bourses : les liquidités injectées par les banques centrales ont été investies dans la Bourse, ce qui a créé de gigantesques bulles boursières.

    2- les dirigeants politiques : les liquidités injectées par les banques centrales ont été investies dans les obligations d’Etat, ce qui a fait baisser le taux des obligations d’Etat. Conséquence : les dirigeants politiques ont pu continuer à emprunter des centaines de milliards supplémentaires, ce qui a créé de gigantesques bulles de dette publique.

    Les trois questions qui se posent :

    1- QUAND ces bulles boursières vont-elles éclater ?

    2- QUAND ces bulles de dette publique vont-elles éclater ?

    3- COMMENT se protéger lorsque ces bulles éclateront ?

    Personne ne sait la réponse des questions 1 et 2. Mais nous avons deux indices concernant la question 3.

    Ces derniers jours, nous avons appris que l’ancien président de la banque centrale des Etats-Unis, Alan Greenspan, avait déclaré : « Les QE n’ont pas aidé l’économie, le dénouement sera douloureux, achetez de l’or »

    boursier.com/actualites/macroeconomie/marches-quand-alan-greenspan-broie-du-noir-601385.html

    Et nous avons appris que la présidente de la banque centrale de Russie, Elvira Nabiullina, avait déclaré que la Russie achetait de plus en plus d’or. Elle a ajouté que la Russie allait continuer à acheter de plus en plus d’or.

    Regardez le graphique :

    http://www.zerohedge.com/news/2014-11-19/gold-rises-after-unusual-russian-central-bank-gold-buying-announcement

  5. La solution ne sera jamais donnée parce qu’elle contient un gros mot qui est l’antithèse des croyances des délirants au pouvoir: national.
    Impossible à comprendre quand on est mondialiste dans un système mondialiste avec une idéologie mondialiste.

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