La France est gouvernée par des larbins sous tutelle de la commission européenne

Dans les faits la France est déjà pour une grande partie sous tutelle des instances technocratiques de l’Union Européenne, et particulièrement de la commission, qui concentre l’essentiel des pouvoirs hors de tout cadre démocratique. En tant que membre de la zone euro notre pays est soumis dans ses fonctions régaliennes budgétaires à l’approbation de la commission, cela dans le cadre du Pacte Budgétaire (aussi appelé Traité sur la Stabilité la Coordination et la Gouvernance) mis en place depuis 2013 dans les pays membres de la zone euro et qui instaure des règles budgétaires calquées sur l’ordo libéralisme allemand et l’idéologie de l’équilibre budgétaire. Les états signataires s’engagent ainsi à réduire leur déficit public structurel à 0.5% du PIB à moyen terme, hors “circonstances exceptionnelles” liées à la conjoncture, ce qui implique en pratique des politiques structurelles d’austérité. Techniquement cela signifie que le projet de budget des états membres de la zone euro ou bien des états sous “assistance financière” de l’UE, doit être  soumis  à l’aval de la commission qui se réserve le droit de le désapprouver, de faire des propositions de réorientations, voir d’infliger des amendes en cas de manquement à la sainte règle des 0.5% de déficit (ou encore 3% de déficit conjoncturel), amendes qui peuvent aller jusqu’à 0.5% du PIB du pays fautif…

La notion de déficit structurel ou conjoncturel reste assez floue, le premier représente la situation budgétaire attendue selon les estimations qui ont présidées à son élaboration, en fonction des potentiels de croissance identifiés, du niveau de dépenses et de recettes prévues en fonction de cette croissance estimée. Le différentiel obtenu entre ces prévisions  “structurelles” et le niveau réel de croissance, et donc des rentrées fiscales, serait dans cette logique le résultat de cycles économiques conjoncturels par définition non prévisibles, et l’on passe à ce niveau là à un seuil de 3% de déficit public au lieu des 0.5 autorisés.

On voit ici tout l’enjeu des prévisions de croissance et pourquoi les estimations budgétaires fondées sur ces prévisions sont si importantes pour les états dans ce mécanisme puisqu’elles influeront directement sur leurs marges de manoeuvre dites “conjoncturelles”. On comprend donc mieux pourquoi Bercy gonfle systématiquement ses prévisions de croissance du PIB…

Quoi qu’il en soit, le projet de budget doit être approuvé par la commission européenne, ce qui constitue de fait une mise sous tutelle de toute notre politique économique.

La commission a ainsi rendu son avis sur le projet de budget 2015 présenté par Michel Sapin, et sans surprise, elle juge ce projet “trop optimiste”, en estimant que le déficit atteindra 3.4% du PIB au lieu de 3% autorisés. Pour réponde au diktat Allemand européen, le gouvernement Valls a pourtant déjà engagé un vaste plan d’économies de 50 milliards d’euros sur 3 ans, qui comprend notamment un gel des salaires des fonctionnaires et des prestations sociales, et des économies supplémentaires de 10 milliards exigées de l’Assurance maladie (autant dire qu’il va falloir raquer encore plus si vous voulez être soignés correctement…) qui vont encore accélérer le délitement du service public de santé au profit du secteur privé. Il est vrai que c’est un marché particulièrement juteux estimé à plus de 170 milliards d’euros et de plus de 60 millions de “consommateurs” captifs tant il est vrai que l’on a tendance à “passer à l’acte” lorsqu’il s’agit de sa santé ou de celle des ses proches…

Les collectivités territoriales vont elles aussi voir leur budget amputé de 10 milliards, ce qui explique l’accélération sur la réduction du nombre de régions de 22 à 14… Au niveau des ministères il faudra également réaliser 18 milliards d’économies, ce qui passe par une baisse des effectifs. L’Armée sera la principale victime de cette “grande saignée” puisque ses effectifs devraient fondre de près de 25% d’ici 2020, nous condamnant donc à devenir durablement des nains diplomatiques sous tutelle de l’OTAN. On voit bien ici que la maîtrise de la politique budgétaire conditionne toutes les autres composantes de la souveraineté nationale, dont la principale reste aujourd’hui encore la capacité militaire à assurer son indépendance et à peser sur la géopolitique mondiale ou régionale…

Toutefois, ces renoncements successifs demeurent insuffisants pour les ayatollahs de la commission qui ont jugés que “Le niveau de détail des mesures d’assainissement budgétaire est insuffisant pour garantir de façon crédible la correction du déficit excessif pour 2015 au plus tard” et qui craignent que toutes les coupes sombres envisagées ne soient pas appliquées, notamment sous la pression populaire. José Manuel Barroso s’est cependant félicité du fait que “ces mesures vont clairement dans la bonne direction.”

Ce bon point décerné par le président de la commission a immédiatement fait réagir Michel Sapin. Comme un larbin infantile, il s’est fendu d’un communiqué pour souligner que ses maîtres approuvaient “la stratégie économique d’ensemble du gouvernement.”

Courage Michel, encore quelques efforts et la France ressemblera au Portugal de Manuel…

Guillaume Borel pour les moutons enragés

Ender

12 Commentaires

  1. “…d’ici 2020, nous condamnant donc à devenir durablement des nains diplomatiques sous tutelle de l’OTAN.”

    Ender, dis-moi, j’ai loupé des épisodes ? j’avais le sentiment que depuis 2007 c’était déjà fait…

  2. Trêve de plaisanteries, merci Ender pour cet article.

    Dommage toutefois que tu t’intéresses surtout aux aspects économiques,alors qu’il serait tout aussi intéressant de se pencher sur les aspects législatifs, ces directives qui s’imposent (qu’il est obligatoire de transposer) aux législations nationales (sous peine de pénalités financières). Il serait par exemple intéressant de relever l’ensemble des modifications introduites dans la loi française depuis que la France a adhéré à la CEE puis à l’UE et ce dans tous les domaines (et pas seulement le militaire) ainsi que leurs conséquences durables.

    • Oui mais c’est un travail monstrueux !

      • Je te l’accorde volontiers ; mais il faudra tout de même s’y coller un jour ou l’autre sans compter que certains ont déjà dû s’atteler à cette tâche…(On peut peut-être suggérer le sujet sur le forum et bénéficier ainsi de toutes les bonnes volontés !)

  3. Tais-toi, c’est pour ton bien !

  4. Eh bien voyons… Durable, c’est… pour toujours ? 🙂

Les commentaires sont clos.