En Crimée, les bases militaires ukrainiennes prises d’assaut

Bon, le titre de cet article du Monde est un « peu fort » puisque les bases militaires ukrainiennes n’ont pas tant été prises d’assaut avec des centaines de morts que leur déménagement « négocié ». Une négociation, qu’elle soit commerciale ou encore géopolitique ou militaire, est toujours une question de rapports de force. Or l’armée russe est déployée partout en Crimée et encerclait les bases militaires de l’armée ukrainienne… Ne soyons pas naïfs et, là aussi, ne tombons pas dans le piège de la manipulation sémantique des journalistes du Monde.

Les troupes ukrainiennes en Crimée n’ont strictement aucune chance sur le plan militaire. La Russie le sait. L’Ukraine le sait. L’OTAN le sait. C’est une évidence. Dans un tel cas, vous avez deux options. Soit vous optez pour un bain de sang militairement totalement inutile, soit vous « négociez » votre retrait à peu près en bon ordre et vous sauvez la peau de vos soldats qui pourront éventuellement vous servir plus tard, ce qui n’est pas le cas d’un soldat mort avant même d’avoir pu tirer un coup de fusil.

Résultat : évidemment, les forces armées russes n’ont pas eu besoin de prendre d’assaut les bases militaires ukrainiennes puisqu’elles allaient se vider d’elles-mêmes en poussant un peu dehors ses occupants actuels, ce qui fut fait somme toute avec une grande retenue (un ou deux blessés seulement soit nettement moins que lors des événements de la place Maidan).

Il était également évident que la Russie, qui vient d’annexer la Crimée ou de reconnaître sa volonté de rattachement et son droit à l’autodétermination (tout dépend du point de vue que l’on souhaite défendre), n’allait pas pouvoir tolérer la présence de l’armée ukrainienne… Vous pourrez donc toujours lire cet article du Monde qui est beaucoup plus écrit dans un esprit d’agitation et de propagande à l’égard du public français qu’à des fins d’informations réelles. Nous avions, en ce qui concerne les Occidentaux, que deux choix. Soit accepter le rattachement de la Crimée à la Russie, soit déclencher la Troisième Guerre mondiale pour la Crimée… À titre personnel, je n’ai aucunement envie d’aller me battre pour « libérer » une population qui veut dans son écrasante majorité devenir russe ! Le coup d’apporter la démocratie en Irak, en Libye ou encore en Syrie… je pense que l’on nous l’a déjà fait. C’est certes parfaitement vendeur pour les populations occidentales… mais c’est également parfaitement faux tant tout cela en réalité peut s’expliquer uniquement par LA « guerre énergétique » que l’Amérique et l’Occident au sens large livrent au reste du monde pour s’accaparer des ressources comme le gaz et le pétrole indispensable au bon fonctionnement de nos économies. En clair, l’énergie abondante et pas cher est le sang qui irrigue notre croissance économique. Sans énergie, point d’économie moderne basée sur la consommation de masse et la production de masse !

Les conflits géopolitiques peuvent être assez simplement expliqués par ce besoin d’accès à de l’énergie, ce qui nous amène logiquement à cette dépêche de l’Agence Reuters.

« Gazprom : les alternatives au gaz russe, rares et coûteuses pour l’Europe »

« La crise suscitée par l’annexion de la Crimée et la menace, brandie à Moscou, d’un arrêt des livraisons de gaz transitant par l’Ukraine ont relancé la réflexion sur les moyens de réduire la dépendance énergétique européenne à l’égard de la Russie, mais les alternatives sont limitées et coûteuses.
Les Vingt-Huit ont accompli quelques progrès en ce sens après les crises commerciales de 2006 et de 2009 entre Kiev et Moscou, qui avaient perturbé les livraisons. »

« S’il n’est pas très compliqué de trouver d’autres fournisseurs pour le pétrole et le charbon, la question du gaz est plus problématique puisque les gazoducs européens sont alimentés par un unique fournisseur : le géant russe Gazprom.

« La part de marché de Gazprom en Europe augmente (du fait de la diminution de la production européenne; ndlr). L’objectif de diversification de nos approvisionnements ne sera donc pas accompli avant 2020, observe Thierry Bros, spécialiste du marché gazier à la Société générale. Après cette date, poursuit-il, les alternatives resteront quoi qu’il en soit plus coûteuses si le tarif russe n’explose pas, poursuit-il ».»

À ce stade, vous devez comprendre la réalité du marché du gaz dans le monde. Pour sécuriser nos approvisionnements et nos tarifs, nous les pays importateurs comme la France mais l’Europe dans son ensemble, nous avons négocié ce que l’on appelle des contrats de fourniture à long terme. Et « à long terme », c’est 30 ans ! Nous sommes donc liés à l’Algérie pour le cas de la France et à la Russie via des contrats commerciaux de plusieurs décennies.

Or les États-Unis sont confrontés à un immense problème avec leur gaz de schiste (vous savez le truc qui est l’idée du siècle pour relancer la croissance éternelle pour les siècles des siècles en préservant vachement bien l’environnement puisque l’on déverse chaque jour des millions de tonnes de produits purement toxiques dans le sous-sol pour faire remonter ces gaz de schiste à la surface en polluant massivement tout ce qui se trouve autour).

Le problème des Américains, c’est qu’un puits de gaz de schiste a une courbe de production de courte durée et en « cloche ». En clair, cela veut dire qu’un puits produit énormément au début et la production au bout de 12 à 18 mois décline très fortement, au bout de 5 ans d’exploitation il ne reste presque plus rien. Résultat ? Une abondance de gaz de schiste sur les marchés qui aboutit à un effondrement des prix en dessous des prix de production ! Le gaz de schiste US n’est donc tout simplement pas rentable. Comment rentabiliser ces produits ? En faisant augmenter la demande, donc en fournissant de nouveaux clients ? Oui mais lesquels ? À ce jour, aucun ne peut acheter ou presque pour la simple et bonne raison qu’ils sont liés à des contrats de très long terme avec leur fournisseur actuel… la Russie !

La seule façon de pouvoir récupérer ces clients c’est que l’une des deux parties se désengage des contrats passés… mais il y a évidemment de grosses, très grosses pénalités en cas de rupture contractuelle. Résultat : la France comme les pays d’Europe ne peuvent pas résilier ces contrats unilatéralement. Reste donc à pousser la Russie à stopper ou réduire ses approvisionnements dans le cadre de sanctions commerciales réciproques, ce qui serait un cas de rupture du contrat à long terme puisque c’est la Russie qui ne respecterait pas ses engagements. Du coup, les Européens seraient alors libres d’acheter le gaz américain.

Nous achèterions ce gaz moins cher qu’actuellement à la Russie mais beaucoup plus cher que les prix actuels aux USA… du vrai « gagnant-gagnant » selon l’idéologie libérale en vigueur actuellement.

Tout l’art pour la Russie sera donc paradoxalement non pas de se servir du gaz comme arme commerciale mais bien de poursuivre ses fournitures de gaz à l’Europe de l’ouest afin que nous ne puissions pas résilier nos contrats de long terme. Pour emmerder les USA, il faut juste que Vladimir Poutine nous vende en plus assez cher son gaz ! Évidemment, il le fait, et va continuer à la faire avec certainement une pointe d’amusement à peine dissimulée. C’est ce qui explique la raison pour laquelle nous n’avons connu aucune baisse d’approvisionnement en gaz russe et que nous n’en connaîtrons vraisemblablement pas !

Ce qui est justement assez drôle c’est que, au détour de cette dépêche, on apprend justement que la volonté américaine est bien de vendre du gaz de schiste à l’Europe sous forme de GNL (gaz liquéfié que l’on peut mettre dans des bateaux), ce qui sera bientôt possible puisqu’une énorme usine de fabrication de GNL sera bientôt opérationnelle aux USA….

« Elles existent néanmoins bel et bien. Estonie, Lettonie, Lituanie et Pologne, qui dépendent presque entièrement de la Russie sur le plan énergétique, ont l’intention de se doter de petits terminaux pour le gaz naturel liquéfié (GNL) et sont en discussions avec différents fournisseurs, dont l’Américain Cheniere Energy .

Ces terminaux permettraient d’échapper à une pénurie si Moscou venait à fermer le robinet du gaz pour des raisons politiques, mais le prix du GNL exclut un usage à grande échelle. Les producteurs américains visent essentiellement l’Asie, où les tarifs sont presque deux fois plus élevés. »

Pour comprendre un peu mieux la crise ukrainienne, cherchez donc les mobiles. Ils sont évidemment militaires (empêcher l’avance de l’OTAN vers la Russie ou inversement en fonction que l’on soit Russe ou Américain) et énergétiques comme nous venons de le voir. Enfin, ils sont également politiques, et cette autre dépêche qui tombe un peu comme un cheveux sur la soupe nous le démontre bien !

Source et article complet sur: lecontrarien.com

Benji

6 Commentaires

  1. http://french.ruvr.ru/news/2014_03_24/Lunique-sous-marin-ukrainien-se-rallie-a-la-marine-russe-8386/

    L’unique sous-marin ukrainien se rallie à la marine russe

    © Photo : Vesti.Ru

    Par La Voix de la Russie | L’unique sous-marin ukrainien Zaporijia du projet 641 s’est joint à la Flotte russe de la mer Noire après le rattachement de la Crimée à la Russie.

    Le Zaporijia a complété la division de sous-marins de la Flotte de la mer Noire composée de trois bâtiments : l’Alrossa du projet 877V, le Sviatoï kniaz Guéorgui du projet 641B et l’ancien sous-marin S-49 du projet 633RV transformé en 1995 en base flottante PZS-50.

    • http://french.ruvr.ru/news/2014_03_23/Le-navire-de-commande-de-la-marine-ukrainienne-Slavutich-a-hisse-le-drapeau-russe-5313/

      Le navire de commande de la marine ukrainienne Slavutich a hissé le drapeau russe

      Photo: RIA Novosti

      Par La Voix de la Russie | Le navire de commande de la marine ukrainienne à Sébastopol a hissé le drapeau russe. En Crimée, il n’y a plus de navires de guerre battant pavillon ukrainien.

      « Le Slavutich a hissé le drapeau russe après les négociations, son équipe est allée à la rive. Aucun assaut n’a eu lieu », a déclaré le représentant du siège de la défense de la ville.

      Sébastopol a ouvert un bureau d’enregistrement pour les soldats ukrainiens, où ils peuvent recevoir une compensation monétaire de 2000 hrivnas et choisir de poursuivre le service dans l’armée russe, le départ en Ukraine ou la démission de l’armée.

      Plus de 5000 militaires ukrainiens se sont déjà adressés au bureau d’enregistrement.

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