Vivre sans papier toilette : ce que la dernière tendance écolo change au quotidien de ses adeptes

C’est un débat qui n’est que trop peu abordé alors qu’il a néanmoins son importance. Nombre de personnes utilisent par souci d’écologie ou d’économie des couches jetables, des mouchoirs en tissus, mais le papier toilette en resterait presque un tabou, à cause du côté scatologique? C’est pourtant un problème auquel nous risquons d’être confrontés un jour, en cas de problème systémique important, en cas de krach financier, ou quel que soit le problème qui peut survenir un jour, les feuilles d’arbre ne suffiront sans doute pas, ni les ongles d’ailleurs…

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Atlantico : Certaines personnes n’utilisent plus du tout de papier toilette pour des raisons économiques ou écologiques. Elles utilisent à la place des tissus réutilisables et lavables en machine. Utiliser ces tissus lavés souvent n’est-il pas aussi, voire plus, coûteux que le papier toilette ?

Stéphane Gayet : Prenons l’exemple d’un papier de toilette très doux et en triple épaisseur. On le trouve dans la grande distribution, conditionné en lots de huit paquets de 62 feuilles chacun, soit 496 feuilles par lot, approximativement 500 feuilles. Un lot de 500 feuilles est vendu au prix moyen de 2,90 euros. Partons de l’hypothèse plausible selon laquelle chaque essuyage, dans le cas de selles non liquides bien sûr, nécessite cinq feuilles. Le coût unitaire en papier de toilette d’un essuyage est donc d’environ 0,030 euro TTC. Ce montant va donc être comparé au coût du linge réutilisable.

Maintenant, si l’on veut utiliser un tissu réutilisable, il doit être à la fois doux, non irritant ni sensibilisant, non pelucheux et suffisamment résistant pour tolérer des lavages répétés à haute température (60°C à 90°C).

Il faut donc se tourner vers du linge tissé en fibres polyester-coton constituées de 10 à 30 % de polyester et de 70 à 90 % de coton. Il est impératif de choisir un tissu de bonne qualité, sans quoi des irritations anales et péri-anales vont survenir, à l’origine de prurit (démangeaisons), voire de micro-ulcérations ou même d’ulcérations pouvant évoluer jusqu’au stade de fissure anale, douloureuse et invalidante. Ces linges doivent être lavés à une température au minimum de 60°C, et si possible 90°C, du fait de la nécessité de tuer toutes les bactéries fécales. Le coût de la lessive et la dépense électrique du lave-linge ne sont pas négligeables, si l’on tient compte du fait que ces linges doivent être lavés selon une charge à eux dédiée. Un lave-linge de classe B consomme en moyenne 0,22 kwh par kg de linge et de l’ordre de 50 litres d’eau pour un cycle à 60°C. On pourrait pour ce faire utiliser, par exemple, des couches lavables pour s’essuyer, vendues dans le commerce à un prix de l’ordre de 20 euros les six.

En admettant qu’on lave chaque couche 100 fois et partant d’un prix moyen de 0,14 euros TTC le kwh, le coût estimé de l’essuyage en investissement (achat) est de 0,033 euro ; à ce coût d’investissement s’ajoute le coût de fonctionnement, c’est-à-dire celui du lavage : si l’on considère que l’on peut laver 12 couches par charge (environ 2 kg), le coût électrique du lavage de 12 couches est de l’ordre de 0,061 euro, soit un coût en électricité de 0,005 euro pour le lavage d’une couche, sans compter le coût éventuel du séchage électrique. Si l’on y ajoute le coût de l’eau, celui de la lessive et d’additif anticalcaire, on parvient à l’estimation de 0,007 euro, montant qui représente le coût total du lavage d’une couche. Dès lors, en additionnant le coût d’investissement ou d’achat (0,033 euro) à celui du lavage (0,007 euros), on parvient à un coût total estimé de 0,043 euros TTC pour l’essuyage utilisant du linge réutilisable. Cela indique clairement que le papier de toilette (et même triple épaisseur, dans notre exemple) revient moins cher que le linge réutilisable. Notons que nous n’avons pas tenu compte dans ce raisonnement de l’usure du lave-linge et du coût de son entretien, sans parler de celui de son acquisition.

Et est-ce vraiment écologique ?

Sur le plan écologique, le paquet de 62 feuilles très doux en triple épaisseur pèse environ 63 g, ce qui nous donne de l’ordre d’un gramme par feuille de papier de toilette, soit cinq grammes de papier par essuyage en moyenne. Si l’on prend l’option de papier non coloré et non blanchi (à l’aide de produits chlorés), il ne s’agit que de pâte de cellulose, assez pure : il n’y a ni teinture, ni agent de blanchiment chloré ou autre produit chimique tels que ceux qui sont utilisés dans la fabrication du papier pour l’écriture, l’imprimerie ou encore la photocopie. Il convient aussi de considérer les emballages des paquets de papier de toilette en feuilles : ils sont presque toujours en carton recyclé.

Pour faire un bilan écologique, il faut donc comparer les cinq grammes de pâte de cellulose à la somme de la dépense en énergie électrique, de la dépense en eau, de la consommation de lessive –laquelle est de plus un polluant hydrique majeur-, de l’impact écologique des pièces usées à éliminer et remplacer et du problème écologique également important constitué par les procédés de son élimination en fin de vie.

Sur le plan écologique, on ne peut non plus omettre de prendre le bruit en considération, la pollution sonore étant de plus en plus dénoncée et combattue, connaissant ses effets sur la santé. Si les lave-linge récents sont sensiblement moins bruyants que ceux que nous avons connu il y a 15 à 20 ans, leur isolation phonique est techniquement difficile et le silence n’est pas leur point fort : un lave-linge a en moyenne un niveau sonore de l’ordre de 50 à 55 décibels et davantage pour les modèles les plus anciens. Nous savons que, pour cette raison, le règlement intérieur de certains immeubles d’habitation interdit l’usage du lave-linge et celui du sèche-linge après 22 heures.

Pour en revenir à la consommation d’eau, on peut affirmer sans grand risque de se tromper que la quantité d’eau nécessaire à la chasse d’eau reste la même dans les deux pratiques, qu’il s’agisse d’un essuyage avec du papier ou d’un essuyage avec du linge.

Certes, un bilan écologique complet et objectif relève toujours d’une certaine façon de l’utopie, et toutes les études écologiques d’ambition quantitative sont critiquables et bien contestables. Mais il n’en reste pas moins vrai que le bilan écologique de l’utilisation de papier de toilette paraît quand même sensiblement plus favorable que celui de l’utilisation de linge réutilisable, à condition bien sûr de se fixer les mêmes exigences de qualité et de sécurité dans les deux options. Du reste, cet exemple du support d’essuyage après avoir déféqué n’est qu’un cas particulier de l’éternel dilemme : usage unique ou usage multiple ? Ce dilemme est très souvent débattu à propos de nombreux produits de consommation courante, tant dans la vie pratique qu’en milieu hospitalier ou encore industriel. En outre, il ne faut pas perdre de vue qu’une réponse objective et pondérée aujourd’hui ne sera plus vraie demain, car tous les paramètres auront évolué : coût de l’énergie, coût de l’eau, coût de la pâte à papier, procédés de fabrication, méthodes de lavage en machine, techniques d’isolation phonique, méthodes de dépollution et d’autres encore. Notre argumentaire n’est donc valable qu’au jour d’aujourd’hui.

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Benji

10 Commentaires

  1. ba ta toujours l’eau (problème résolus) ~_~

  2. Saint Juste … Allo! Allo!… pas à l’huile.
    Exact problème résolu!
    Et pas de trace de pneu sur la culotte.
    ^_^

  3. quand je pense que les 14 premieres années de ma vie , je me suis torché le cul avec du papier journal sans aucun probleme d’irritations ou autre , ça me fait rigoler !!
    quand il y aura chaos , le papier cul va etre une denrée rare : comment vont ils faire ? ptdr
    et puis s’ils attendent d’en avoir assez pour faire une machine , bonjour les asticots !!

    • Pour mon cas, à chaque fois que j’ouvre ma boîte aux lettres, en ce moment je choisis la revue de pub d’un super archi connue. La revue je la coupe en 4, leurs papier et délicat, doux pour les mains des mamies …je me torche toujours avec du papier gratos et de bonne qualité.

  4. Au pif les calculs sont corrects… sauf qu’ils ne parlent que de valeur monétaire dont les critères peuvent changer du tout au tout !
    Mais qu’en est-il du bois dont on va obtenir de la ouate de cellulose ( qui est bien plus pure que le papier et demande de plus grosses quantités de bois ), les volumes effarants d’eau ( potable de préférence… ) et l’énergie pour les trempages, les décantations, les traitements chimiques ( l’industrie du papier est très polluante ), les odeurs ( qui n’est pas passé près d’une usine papetière ne sait pas à quel point c’est à vomir ! ), le séchage puis le découpage et la mise en rouleaux, les transports ( je ne vous dis pas la note, ça pèse rien et un camion fait du 100l/h de gasoil ) et plein d’autres arguments qui condamnent l’usage du papier…
    Mais ! mais, mais, mais… si l’on prenait l’habitude de simplement avoir des genres de bidets dans les chiottes, on utiliserait trois gouttes d’eau et le débat serait fini.

  5. La solution:

    “adopte un homme politique.com”
    ..Arriviste Lèche-cul de très haute performance.

  6. merde , non mais c’est quoi cette connerie ? demandez aux musulmans comment ils se torche le cul . je rêve .

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