A Tricastin, EDF ne contrôle plus le tritium radioactif

Merci à Thierry92 pour l’info

La centrale nucléaire du Tricastin accumule les incidents et voit sa cuve fissurée. C’est tout ? Non. Depuis des mois, EDF se révèle incapable de stopper une fuite inexplicable de tritium radioactif.


- Reportage, Pierrelatte (Drôme)

Depuis plusieurs mois, des rejets de tritium, un isotope radioactif de l’hydrogène, contaminent les eaux souterraines situées sous la centrale, sans que l’exploitant soit capable d’en identifier l’origine. L’Autorité de Sûreté nucléaire a pourtant sommé EDF de mettre fin à cette pollution… sans succès jusqu’alors.

Le 8 juillet 2013, EDF détecte une présence anormale de tritium dans les eaux souterraines de la centrale, par l’intermédiaire d’un piézomètre situé entre les réacteurs 2 et 3. La concentration dans l’eau en est normalement située autour de 10 Becquerel/litre (Bq/l). Ici, l’échantillon prélevé affiche des volumes supérieurs à 100 Bq/l.

Alertée, l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire) mène une inspection le 28 août qui révèle des niveaux de l’ordre de 600 à 700 Bq/l sous le radier du bâtiment du réacteur 3. Deux semaines plus tard, elle intime l’ordre à EDF de prendre « toutes les décisions nécessaires pour identifier dans les meilleurs délais les équipements à l’origine de la présence anormale de tritium ». La décision n°2013-DC-0371 commande également à EDF de transmettre « quotidiennement à l’ASN le bilan actualisé des mesures réalisées dans le cadre de la surveillance renforcée ».

Mais EDF n’est toujours pas parvenue à identifier l’origine des fuites. Du côté de l’IRNS (Institut de recherche sur la sûreté nucléaire), on analyse ainsi ce retard : « Il n’est pas toujours évident de trouver le lieu de contamination vers l’environnement, au niveau du sol. La première étude de cheminement prend du temps. Aujourd’hui on suppose qu’il s’agit d’une inétanchéité des joints entre bâtiments, mais il faut désormais trouver le ou les joints en question. Se posera ensuite le problème de les changer… », selon Thierry Charles, le directeur général adjoint de l’Institut.

Dans le document qu’EDF présentera vendredi 13 décembre à la CLIGEET (Commission Locale d’Informations sur les Grands Equipements Energétiques du Tricastin) et dont Reporterre a eu connaissance, il est mentionné que l’hypothèse retenue est celle d’une « infiltration probable du tritium au niveau d’un joint inter-bâtiments selon une cinétique très lente [menant à la] diffusion de ce tritium dans les eaux de l’enceinte géotechnique qui se situent à environ 2m de ce joint ».

La contamination des eaux continue, peut-être même « empire »

En attendant, les taux de tritium mesurés dans les eaux souterraines restent anormalement élevés. Plusieurs associations s’inquiètent de la situation : « Les derniers chiffres dont on a connaissance oscillent autour de 500 Bq/l. Mais nous devons faire confiance à EDF sur ces chiffres, car il est le seul à avoir accès aux piézomètres. Nous avons demandé plusieurs fois à faire nous-mêmes des analyses sur le site, mais on nous a toujours refusé l’accès », dit Roland Desbordes, le président de la CRIIRAD (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité), un laboratoire d’analyse spécialisé dans le dépistage des pollutions radioactives.

Contacté par Reporterre, EDF n’a pas souhaité s’exprimer sur les dernières valeurs mesurées sur Tricastin – ni d’ailleurs sur quoi que ce soit. Reporterre s’est pourtant procuré deux documents du CNPE (Centre nucléaire de production d’électricité) EDF de Tricastin qui ont été transmis à l’ASN.

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Benji

3 Commentaires

  1. Ça couterait trop cher la réparation et les actionnaires ne seraient pas content.

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