Marseille : Personnel irradié, bébés exposés, les dérives d’un hôpital

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Depuis 2006, les produits radioactifs utilisés dans le service de médecine nucléaire de l’hôpital de la Timone, à Marseille, contaminent les locaux alentours. La direction le sait au moins depuis 2010 mais commence tout juste à agir.

« On a l’impression d’avoir été violés. On nous a menti pendant des années. » Pascal (1) travaille au Samu, au rez-de-chaussée de l’hôpital, juste en-dessous du service de médecine nucléaire. Il a appris en septembre que des salles de son service étaient exposées à une radioactivité bien supérieure aux normes autorisées. En cause, l’iode 131 utilisé à l’étage supérieur pour soigner les malades du cancer de la thyroïde. Une fois ingéré par le patient, ce produit radiotoxique est éliminé principalement par les urines et évacué dans des canalisations spécifiques vers le sous-sol, où il est stocké dans des cuves dédiées. En chemin, ces gaines radioactives traversent les urgences pédiatriques et le Samu en émettant un rayonnement permanent. D’après un document transmis en interne (voir ci-dessous), il atteint certains mois des valeurs jusqu’à neuf fois supérieures à la limite autorisée. La salle la plus exposée accueille des enfants et des nouveaux-nés, qui y sont soignés par aérosols. Les directions successives connaissent le problème depuis sept ans. Mais pas les salariés, pourtant indûment exposés.

Des eaux contaminées partent dans la nature

Le 12 juillet 2013, les canalisations s’obstruent et l’urine radioactive fuit dans un vestiaire du Samu. Il est proposé aux agents présents de faire des analyses urinaires. Pascal travaillait ce jour-là et ne s’est pas fait dépister : « On nous a dit que ce n’était vraiment pas la peine, qu’il n’y avait aucune raison de s’inquiéter. Dans leur façon de nous proposer le test, ils nous ont dissuadé de le faire. » Deux mois plus tard, deux salariés sur les quatre testés dont une femme enceinte apprennent qu’ils sont contaminés à l’iode 131.

Dans un courrier d’août 2013 à la direction générale de l’Assistance publique – Hôpitaux de Marseille (AP-HM) (voir ci-dessous), l’ASN relève un troisième dysfonctionnement : à plusieurs reprises entre 2012 et 2013, des eaux contaminées ont été retrouvées dans le réseau pluvial de l’hôpital. Les effluents, normalement stockés le temps de la décroissance radioactive, ont été lâchés dans le circuit d’assainissement, autrement dit dans la nature.

Plusieurs cancers de la thyroïde

Lors d’un Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) extraordinaire tenu le 19 septembre, le chef du service de médecine nucléaire assure que le rayonnement ambiant n’affecte pas la santé des salariés. « Les normes sont absurdes », voici l’argument avancé par le professeur Olivier Mundler lors de cette réunion dont nous nous sommes procuré un enregistrement : « Ce qu’il faudrait demander à l’ASN, c’est sur quelle base scientifique elle a trouvé ces normes, car il n’y en a pas. » Cette valeur limite (inscrite dans le Code de la santé publique) est de 1 millisievert par an : c’est aussi la dose au-delà de laquelle le risque de cancer à long terme est considéré comme « inacceptable » par la Commission internationale de protection radiologique (CIPR). Et d’après Bruno Chareyron, ingénieur et responsable du laboratoire de la Criirad (Commission de recherche et d’informations indépendantes sur la radioactivité), « pour de nombreux scientifiques indépendants, ces chiffres donnés par la CIPR sous-estiment fortement les risques réels ».

Article intégral sur Terraeco.net via Fortune de souche

Benji

5 Commentaires

  1. Voilà qui va donner envie d’en savoir plus sur les conséquences des examens qui utilisent ce genre de méthodes.

    Et dans les autres hostos ? Celui de Marseille pourrait être le 1er de la liste.

  2. De la radioactivité pour soigner, déjà ça me fait bondir, mais en plus pour soigner le cancer. Là, il ne me reste plus qu’à rire. J’ai plus que ça !
    Y a aussi l’aspartam pour le diabète. Et ta connerie elle se soigne ?

  3. Petite chronique routinière sur l’irresponsabilité endémique des services publics et de ceux qui les gèrent.. n’importe comment..

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