Gaz de schiste : l’énergie bête et puante…

Si on en croit un article paru dans Le Monde du 8 juin, il y a bien eu fracturation hydraulique en France dans les années 80…

“La technique de la fracturation hydraulique a été utilisée de façon répétée en France au cours des dernières décennies, sans qu’aucun dommage n’ait été signalé.” Voilà l’argument phare du rapport d’étape présenté, jeudi 6 juin, par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst), pour plaider en faveur d’une exploration et exploitation “maîtrisées” des gaz et pétrole de schiste français.

Le deux rapporteurs du texte, le député (PS) Christian Bataille et le sénateur (UMP) Jean-Claude Lenoir, affirment que la technique, “ancienne”, a été employée en France “au moins à quarante-cinq reprises” depuis les années 1980, avant d’être interdite par la loi du 13 juillet 2011 en raison de ses risques pour l’environnement.

Et de citer notamment quatorze opérations de fracturation réalisées sur le gisement pétrolier de Chaunoy (Seine-et-Marne) par la société Esso REP entre 1986 et 1987, ainsi que quinze autres, sur la même formation, par la société Vermilion, entre 2002 et 2010. “Aucun dommage à l’environnement n’a été rapporté”, assurent les parlementaires.

Source le Monde du 8 juin

Les anti-gaz de schiste font la trogne : il y a, à nouveau, du gaz dans l’eau… Certes, la France a interdit, en 2011, l’exploitation de cette ressource par la méthode de la fracturation hydraulique.

Certes, l’automne dernier, François Hollande en personne s’est opposé à ce type d’extraction. Mais voilà que ça tangue. Il suffit d’écouter le discours dominant dans les médias. Et de lire le récent «apport d’étape» concocté par l’Office parlementaire d’Évaluation des Choix scientifiques et techniques (OPECST).

Les gaz de schiste refont surface. Au sens propre (si l’on ose l’adjectif) aux États-Unis : ils fusent dans des milliers de tuyaux et de têtes de puits, entre Pennsylvanie, Texas et Dakota. Ils refont surface également, au sens (pour l’instant) figuré, en Europe et singulièrement en France… Les industriels en veulent, et vite !  

Question de compétitivité… Les financiers les réclament et, derrière eux, des escadrons d’économistes et de journalistes obnubilés par la «relance» et le «magnifique impact» potentiel de ces produits sur notre «croissance», dont chacun sait qu’«elle n’est pas au rendez-vous».

Les descriptions de ces thuriféraires nous offrent la perspective d’un «Eldorado français». Les gaz de schiste feraient de nous un autre Qatar, au point que nous pourrions racheter le Paris Saint-Germain !

Laissons le PSG et tâchons de réfléchir : les deux à la fois sont contradictoires. Il est avéré que l’humanité aura de moins en moins de combustibles fossiles à brûler. Charbons et hydrocarbures existent en quantité limitée dans la croûte terrestre, puisqu’ils y ont été formés par la décomposition bactérienne de cadavres d’animaux ou de plantes, durant des centaines de millions d’années.

Quand y en aura plus, y en aura plus, dit la sagesse populaire ; laquelle ajoute que moins y en a, plus ça coûte ! L’autre problème, plus préoccupant encore, est que la combustion de ces matériaux engendre du gaz carbonique, c’est-à-dire un puissant effet de serre. Si nous continuons sur notre lancée, un chaos climatique effroyable se profile en l’an 2100, c’est-à-dire dans pas longtemps.

Le pétrole s’épuise : on n’en a découvert aucun gisement majeur depuis plus d’un demi-siècle. On peut, certes, en extraire davantage des poches connues, en améliorant les techniques d’extraction ; mais ça n’ira pas loin. Le gaz naturel est à peine plus abondant. Le charbon existe en masse, mais c’est le plus polluant de la lignée : au gaz carbonique, il ajoute le soufre, les poussières et les particules fines.

Certains prévisionnistes fondent leurs espoirs sur la récupération massive d’hydrocarbures appelés «non conventionnels». Très lourds, très visqueux, très impurs, et encore plus polluants ! On a commencé de «mettre en valeur» les naphtes du Venezuela ; les sables asphaltiques du Canada, notamment de l’Alberta ; les schistes bitumineux du Colorado, du Wyoming ou de l’Utah… Mais qui contemple, en Alberta, le désastre que constituent ces exploitations pour la forêt, les rivières et les populations locales, comprend que l’avenir est ailleurs…

Les plus récents espoirs reposent sur les gaz et huiles de schiste. Il existe, sous forme de bulles ou de gouttelettes, de gros tonnages de ces composés fossiles, emprisonnés dans des couches de roches sédimentaires, à 2 000 ou 3 000 mètres sous la surface du sol. Principalement dans des strates de schiste, d’où le nom…

Pour récupérer ces «trésors», on utilise la méthode dite de «fracturation hydraulique», qui consiste à forer à la verticale, puis à l’horizontale jusque dans la couche fertile.

On ne récupère les bulles ou les gouttelettes précieuses qu’en fissurant la roche-mère. En la fracturant, puis en y injectant d’énormes quantités d’eau chaude, à laquelle il est indispensable d’incorporer du sable (pour éviter les bouchons), des antibiotiques (contre les proliférations de bactéries), des lubrifiants (pour accélérer le transit), sans oublier des détergents aussi agressifs que le Destop ou le Karsher…

Cette façon de procéder est lourde de nuisances. Elle menace de polluer pour des siècles nos nappes phréatiques, c’est-à-dire nos puits et nos sources d’eau potable… Nul n’a oublié la séquence du film Gasland, où l’eau d’un robinet de cuisine s’enflamme, tant elle est gorgée d’hydrocarbures…

En France, nul ne sait encore s’il existe vraiment des gaz de schiste dans le sous-sol. On en soupçonne en Île-de-France, en Lorraine, en Normandie, en Franche-Comté, en Rhône-Alpes, en Aquitaine, en Languedoc… On entend dire et répéter qu’avec la Pologne, notre pays pourrait en devenir un producteur majeur. Le rêve du jackpot annihile la capacité de raisonnement des responsables comme du citoyen de base. Suivez mon regard : le pognon, les pépettes, le fric, la thune…

Nous sommes à deux doigts de puiser dans cette ressource. Pourquoi les Américains le feraient-ils, et pas nous ? Pourquoi nous priver de cette cagnotte ? Les industriels et les économistes mettent la pression sur une opinion publique déjà largement prête à sacrifier la pureté de son eau douce sur l’autel de son pouvoir d’achat.

La machine à mensonges est en route, et peu d’esprits cherchent à dénoncer son discours. Afin de contourner l’interdiction de la fracturation hydraulique, les «spécialistes» nous font croire que nous disposerons demain de méthodes d’exploitation «moins agressives» et «plus écologiques». Ils ont déjà habillé ces techniques de noms aussi ronflants que rassurants : «stimulation hydraulique», «exploration géologique avancée», «orage sismique contrôlé», etc. Ce sont là les oripeaux publicitaires d’un crime contre la Terre et l’eau !

Car le réel est têtu : la seule technique efficace pour récupérer des gaz ou des gouttelettes à grande profondeur consistera toujours à briser menu la roche mère, afin en aspirer le «souffle» ou le «jus». Il n’existe pas de plan B.

Lorsqu’il était Premier ministre, François Fillon avait fourché de la glotte et parlé du «gaz de shit». Ce n’était pas un lapsus en franglais, mais l’énonciation d’une vérité : les gaz de schiste sont des gaz de merde dont tout le monde pourra demain renifler le parfum.

 

Un article de et publié par Yves Paccalet, relayé par  Kannie pour SOS-planete

Volti

22 Commentaires

  1. En Pologne ?

    Déjà à ce jour, ce n’est pas moins de 4 sociétés d’exploitation et pas des moindre sur la scène du gaz de schiste, qui remettent leur tablier, et comme motif invoqué : rendement “beaucoup trop faible” par rapport au coup de la mise en place de l’infrastructure et, sans parler que celle-ci se doit d’être déplacée régulièrement.

  2. Voici le reportage Fr 3 sur la manif de samedi à Brive (à partir de 0’50 mn).
    1500 à 2000 personnes estimées (j’y suis allé: temps doux mais petite pluie par intermitence, départ place de la Halle car la place du Civoire était occupée par “La Croix Rouge”), mais j’aurai pensé plus près des 1300 à 1500 (comparé aux mobilisations des retraites).
    Par contre quand le CAB joue (rugby) c’est 10 à 15000 personnes ! Il est vrai que certaines mobilisations et motivations sont nettement plus importantes que d’autres !

    http://limousin.france3.fr/emissions/jt-1920-limousin

    Choisir l’édition du 8/06.

  3. Aller ça continue la chasse aux profits au détriment de l’environnement arrêter les dégâts ont va le payer un jour ou l’autre il y a déjà des signes STOP!!!

    • Le pire est qu’on cherche comment enfouir le carbone dans le sous sol pour éviter de suffoquer. La Terre avait trouvé une solution, justement en enfouissant tout ca dans des grandes couches de roche, ce qui (au passage) nous permet de respirer aujourd’hui avec un taux de CO2 acceptable… Mais ca a mis quelques millions d’années, et nous en quelques dizaines, on va bien réussir a tout re-sortir de là, histoire d’éradiquer ceux qui n’auront pas les moyens de se payer de l’oxygène en bouteille…

    • Il y a déjà des signes? 🙂

      Non, ça c’était il y a 50 ans qu’on pouvait le dire.

      On est en plein dedans oui !

      N’oubliez pas que nous sommes tous des grenouilles dans une marmite chaude (mais vous connaissez sûrement)

      http://www.spirale.attac.org/content/la-metaphore-de-la-grenouille-cuite

  4. Extraire le gaz de schiste c’est « bull shit » du grand n’importe quoi, de la connerie pure, et pi c’est tout ! …et voila le grand génocide va encore s’amplifier dans l’impunité la plus totale, sous le regard agar des moutons lobotomisés ! …parfait on y va tout droit ; …où ? …à la catastrophe et au chaos mondial !

  5. Le pire, c’est qu’ils ont osé nous pondre ce genre de truc en 2004 :
    http://www.elysee.fr/la-presidence/la-charte-de-l-environnement/

    juste histoire de nous prendre un peu plus pour des cons.

  6. Ha l’ énergie !!

    quand est-ce que les boitiers Tesla pour avoir de l’ énergie électrique gratos tirée du vide vont être mis en service ??

    Ce sera quand la majorité des gens auront compris qu ‘ils sont en plein dans la matrice, et qu’ il faut par tous les moyens déglinguer cette illusion permanente que nous sommes libres.

    Quand je pense que cette technologie dort bien au chaud dans un tiroir et qu’ on nous sert au menu du gaz de schi”s”te !

    concernant ces 2 technologies, l’ une est gratuite, et changerait tous les modèles économiques des pays du globe, par contre on arrêterait de puiser les ressources de notre gaia; l’ autre coute pas mal d’unités d’ énergie pour extraire de l énergie, sans compter la pollution dans les nappes phréatiques pour un rendement ridicule.

    On voit bien que nos élites “bien pensantes” n’ ont des réflexions qui ne gravitent uniquement sur les sujets “matriciels”, forcément la techno Tesla de ce grand homme ne fait pas gagner un rond à la caste dirigeante.

    gaz de schi”s”te ? Non mais allo !! c’ est quoi cette me..e ?

  7. Humour !

    Nouveau type de masque à gaz développé en Turquie, pour les têtes de turques que nous sommes !

    http://www.rtl.be/info/album/1063/#image:24763/full:1

  8. depuis les années 80. (?) de 81 ou + 89 ? grosso modo 30 ans !! quand même !! … ça me fait penser qu’il y a eu de (grands) efforts effectués sur les anti-douleurs …

  9. Le 8/6 bfmtv a diffusé les nouveaux rois du pétrole http://www.bfmtv.com/video/bfmtv/7-jours-bfm/7-jours-bfm-nouveaux-rois-petrole-08-06-130174/ le repotage a été suivi d’un débat avec comme invité: Pascal Canfin (ministre vert du développement), Jean-Louis Schilansky (président de l’union française des industries pétrolières) mais je ne retrouve pas la vidéo.

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