Un sénateur condamné, un huissier à l’Elysée

Maître Raynald Parker a remis à la présidence de la République une invitation à déposer dans le procès René Teulade. Une première sous la Ve République !

Maître Raynald Parker devant les grilles de l'Élysée, jeudi à la mi-journée.

© Hugo Domenach/Le Point.fr
Maître Raynald Parker devant les grilles de l’Élysée, jeudi à la mi-journée.

Délivrera, délivrera pas… Depuis lundi, un bras de fer opposait un huissier de justice au cabinet de l’Élysée. L’enjeu était de taille : une association voulait « inviter » le président de la République à venir déposer lors du procès du sénateur René Teulade, l’ex-député suppléant en Corrèze de François Hollande condamné en 2011 pour avoir bénéficié d’avantages indus au détriment de la Mutuelle retraite de la fonction publique (MRFP). L’invitation a été remise en main propre par maître Raynald Parker, huissier à Paris, au colonel Éric Bio Farina, commandant militaire de la présidence de la République. Mardi, l’huissier chargé de transmettre à François Hollande la fameuse « invitation » s’était cassé les dents. Le responsable de la garde républicaine avait fait savoir qu’elle empêcherait l’huissier de pénétrer dans le palais de l’Élysée et Pierre Valleix, le conseiller justice de l’Élysée, avait annoncé à l’huissier que le président n’accuserait pas réception.

Cet « exploit » est une première sous la Ve République. En mai 1999, maître Maurice C., huissier de son état, s’était rendu au 55 rue du Faubourg-Saint-Honoré, mais avait patienté une bonne partie de la matinée dans une antichambre, avant de se rendre à l’évidence : le plus simple était de déposer cette assignation en mairie, comme pour un simple particulier.

« J’espère au moins une lettre d’explication »

Si l’article 67 de la Constitution empêche le président de la République d’être cité ou convoqué au cours d’un procès, le CIDS, partie civile dans le procès Teulade, a contourné la loi en invitant simplement le chef de l’État à déposer. L’association, via son avocat maître Stéphane Bonifassi, s’appuie sur les déclarations tonitruantes de François Hollande, le 2 mai 2012, lors d’un débat télévisé avec Nicolas Sarkozy. Le candidat s’était alors engagé à répondre aux convocations de la justice : « Moi, président de la République, j’aurai aussi à coeur de ne pas avoir un statut pénal du chef de l’État ; je le ferai réformer, de façon à ce que si des actes antérieurs à ma prise de fonction venaient à être contestés je puisse, dans certaines conditions, me rendre à la convocation de tel ou tel magistrat ou m’expliquer devant un certain nombre d’instances. »

« J’espère que le chef de l’État se rendra à notre invitation comme il s’y est engagé à la télévision. Si ce n’est pas le cas, j’espère au moins une lettre d’explication », déclare au Point.fr l’avocat Stéphane Bonifassi.

À ce jour, François Hollande n’a toujours pas réformé le Code pénal, mais l’avocat du CIDS considère que rien n’empêche le chef de l’État de répondre à l’invitation d’une partie civile lors d’un procès, a fortiori quand il s’agit de celui de son ancien suppléant. François Hollande avait été entendu lors de l’instruction en tant que trésorier d’une association qui avait bénéficié gratuitement de locaux de la MRFP alors présidée par René Teulade. « Vous aviez alors expliqué que vous ne vous étiez pas interrogé sur les conditions financières de l’occupation par votre association des locaux appartenant à la MRFP », rappellent Stéphane Bonifassi et Nicolas Lecoq-Vallon dans leur fameuse invitation que Le Point a pu consulter. Pour justifier sa requête, l’avocat du CIDS revient aussi sur les déclarations du président de la République lors du Congrès de la Mutualité française, le 20 octobre 2012.

Et le conseil du CIDS d’enfoncer le clou dans sa requête. « Nous aimerions obtenir vos réflexions sur ces faits. Nous aimerions également vous demander si vous pensez que René Teulade a eu une influence bénéfique sur le monde de la Mutualité française et si sa gestion pourrait être à l’origine des préjudices considérables subis par 500 000 adhérents du produit CREF, et ce, alors que d’autres, dont l’association dont vous étiez le trésorier, profitaient des largesses de la MRFP qu’il présidait. » Aujourd’hui, le passé de François Hollande le rattrape jusque sous les fenêtres du palais de l’Élysée…

Via (+vidéo): Sott.net

Benji

3 Commentaires

  1. Monsieur normal ferat comme ses petits copains. Apr’es tout ce n’est qu’un politicien normal

  2. Monsieur normal fera comme ses petits copains. Apres tout ce n’est qu’un politicien normal et comme la norme est la corruption et le mensonge….

  3. NON LIEU

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