Les profits des négociants de matières premières dépassent ceux des banques

Les chiffres compilés par le "Financial Times" dessinent un paysage économique impressionnant et jusqu'ici méconnu, puisque rares sont les négociants cotés en Bourse et contraints à un minimum de transparence financière.

Les chiffres donnent le tournis. Les vingt plus gros négociants de matières premières au monde ont empoché près de 250 milliards de dollars (191 milliards d’euros) au cours de la dernière décennie, devant les géants du secteur automobile (179 milliards d’euros sur la même période de 2003 à 2012 pour Toyota, Volkswagen, BMW, Renault et Ford) et bancaire (171 milliards d’euros pour JPMorgan, Goldman Sachs et Morgan Stanley).

Les négociants, pierre angulaire des échanges mondiaux de matières premières, font traditionnellement le lien entre producteurs et consommateurs. Pourtant leurs noms (Glencore, Vitol, Trafigura, Gunvor, Cargill, Archer Daniels Midland, Louis Dreyfus, Wilmar, Noble, Mitsubishi, Mitsui) ne sont pas encore connus du grand public.

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Les chiffres d’affaires font encore davantage vaciller : les revenus des dix plus gros négociants en 2012 tournent autour de 916 milliards d’euros, soit l’équivalent du PIB de la Corée du Sud. Toutes ces données, compilées par le Financial Times, dessinent un paysage impressionnant et jusqu’ici méconnu puisque rares sont les négociants cotés en Bourse et contraints à un minimum de transparence financière – des entreprises peu ou pas régulées, comme la plupart des grandes multinationales opérant dans des pays en développement.

Le quotidien de la City s’interroge sur la taille de ces intermédiaires dont les besoins en liquidités surpassent désormais la capacité de prêt des banques. Ainsi, quand le russe Rosneft décide d’acquérir son concurrent TNK-BP pour créer le premier pétrolier mondial coté et se met en quête de 42 milliards d’euros, il demande à deux négociants, Vitol et Glencore, de l’aider à financer l’opération.

LES ÉMERGENTS, PROUE DU NAVIRE

Cette étude montre que la période de croissance, commencée en 2000 quand les profits cabotaient vers 1,6 milliard d’euros, reflète de plus en plus l’expansion des pays émergents, Chine en tête, même si la croissance de cette dernière montre des signes de ralentissement. Et même en cas de consommation déclinante ou simplement stagnante, les négociants peuvent toujours stocker en attendant que les cours remontent.

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Symbole d’une nouvelle domination dans les échanges de matières premières, les places financières asiatiques entrent dans la course pour devenir le “hub” de prédilection des traders. Singapour, qui offrait déjà, sous certaines conditions, un taux presque imbattable de 5 % d’imposition, voit son offre fiscale concurrencée par Shanghaï, Hongkong et Kuala Lumpur dans la course aux marchés émergents.

Ces destinations sont synonymes d’une optimisation fiscale forcenée : selon le FT, les négociants s’en sortent avec un taux d’imposition compris entre 5 et 15 % grâce à des implantations choisies sous les auspices cléments que sont la Suisse, Chypre, les Pays-Bas ou Singapour. A titre de comparaison, l’industrie minière et pétrolière s’acquitte d’un taux de 30 à 45 %, et les banques paient environ 20 % d’impôt.

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Et même si la Suisse envisage d’alourdir sa fiscalité, l’industrie reste très rentable. Les patrons de Glencore (Ivan Glasenberg) ou de Trafigura (Claude Dauphin) sont milliardaires, alors que les familles telles que les Cargill et les Louis Dreyfus ont vu leur patrimoine s’épanouir à la chaleur des marchés des matières premières.

DES SIGNAUX NÉGATIFS

L’envolée des prix de 2009 aidant, les profits ont été multipliés par presque 120 en douze ans. Selon le département américain de l’agriculture, les échanges de céréales ont bondi de 20 % entre 2001 et 2010, contre moins de 2 % sur les dix années précédentes et une baisse de 0,9 % entre 1981 et 1990.

Vitol est un exemple probant de cette explosion des gains des négociants : la multinationale aux 800 millions d’euros de profit était à peine à l’équilibre dans les années 1990. En 2009, elle affichait 1,74 milliard d’euros de bénéfices. Contrôlant l’offre et la demande, les maisons de négoce déploieraient leurs propres observateurs pour évaluer les stocks de cacao en Côte d’Ivoire ou ceux de charbon au Japon, raconte le journal britannique.

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Benji

5 Commentaires

  1. voila ce que gens dit … (mdr)
    http://www.agoravox.tv/culture-loisirs/culture/article/alain-soral-marion-sigaut-38200
    l’avenir de l’homme, c’est la femme !!! il avait raison !
    mesdames, vous vous devez de veiller au grain, car oui, nous sommes incapable de le faire …

  2. Mange toi une main, garde l’autre pour demain…

  3. Quand je dis que dans le fatras de Jovanovic, tout n’est pas à jeter 🙂
    Il avait piqué mon intérêt avec Blythe Masters, la soi-disant créatrice de l’industrie des CDS et autres dérivés.
    Renseignements pris, cela fait quelques années (depuis 2007 ?) que JP Morgan l’a mutée aux marchés des matières premières… De mémoire, elle a fait péter les compteurs en 2011, faisant passer JP Morgan devant Goldmann Sachs et Morgan Stanley, les leaders historiques. JP Morgan a même offert à l’université de Denver une “petite” salle des marchés pour former les futurs courtiers (un cadeau à 5,5 millions de dollars). M’est avis qu’on a encore des choses à voir, en matière de spéculations sur les MP …
    Les CDS :

    http://www.youtube.com/watch?v=ZiwD-AAD0TI

    Les MP et l’université de Denver :

    http://www.youtube.com/watch?v=hg6lZk_4hLg&feature=player_embedded

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