Gaz de schiste : désormais, on ne fracture plus la roche, on la « masse »

Gaz de schiste: le petit plus avec Fukushima

Les pétroliers sont-ils les nouveaux « masseurs » de la roche ? Le 30 juin 2011, le parlement français interdit l’utilisation de la technique de fracturation hydraulique pour explorer et exploiter les gisements de gaz et de pétrole en France. Pour autant, les défenseurs de l’environnement ne désarment pas, car les industriels n’ont pas abandonné l’idée de fracturer la roche. Plus discrètement, avec d’autres mots.

Des dizaines de permis de recherche ont été délivrés avant la loi de juillet 2011 et bien d’autres sont encore dans les tuyaux de l’administration. Même s’il est toujours possible d’explorer les sols à la recherche des huiles et gaz de schistes, il n’est pas possible de les exploiter via la fracturation…

Les pétroliers poursuivent leur cartographie du sous-sol français. Dans un soucis de transparence, tout ou presque est consultable sur le site du ministère de l’Ecologie (ici, le Bassin parisien).

« Massage » : « une idée », dit le PDG de Total

Les professionnels préparent la communication de demain. Car tout l’enjeu est là, il s’agit de reprendre la main sur la bataille des mots, et les industriels parlent désormais non plus de fracturer la roche mais de la « stimuler ».

Début janvier, Christophe de Margerie, PDG de Total, indiquait au journal Le Monde qu’il ne fallait peut-être pas totalement laisser tomber la fracturation hydraulique mais repenser surtout sa dénomination :

« Il est quand même paradoxal d’entendre un membre du gouvernement annoncer que la France va faire des tests de fracturation hydraulique en Algérie [Laurent Fabius, ndlr] […] pour rapatrier la technique en France si elle est finalement jugée acceptable pour l’environnement.

Je suis fasciné par la manière dont le terme de “fracturation” a cristallisé les clivages. Aux Etats-Unis, on parle de “massaging” de la roche. C’est peut-être une idée ? »

« Du foutage de gueule »

Rue89 a contacté Séverin Pistre, hydrogéologue et professeur à l’université Montpellier-II. Il est formel sur ces nouvelles dénominations :

« La stimulation hydraulique, c’est un terme générique qui englobe la fracturation. Niveau concept et niveau recherche sur les huiles ou gaz de schiste, c’est la même chose.

Pour être direct, le “massage de la roche”, c’est quand même un peu du foutage de gueule. »

Selon le scientifique, cette technique visant à augmenter la perméabilité de la roche pour extraire les ressources qu’elle renferme a toujours les mêmes conséquences :

« On évacue le terme, mais pas les problèmes en surface et en profondeur.

On mobilise toujours le méthane, lui-même polluant, qui va fuir dans les nappes d’eau ou en surface. »

Son verdict est sans appel :

« Si vous me demandez s’il existe une technique opérationnelle pour extraire le gaz sans fracturer, la réponse est non. »

De nouvelles techniques sont en train d’être élaborées par les industriels. L’une des plus prometteuses est la fracturation au propane. La France mène également des recherches sur la fracturation hydraulique.

Etre prêt pour le jour où…

Voir le document

(Fichier PDF)

Quels intérêts les industriels ont-ils à chasser les huiles et gaz de schiste s’ils n’ont pas le droit, techniquement, d’aller les récupérer ? L’explication la plus plausible se cache dans le rapport publié en février 2012 de la Commission nationale d’orientation, de suivi et d’évaluation des techniques d’exploration et d’exploitation des hydrocarbures liquides et gazeux. Il conclut :

« Enfin, dans deux ou trois ans, l’expérience acquise, aussi bien dans notre pays qu’en Europe et en Amérique du Nord, permettra de prendre des décisions rationnelles sur l’opportunité d’une exploitation de gaz et huiles de roche-mère en France. »

Le même document explique qu’il serait « dommageable » d’interdire l’exploitation des ressources en schiste sans avoir évalué « la richesse potentielle » que la France pourrait en tirer.

En somme, la Commission, créée dans la foulée de l’interdiction, entend laisser le temps à la technique d’évoluer. Pas question de s’asseoir d’emblée sur l’exploitation de ces ressources, avec ou sans fracturation.

L’industrie cherche à repérer tous les emplacements des huiles et gaz de schiste, afin de se tenir prête le jour où l’actuelle législation changera.

La mise en exploitation sera d’autant plus simple que de nombreux permis de recherches autorisent les forages de puits horizontaux, comme pour la technique de fracturation hydraulique.

Article complet sur Rue89

Benji

13 Commentaires

  1. MDR. Au moins je saurai pourquoi mon kiné sort de la dynamite de son placard quand il me dit qu’il va me faire un massage. 🙂

    Sérieusement … Nous avons déjà tous les éléments pour prendre une décision très rationnelle au sujet des gaz de schiste, et ces éléments sont basés sur l’expérience acquise en exploitation :
    1 ) Pollution des eaux, des nappes phréatiques à la plomberie domestique ;
    2 ) Les puits s’épuisent en deux ans, on est obligé d’en forer de nouveaux en permanence pour maintenir la production ;
    3 ) Comme avec les sables bitumeux, cette activité nécessite plus d’eau que le pétrole qu’elle produit, et l’eau est une ressource qui commence à se raréfier aussi ;
    4 ) Forts soupçons de sismicité induite par cette activité, sans parler du potentiel pour des sinkholes ;
    5 ) L’affaire Cheasapeake illustre très bien le caractère bancal et spéculatif de la capitalisation de cette activité, et les risques financiers et économiques qui en découlent.

    Bref : largement plus d’inconvénients permanents que d’avantages temporaires. Donc c’est NON.

  2. c’est juste tous des fils de pu*** des ordures de merde de la racaille …

  3. Pour la LGV PACA c’est pareil! devant l’opposition des populations elle c’est transformée en ligne nouvelle Provence cote d’azur . C’est le même projet mais on change le packaging et le nom …et on nous dit vous voyez on vous a entendu! c’est ça la concertation et le débat public obligatoire sur les grands projets au passage ils les nomment structurants et moi je trouve qu’ils déstructurent les territoires traversés. finalement tout est notion de sémantique.
    collectif: stoplgvsudsaintebaume.org

  4. c’est toutes les entreprises qui font du gaz de shiste qui sont à la masse !!

  5. Et il vaut mieux un mot de passe qu’un pot de masse.

  6. Gazez nous ,par air ,par eau ,par terre hahaah,ça gaze de partout et les TV en uranium appauvris les neurones génétiquement endimanchés des présentateurs souriants et heureux de nous informer la religion de L’EUROPE ,ben les gars,je vais faire ma partie de billard ,je vous embrasse et pardonnez ma circonférence svp..déchainez vous ……

  7. ahh la subtilité de la communication comme c’est beau!!
    Donc je ne me suis pas fracturé la main en décembre (info véridique), je me la suis massée, stimulée…
    Personnellement je pense qu’un bon massage de leur gueule de pollueur, voire même une petite stimulation de l’ arrière train de de Margerie ferait du bien

  8. La France est la reine des contradictions. On dit non, la fracturation n’est pas bonne, mais!!!! Les concessions sont déjà données, les essais sont faits en Algérie. Ainsi on ne pollue pas la mère patrie, mais on pollue chez les autres. Déjà qu’ils n’ont pas beaucoup d’eau potable, cette fois-ci ils risquent de tout perdre.
    Bravo la France, pourquoi ne mettent-ils pas autant d’énergie pour résorber le chômage. Remonter le niveau de vie des français, faire en sorte que les entreprises cessent de fermer. Cette foutue taxe de 75% sur les gains de plus de 1 million d’euros. Mais maintenant ce n’est plus le salarié qui paie, mais l’entreprise. On reste crédible vis-à-vis des citoyens, mais on tue les entreprises, et quand il n’y aura plus d’entreprises, qui donnera du boulot aux français.
    Quant au massage de la terre, j’aimerai que l’on prenne un tel soin à mon égard. Un bon massage et tout s’arrange. Imaginez-vous combien de petites il faudra pour bien malaxer cette terre rocheuse. C’est peut-être ainsi qu’ils vont supprimer le chômage??? Il y aa quand même une différence entre masser la glaise pour faire des vases et masser le schiste pour extraire le gaz…

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