Communiqué de Sismalp ce 15 mars 2012.

Ce communiqué a pour but de faire le point sur le séisme de magnitude 4,3 qui s’est produit le 26 février 2012 dans la vallée de l’Ubaye (Alpes-de-Haute-Provence), ainsi que sur les quelque 1 000 secousses (dont une trentaine ressenties) détectées dans ce secteur au cours des 20 derniers jours.

http://www.lalsace.fr/fr/images/4530B03A-0C86-4099-869A-A717F8199BFD/ALS_03/un-sismographe-photo-archives-l-alsace-le-pays.jpg

L’épicentre du séisme du 26 février, calculé par le réseau sismologique de l’observatoire de Grenoble (réseau Sismalp), est situé par 44°30’N et 6°40’E, à proximité de Saint-Paul-sur-Ubaye, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Ces coordonnées géographiques correspondent à celles du sommet oriental de la Montagne de Parpaillon qui culmine à près de 3 000 m et qui marque la limite entre les communes de Saint-Paul-sur-Ubaye, La Condamine-Châtelard et Crévoux (Hautes-Alpes). Saint-Paul est le village le plus proche de l’épicentre (un peu moins de 7 km) ; Crévoux n’en est guère plus éloigné (un peu plus de 7 km) ; certains séismes qui se sont produits début mars ont leurs épicentres à moins de 6 km du village de La Condamine.

Le foyer du séisme du 26 février était situé à 8 km de profondeur par rapport au niveau de la mer, soit 11 km sous la surface. Le « mécanisme au foyer » a pu être calculé en utilisant les observations faites par une cinquantaine de stations sismologiques situées dans les Alpes françaises, suisses et italiennes. Ce mécanisme montre clairement que la faille qui a fonctionné lors de ce séisme est une faille dite « normale » d’orientation NNW-SSE qui a permis au compartiment tectonique situé à l’ouest (Barcelonnette) de s’affaisser d’environ 1 cm par rapport au compartiment situé à l’est (Saint-Paul).

La haute vallée de l’Ubaye est l’une des zones les plus sismiques des Alpes françaises. En 1959, un séisme de magnitude 5,5 qui s’était produit à proximité de Saint-Paul (vraisemblablement à 6 km au nord du village), avait généré d’importants dégâts immobiliers et fait deux blessés. Ce séisme avait été suivi de répliques pendant plusieurs mois. Plus que des séismes violents tels que celui de 1959, l’Ubaye est plutôt coutumière de crises sismiques dites « en essaims » lors desquelles l’activité sismique se manifeste, en un lieu bien précis, pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois, avec une succession de secousses de magnitudes variées, sans que l’on puisse être certain que la magnitude maximale ait été atteinte. Une telle crise en essaim a été ainsi observée sous La Condamine en 2003–2004 en travers de la vallée de l’Ubaye, avec plus de 16 000 séismes comptabilisés en 2 ans, dont 5 séismes de magnitude 2,5 à 2,7.

L’activité sismique enregistrée depuis le 26 février 2012 est importante : plus de 1 000 séismes détectés ; plus de 500 localisés ; vraisemblablement une trentaine ressentis. Deux stations sismologiques temporaires transmettant leurs données à Grenoble ont été installées le 1er et le 10 mars à Tournoux (Saint-Paul) et à Sainte-Anne (La Condamine) pour renforcer la surveillance assurée par Sismalp. La sismicité observée fait penser qu’un essaim analogue à celui de 2003–2004 a été activé par le choc principal (en blanc sur la carte : essaim de 2003–2004 ; en rouge : essaim de 2012 ; en noir : événements les plus récents). Cet essaim est cependant distinct du précédent : bien que situé dans le même alignement NW–SE, son orientation ne semble pas être tout à fait la même ; il ne fait que 4 km de long au lieu de 9 ; son activité se manisfeste par des secousses de magnitude 2 à 3 suivies, pendant quelques heures, d’une séquence de répliques de magnitude moindre, avant qu’un calme relatif ne se réinstalle. Le réseau de failles de l’essaim actuel est probablement plus complexe que celui de l’essaim précédent, comme le suggère la carte de localisation, les mécanismes au foyer, et aussi la façon dont des séismes de magnitude équivalente sont très différemment ressentis en un même lieu, alors que leurs foyers sont très proches.

L’activité a légèrement migré entre le 26 février et le 2 mars : les deux séismes du 27 février se sont produits un peu plus au sud-est que le séisme principal, le séisme du 2 mars encore plus au sud-est, vers le Plan de la Malle Haute (vallée du Parpaillon). Cette « migration » vers le sud-est semble s’être interrompue, et l’activité se concentre désormais à l’extrêmité nord-ouest de l’essaim, à l’aplomb de la limite départementale entre les Alpes-de-Haute-Provence et les Hautes-Alpes. Il est important de noter que la zone de la vallée du Parpaillon située au nord-ouest de La Condamine présente, entre Sainte-Anne et le Plan de la Malle Haute, une « lacune sismique » de 2 à 3 km de long, entre l’essaim de 2003–2004 et l’essaim actuel.

La sismicité de l’Ubaye est très capricieuse et il est impossible de prévoir le détail de l’évolution du présent essaim. Des séismes se reproduiront très probablement dans le secteur actuellement actif au cours des semaines ou des mois à venir. Comme les foyers sont relativement profonds (7 km en moyenne), ils continueront à être ressentis de façon parfois désagréable jusqu’à Barcelonnette ou même Guillestre ; en revanche, si leur magnitude reste inférieure à 4 (ce qui est très probable), ils n’auront aucun effet dommageable sur les bâtiments.

Une page spéciale a été constituée sur le site Internet de Sismalp, qui développe certains points abordés dans ce communiqué.

By: Eagleeyes

 

Autre information qui nous est délivrée par Eagleeyes, merci à lui:

A 19:22 UTC il y a eu une secousse de 3.2, localisée dans les parties immergées de l’île, 8km NE et à proximité du volcan sous-marin “Kolumbus”.  Le sommet de ce dernier n’est qu’à 18m de la surface et situé sur la faille SW-NE du système tectonique le plus complexe et le plus actif de Santorin. Sa dernière éruption date de 1650, faisant suite à une année de tremblements de terre, elle fut explosive et a recouvert l’île, de cendres, tuant 25 personnes et du bétail par l’émission de gaz toxiques. Des traces de cendres, ont été clairement identifiées jusqu’en Turquie, et l’explosion a engendré un tsunami dévastateur.

Il n’y a aucune raison de prédire avec certitude une telle activité dans un avenir prévisible, malheureusement nous sommes confronté à un manque de collaboration de la part de l’Institut de Surveillance grecque, ne fournissant aucune données, quant à ces évènements de ces derniers jours, ce qui soulève un climat de suspicion, par le fait que des données sont accessibles pour d’autres sites, alors que pour Santorin il y a obstruction.

By: Eagleeyes

Un lecteur du blog

16 Commentaires

  1. hello le troupeau!
    C’était 4.8, j’étais à 4kms de l’épicentre, au lit avec ma femme…je me suis demandé  pourquoi elle sautait sur le lit???
    On a eu de nombreuses répliques, encore une il y a 5 jours au dessus de 3.
    Le tremblement a eu lieu sur le secteur de crevoux hautes-alpes à 1kms e profondeur…très peu profond, sous la montagne du parpaillon. A 5kms nous avons les ECRINS(massif) qui se dresse de quelques centimètres tous les ans et le massif du Queyras qui s’affaisse! Ces tremblements sont dus à ces forces de subduction extraordinaires!
    La terre est un être vivant et elle nous rappelle à l’ordre de temps en temps…
    En tout cas un moment magique à vivre lorsqu’il n’y a pas de victimes…

  2. Super ton rapport Eagleeyes! Je suis ton envoyé spéciale sur place, je suis à 1km de Guillestre! Je bosse à Risoul dans un shop de ski…d’ailleur le printemps est là, déjà!
    Des amis ont ressentis par 2 fois les séismes, pour ma part 1 seule fois, je vous tiens au jus si ça bouge à nouveau!
    Tu dis donc Eagleeyes, que nous avons un déficit sur une zone de 3kms de long!
    Donc ça devrait craquer à nouveau…

    • Hello The Hawk,

      Pour répondre correctement à ta question de déficit, je devrais dire que c’est toutes les régions des Alpes qui est en sursis. L’essaim que vous subissez, n’est q’un point de faiblesse, donc plus fragile et plus susceptible de se mouvoir, mais le déplacement conséquent de la plaque du Pacific s’y répercute, d’autre régions vont subir ces tensions, dans les temps à venir suivant ce fameux déficit. Une très forte tension s’accumule dans tout le bassin méditerranéen (4.6 le 04 mars en Corse, toute l’Italie, la Croatie, etc.pour les plus proches), et indirectement, les Alpes sont concernées. Autres régions à risque, les pourtours du Golf du Lion, jusqu’à une 100aine de Km à l’intérieur des terres, la région de Clermont-Ferrand et ses Puys, et enfin la bordure Atlantique, du sud de Bordeaux jusqu’au Nord, Dunkerque et au-delà.
      D’après la carte des relevés depuis 3 mois, la France serait scindée en trois, quasi en ligne droite, partie nord limitée au sud par Besançon et Nantes, partie centrale limitée au sud par Barcelonnette et Bordeaux, la dernière par les Pyrénées.

  3. Bonjour la compagnie.
    Complément d’info (historique) concernant le Séisme du 5 avril 1959 :


    http://www.azurseisme.com/Seismes-de-l-Ubaye-A-H-P.html
    Merci eagleeyes

  4. L’autre article en-dessous de celui de la Vallée de l’Ubaye, vous aurez compris qu’il s’agit de Santorin.

  5. Etant impliqué dans la surveillance sismique du Sud-Est, je tombe sur cet article et ses commentaires. C’est parfait, Eagleeyes, de relayer un communiqué qui tente de faire le point sur ces phénomènes en Ubaye. C’est inutile en revanche, dans la réponse à thehawk, d’en rajouter, car il n’y a pas deux lignes sensées qui se suivent dans ce commentaire. Tout, ou à peu près tout est faux… Dommage…

    Quant au tout premier commentaire de thehawk, c’est dommage aussi qu’il relaie des infos fausses car données dans l’urgence par certains organismes juste après le séisme. Par exemple : le foyer n’est pas à 1 km de profondeur, mais à 11 km (sous la surface) comme dit dans le communiqué. Cela change tout pour ce qui est de la perception du séisme à grande distance, et surtout des dégâts dans la zone épicentrale.

    • http://www.brgm.fr/dcenewsFile?ID=1634 j’ai regardé un peu sur google, et d’autres personnes l’ont ressentie pepys 

      • Mais je ne conteste pas : un séisme à foyer profond est ressenti (par la population) à beaucoup plus grande distance qu’un séisme à foyer superficiel.

    • Hello Pepys.

      C’est inutile en revanche, dans la réponse à thehawk, d’en rajouter, car il n’y a pas deux lignes sensées qui se suivent dans ce commentaire. Tout, ou à peu près tout est faux…” 

      Ha tient ! Ben alors il te faudrait un peu lire les rapports des dernières études, menées par les américains basés en Turquie, et les russes, qui selon eux les périodes d’accroissement des séismes dans leur région d’étude, correspondent aux déplacements enregistrés, du nord de la péninsule du Kamchatka jusqu’à l’Indonésie, ce qui correspond assez curieusement à ce que j’avais déjà suggéré il y a un an, et que je relaie une fois de plus ici ! D’autant que mon analyse, concernait non pas que la zone Grèce/Turquie, mais toute la plaque Eurasienne jusqu’à ses abords, y compris les zones intraplaques. Pourquoi les zones intraplaques ? Tout simplement parce que notre plaque est traversée par d’anciennes failles, tellement anciennes qu’elles ne se sont plus manifestées depuis des milliers d’années et qui actuellement, elles subissent de nouvelles contraintes et ce, depuis plus d’un siècle. Ces anciennes failles ont depuis la sismologie moderne, été considérées comme ne plus être actives, alors que ces dernières années on les voit se réactiver peu à peu, par-ci, par-là ! Quant à la France, fait le relevé des séismes encourus et tu verras par toi-même que trois zones se dessinent clairement et entre nous soit dit, correspondent parfaitement à d’anciennes fractures, découvertes récemment, mais les analyses des composants en profondeur de 2 à 3 km a permis de les déterminer.

      • Hi Eagleeyes,

        J’ai un vrai clavier, et je peux mieux répondre. (Mais pas dans le détail, cela m’entraînerait trop loin.) Il y a des choses très justes dans les propos précédents (anciennes failles en France, loin des zones considérées habituellement comme sismiques), mais ces failles jouent périodiquement, et ne sont pas si inactives que cela. Exemple : séisme au large d’Oléron dans les années 70 ; ou séisme au large de Quimper dans les années 60. Deux “gros” séismes du siècle dernier qu’on oublie trop souvent. 

        Ceci dit, il est certain qu’au niveau mondial les séismes de forte magnitude (M>9) se sont raréfiés à la fin du siècle dernier. Tout le monde pensait que ces événements étaient exceptionnels. Je pense (comme pas mal de collègues) que les M>9 se produisent beaucoup plus fréquemment, plutôt tous les 10 ans (ordre de grandeur). Si c’est vrai (et je prends des précautions ici parce que personne ne peut l’affirmer), il devrait y avoir d’autres séismes de M>9 dans les années qui viennent, pour compenser le calme relatif des dernières décennies. Mais ces séismes vont probablement se produire (statistiquement) dans les zones sismiques où les mouvements relatifs entre plaques sont pluricentimétriques (par an), c’est-à-dire sur le pourtour du Pacifique et de l’océan Indien.

        Dernière chose : le poids d’Internet. Par exemple dans les listes de séismes que l’on peut trouver sur Wikipédia. Ces listes ont été constituées par des internautes, c’est-à-dire essentiellement au cours des 10 dernières années. Mis à part les gros séismes destructeurs de ces dernières années et de leur cortège de répliques, elles donnent l’illusion d’une activité accrue depuis 2000 simplement parce que les siècles ou même les décennies passées n’ont pas été scrutés de la même façon… Mais ces listes sont très incomplètes et ne peuvent être utilisées telles quelles.

        Merci à la pluie qui m’a permis d’écrire tout cela.   

        • @peppys les données provenaient de ESMC….1km de profondeur me semblait légère….mais c’est pas la peine d’enfoncer les gens comme ça et d’être désagréable!
          @eagle tu viens de trouver un nouvel ami avec la même passion…et de quoi débattre…
          @poke bientôt prêt pour les JO? Si tu vois ce que je veux dire amigo…

          Peace

        • @Pepys,

          En ce qui concerne la façade Atlantique, les fonds marins partant du large de Bordeaux jusqu’à la Mer Celtiques et même au-delà sont constitués de grès. Suite à des analyses il y a une 15aine d’années, il a été identifié comme provenant de l’effondrement en mer de Norvège, les courants ont fait le reste. Après ce recouvrement, les failles en mer du Nord et de la Manche sont passée inaperçues et petit à petit oubliées, jusqu’après une série de séismes dont celui de 1800 et quelques ayant généré un tsunami, visible dans les sédiments dans le Nord.
          Une autre chose, tu parles de la région d’Oléron, de Nantes etc. la structure géologique du plancher, fait qu’il se désagrège au même titre que les falaises qui le borde.

          D’autre part, les M>8 et M>9 vont être de plus en plus fréquents, surtout dans les zone de subduction. On arrive à une période où les déplacements ont amené les plaques inférieurs, en porte-à-faux, autrement dit en équilibre, et sont sur le point de se rompre, ce qui fut le cas, à Sumatra (2004), Chili, et dernièrement, le Japon, tout cela suite à une accélération en 10 ans, de la plaque Pacifique. En revanche la dorsale Atlantique est dans un calme relatif excepté dans le Nord (Islande, et Svalbard).

          Soit rassuré, mes sources ne sont pas de ces sites tout publique, je dispose d’outils bien plus fiables. Si toi tu impliqué dans la surveillance sismique, de mon côté je travaille en freelance pour un centre d’étude international sur les risques sismiques, avec pour responsabilité prioritaire, la région de Legnica en Pologne et à titre d’accompagnement, le cas d’El Hierro. Avant cela, j’ai participé à des études sur la relation, sismologie, volcanologie et leur interaction sur la Caldeira de Yellowstone, pour une évaluation des risques imminent d’un M9, ce durant cinq ans sur place. Alors loin de moi l’idée de glaner des données n’importe où, j’ai mes sources et celles-là sont nettement plus fiables et de plus ai accès à des données sécurisées, si tu vois ce que je veux dire ! 

          Pour te donner une idée plus précise de mes interventions, je te suggère de fouiller sur ce site, dans les sujets ayant trait à ce domaine, tu comprendra, bonne lecture.

        • ++ Un billet du CNRS au 23/02/2011 traite des résultats d’une anisotropie révélant un fluage important du manteau à la racine des ALPES. ++
          Comme ça tu verras qu’on ne chôme pas, on n’a pas le temps, pour çà !

  6. Pas besoin de faire des milliers de recherches pour se rendre compte que c’est toute la terre qui bouge, il y a tellement de parametres qui entrent en jeu, ça fais un bon moment que j’évite les lieux sensibles.
    Qui écouter, un scientifique qui répète les dires de sont ordi pour ensuite se cacher derrière dès qu’une catastrophe imprévue arrive, ou sont coeur et ses yeux qui annonce l’apocalypse…..
    Suffisamment de preuves logiques et scientifiques nous conseillent d’être prudent, il faut arrêter de relativiser sur des risques aussi importants qui mettent en danger la population!!
    Le gouvernement bride les scientifiques et les VRAI journalistes, personne n’est préparé a subir des catastrophes naturelles, l’humanité doit être au courant de se qui se passe sur la terre, vos familles sont en danger!!!
    Ce n’est pas une question de science mais de conscience!!!
    Merci pour vos articles et commentaires qui sont très instructifs!

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