Grèce : « Nous n’aurons bientôt plus aucune raison de ne pas être violents »

C’est un propos qui rejoint celui de Nigel Farrage, et il nous vient d’une française qui vit en Grèce depuis 20 ans et qui raconte les derniers événements qui ont enflammé la ville d’Athènes. Les différentes analyses se rejoignent, nous sommes à l’aube d’une révolution, si ce n’est d’une guerre civile. Observez bien ce qu’il se passe là bas, nous n’y échapperont pas, à partir du moment ou la Grèce tombe, la finance européenne risque de suivre, et chaque pays peut alors se retrouver dans la même situation.

Marie-Laure, française exilée en Grèce depuis 20 ans, raconte la manifestation qui a secoué les rues d’Athènes le 12 février, et l’angoissant climat qui s’installe dans le pays. « Prenez soin de vous, et de votre humanité. Si on oublie, si de rage, de peur ou de désespoir on en vient à se perdre, rappelez-nous à la nôtre », nous prévient-elle.

La manif de dimanche n’était en fait pas vraiment une manif. C’était plutôt comme si beaucoup, beaucoup de Grecs avaient décidé de se déplacer de leur boulot, de leur cuisine, d’où ils se trouvaient, pour aller se camper autour du Parlement… Il y avait des vieux, des mémés (pas beaucoup mais quand même), beaucoup de couples, cools.

On s’est retrouvés avec Yorgos Mitralias (fondateur de l’ELE, le comité pour l’audit de la dette grecque), dans une galerie historique, en contrebas de Syntagma. A cinq heures pile, on était à l’angle gauche du parlement, au coin de l’hôtel Grande Bretagne. Les forces de l’ordre, style Ninja « carapacés » jusqu’aux oreilles, avaient bloqué l’accès à plusieurs rues, et formé un cordon impressionnant devant le Parlement. Là, ils ont balancé les premiers lacrymogènes, et ça n’a pas cessé, ensuite, pendant des heures.

On a battu en retraite, fait le tour de la place en courant et trébuchant pour filer aussi vite que la foule le permettait. La foule, dense, partout. Les Ninjas nous repoussaient. La foule faisait des vagues, flux et reflux, mais on revenait toujours. Manifestement, les flics avaient peur qu’on n’atteigne le Parlement – on était prêts à rentrer, c’est vrai. A l’intérieur, on a vu plus tard ce qui s’y passait. Pour l’instant, il fallait reprendre son souffle et continuer, trois pas devant, quatre derrière…

Une foule immense et pacifique

Je ne raconte pas les « incidents » : ils sont sur tous les écrans. On nous parle de la catastrophe provoquée par les casseurs : très probablement d’une part, des flics provocateurs, comme d’habitude, pour justifier les lacrymo ; cette fois-ci, on tenait l’info d’un jeune cousin – flic – avec qui on a déjeuné juste avant la manif, lui était en arrêt maladie, le veinard… ; d’autre part, les supporters membres des club sportifs Panathinaïkos, Panionios et Olympiakos, ennemis jurés d’habitude, qui avaient décidé une trêve et lancé un appel aux supporters de se retrouver à Syntagma, alors même qu’un match se tenait, à la même heure. Eux, ou plutôt certains d’entre eux, sont bien entraînés, et ils savent casser, et castagner…

Catastrophe, donc, à Athènes. Ok, beaucoup de magasins incendiés (dont beaucoup de banques). Version Paris Match, c’est effectivement très impressionnant. Rien, mais rien du tout sur la foule immense, pacifique, qui s’en est pris plein les poumons, y compris Mikis Théodorakis, compositeur et véritable symbole pour les Grecs, et Manolis Glezos, symbole encore plus énorme, c’est lui qui a descendu le drapeau allemand de l’Acropole, pendant l’occupation. Ils ont aujourd’hui respectivement 88 et 90 ans, eh bien il s’est trouvé des flics pour les menacer de leurs matraques, et leur balancer leurs lacrymo. Et oui.

Un salaire minimum de 480 euros par mois

Ils avaient la trouille, oui, jusque dans leurs chaussettes, qu’on montre les images de cette mer de monde bruissante de colère et de désespoir. Les chaînes de télé montrent toutes les mêmes images, là, on se rend compte de la mainmise du pouvoir. Les journalistes « analysent » les dégâts, maintenant qu’ils sont rassurés sur l’avenir. Désormais rose bonbon, ouf, le mémorandum est passé, on aura désormais un salaire minimum de 480 euros par mois net. Donc la croissance va reprendre d’une minute à l’autre.

Bon, il faut se serrer un peu la ceinture, ok, mais on n’est pas irresponsables, nous les députés, on assume et on signe… On se désole que 100 personnes risquent de perdre leur emploi à cause des dégâts causés par les casseurs. Rien sur les 15 000 fonctionnaires qui vont perdre leur poste, ni sur les orphelinats qui ferment, tout simplement… Ils ont signé, les salauds, il n’y en a eu que 45 pour se rebeller contre la ligne donnée par leur parti (dont deux de l’extrême droite, qui ont signé pour, malgré la position de leur chef). Un député, héros du jour ou dangereux subversif, a balancé le mémorandum en direction de Venizelos (Evangélos Vénizélos, ministre des finances, ndlr). Nous voilà à la nouvelle ère, celle du mémorandum 2, là où on a faim, froid, et peur.

On aura faim, et froid

Mais pas assez, ou alors on est tellement en colère qu’on en oublie la peur, pour ne pas aller casser les bureaux des députés traîtres à notre cause. Il y en a déjà deux qui n’ont plus de locaux (dont un socialiste, si l’on peut dire), et qui cherchent leurs meubles… sur le trottoir. Le tour des autres viendra, on n’aura bientôt plus aucune raison de ne pas être violents. Faites passer, ça ne passera pas. Pas comme ça. Il y a les sous, oui. Mais aussi la dignité, les moments d’insouciance, les heures à ne rien faire et à ne penser qu’au bonheur de vivre.

Ça ne s’abandonne pas si facilement, son humanité. On aura faim, peut-être, surtout dans les villes (nous, on va mettre des poules dans le jardin, on a la mer, pas riche mais bon) ; on aura froid (ça on connaît déjà) ; on aura peur (c’est nouveau, on a goûté, on y goûte un peu plus tous les jours). Mais on avancera. Faites gaffe, ils se rapprochent. Ils auront fait de nous des cobayes, personne n’y croyait, et on y est. Demain, on mord… Prenez soin de vous, et de votre humanité. Si on oublie, si de rage, de peur ou de désespoir on en vient à se perdre, rappelez-nous à la nôtre.

Marie-Laure Veilhan

Photo : source

Article issu du site Bastamag.net

Autre information concernant la Grèce, la lutte contre l’immigration illégale et le projet d’ériger un mur de 4 mètres de haut avec caméras et barbelés, sur le modèle israélien (un pays militairement ami d’Israël…), mais au fait…. Avec quel argent ils veulent le bâtir?

Ce lundi le ministre grec Christos Papoutsis, répondant pour la sécurité intérieure du pays, a annoncé le plan de son gouvernement d’élever un mur sur 10 km de sa frontière turque. Haut de 4 mètres, il sera muni de caméras et de barbelé.

Le mur sera patrouillé par des militaires et des policiers. Les travaux de construction de cet ouvrage doivent commencer en mars. Il a la vocation de protéger la Grèce contre des immigrés illégaux et des contrebandiers. Des experts considèrent que le mur posera à la Grèce de nouveaux problèmes.

La longueur de la frontière terrestre entre la Grèce et la Turquie dépasse 200 km. Le mur va protéger un secteur entre les villages Kastanies et Nea Vissa, par où plus de 200 migrants clandestins passent chaque jour en territoire de Grèce, et à la fois de toute l’UE. D’après les données du gouvernement, quelque 55 mille personnes ont essayé de passer l’année dernière par la frontière gréco-turque. Le ministre grec de la Protection des citoyens Christos Papoutsis a appelé le futur ouvrage un projet de coopération des autorités grecques et turques en matière de lutte contre l’immigration illégale. De plus, il servira de preuve pour l’UE de la volonté de la Grèce d’honorer ses engagements pour ce qui concerne de protéger la frontière extérieure commune de la communauté européenne.

Des experts doutent cependant que ce mur permette à la Grèce de faire tarir efficacement le flot des intrus. Dmitri Danilov, en charge de la section de la sécurité européenne à l’Institut de l’Europe auprès de l’Académie russe des sciences a remarqué dans son interview à la «Voix de la Russie» :

A peine un tel ouvrage puisse-t-il résoudre le problème de lutte contre l’immigration illégale. Ici il s’agit de l’ensemble de l’UE, et pas seulement de la Grèce. Car le flux d’immigrés clandestins s’est considérablement accru après le « printemps arabe », et il est énorme. En plus de la Grèce, c’est par tout le sud-est de l’UE que les réfugiés et les immigrés illégaux arrivent. On parle sérieusement de la transparence des frontières, par exemple, de la Bulgarie et de la Roumanie. Il est peu probable que le mur grec puisse aider beaucoup sur ce plan.

La construction du mur entame sérieusement le prestige de l’UE, estime M. Danilov. En outre une barrière posée sur la voie de l’arrivée massive des réfugiés, assez agressifs, est capable de provoquer divers incidents frontaliers, allant jusqu’à des conflits humanitaires.

Trouvé sur etat-du-monde-etat-d-etre.net

Benji

14 Commentaires

  1. en fait des gens qui se battent contre d autres gens dans la meme situation que eux  mais les second sont plus cons ils s obstine a defendre les politiciens

  2. Très beau témoignage de Madame Veihlan, les moutons français enragés sont avec vous et tous les grecs trahis !
    Sinon quelqu’un pourrait nous dire le nombre des manifestants ce dimanche, toutes mes sources se contredisent, pas moyen d’avoir une information fiable la-dessus, pas étonnant me direz-vous.
    Sinon pour le mur à la frontière, encore de l’escroquerie et de la trahison parce que qui va empêcher les personnes de venir avec un visa touristique (par exemple en Allemagne ou subsiste une forte communauté Turc) et de rester sur le territoire de l’UE. Et puis dans le fond quel Turc censé viendrait en Europe alors que son pays connait une honorable croissance, et où l’agriculture est en pleine essor… Tous ça n’a ni queue ni tête, sauf de jolies cornes rouges…

    • selon les sources officiel ils étaient 40.000 à Athene selon les sources officieuse près de 200.000 mais grâce aux casseurs et la complicité de la police ils ne sont jamais arriver a la place.
      ils étaient blocquer dans les rues et avenue ajacente au quartier du parlement tout les mètros était bloquer selon un medecin les gaz qu’il sont utilisé n’était pas comme les gaz lacrimo habituel les gens étaient KO comme dans un état second.

      à Thessalonique ils ont chargé les manifestant san aucune raison.

      quand a la force eurogenfor elle est peut-être a la frontière greco Turc pour garder la frontière……………….

  3. « Prenez soin de vous, et de votre humanité. Si on oublie, si de rage, de peur ou de désespoir on en vient à se perdre, rappelez-nous à la nôtre »

    Funeste présage, présentiment dont je commençais tout juste a me débarrasser, non sans peine, je doit l’avouer, la vie continue qu’ils disait, serait je, seront nous rattrapé par ce destin écrit par avance en lettre de sang, sang d’impuissant, sang d’inconscient, d’inconsistant…
     
    Dansez brave gens la valse du dernier temps
     
     

    • j’adore la musique  merci pour cette découverte

      • Hummm… à la vue de ton Pseudo je n’en doute guère !
        Danse ma belle, danse sur cette musique endiablé, use, abuse de ta féminité…

        • mon pseudo fait référence a cette femme insoumise et trop curieuse qui fut l’égal de adam, chassée du paradis et remplacer par Eve qui était sensé être plus docile 😉

          • Le ne voyait pas Lilith comme telle, mais plutot comme,
             
            Dotée d’une sexualité illimitée et d’une fécondité prolifique, tout en étant symbole de frigidité et de stérilité, épouse, fille et double du diable, elle rassemble, dans la culture judéo-chrétienne, les côtés négatifs attribués à la féminité archaïque, celle qui ne peut être l’épouse de l’homme.
            En un mot une succube.
             
            Diablo Rojo t’as t’elle plù ? je te conseille vivement de visiter leurs discographie tu y trouvera des trésors et je laisse avec celui ci.

  4. une pensée pour les grecs qu en bavent en se moment , en gardant a l’espris que nous alons surement en baver aussi !!! j’espere quu’ils ne souffriron pas trop !

  5. J’ai des échos de là bas… les pauvres il nagent dans l’horreur complète… Je les trouvent hyper courageux!

  6. LES HOMMES SON ENTRAIN DE SE BATTRE CONTRE EUX MÊME . TOUT SA EST VOULU ET DIRIGER
    PAR CERTAIN (HOMMES) ENFANT .
    NOUS SOMME TOUS MANIPULES (ATTENTION)LEUR BUT NOUS EXTERMINER .
    TU NE PEUX PAS LAVER LE SANG AVEC DU SANG .
    SEUL LA SAGESSE ET L’AMOUR DOIS RESTER . :heart:

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