black out media

Aussi incroyable que cela puisse paraître, une véritable révolution démocratique et anticapitaliste a lieu en Islande en ce moment même, et personne n’en parle, aucun média ne relaie l’information, vous n’en trouverez presque pas trace sur « Google » : bref, le black-out total. Pourtant, la nature des évènements en cours en Islande est sidérante : Un Peuple qui chasse la droite au pouvoir en assiégeant pacifiquement le palais présidentiel, une « gauche » libérale de remplacement elle aussi évincée des « responsabilités »  parce qu’elle entendait mener la même politique que la droite, un référendum imposé par le Peuple pour déterminer s’il fallait rembourser ou pas les banques capitalistes qui ont plongé par leur irresponsabilité le pays dans la crise, une victoire à 93% imposant le non-remboursement des banques, une nationalisation des banques, et, point d’orgue de ce processus par bien des aspects « révolutionnaire » : l’élection d’une assemblée constituante le 27 novembre 2010, chargée d’écrire les nouvelles lois fondamentales qui traduiront dorénavant la colère populaire contre le capitalisme, et les aspirations du Peuple à une autre société.

Révolution en Islande

Alors que gronde dans l’Europe entière la colère des Peuples pris à la gorge par le rouleau-compresseur capitaliste, l’actualité nous dévoile un autre possible, une histoire en marche susceptible de briser bien des certitudes, et surtout de donner aux luttes qui enflamment l’Europe une perspective : la reconquête démocratique et populaire du pouvoir, au service de la population.

Ci-dessous… deux articles traitant de cette révolution en marche :

 

Quand l’Islande réinvente la démocratie

Le 16 décembre 2010 par Jean Tosti

Depuis le samedi 27 novembre, l’Islande dispose d’une Assemblée constituante composée de 25 simples citoyens élus par leurs pairs. Son but : réécrire entièrement la constitution de 1944 en tirant notamment les leçons de la crise financière qui, en 2008, a frappé le pays de plein fouet.

Depuis cette crise dont elle est loin d’être remise, l’Islande a connu un certain nombre de changements assez spectaculaires, à commencer par la nationalisation des trois principales banques, suivie de la démission du gouvernement de droite sous la pression populaire. Les élections législatives de 2009 ont amené au pouvoir une coalition de gauche formée de l’Alliance (groupement de partis composé des sociaux-démocrates, de féministes et d’ex-communistes) et du Mouvement des Verts de gauche. C’était une première pour l’Islande, tout comme la nomination d’une femme, Johanna Sigurdardottir, au poste de Premier ministre.

Très vite, le nouveau gouvernement se trouve face à un problème épineux : le règlement aux Pays-Bas et au Royaume-Uni d’une dette de 3,5 milliards d’euros suite à la faillite d’Icesave, banque en ligne dont les opérations étaient tournées principalement vers ces deux pays. Sous la pression de l’Union européenne, à laquelle les sociaux-démocrates souhaiteraient adhérer, le gouvernement fait voter en janvier 2010 une loi autorisant ce remboursement, ce qui reviendrait, pour chaque Islandais, à débourser pendant huit ans une somme d’environ 100 euros par mois. Mais le président de la République refuse de ratifier la loi, dont le texte est alors soumis à un référendum. À plus de 93%, les Islandais votent contre le remboursement de la dette (6 mars), et depuis le problème reste en suspens.

C’est dans ce contexte que l’Islande décide de modifier sa constitution, qui en fait n’a jamais été vraiment rédigée : lorsqu’en 1944 la république avait été proclamée, on s’était contenté de recopier dans les grandes lignes la constitution du Danemark, pays dont l’Islande dépendait depuis plusieurs décennies, en remplaçant simplement le terme de “roi” par celui de “président de la République”. C’est donc une nouvelle constitution qu’il s’agit d’écrire entièrement, et pour cela on a décidé de faire confiance au peuple souverain. Il y a eu d’abord un appel à candidatures (tout le monde pouvait se présenter à l’exception des élus nationaux, à condition d’avoir dix-huit ans révolus et d’être soutenu par au moins trente personnes) auquel ont répondu 522 citoyennes et citoyens. C’est parmi eux qu’ont été élus les 25 constituants.

Ces derniers commenceront à se réunir à la mi-février et rendront leur copie avant l’été. Parmi les propositions qui reviennent le plus souvent, on peut noter la séparation de l’Église et de l’État, la nationalisation de l’ensemble des ressources naturelles et une séparation claire des pouvoirs exécutif et législatif.

Certes, l’Islande n’est qu’un petit pays d’environ 320 000 habitants. Elle donne cependant là une belle leçon de démocratie aux grands États dont la France : songeons que, dans notre pays, la réforme constitutionnelle de 2008 a été entièrement rédigée à l’Élysée, et que les parlementaires ne l’ont adoptée qu’à deux voix près après avoir été soumis pendant des semaines à des pressions intolérables de la part du chef de l’État.

(source: cadtm.org)

Quand l’Islande réinvente la démocratie

 

l’Assemblée constituante a été élue en novembre

Un jour, il y a quelques mois, un anglais passant par Paris, rencontré à la librairie Lady Long Solo, nous alertait sur la révolution en Islande. Quelle révolution ? On n’en entend parler nulle part. Une rapide recherche google ne donne rien du tout, aujourd’hui, ni en associant le mot « révolution », ni même « crise », où l’on ne trouve que des détails sur la crise financière, effectivement à l’origine de cette révolution, qui a eu lieu en 2008, dans ce pays d’à peine plus de 300 000 habitants, classé au deuxième rang mondial sur l’indice du développement humain, l’IDH, derrière la Norvège, à la veille de cette crise, en 2006.

Confronté alors à la faillite brutale du système bancaire, le peuple était descendu dans la rue. Du jamais vu au pays des jeysers d’eau chaude. La droite avait aussitôt dû céder la place à la gauche. Et, pour commencer, les banques avaient été nationalisées. Notre informateur anglais en avait entendu parler pour les projets législatifs de liberté totale pour internet, tels que des sites anglais pensaient à s’héberger là. Plus encore, il insistait pour parler d’une véritable révolution, sans pouvoir la décrire plus, mais s’étonnant qu’on n’en ait jamais entendu parler.

Cherchant alors avec obstination, on a fini par voir des images du palais présidentiel assiégé par une foule qu’on qualifierait ici sans hésiter d’anarcho-autonome. En plus des drapeaux noirs, on pouvait deviner dans la foule une forte composante de citoyenneté de type écologiste. Et on comprenait que le pauvre malheureux flic, tout seul devant le palais présidentiel, ait rapidement dû se rendre sous la pression de la foule. Celle-ci, néanmoins pacifique, n’usait que de casseroles et autres objets bruyants, selon la méthode argentine du cacerolazo, qui a su s’avérer très payante aussi là-bas.

Le président avait plié bagage. Un nouveau gouvernement s’était institué. Mais, quelques temps plus tard, celui-ci avait la mauvaise idée de proposer le remboursement de la dette des banques vis-à-vis du Danemark ou de la Grande Bretagne. Le peuple est de nouveau descendu dans la rue. Un référendum sur la question était imposé par volonté populaire, et une petite majorité de 93% rejetait l’accord prévu par les gentils gouvernants.
Parmi les informations glanées, cette image saisissante de l’agora dans les bains publics chauds, où le peuple s’assemble tous les matins pour débattre de comment refaire le monde.

Consécration de cette révolution, l’élection d’une Assemblée constituante, le 27 novembre 2010, événement peut-être plus considérable que la nuit du 4 août 1789 où était votée l’abolition des privilèges, dont on ne se serait pas aperçu sans la vigilance de Truks en vrac, de notre ami B.Bec, du Gers, relayant le CADTM, ou de Jean-Luc Mélenchon, qui trouve là une similitude avec ses propres thèses constitutionnalistes, mais ne semble pas voir plus loin que le bout de son nez anti-capitaliste.

Merveille de la désinformation. Un événement aussi considérable qu’une véritable révolution démocratique, telle qu’on n’en a jamais vue en Europe, peut se produire sans que la presse, ni google, ne permettent d’en savoir quoi que ce soit. C’est sûr qu’à l’heure de la consolidation anti-démocratique que vivent la plupart des pays européens, l’exemple islandais ne fait pas vraiment l’affaire de nos régimes policiers, qui montrent là encore leur aptitude à verrouiller rigoureusement la conscience collective.

On aimerait assurément en savoir plus sur cette révolution islandaise. Voilà des mois que Paris s’éveille rêve de téléporter sa rédaction pour un reportage approfondi au pays des chasseurs de baleines et d’utopie. S’immerger dans les bains chauds de la révolution démocratique fait certes envie, surtout vu du cœur de notre hiver sécuritaire.

Il faut s’imaginer les 25 « simples citoyens » qui vont plancher sur la constitution idéale. Le souffle de l’humanité devrait se retenir. Où l’on verra probablement qu’il n’est pas difficile de faire mieux que toutes les figures de pseudo-démocraties qui se sont déclinées jusqu’ici sur les cinq continents.

Cet article se voudrait un appel à qui aurait plus d’informations sur cette extraordinaire histoire islandaise. On peut m’écrire à: michelsitbon@gmail.com, et je relayerai avec plaisir. Un dossier sur la révolution islandaise tente de rassembler les articles qu’on peut trouver sur le sujet.

(source: parisseveille.info)

Via: interobjectif.net

By: noar

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15 Commentaires

  1. prenons l exemple tant que nous ne les chasserons pas on se fera mettre , malheureusement la france et ses moujeons ne feront rien

    • Franchement, je vois pas vraiment de différence entre perdre 40% par l’inflation comme en Suisse qui imprime ou perdre 70% par défaut comme les Grecs. Dans un cas c’est le pouvoir d’achat qui paient les dettes dans l’autre c’est les acquis sociaux qui paient.
      C’est que de la manipulation qui nous détournent du vrai problème. Le seul moyen de limité les dégâts consiste à retrouver les voleurs et confisquer leur avoir pour détruire leur dette odieuse d’on on ne peux plus payé les intérêts.
      Parce que payé 400 milliards pour sauver une Grece qui ne repartiras pas de plus belle alors que son budget annuel est de 200 mrd. Y’a quand même un problème de calcul mentale. 400 mrd c’est le PIB de la Suisse, es-ce qu’on peut dirent que la Grece est une économie autant grande que la Suisse ?
      C’est les banquier qui on décider qu’il était plus rentable pour eux de trouvé l’argent pour vos hypothéqués sur les marchés plutôt que de les emprunter à la banque centrale comme par le passée.
      Tout les proprios veulent sauvé leur maison, mais aucun ne se rends compte que 90% de son hypothéque a été mis en caution dans des CDS pour être jouer à 10 x sa valeur sur les marchés.
       

  2. Oui c’est sûr à coté de cette merde de manipulation citée par Chomsky, allez voir sur un des sites de recherche…

  3. Envoie de l’article à las bas si j’y suis mermet peut avoir envie d’y aller, reste à savoir si il aura le droit…

  4. A suivre avec intérêt… Peut-être que sur mondialisation.ca et globalization.ca il y a des infos ? Je n’ai pas pris le temps d’y aller voir.

    Sinon , c’est pas islandais, mais c’est quand même de la politique, et c’est ici …

    http://partipirate.org/blog/index.php

    http://www.hackinparis.com/home (port du masque obligatoire ? 😉 )

  5. ça risque pas d’arriver en France vous aller payer sorry …

    qui va payer notre rsa sinon ? un peu de dignité vous avez le boulot laisser nous un peu de tune … 😉  je demande rien d’autre  :coffee:

  6. l’Island serait donc le seul pays démocratique au monde un exemple à suivre,
    mais bon si personne n’en entend parler ………………………. à suivre…

  7. Voilà une très belle leçon . Je propose la même chose pour la France . C’est d’ailleurs prévu par la constitution . Si les représentants élu du peuple ne sont pas à la hauteur des responsabilités que nous leurs avons confier, il faut alors que le peuple reprenne le pouvoir. C’est à nous de déclaré l’état d’urgence et non au voyoux qui se sont installer au pouvoir de le faire…
     
    Le goudron et les plumes pour eux la liberté et la démocratie pour nous .
     
    C’est quand même étrange que les ANONANUS n’en parle pas eux de cette révolution???

  8. C’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup d’infos. On peut en trouver, mais elle n’est pas forcément très fraîche …
    http://www.voltairenet.org/+-Islande-+?lang=fr

    Celle-là est assez plaisante. Le Huffington Post continue de proposer les anciens articles du Post, mais avec un “Disclaimer” : “post non vérifié par la rédaction”.
    http://archives-lepost.huffingtonpost.fr/article/2011/02/12/2403317_revolution-pacifique-en-irlande-le-peuple-irlandais-reprend-les-choses-en-main-droite-et-gauche-dehors.html

  9. à écouter, les émissions de D MERMET là bas si j’y suis http://www.la-bas.org/ des 8, 9 et 10/02/2012 sur le 6 Mai 2012, le président sortant et son concurrent François Flamby ont été balayés par un grand souffle d’air frais. Le MIRAC (Mouvement Indépendant pour une Réelle Alternative Citoyenne) l’a emporté. Ecouter les ministres désignés prendre leurs premières mesures, c’est poignant. Votons le MIRAC, j’espère qu’il va obtenir ces foutues 500 signatures … Nous sommes tous des Islandais, un pays magnifique, oû la nature règne encore.

  10. l’Island est effectivement un modèle pionnier de nouvelle démocratie participative, un exemple à suivre même si il faut relativiser, ce pays ne compte que 320 000 habitants (comme une ville de taille moyenne en France), nous nous sommes plus de 65 millions (ça va être plus compliquer).
    Certes l’info n’est pas relayée par les médias (on sait tous pourquoi), mais dans certaines sphères politiques l’Island continu d’intéresser !
    On sait par exemple que Eva Joly à participé depuis 2009 et pendant 18 mois à l’invitation des Islandais, aux investigations pénales entreprisent pour comprendre l’effondrement du système bancaire du pays et  afin d’en préciser les responsabilités (seul pays à avoir mener cette enquête), ce qui à permis ensuite cette nouvelle démocratie d’émerger (les responsables politiques et financiers ont tous été virés)…  http://evajoly.blogs.nouvelobs.com/archive/2010/10/16/retour-d-islande.html

  11. Je suis surpris du manque de fraicheur des informations proposées sur la situation de l’Islande car si des événements intéressants se sont produits là-bas il serait bon de moduler l’enthousiasme et l’euphorie en évoquant avec objectivité et clarté la situation actuelle de ce pays.
    Je vous soumets quelques articles qui proposent un autre regard sur l’islande :
     
    2011 01 28
    Le pays vient d’élire une Assemblée constituante (le 27 novembre 2010)
    La révolution silencieuse ?  Quelle révolution ?  On n’en entend parler nulle part.
    Effectivement à l’origine de cette révolution, qui a eu lieu en 2008, dans ce pays d’à peine plus de 300 000 habitants, classé au deuxième rang mondial sur l’indice du développement humain, l’IDH, derrière la Norvège, à la veille de cette crise, en 2006.
    Merveille de la désinformation, un événement aussi considérable qu’une véritable révolution démocratique peut se produire en Europe à nos portes sans que les médias français n’en informent le peuple français. C’est sûr qu’à l’heure de la consolidation anti-démocratique que vivent la plupart des pays européens, l’exemple islandais ne fait pas vraiment l’affaire de nos pouvoirs politico-financiers qui montrent là encore leur aptitude à verrouiller rigoureusement la conscience collective.
    Confronté alors à la faillite brutale du système bancaire, le peuple était descendu dans la rue. Du jamais vu au pays des geysers d’eau chaude. Le gouvernement avait été renversé Et, pour commencer, les banques avaient été nationalisées.
    Des images du palais présidentiel assiégé par une foule ? Celle-ci, néanmoins pacifique, n’usait que de casseroles et autres objets bruyants, selon la méthode argentine du cacerolazo,  qui a su s’avérer très payante aussi là-bas.
    Un nouveau gouvernement est institué. Mais, très vite le nouveau gouvernement se trouve face à un problème épineux : le règlement aux Pays-Bas et au Royaume-Uni d’une dette de 3,5 milliards d’euros suite à la faillite d’Icesave, banque en ligne dont les opérations étaient tournées principalement vers ces deux pays. Sous la pression de l’Union européenne, à laquelle les sociaux-démocrates souhaiteraient adhérer, le gouvernement fait voter en janvier 2010 une loi autorisant ce remboursement, ce qui reviendrait, pour chaque Islandais, à débourser pendant huit ans une somme d’environ 100 euros par mois.
    Le Président de la République refuse de promulguer ce choix de politique économique et décide de soumettre cette décision à un référendum. Le peuple rejeta unanimement (93%) le plan de renflouement. À plus de 93%, les Islandais votent contre le remboursement de la dette (6 mars).
    Consécration de cette révolution, l’élection d’une Assemblée constituante, le 27 novembre 2010, événement peut-être aussi considérable que la nuit du 4 août 1789 où était votée l’abolition des privilèges. C’est donc une nouvelle constitution qu’il s’agit d’écrire entièrement, et pour cela on a décidé de faire confiance au peuple souverain. Il y a eu d’abord un appel à candidatures (tout le monde pouvait se présenter à l’exception des élus nationaux, à condition d’avoir dix-huit ans révolus et d’être soutenu par au moins trente personnes) auquel ont répondu 522 citoyennes et citoyens. C’est parmi eux qu’ont été élus les 25 constituants.
    Les constituants se réuniront à partir de la mi-février et rendront leur copie avant l’été. Parmi les propositions qui reviennent le plus souvent, on peut noter la séparation de l’Église et de l’État, la nationalisation de l’ensemble des ressources naturelles et une séparation claire des pouvoirs exécutif et législatif. En particulier, seront soumis à la décision de cette Assemblée :
    –         les bases de la constitution islandaise et ses concepts fondamentaux;          
    –         l’organisation des branches législatives et exécutives et les limites de leurs pouvoirs;                                                                                                            
    –         le rôle et la place du Président de la République;
    –         l’indépendance de la magistrature et leur surveillance des autres détenteurs de pouvoirs gouvernementaux;
    –         les mesures pour les élections et les circonscriptions électorales;                 
    –         la participation des citoyens au processus démocratique, y compris l’organisation de référendum, y compris un référendum sur une loi constitutionnelle;                                                                                               
    –         le Transfert des pouvoirs souverains aux organisations internationales et conduite des affaires étrangères;                                                                      
    –         les affaires environnementales, y compris la propriété et l’utilisation de ressources naturelles.
    Il s’agit donc de l’élaboration d’un nouveau contrat social et, pour un tel objectif, il faut, ce que beaucoup ici semblent ignorer, la participation de toute la nation.
    Dans une interview avec l’agence d’information financière Bloomberg, Olafur Grimsson a dit : « La différence [avec l’Irlande] c’est qu’en Islande nous avons permis aux banques de faire faillite. C’étaient des banques privées et on n’y a pas injecté d’argent pour les maintenir ; l’Etat n’a pas porté la responsabilité de la faillite des banques privées. » 
    « L’Islande se porte bien mieux qu’attendu », a déclaré Grimsson. « Peut-on demander aux gens ordinaires ‘ les agriculteurs et les pêcheurs, les enseignants, les docteurs et les infirmières ‘ d’assumer la responsabilité de la faillite des banques privées ‘ Cette question, qui fut au c’ur du débat dans le cas de la banque islandaise Icesave, va être la question brûlante dans de nombreux pays européens.»
    En Islande, les activités en faillite furent séparées du reste des banques, ce qui permet aujourd’hui d’avoir un système bancaire au service de l’économie nationale.
    Certes, l’Islande n’est qu’un petit pays d’environ 320 000 habitants. Elle donne cependant là une belle leçon de démocratie aux grands États dont la France : songeons que, dans notre pays, la réforme constitutionnelle de 2008 a été entièrement rédigée à l’Élysée, et que les parlementaires ne l’ont adoptée qu’à deux voix près après avoir été soumis pendant des semaines à des pressions intolérables de la part du chef de l’État. Aujourd’hui où, partout en Europe, les parlements sont soumis aux chantages d’institutions essentiellement soumises aux intérêts financiers pour voter des plans de rationnement des populations et de pillage des fonds sociaux et publics, où on donne de plus en plus le pouvoir à ceux qui amplifient les dégâts en profitant d’un système de privilèges et d’inégalités, cet évènement indique, une fois encore, que seule la souveraineté du peuple permettra de trouver une issue politique à la crise économique et sociale.

    Source: Paris s’éveille
     
     

    mardi 22 février 2011 13:06
    Objet:    Nouvelles d’Islande
    De la part d’Attac Islande :

    ———- Forwarded message ———-
    From: Bjarni Gudbjornsson <bjarni.gudbjornsson@gmail.com>
    Date: 2011/2/16
    Subject: Re: Islande: révolution démocratique = fantasme ou non ?
    J’aurais préféré pouvoir répondre “oui” à la prémière thèse, qu‘il y a en Islande une “révolution non-médiatisée anti-capitaliste et démocratique”  mais, malheureusement, la conclusion  de Pascal Riché est plus proche de la réalité si l’on ignore sa mauvaise foi et ses simplifications: “On est donc  loin du conte de fée qui circule sur le net ».
    L’Islande ne vit pas une alternative réussie et harmonieuse au capitalisme,  mais une suite de tâtonnements confus, douloureux et résignés… en restant dans les rails du FMI. ”
    Nous sommes en pleine crise économique, politique, sociale, financière sous la tutelle du FMI qui en Islande, comme partout ailleurs, suit son orientation néolibérale et ne fait qu’approfondir la crise.
    Après la révolte on a voté à gauche, mais le nouveau gouvernement est resté bon élève du FMI et fait la politique du droit.
    Deux des trois banques nationalisées d’urgences ont  été reprivatisées sans réforme ; le taux de chômage tourne autour de 9 %, et autant de monde a émigré ; augmentation des impôts ; baisse du pouvoir d’achat ; les dettes insupportables ; des scandales infinis liés à la finance et la politique; les mouvements sociaux désorientés…
    L’un des objectifs du plan FMI-gouvernement est de ramener le déficit public à zéro en trois ans, l’année  2013, ce qui entraînera d’énormes coupes dans les dépenses les plus indispensables que sont l’éducation, la santé publique, la sécurité sociale ; et de finir la dispute sur IceSave, le troisième version de l’accord est en discussion à l’Assemblé ces jours-ci.
    Le patronat et la confédération des syndicats fait pression pour qu’on ouvre les portes aux investisseurs étrangers pour nous sauver de la crise. Des fois il est difficile de rester optimiste mais la lutte continue pour qu’Islande ne devient pas le sujet d’un nouveau chapitre dans la réédition du livre de Naomi Klein “La Stratégie du choc” – le capitalisme de désastre frappe à la porte.
    Avec mes meilleures salutations
    Bjarni
     
     
     

    RUE 89 décryptage  09/01/2011 à 21h08
    La « révolution démocratique » en Islande tient du fantasme
    Pascal Riché | Redchef 
    S’il a choisi des solutions originales après l’effondrement de son économie, le pays n’est pas devenu un paradis anticapitaliste.

    Johanna Sigurdardottir, premier ministre islandais, lors d’un meeting après l’élection législative (Bob Strong/Reuters)
    Nationalisations du système bancaire, chute de la droite, pressions de la haute finance repoussées par référendum, assemblée constituante… Depuis quelques jours, bizarrement, nous sommes bombardés d’e-mails s’enthousiasmant sur la « révolution démocratique anticapitaliste » qui aurait lieu en Islande, et dont les succès seraient déjà palpables.
    Dans ces courriers, on nous renvoie à certains articles enflammés, comme cette note qui décrit pas moins qu’une « révolution en marche, à faire circuler le plus largement possible, puisqu’on ne doit compter sur aucun média pour le faire à notre place ». Bigre.
    Les Islandais que j’ai appelés sont assez surpris de cette présentation. Ils s’accordent pour qualifier de fantasme ce prétendu rejet du capitalisme par le peuple.
    La population de cette île reste attachée à l’économie de marché, et l’économie et la constitution sont bouleversées, m’expliquent-ils, ce n’est pas pour abandonner le système existant, c’est pour le régénérer : « Mes compatriotes sont plutôt schumpéteriens de nature, adeptes de la destruction créatrice », précise l’un d’entre eux.
    Le président de l’association France-Islande, Jean Le Tellier, relativise en outre l’intérêt de présenter en modèle les initiatives islandaises :
    « L’Islande, c’est 300 000 habitants, c’est moins que la ville de Metz. Comparer sa gouvernance à celle de la France ou des Etats-Unis n’a pas grand sens “.
    1
    Economie : une timide reprise, pas de miracle
    Aujourd’hui, l’Islande, dont l’économie a été entièrement ravagée par la crise financière, retrouve un peu d’espoir. Mais le pays n’est pas encore sorti de la récession.
    Au troisième trimestre, pour la première fois depuis 2008, l’Islande a certes affiché un PIB supérieur à celui du trimestre précédent : +1,2%. Cependant, la croissance, qu’on mesure d’une année sur l’autre, n’est pas encore au rendez-vous : le PIB a baissé de 2,1% pendant ce même trimestre si on le compare au même trimestre de l’année précédente…
    Personne n’attend des miracles à court terme, notamment en raison des difficultés que rencontrent les entreprises pour se financer. Le FMI, en novembre 2008, avait injecté 2,1 milliards de dollars pour aider au redémarrage, une somme très insuffisante.
    Mais ce qui est intéressant, ce sont les recettes utilisés, différentes des autres pays européens, à commencer par l’Irlande et la Grèce. Elles tiennent en deux termes qui n’ont pas bonne presse : nationalisation et dévaluation.
    2
    Trois grandes banques en faillite et nationalisées
    L’Islande, en octobre 2008, n’a pas sauvé la peau des actionnaires de ses trois grandes banques : Kaupthing, Glitnir et Landsbanki. Elles se sont effondrées, et l’Etat les a purement et simplement nationalisées.
    L’Etat a indemnisé les déposants islandais, mais pas les étrangers. Ce qui a fâché deux pays : la Grande Bretagne et les Pays Bas, dont de nombreux épargnants (400 000) avaient investi dans les produits de la banque en ligne Icesave, filiale de Landesbanki. En jeu : près de 2,7 milliards d’euros.
    Les gouvernements britanniques et néerlandais ont indemnisé ‘leurs’ épargnants, pour éviter leur ruine. Mais ils ont envoyé la note à Reykjavik, en lui proposant un crédit rémunéré à 5,5%. En octobre 2009, un accord a été trouvé et a été approuvé par le Parlement islandais.
    Surprise, le président de la République, Olafur Ragnar, auquel la constitution donne pourtant très peu de pouvoir, a tiqué : il a refusé de promulguer la loi. En mars, un référendum a été organisé sur le sujet : 60% des électeurs se sont déplacés et 93% d’entre eux ont rejeté les modalités du remboursement de la dette aux Britanniques et Néerlandais.
    Un nouvel arrangement a depuis été trouvé avec Londres et Amsterdam. Car l’Islande, candidate à l’adhésion à l’Union européenne, ne veut pas se fâcher à jamais avec deux de ses membres… L’accord porte désormais sur un prêt à environ 3%. Il doit encore être avalisé par le parlement islandais.
    3
    La monnaie dévaluée pour relancer les exportations
    L’Islande a laissé filer sa monnaie, la couronne. Elle a perdu près de 50% face au dollar. Les exportations sont donc reparties : le poisson, bien sûr, mais aussi l’aluminium -une grande spécialité industrielle de l’île : sa production demande des ressources énergétiques importantes, ce dont dispose le pays.
    Le tourisme aussi va mieux : ses recettes se sont accrues de 7%. Il a été bien aidé, il est vrai, par le volcan Eyjafjallajökull, dont le panache a attiré l’attention de la planète en avril 2010.
    4
    Un pouvoir qui passe à gauche
    La crise a bousculé le jeu politique islandais. En janvier 2009, des milliers d’Islandais manifestent autour de leur parlement, l’Althing, armés de bruyants ustensiles de cuisine : des gens qui perdaient leur emploi, leur logement, pendant que leurs élus débattaient du fait de savoir si les supermarchés pouvaient ou non vendre de l’alcool. (Voir la vidéo)
    Déjà affaibli par l’effondrement des banques, ces manifestations achèvent de déstabiliser le gouvernement ; le Premier ministre annonce alors sa démission, invoquant des raisons de santé.
    Lors des élections d’avril 2009, une majorité de gauche, composée de socio-démocrates et du parti ‘gauche verte’, est élue. C’est une première en Islande, pays traditionnellement gouverné au centre droit. Une femme, Johanna Siguroardottir, prend la tête du gouvernement, une autre première dans ce pays (qui a cependant eu une présidente pendant 16 ans, Vigdis Finnbogadottir).
    Mais le coup de barre est modéré : les socio-démocrates sont pro-marché et pro-Europe. Le programme discuté avec le FMI se poursuit, et le gouvernement engage en juillet des négociations pour adhérer à l’Union européenne.
    5
    Une réforme de la Constitution
    Dans le programme de la gauche, il était question d’une réforme de la constitution, notamment pour redéfinir les pouvoirs du président de la République. Cette initiative n’est pas une grosse surprise politique, comme l’explique au téléphone le politologue Eirikur Bergmann, directeur du centre pour les études européennes à l’université de Bifröst :
    ‘Notre constitution de 1944 était calquée sur celle du Danemark ; depuis des années, nous prévoyions de la changer, pour nous doter d’une constitution propre à l’Islande. Nous avons repoussé le projet plusieurs fois. La crise de nos banques a servi d’opportunité pour se lancer.
    C’est un peu comme dans la vie, les crises vous forcent à la réflexion sur vous-même. Mais ce travail constituant n’a rien à voir, sur le fond, avec la crise financière.’
    Une assemblée constituante, composée de 25 personnes, est élue le 27 novembre 2010. N’importe qui pouvait se présenter à cette élection.
    Plus de 520 candidats l’ont fait, de tous horizons. Les élus sont des universitaires, des juristes, des journalistes ; on compte aussi un syndicaliste, un agriculteur, un pasteur, un metteur en scène…
    La participation à l’élection de cette assemblée des 25, cependant, n’a pas été énorme : seulement 36% des électeurs se sont déplacés, ce qui a été analysé comme un revers pour le nouveau gouvernement, et comme le signe d’un désintérêt pour ce toilettage constitutionnel.
    La commission doit plancher sur la réforme à partir de mi-février et fournir un texte dans le courant de l’été. Il devra être voté par le parlement et sera soumis au réferendum en 2012.
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    Remous autour des règles du FMI et de l’adhésion à l’UE
    Pendant ce temps, le gouvernement de Johanna Siguroardottir s’escrime à respecter les règles dictées par le FMI, ce qui ne fait rien pour accroître sa popularité. Mais ces ‘ajustements’, comme dit pudiquement le fonds, ne s’accompagnent pas de manifestations : la population semble s’être résignée à avaler la potion amère.
    Le gouvernement de gauche connait cependant de nombreuses turbulences et tiraillements. En ce moment, c’est la candidature à l’Union européenne qui crée des remous : selon les sondages, la population n’y est pas favorable (‘mais dans les sondages, l’adhésion à l’UE est très erratique en Islande, variant selon les périodes de 30% à 90%’, tempère Bergmann).
    Au parlement, à plusieurs reprise, les ‘verts de gauche’ se sont désolidarisés d’un pouvoir jugé trop centriste sur la question européenne comme sur d’autres. ‘Ce gouvernement est en crise depuis sa prise de fonction’, résume Bergmann.
    On est donc loin du conte de fée qui circule sur le net. L’Islande ne vit pas une alternative réussie et harmonieuse au capitalisme, mais une suite de tâtonnements confus, douloureux et résignés… en restant dans les rails du FMI.

     
     
     

    Sur le terrain 18/02/2011 à 13h48
    En Islande, la révolution participative en perdition
    Camille Sarret
    L’assemblée du peuple qui doit réécrire la Constitution s’enlise. Preuve que « la démocratie directe ne se vit que dans la rue » ?

    Des membres du gouvernement islandais évitent une manifestation devant le Parlement, le 1er octobre (Ingolfur Juliusson/Reuters)
    (De Reykjavik) « C’est antidémocratique ! Totalement absurde. » Dans son salon douillet qui surplombe le centre-ville fraîchement enneigé de Reykjavik, Þórhildur Þorleifsdóttir est en rogne. Cette féministe islandaise, ancienne députée du Parti des femmes, devait participer à un projet politique inédit : réécrire la Constitution de son pays au sein d’une assemblée du peuple. Un projet qui, en quelques semaines, a pris du plomb dans l’aile…
    Tout a commencé pendant la « révolution des casseroles », fin 2008, quand des centaines d’Islandais manifestaient chaque samedi devant le Parlement en tambourinant sur tout type d’ustensiles de cuisine pour crier leur colère.
    Depuis l’effondrement violent de leur système bancaire, les habitants de l’île arctique, plus connue pour ses irruptions volcaniques que pour ses soubresauts politiques, ne font plus confiance à leurs dirigeants.
    En janvier 2009, le Premier ministre conservateur Geir Haarde, qui avait annoncé devant les caméras de télévision la faillite de son Etat, est poussé à la démission et devrait bientôt passer devant un tribunal spécial.
    Au printemps 2010, un Coluche à l’islandaise, Jón Gnarr, gagne la mairie de Reykjavik et à Akureyri, capitale du Nord, une liste apolitique remporte la majorité absolue des sièges.
    « Nos hommes politiques n’arrêtent pas de se chamailler »
    Aussi, quand les protestations reprennent en octobre 2010, le tout nouveau gouvernement de gauche, le premier dans l’histoire islandaise composé de socio-démocrates et d’écologistes, se doit de faire un geste. Il annonce ce qu’il avait promis lors de la campagne électorale : la mise en place d’une assemblée constituante qui ne sera composée que de citoyens élus au suffrage universel.
    C’est alors que Þórhildur, comme plus de 520 Islandais, dépose sa candidature.
    « J’ai consulté mon mari, mes enfants et, en un week-end, je me suis décidée. Nos hommes politiques n’arrêtent pas de se chamailler. Cette assemblée du peuple doit être un exemple. »
    La campagne est limitée à trois semaines. Chacun dispose de trois minutes d’antenne à la radio nationale. Mais, à part ça, c’est la débrouille. Blogs, Facebook, mails, téléphone… Pas de sondage. Aucun parti impliqué. Et, au final, seulement 36% des électeurs se déplacent (le taux de participation le plus faible jamais connu en Islande).
    Il en ressort tout de même 25 citoyens élus : trois journalistes, deux juristes, un économiste, une philosophe, une étudiante, un metteur en scène, un syndicaliste, un agriculteur à la retraite, un mathématicien au chômage, un pasteur…
    Beaucoup sont de sensibilité de gauche mais certains sont plutôt conservateurs. D’autres se disent écologistes et plusieurs femmes se revendiquent féministes, dont Þórhildur arrivée à la quinzième place.
    Il était prévu que cette nouvelle assemblée se mette au travail à partir de la mi-février 2011 et que chaque membre perçoive le même salaire qu’un député, soit 520 000 ISK par mois (3 270 euros).
    Mais tout tombe à l’eau quand, à la surprise générale, la Cour suprême du pays, saisie par trois citoyens (dont deux anciens candidats non élus), invalide l’élection des « constituants » en dénonçant des vices de forme.
    •    Des bulletins de vote numérotés qui n’assurent pas un anonymat total et qui ne devaient pas être pliés en deux comme d’habitude ;
    •    des isoloirs équipés de tables qui ne protégeaient pas suffisamment les électeurs des coups d’œil indiscrets ;
    •    des boîtes en carton utilisées à la place des urnes traditionnelles.
    Mais aucune fraude réelle n’a été révélée.
    « La Cour suprême n’est pas neutre »
    « C’est punir la nation pour rien, c’est lui dénier un droit », s’énerve Þórhildur. « Il est vrai que cette élection a été préparée dans la précipitation », tempère Silja Bára Ómarsdóttir, professeure de sciences politiques à l’université de Reykjavik, également élue à l’assemblée.
    « Comme c’était une première, il fallait tout inventer et faire évoluer les modalités habituelles des élections. »
    En réalité, cette affaire est avant tout de nature politique. « La Cour suprême n’est pas neutre », souligne le journaliste franco-islandais, Gérard Lemarquis.
    « Huit des neuf juges qui la composent ont été nommés par le ministère de la Justice, qui est aussi celui de l’Intérieur et des Cultes, tenu pendant dix-huit ans par les conservateurs du Parti de l’indépendance. »
    Faut-il donc y voir un complot ? Une revanche ? Une stratégie pour déstabiliser la nouvelle équipe de gauche au pouvoir ? Impossible de l’affirmer clairement. Mais il est certain que le gouvernement se retrouve bien embarrassé. Il a le choix entre deux options, sachant qu’aucune des deux n’est satisfaisante :
    •    réorganiser une élection avec le risque d’avoir un taux de participation encore plus bas,
    •    faire élire les citoyens par les parlementaires mais avec pour effet d’affaiblir le processus de démocratie directe.
    De son côté, le Parti de l’indépendance qui a dominé la vie politique islandaise depuis la Seconde Guerre mondiale jusqu’au crash financier, ne s’en est jamais caché. Il a toujours vu d’un mauvais œil cette assemblée du peuple. C’est aussi lui qui a le plus à perdre dans cette histoire car réécrire la Constitution signifie bouleverser les rapports de pouvoir.
    L’assemblée constituante avait pour mission de redéfinir le rôle du Président et du Parlement, de revoir le système judiciaire, de discuter de la séparation de l’Eglise et de l’Etat et surtout de s’interroger sur la gestion et le contrôle des ressources naturelles, piliers de l’économie islandaise, avec en toile de fond la question sensible des quotas de pêche qui sont devenus la quasi propriété privée de quelques puissantes familles d’armateurs.
    Une assemblée en rien subversive
    « Je suis un habitant du Nord, à la limite du cercle polaire, là où les conditions de vie sont très difficiles », raconte Ari Teitsson, l’agriculteur à la retraite de l’assemblée qui a été également président de la minuscule mais unique banque islandaise qui ne s’est pas effondrée en octobre 2008.
    « Nous avons toujours survécu grâce aux poissons, aux produits de la terre et à l’énergie naturelle dont nous disposons. Et pour mes petits-enfants, je veux que ce soit pareil. Je ne veux pas que toutes ces ressources arrivent dans les mains de quelques-uns comme c’est le cas en Egypte. »
    Depuis la déroute financière, la libéralisme sans entrave et les privatisations à tour de bras n’ont plus le vent en poupe en Islande. Mais il n’est pas non plus question de remettre en cause l’économie de marché et la liberté privée. Loin de là.
    D’ailleurs, aux yeux de Gérard Lemarquis, l’assemblée constituante qui est sortie des urnes n’a rien de subversif :
    « Il n’y a personne des classes populaires. Les 25 élus sont presque tous des personnalités renommées qui ont déjà eu l’occasion d’assumer des responsabilités politiques ou sociales. Celui qui a obtenu le plus de votes est issu d’une des grandes familles socio-démocrates, fils d’un ministre et frère d’un ancien ministre.
    Si on avait décidé de créer une commission adhoc pour réformer la Constitution, on aurait pris quasiment les mêmes. »
    « Small n’est pas toujours beautiful »
    Pour le spécialiste Michel Sallé, il ne faut pas non plus trop espérer de cette assemblée du peuple .« On peut craindre que les réformes ne soient que marginales tant le système paraît cadenassé », explique t-il dans un article de la Documentation française.
    « Ses dirigeants sont peu tentés par l’aventure qui pourrait s’avérer suicidaire pour eux, le faible nombre des Islandais rendant les élites économiques, politiques et sociales nécessairement consanguines. »
    En bref, « small n’est pas toujours beautiful ». Dans cette petite société insulaire du monde arctique, les intérêts interpersonnels sont puissants et faire évoluer un système n’est pas une mince affaire.
    Pour Gérard Lemarquis, qui, dans sa jeunesse, a participé à la révolution manquée de Mai 68, il ne faut pas se faire d’illusions :
    « La démocratie directe ne se vit que dans la rue. Elle disparaît dès qu’elle s’institutionnalise. »

    2012 01 La situation en Islande

    Données géographiques
    Nom officiel : République d’Islande
    Superficie : 103 000 km²
    Population (1er janvier 2011 : 319246 habitants
    Capitale : Reykjavik (l’agglomération de Reykjavík regroupe 202000 habitants)
    Villes principales : Akureyri, Egilsstadir, Hafnarfjördur, Kopavogur
    Langue officielle : islandais (langue la plus proche de l’ancien nordique)
    Monnaie : couronne islandaise (ISK) – taux de change janvier 2012 : 1 EUR = 158 ISK
    Fête nationale : 17 juin
    Données démographiques
    Croissance démographique (2007) : 1,9%
    Espérance de vie (2007) : 80,6 ans (82,9 ans pour les femmes et 79,4 ans pour les hommes)
    Taux d’alphabétisation : 99%.
    Religions : protestants luthériens (85,6%), catholiques (2,5%)
    Indice de développement humain(Classement PNUD 2007-2008) : 0,969 (3è rang).
    Données économiques
    PIB par habitant (2010) : 29.900 €
    Taux de croissance : PIB : PIB : -4.0% (2010), +2.1 % (2011), +1.5 % (2012p)
    Taux de chômage (2011) : 7,6 %
    Taux d’inflation : + 4.1% (2011), 3.6 % (2012p)
    Solde budgétaire : – 11.2% du PIB (2010), -10.4% du PIB (2011), -9.6% du PIB (2012p)
    Principaux clients (2010) : Pays-Bas, Allemagne, Royaume-Uni (France : 7e client)
    Principaux fournisseurs (2010) : Norvège, Allemagne, Suède, Etats-Unis, Danemark (France : 13e fournisseur)
    Exportations de la France vers l’Islande (2010) : 35 millions d’euros
    Importations françaises d’Islande (2010) : 115 millions d’euros
    Balance commerciale(2010) : +0.7 millions d’euros (exp : 3.4 md d’euros – imp. : 2.7 md d’euros)
    Principaux clients : Royaume-Uni (19 %), Etats-Unis (17,5 %), Allemagne et France(6 %)
    Principaux fournisseurs : Royaume-Uni (27%), Etats-Unis (20 %), Allemagne (10%)
    Part des principaux secteurs d’activités dans le PIB :
    agriculture et pêche : 7,1%
    industrie : 25,2%
    services : 67,7%
    Secteur de la pêche dans le PIB islandais  : 5.8% du PIB, 10.8% avec la transformation et 18.3 % en comptant sa contribution indirecte
    Solde des finances publiques : -10.1% du PIB (2010), -5.7% du PIB (2011), -4.4% du PIB (2012p)
    Dette publique brute : 92.9% du PIB (2010), 92.4% du PIB (2011), 90.2% du PIB (2012p)
    Consulats généraux de France : Section consulaire de l’ambassade à Reykjavik
    Deux consuls honoraires : Akureyri et Egilsstadir
    Communauté française en Islande : 252 personnes
    Communauté islandaise en France : 300 personnes

    Politique intérieure

    L’histoire islandaise a été marquée jusqu’en 1918 par la domination étrangère (Norvège et Danemark). Devenue indépendante le 17 juin 1944, l’Islande (300 000 habitants) est aujourd’hui une République parlementaire dont le Parlement (Althingi) comprend 63 membres, élus tous les quatre ans. La Constitution islandaise confère des pouvoirs limités au Président de la République, poste occupé depuis 1996 par M. Olafur Ragnar Grimsson, qui a été reconduit le 1er août 2008 pour un quatrième mandat de quatre ans. L’essentiel du pouvoir politique revient au Premier ministre et à son gouvernement.
    Les élections législatives du 26 avril 2009 ont nettement validé la nouvelle orientation à gauche de l’Islande, portée par l’équipe gouvernementale qui, avec 34 sièges, a obtenu désormais la majorité absolue au Parlement : 20 pour l’Alliance sociale-démocrate de la Premier Ministre sortante Mme Jóhanna Sigurdardóttir, et 14 pour ses partenaires de coalition du Mouvement Gauche-Vert.
    En dépit des pouvoirs limités que lui confère la constitution, le président Olafur Ragnar Grimsson, élu depuis 1996 et reconduit le 1er août 2008 pour un quatrième mandat, a manifesté son autorité en refusant à deux reprises de promulguer, en janvier 2010 puis en février 2011, les lois successives visant à régler le litige Icesave avec le Royaume Uni et les Pays Bas. Après le rejet du premier accord par le corps électoral en mars 2010 (93,2 % de non, 62,5% de participation), un second référendum a eu lieu le 9 avril 2011. Bien que le plan de sauvetage ait été renégocié selon des termes beaucoup plus favorables (son coût total devrait représenter 4% du PIB, contre 11% du PIB), il a été rejeté à nouveau, par près de 60 % des voix.
    Un processus de révision de la constitution héritée du Danemark a été lancé en novembre 2010 par la société civile islandaise, dans le cadre d’une “assemblée nationale”. Le projet de Constitution, soumis au Parlement le 29 juillet 2011, s’oriente vers une participation plus large du public à la vie politique (possibilité de soumettre à référendum populaire tout sujet d’intérêt national, proposition de loi par initiative populaire). Les modalités des élections législatives, les pouvoirs du Président et le statut de l’Eglise d’Etat restent très débattus.

    Situation économique

    L’Islande a subi durement les conséquences de la crise financière mondiale de septembre 2008. Les trois banques du pays ont été renationalisées. Les Islandais comprennent aujourd’hui qu’ils ont vécu au-dessus de leurs moyens au cours des dernières années et très largement à crédit. Pays le plus pauvre d’Europe il y a encore 70 ans, l’Islande se trouvait jusqu’à l’automne 2008, parmi les pays les plus riches du monde6ème des pays de l’OCDE), avec une croissance de 4,9 % pour 2007 (2,6% en 2006, 7,5% en 2005, 7,7% en 2004), un taux de chômage de 2,3 % et un budget de l’Etat excédentaire de 5,5% du PIB.
    Le FMI a annoncé, le 19 novembre 2008, l’octroi d’un prêt de 2,1 milliards de dollars, tandis que les pays nordiques ont promis de débloquer pour leur part 2,5 milliards de dollars. Le prêt du FMI a été accordé par tranches successives ; la dernière tranche (312 millions d’euros) a été débloquée en août 2011. Ces différents versements ont été longtemps retardés faute d’un règlement avec les Britanniques et les Néerlandais sur le contentieux de la banque en ligne Icesave. Londres et La Haye ont finalement préféré agir via l’Autorité de surveillance de l’A.E.L.E., plutôt que de s’opposer frontalement à la candidature de l’Islande lors de son examen au Conseil européen du 17 juin 2010.
    Après une dépréciation de la livre d’environ 40%, les prévisions pour l’année 2011 font état d’une progression du PIB de 1,9 %, (après une récession de 6,5 % en 2009), d’un taux d’inflation moyen de 4 % et d’une balance commerciale excédentaire de 6,7 % du PIB. Le chômage devrait s’établir à 8,2 % en moyenne sur 2011. Globalement, la chute du revenu disponible des ménages a atteint 19,9 % en 2009 et 15,8 % en 2010. Les chiffres sur l’activité économique au 4è trimestre 2010 permettent néanmoins de constater que l’Islande est techniquement déjà sortie de récession, mais que la croissance devrait rester faible.

    Politique extérieure et européenne

    La question de l’adhésion à l’Union a constitué le principal point d’achoppement des discussions ayant abouti à la formation du nouveau gouvernement. En définitive, les partis de la coalition ont trouvé un compromis aux termes duquel l’ouverture des négociations avec Bruxelles a été soumise au vote du parlement, et non à un referendum préalable comme le Mouvement Gauche-Verts le réclamait initialement. Au terme de longues semaines de débats et de procédures, l’Althingi (Assemblée nationale) a finalement adopté le 16 juillet 2009, par une étroite marge, la résolution présentée par le ministre des affaires étrangères M. Skarpheòinsson et engageant au dépôt de la candidature de l’Islande à l’Union Européenne. Sur 63 députés, 33 ont voté en faveur de la motion, dont les 20 Sociaux Démocrates, 8 Gauche-Verts (sur 14), 1 élu du Parti de l’Indépendance, 3 du Parti du Progrès (sur 9), et 1 du Mouvement des Citoyens.
    Dès le 27 juillet 2009, le Conseil de l’Union européenne (affaires générales et relations extérieures) décidait de transmettre la candidature à la Commission, laquelle va l’instruire selon les procédures en vigueur. Les soubresauts du contentieux Icesave ont perturbé ce calendrier, mais les Britanniques et les Néerlandais ont finalement renoncé à apparaitre comme les censeurs de cette candidature. Ainsi, le Conseil européen du 17 juin 2010 a donné son accord à l’ouverture des négociations de candidature avec l’Islande. La procédure de criblage s’est achevée en juin 2011.
    La 3ème Conférence intergouvernementale d’adhésion s’est tenue à Bruxelles le 12décembre 2011 : cinq chapitres nouveaux ont été ouverts, portant à onze le nombre de chapitres ouverts depuis le début des négociations. La négociation sera relativement aisée et rapide sur de nombreux chapitres facilitée par l’appartenance de l’Islande à l’Espace économique européen. En revanche, l’Islande ne respecte pas encore l’acquis communautaire notamment dans le domaine de la pêche, de l’agriculture, de l’environnement (chasse à la baleine) et des services financiers.
    Le gouvernement islandais escompte l’ouverture de la totalité des chapitres restants (dont le chapitre 13 sur la pêche) au premier semestre 2012, en vue de l’organisation du référendum sur l’adhésion avant les élections parlementaires qui se tiendront au plus tard en avril 2013. Les résultats du référendum sont pour l’heure incertains.
    Le 30 septembre 2006, le gouvernement américain a fermé sa base de Keflavik (retrait des appareils et des militaires), qui assurait, depuis l’accord de défense de 1951, la sécurité de l’Islande. Toutefois, la relation de défense avec les Etats-Unis est toujours définie dans le cadre de l’accord bilatéral de défense de 1951 entre les deux pays.
    Une coopération franco-islandaise inédite a été décidée dans le cadre de l’OTAN, en matière de surveillance aérienne. Des rotations ont eu lieu du 5 mai au 20 juin 2008 avec l’arrivée, à l’aéroport de Keflavik, de quatre Mirage 2000-5 de l’Armée de l’air française et de 110 personnes. Selon les termes de la mission fixée par les instances de l’Alliance, les avions de permanence opérationnelle assurent la surveillance aérienne et les interceptions au sein de l’espace aérien islandais. La Norvège puis l’Espagne devaient assurer cette surveillance en 2009. L’Espagne s’étant finalement désistée, la Norvège a accepté de prolonger son tour d’intervention.
    Reykjavik était candidate à un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité des Nations unies pour le biennium 2009-2010 et a essuyé un échec. L’Islande continue néanmoins à fournir, à sa mesure, une contribution en personnels civils auprès de l’ONU, mais aussi de l’OTAN, de l’OSCE et de l’Union européenne : participation à la KFOR au Kosovo, gestion des aéroports de Pristina puis de Kaboul, participation à une équipe de reconstruction régionale en Afghanistan (portée il y a peu à 15 experts civils). Malgré ses grandes difficultés financières, l’Islande a choisi de maintenir, au moins temporairement, ces contributions.
    Partageant avec la Scandinavie un héritage culturel évident, l’Islande a conclu des accords de pêche notamment avec la Norvège, la Russie et le Groenland. D’une manière générale, elle souhaite se montrer exemplaire en matière de protection de l’environnement, tout en ayant obtenu, dans le cadre du protocole de Kyoto, une clause d’exemption pour “micro-économies” peu polluantes, qui permet la construction d’une nouvelle fonderie d’aluminium, alimentée par le gigantesque barrage de Karahnjukar mis en eaux en septembre 2006. Elle a prolongé en janvier 2009 la reprise de la chasse commerciale à la baleine décidée en 2006, alors qu’elle y avait mis fin en 1986.
    L’Islande attache une importance toute particulière à l’océan Arctique. De fait, les changements affectant l’océan Arctique (fonte des glaces due au réchauffement climatique) ont un impact majeur sur les eaux territoriales islandaises (migration des stocks halieutiques vers le Nord, perspectives d’exploitation des hydrocarbures, alors que l’Arctique pourrait recéler 30% des réserves inexploitées de gaz et 10% de celles du pétrole).
    La Palestine est une priorité de la politique de coopération et de développement islandais. Le Parlement islandais a adopté le 29novembre 2011 une résolution invitant le Gouvernement à reconnaître « la Palestine comme État indépendant et souverain dans ses frontières d’avant la guerre des six jours de 1967 ». L’Islande est devenu le 15 décembre 2011, à l’occasion de la visite à Reykjavik de M. Maliki, le premier pays d’Europe occidentale à reconnaître l’Etat de Palestine “comme Etat indépendant et souverain dans ses frontières d’avant la Guerre des Six Jours de 1967” et à annoncer l’établissement de « relations diplomatiques pleines et entières ».
    Mise à jour : 20.01.12

    Islande
    Sortie de crise en douceur
    8 avril 2011
    Mediapart  Paris

    Reykjavik, avril 2011.
    Alors que sur le continent, les pays européens victimes de la crise de la dette multiplient des plans d’austérité impopulaires, l’Islande, qui a fait le choix de laisser ses banques faire faillite, sort lentement de l’ornière. Et, lors du référendum du 9 avril, les Islandais pourraient refuser de rembourser les créditeurs internationaux de la banque Icesave.
    Ludovic Lamant
    Impossible de le rater dans les rues de Reykjavik, tant le chantier est énorme, et détonne dans une capitale à l’architecture basse : une cathédrale de béton noir et de verre, recouverte d’alvéoles réfléchissantes, est en cours d’assemblage face à la mer. Le Harpa, imaginé par l’artiste vedette danois Olafur Eliasson, servira tout à la fois de salle d’opéra et de palais des congrès pour l’Islande. Malgré des craintes annonçant l’arrêt des opérations, le bâtiment sera finalement bien inauguré, le 4 mai prochain.
    Après l’effondrement bancaire de l’île, en octobre 2008, le groupe Portus, l’investisseur privé qui portait ce projet estimé à l’origine à 12 milliards de couronnes (74 millions d’euros), a dû appeler le gouvernement et la mairie de Reykjavik à l’aide pour que le chantier se poursuive. L’exécutif n’a pas bronché et ce fleuron architectural va donc voir le jour. Mais où est donc passée la crise islandaise?
    L’Islande, encore sonnée par sa quasi-faillite, ne s’est pas lancée dans une austérité à tout crin. A rebours des tendances à l’œuvre sur le continent, l’île a choisi de prendre un peu plus de temps que d’autres pour réaliser son “ajustement budgétaire”. Si bien que des projets ici et là continuent d’avancer.
    Ses mesures d’économies portent sur 10% du Produit intérieur brut (PIB) en trois ans. Rien à voir avec une autre île à laquelle elle est souvent comparée, elle aussi durement frappée par la crise: l’Irlande prévoit, elle, de ramener son déficit de 32% à 9% au cours de la seule année 2011. Aujourd’hui, Reykjavik dit avoir renoué avec la croissance – attendue aux alentours de 3% cette année, et réduit sa dette sans trop forcer.
    Trois recettes pour remonter la pente
    Comment cette minuscule économie (320 000 habitants) s’y est-elle prise, pour se sortir la tête de l’eau en deux ans? Les économistes avancent trois explications:
    La dévaluation de la couronne islandaise. La devise a dégringolé de 40% fin 2008, et les exportations d’aluminium et de poissons ont repris dans la foulée.
    Le principe du “too big to save” (trop gros pour être sauvé). C’est l’exact inverse du “too big to fail” (trop gros pour faire faillite), qui a prévalu aux Etats-Unis comme en Europe jusqu’à présent, obligeant les Etats à sauver les banques les plus importantes de leur système bancaire, pour éviter les faillites en chaîne. En Islande, les actifs des trois grandes banques de l’île étaient bien trop grands (jusqu’à dix fois le PIB en 2007…) pour être sauvés intégralement, et l’Etat s’est contenté de racheter les actifs «internes», c’est-à-dire les prêts des particuliers et des entreprises en Islande. Les actionnaires ont dû assumer les pertes sur les actifs étrangers, les plus nombreux.
    Une austérité moins sévère qu’ailleurs, décidée en accord avec les partenaires sociaux. Un pacte de “stabilité sociale” a été signé en 2009, censé éviter les coupes dans le secteur social.
    Si la reprise se profile, tirée par les exportations de cette économie très ouverte, les ménages endettés, eux, sont loin d’avoir repris leur souffle. La consommation patine, 20% en deçà de ses niveaux antérieurs. Le taux de chômage est retombé aux environs de 7%, après avoir grimpé jusqu’à 9,7%. Rien à voir avec l’Irlande, toutefois, dont le taux de chômage dépasse les 14%.
    Fossé entre classe politique et population
    Sigridur Gudmunsdottir fait partie de ces milliers d’Islandais victimes d’une crise qu’ils n’ont pas provoquée. Elle avait autrefois un “2007 job”,– un travail confortable et bien rémunéré, du temps de l’euphorie des années 2000. “On entend dire que l’on a trop fait la fête, que l’on a trop consommé, trop emprunté. Mais c’est faux: il n’y a qu’une infime partie d’Islandais qui en ont vraiment profité”, s’énerve-t-elle.
    Licenciée au plus fort de la récession, Sigridur a depuis repris, à 50 ans, des études à l’université. “Cela me permet de toucher des aides d’étudiant, qui sont plus élevées que les indemnités chômage”, explique-t-elle. Elle a contracté en 2006 un prêt immobilier de onze millions de couronnes (68.000 euros), pour s’acheter une maison. En partie indexé sur l’inflation, le prêt qu’elle a contracté a explosé après la crise, à 14 millions de couronnes (86.000 euros). Elle s’est trouvée prise en tenailles au fil des mois: d’un côté, le volume de son emprunt augmentait, tandis que de l’autre, la valeur réelle de sa maison s’effondrait.
    Aujourd’hui, Sigridur ne sait pas encore très bien comment elle va réussir à rembourser ses dettes, mais ne se plaint pas: “Certains Islandais connaissent des situations bien pires. Tous ceux qui avaient contracté des prêts en devises étrangères sont vraiment mal.” En Islande, on ne râle pas. Après tout, la vie sur les îles a toujours été rude. S’exiler comme tant d’autres? “C’est impossible, je suis trop attaché à mes racines islandaises.” La reprise islandaise? “Demandez dans la rue, personne n’y croit, à la reprise…”
    A écouter les conversations dans Reykjavik, le fossé est immense, entre une classe politique convaincue que la page de la crise est tournée, et des citoyens piégés par la quasi-faillite de l’île, et qui peinent à se relancer. Dans l’Islande d’après le krach, on continue de parler PIB et déficit public, et d’en faire les seuls indicateurs pertinents des politiques en cours. Ici comme ailleurs en Europe. Mais après avoir obligé certaines banques à la faillite, et adopté une austérité “adoucie”, il va bien falloir que l’île se décide à adopter des instruments de mesure alternatifs du bien-être de sa population.

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